Mac Anu, une ville connue pour être le berceau de l'armée protégeant le royaume de Fiore. En effet, dans cette humble cité, il y a la présence de l'une des écoles militaires les plus prestigieuses de l'ensemble du territoire. Actuellement, je me trouvais à l'intérieur de cette dite ville. La raison ? En réalité il n'y en avait pas de précise. J'avais juste décidé sur un coup de tête de partir visiter celle-ci. Ne m'étant émancipé de mes parents que depuis peu, je n'avais jamais réellement vu à quoi pouvait bien ressembler le monde extérieur. Désormais libre de faire mes propres choix, je m'étais juré de pallier à ce déficit de connaissance, en explorant de fond en comble, mais aussi de long en large, chaque parcelle du royaume à la recherche de nouvelles choses susceptibles de m'émerveiller.

M'installant dans l'uns des nombreux cafés de la ville, j'avais décidé de faire escale ici afin de me reposer un tant soi peu avant de reprendre mon périple à travers la contrée de Fiore. Commandant un jus de fruit au serveur le plus proche, je réfléchissais en attendant celui-ci, à l'itinéraire que j'allais prendre. En effet, je n'avais pas la moindre idée de ma prochaine destination. Hésitant longuement devant les deux options qui se présentaient à moi, j'essayais de réfléchir au pour et contre de chaque solution. La première était de poursuivre ma route jusqu'à la forêt de Tornac. Une fois là-bas, en tant qu'archéologue, j'allais très certainement être comblé par ce lieu prisé par l'ensemble des personnes exerçant une profession similaire à la mienne. Cependant, ayant quitté la guilde depuis plusieurs semaines, l'ambiance de celle-ci commençait à me manquer et elle attendait très certainement impatiemment mon retour. En prolongeant mon voyage de ne serait-ce que quelques jours, je risquais de les inquiéter. De plus, je n'étais pas réellement sûr de pouvoir tenir cette durée supplémentaire, la fatigue physique et mentale commençant à s'accumuler dans des dimensions un peu trop grandes pour un jeune garçon de quinze ans.

Effectivement, même si j'adorais partir à l'aventure sur plusieurs jours à la découverte de nouveaux lieux et paysages à découvrir, j'étais parti cette fois-ci seul, sans compagnon de guilde à mes côtés. Et la solitude commençait à peser sur mes épaules. Même si au cours de mon périple j'avais rencontré diverses personnes, le fait de parler à quelqu'un avec qui j'étais profondément lié me manquait. La seconde option était de prendre le chemin le plus court pour me rendre à la guilde, retrouvant de cette manière mes compagnons et le bâtiment auquel j'étais profondément attaché. Cette option était fortement envisageable, voire même recommandable puisque je semblais atteint d'un étrange mal du pays. Attelé à ma table, le serveur vint m'apporter ma commande. Le remerciant, je délivrais à celui-ci la somme convenue pour l'achat d'un banal jus de fruit. Tenant ma veste blanche portant le symbole de Blue Pegasus devant moi, j'observais une tâche à l'arrière de celle-ci. Cherchant à savoir où j'avais bien pu la faire, je fus ravi de constater qu'elle n'était pas indélébile et qu'elle partirait très certainement lors du prochain lavage. Ah le blanc c'est bien beau ! Mais bien trop salissant !

Soudainement un homme passa en trombe à mes côtés, levant rapidement la tête, je pus apercevoir qu'il portait sous son bras un sac. Immédiatement, de mon petit cerveau de môme germa l'hypothèse d'un vol à la tire commit à l'intérieur du café. Cette personne étant donc le malfaiteur ayant commis ce méfait. Instinctivement, ma main vint saisir la dague traînant dans la poche de mon vêtement. M'apprêtant à l'envoyer dans sa course pour le stopper, je fus pris de vitesse. Du coin de l'oeil j'aperçus une masse noire se déplacer et fondre sur ce même malfaiteur. Une fois à son niveau, ce que je pus identifier comme une ombre vint alors le ligoter par les pieds avant de le soulever à quelques mètres du sol. Rangeant ma dague, je ne pus m'empêcher de sourire lorsque je vis le truand parcourir le chemin inverse, suspendu par les pieds et la tête en bas. Visiblement, dans ce café de Mac Anu, d'autres mages étaient bel et bien présent. Cette affaire était donc aux mains de personnes compétentes, je n'avais pas besoin d'intervenir ce qui me permettrait de me reposer ne serait-ce qu'un peu.

Quelques secondes plus tard, le truand s'enfuyait à nouveau, mais sans le sac cette fois-ci. Puis alors que je ne m'y attendais pas, un sifflement aiguë résonna à l'intérieur du bar, comme si la personne ayant effectué ce bruit strident cherchait à interpeller quelqu'un d'autre. Par pure curiosité, je me retournais afin de trouver la source de cet appel sonore. Scrutant la foule entassée dans le bar, j'aperçus alors deux têtes m'étant plus que familières. Écarquillant d'abord grandement les yeux, je compris alors que j'étais en réalité la personne appelée. Pendant que l'un deux me faisait de grands signes afin de s'assurer qu'il ait bien attiré mon attention, je rassemblais rapidement mes affaires. Me lavant rapidement, la veste portant ma marque de guilde sous le bras, je me rapprochais d'eux peu à peu. Arrivant à proximité, ce fut une certitude immédiate, ces personnes je les avais rencontré lors des incidents de Crocus. Il s'agissait des jumeaux présents lors de l'évènement du régalia. Instinctivement, je fouillais rapidement ma mémoire à la recherche du nom et prénom des deux autres protagonistes. Après quelques secondes, je finis par m'en souvenir et ainsi échapper à une scène des plus ridicules. Dans la foulée je vins prendre la parole afin de lancer la discussion.

Shina ! Ken ! Que faites vous ici ? Je ne pensais pas avoir la chance de vous revoir de sitôt. Cela fait plaisir !

Le fait de rencontrer ces deux personnes que je connaissais venait de faire disparaître le bourdon que je ressentais il y a de cela quelques minutes. Après tout, ces personnes étaient en partie responsable de ce que j'étais devenu, c'est-à-dire un madoshi. Sans l'intervention de ceux-ci lors du sinistre évènement du régalia de l'Apocalypse, je ne serais probablement jamais devenu ce que je suis actuellement. Le courage et la détermination qu'ils avaient eues pour repousser le Bloody Rabbit s'étant emparé de mon corps, m'avait tout simplement bluffées et montrées la voie à suivre, la voie dans laquelle je me plairais vraiment. En quelques sortes, ils avaient été mes mentors, m'ayant aidé à prendre ma décision. C'est pourquoi j'éprouvais énormément de reconnaissance à l'égard de ceux-ci. Ravie de les revoir en ce lieu, j'espérais qu'ils aient à disposition quelques minutes avant de partir, nous pourrions ainsi nous lancer dans une intense discussion autour d'un verre. Après tout, j'avais tellement de choses étaient passées depuis lesdits évènements.

Par le plus grand des hasards, de manière involontaire, je venais de rencontrer des personnes avec qui j'avais partagé une "drôle" d'aventure et avec qui par conséquent, je possédais des liens forts. Dans cet humble bar de la grande ville militaire de Mac Anu, au beau milieu de l'ouest du royaume de Fiore, je venais de retrouver des personnes importantes à mes yeux. Dans le même bar que moi était attablés les jumeaux Amnel. Shina et Ken ... le souvenir que j'avais eu d'eux était on ne peut plus encourageant. Notre première rencontre avait marqué un tournant dans ma courte vie. En effet, elle avait eu lieu à Crocus, lors du désormais célèbre incident du régalia de l'Apocalypse. Pour faire face à cette situation critique, ils avaient eu une réaction des plus admirables. Face à moi, ou plutôt, face au Bloody Rabbit déchaîné, la démonstration de courage, de détermination dont ils avaient fait preuve m'avait tout simplement ébahi. Stupéfait par cette prouesse me semblant pourtant insurmontable, ces deux mages et leurs actions furent ce qui me poussa à me lancer dans une carrière de madoshi.

Maintenant, j'avais commencé ma vie de mage au sein de la guilde Blue Pegasus et nos routes se croisèrent à nouveau, dans cet humble bar, autour d'une table. À croire que le destin pouvait avoir quelque chose là-dedans. Soudainement, un bruit vint me signaler la présence de quelqu'un d'autre. Dans ma hâte, j'étais arrivé devant sans prendre le temps de regarder autour de la table, je n'avais perçu que les deux jumeaux. Mais en réalité, à proximité, se tenait un autre être vivant. Il était très certainement l'animal de compagnie des jumeaux. Un beau et magnifique lycaon. Un jour aussi, je me ferais saisir par l'envie de posséder un fidèle compagnon de route. Cependant, malgré mes récents voyages, je n'avais pas rencontré d'animal m'intéressant réellement et par ce fait, je me retrouvais seul à parcourir les longues et sinueuses routes du royaume. Nul doute que la présence d'un petit compagnon de route m'aurait éviter le coup de "blues" de tout à l'heure.

Cessant de m'égarer dans mes pensées, je vins fixer attentivement la bête. Celle-ci ne semblait pas apprécier ma présence. J'étais très certainement trop proche des jumeaux à son goût. Devant le côté protecteur affiché par cet animal je ne pus m'empêcher de sourire. Cette fidélité, ce dévouement était admirable. Afin d'éviter de compliquer la situation, mon regard se détourna de lui, malgré le fait, que je pouvais continuer à entendre quelques grognements de la part de l'animal. Reportant mon attention aux jumeaux, j'écoutais attentivement les paroles de Ken. Celui-ci répondit à ma question, me fournissant une explication sur leurs présence en ce lieu. Visiblement notre rencontre était issue du plus grand des hasards puisqu'en tant normal, ils ne devaient passer par cette ville que dans quelques semaines. Me confirmant qu'ils n'étaient que de passage et qu'ils repartaient dans quelques heures en direction de Val et de la guilde présente en son sein, Quatro Cerberus. Le fait d'entendre le nom de cette cité vint me rappeler le triste incident dans lequel j'étais impliqué il y a de ça quelques semaines. Soupirant longuement, j'en vins même à accompagner mon soupir avec quelques murmures cherchant à cacher le mauvais souvenir que j'avais de celle-ci.

Ah oui Val ... une bien jolie ville ...

Le regard triste je continuais d'écouter les paroles de Ken qui finirent par faire effacer cette désolation de mon visage. En effet, lorsqu'il commença à parler des guildes, mon minois enfantin s'éclaircit. Le jeune homme semblait avoir remarqué le symbole bleuté ornant mon manteau blanc. Shina quant à elle n'avait pas encore prononcé le moindre mot, mais nul doute qu'elle aussi l'avait repéré. M'interrogeant sur ma guilde, ils cherchaient à savoir si j'avais bel et bien réalisé mon rêve que j'avais énoncé à tous lors de notre dernière rencontre. De plus, ils me questionnèrent sur ma présence en ce lieu. M'empressant de répondre avec un sourire des plus francs, je repris la parole avec une tonalité dans la voix bien reconnaissable, de la fierté. En effet, j'étais on ne peut plus fier d'avoir intégré une guilde et quitter le monde de l'aristocratie.

Oui, j'ai bel et bien intégré la guilde Blue Pegasus depuis quelques mois maintenant. Cependant, ce n'est pas pour représenter la guilde au cheval ailé, ni même pour une quelconque requête que ma présence ici se justifie. Simplement par envie ! Vous savez, par le passé, ma vie d'aristocrate ne m'a pas permis d'en apprendre beaucoup sur le monde environnant. C'est pourquoi, je tâche de remédier à cela. Il n'y a pas de mal à être un peu curieux après tout !

Souriant bêtement, on pouvait lire sur mon faciès la joie de parler de ce sujet. Seulement, hormis cela, nous n'avions pas grand-chose à nous dire sur ce sujet. Eux, ils appartenaient à Quatro Cerberus, moi à Blue Pegasus. En somme, il s'agissait de deux univers totalement différents, mais qui avaient à l'origine, la même vocation. Afin de poursuivre et d'étendre la conversation, une idée de sujet me vint à l'esprit. Seulement un doute m'envahit, ce thème était-il tabou ? Pouvais-je aborder les évènements de Crocus sans prendre le risque de créer un malaise ? Je n'en étais pas certains, après tout, mes actes ce jour-là restaient ignobles et inhumain, même si le fait que je fus possédé, puisse justifier un peu la chose. Tant pis ! J'allais prendre le risque ! Au risque de laisser un immense froid saisir la conversation. Hésitant légèrement, dans ma voix se sentait clairement cette pointe d'hésitation. Essayant de cacher celle-ci, je m'adressais de manière plutôt maladroite aux jumeaux.

Et sinon ... depuis l'incident de Crocus, comment allez-vous ? Avez-vous eu des nouvelles de la part des autres ?

Priant pour ne pas avoir geler la discussion, je questionnais mes interlocuteurs, cherchant à savoir s'ils avaient pu reprendre une vie normale depuis ce jour-là, s'ils avaient eu des nouvelles des autres membres du petit groupuscule de mage m'étant venu en aide. Même si j'avais revu chacun d'eux quelques jours après afin de verser la récompense, je n'avais pas pu discuter avec eux depuis ledit incident. C'est pourquoi, connaître le ressentit de l'un d'entre eux m'aiderait grandement. Avaient-ils développé une haine à mon encontre ? En venaient-ils à me détester et à souhaiter ma mort ? Je ne le souhaitais pas, mais il était probable et tout à fait plausible que cela soit le cas puisque j'avais dans cette plaine, lourdement attenté à leur vie. Attendant une réponse, je cherchais à éviter le regard des jumeaux afin qu'ils ne s'aperçoivent pas de mon anxiété vis-à-vis de leurs réactions.

Mon ressentit à proximité des jumeaux était on ne peut plus étrange. En effet, je ne savais pas où me placer. La situation me gênait de plus en plus et je n'avais pas la moindre idée de la façon dont je devais réagir. Ce malaise était facilement lisible sur mon faciès pour toute personne, possédant un sens de l'observation ne serait-ce que peu développé. Cherchant à éviter comme je le pouvais le regard de mes interlocuteurs, j'attendais impatiemment la réponse de l'un d'entre eux. En reprenant la parole, de cette manière, ils feraient disparaître en l'anxiété qui me rongeait de l'intérieur. J'avais peur ! Peur de leur réaction ! M'horrifiant littéralement, cette inconnue me tracassait au plus haut point. Si en temps normal, la vision que les gens pouvaient avoir de moi m'importait peu, eux, ils étaient différents. Je ne voulais pas que l'on me juge, que l'on se fasse une opinion de moi en ne me connaissant qu'à travers ces tristes évènements. Le fait de pouvoir être considéré comme un tueur refoulé pouvant perdre les pédales à tout moment, ne me plaisait guère.

En les rencontrant, j'espérais pouvoir montrer une facette plus humaine de ma personnalité et effacer ou du moins atténuer l'image que j'avais montrée lors de notre dernière rencontre. Seulement, même si je m'étais fixé comme objectif de rencontrer à nouveau toutes les personnes présentes lors de ce malheureux incident, avec mon intégration à Blue Pegasus relativement récente, je n'avais pas eu une seconde à moi pour réfléchir à la manière, dont j'allais procédé. C'est pourquoi, je me retrouvais actuellement dans cette situation, sans vraiment savoir comment aborder une véritable discussion. Heureusement pour moi, Ken vint prendre la parole, brisant de cette manière le silence qui commençait à s'installer. Celui-ci s'empressa de répondre à la question que je venais de lui poser précédemment au sujet du statut actuel des autres participants. Énumérant peu à peu le prénom de chacun, ils me revirent lentement à l'esprit alors que les images et le faciès de l'ensemble des protagonistes défilaient dans mon esprit. Reculant la chaise, je vins m'asseoir à la table des jumeaux et afin de "tester" ma mémoire, je tentais d'associer à chaque visage, le prénom lui correspondant.

À ma grande surprise, dans cet exercice intellectuel, je me révélais meilleur que je ne l'aurai pensé. À vrai dire, au vu de la gravité des évènements, j'avais été fortement marqué et le fait oublier ne serait-ce que le visage ou l'identité d'une personne à qui j'avais failli prendre la vie m'était tout bonnement impossible. En effet, après cette rude journée, je m'étais repassé un nombre incalculable de fois les différentes scènes, "mes" différentes actions et je n'arrivais plus à me les faire sortir de la tête. En réalité, il m'arrivait même par période, de voir mon sommeil perturbé par ces souvenirs pas si lointains que cela. Écoutant attentivement Ken, j'avais le ventre noué à l'idée d'entendre dans ses propos une quelconque mauvaise nouvelle. Heureusement, les maux dont j'étais atteint disparurent bien vite puisque le jeune homme m'affirma qu'ils allaient tous bien, en tout cas, pour ceux dont il avait pu avoir des nouvelles. Hormis la jeune femme aux cheveux verts et le mage de Phantom Lord, tous les autres participants appartenaient à la même guilde que les jumeaux, il était donc normal qu'il ait des informations sur chacun d'eux. En effet, Ultia semblait être venue grossir les rangs de cette dite guilde pour une raison qui semblaient obscure même pour les jumeaux.

Malgré le fait que je ne puisse en apprendre davantage sur deux des personnes ayant participé à cette affaire, je pus me réjouir d'entendre que la majeure partie d'entre eux se portait bien. Cependant, un élément m'attrista, parmi les mages de Quatro Cerberus ayant été impliqué, deux avaient stoppé leur carrière de madoshi. En un sens, ce n'était pas forcément de ma faute, seulement, je me considérais en grande partie responsable de ce choix. Certes, je me faisais probablement des idées, mais je ne parvenais pas à écarter cette possibilité de mon esprit. Alors que Ken continuait de parler, une partie de sa phrase résonna à mes oreilles. En effet, le "elle possède désormais ... l'objet" résonna un grand nombre de fois dans ma tête. Ce fameux objet était donc à nouveau entre les mains d'une personne. À mon avis, cela ne présageait rien de bon, parole de connaisseur. Réussissant à cacher tant bien que mal mon inquiétude grâce à mon aisance naturelle à rester impassible, en mon for intérieur, une interrogation me rongeait les entrailles. Cependant, je poserai celle-ci à mes interlocuteurs une fois que ceux-ci aurait fini de parler.

Poursuivant la discussion, ils me racontèrent brièvement la rencontre avec leur familier, ce fameux Kiri qu'ils avaient recueilli dans la forêt de Tornac. En les entendant nommer ce bois, je vins repenser au fait qu'il s'agissait de l'une de mes futures destinations. Par conséquent, devant moi, se présentait une belle opportunité d'obtenir quelques informations sur la topographie des lieux ainsi que sur son bestiaire. Toutefois, cette idée de le questionner à ce sujet ne fit que me traverser l'esprit. En effet, à l'heure actuelle, dans cette situation, un seul et unique sujet me préoccupait, l'affaire de régalia. Continuant de me conter les aventures qu'ils avaient vécues, j'eus le droit suite à la demande de Ken, à une démonstration d'une nouvelle magie de la part de Shina. Applaudissant légèrement après avoir aperçu la prouesse de la jeune fille, je compris alors que l'ombre ayant fit faire volte-face au voleur, avait été faite par les jumeaux. Ils avaient donc une nouvelle corde à leur arc, les rendant de cette manière, encore plus redoutables que lors de notre précédente confrontation. La puissance et le courage dont ils avaient fait preuve, m'avaient bluffé ce jour-là et si on suivait un minimum de logique, puisqu'ils maîtrisaient de nouvelles arcanes, ils avaient donc atteint un niveau encore bien supérieur.

Puis, alors que la discussion suivait son cours, le jeune homme se risqua à poser une question qui semblait lui trotter dans la tête depuis quelques minutes déjà. Effectivement, il aborda le sujet du Bloody Rabbit. Ce lapin monstrueux ayant attenté à leur vie lors du fameux incident. Un animal assoiffé de sang ne raisonnant pas et comptant intégralement sur sa force physique pour ôter la vie à autrui. Cette chose qui m'avait possédé ce triste jour, qui s'était emparé de mon enveloppe charnelle me transformant ainsi en ce même monstre. Les jumeaux souhaités donc savoir ce qu'il en était advenu. Quoi de plus normal après tout ? Tapotant légèrement ma poitrine avec le poing, je répondis en toute sincérité à là question, ne cherchant pas à dissimuler les faits, avec une voix des plus monotones possible afin de paraître ne serait-ce qu'un minimum sérieux.

Et bien ... il semblerait qu'il repose et ait élu foyer ici. Il n'a donc pas totalement disparu, il sommeille simplement en moi, quelque part... Cependant, il se manifeste lorsque j'ai recours à la magie, mais fort heureusement, je n'ai pas encore perçu la moindre trace de haine lorsqu'il apparaît. Je suppose qu'à partir du moment où j'arrive à garder le contrôle, je ne le verrais plus...

Les fixant attentivement, j'attendais la réaction qu'ils allaient avoir après cette révélation. En effet, le fait de savoir qu'il avait à nouveau ce même animal en face d'eux ne devait probablement pas les rassurer, ce qui était parfaitement compréhensible. Après tout, qui ne serait pas anxieux en sachant que devant lui se tient une personne ayant lourdement attenté à sa vie ? Espérant ne pas les avoir "effrayé", je vins étendre la conversation afin qu'elle ne s'oriente pas qu'autour de ma situation et ainsi, de cette manière, détourner légèrement le sujet de celle-ci sans pour autant le changer. Reprenant la parole, je vins mettre fin à mes question en interrogeant les jumeaux. Dans ma voix pouvait probablement se sentir une certaine angoisse.

Et le "fameux" objet a-t-il à nouveau fait des siennes ? Sa détentrice n'a-t-elle rien ressentit d'étrange, de suspect ces derniers temps ?

En réalité, je craignais que cet artéfact cause une nouvelle fois du tort à quelqu'un. Intrigué par la nature de celui-ci, en tant qu'archéologue, j'avais mené des recherches de mon côté afin d'identifier de manière plus précise ce à quoi nous nous étions confrontés. Et le fait que cette madoshi possède cette incroyable source de pouvoir ne me rassurait guère. Je ne doutais pas un seul instant de ses capacités, simplement, j'omettais des doutes quant au fait que quelqu'un soit en mesure de le "dompter". Ayant fini de poser ma question, j'attendais patiemment une réponse des jumeaux, qui ferait disparaître ce sentiment d'appréhension qui m'envahissait depuis bien longtemps...

Mes recherches peu fructueuses vis-à-vis des régalias, ne faisait qu'accroître ma curiosité envers eux. Un côté curieux bien plus que justifiable. Par le fait que, j'avais été impliqué lors des évènements de Crocus avec un de ces artefacts et surtout par ma passion naissante qui m'avait poussé à me lancer dans une carrière d'archéologue. Etudier les mystères liés à ce sujet était donc bel et bien dans mes cordes, même si ces recherches n'avait en rien un caractère officiel. En discutant avec Ken Amnell, j'espérais pouvoir avancer dans celles-ci grâce à un indice quelconque, une information très importante dont je n'avais pas connaissance. Malheureusement, il ne m'apporta pas ce que je désirais, puisque vraisemblablement, d'après ses dires, l'objet semblait comme endormi, car il n'avait depuis l'incident, plus jamais fait parler de lui. À vrai dire, il était peut-être préférable que le déroulement en soit ainsi. Même s'il était vrai que j'aurai largement préféré en apprendre un peu plus, je ne devais pas donner une priorité à une envie telle que celle-là, la sécurité des gens étant bien plus importante.

Continuant d'évoquer le régalia, Ken eut une hypothèse sur le fait que lors de mon contact avec celui-ci, j'avais usé de l'intégralité de ses réserves magiques, ce qui pourrait expliquer l'actuel sommeil profond de l'artéfact. Dans le fond, il n'avait peut-être pas tord, seulement, il n'y avait non plus aucun moyen de démontrer qu'il avait raison. Puis alors que notre discussion se poursuivait, il évoqua le fait que, sa guilde avait pris les moyens nécessaires à la protection de cet objet ce qui eut le don de m'arracher un sourire. Me rappelant leur appartenance à Quatro Cerberus, la spécialité de cette guilde me revint alors à l'esprit. Effectivement, dans Fiore, chaque guilde majeure possédait une certaine renommée pour une raison bien précise. Si pour Blue Pegasus, il s'agissait de la grande galanterie de ses membres, la guilde du cerbère était quant à elle, réputée pour le fait d'être une excellente guilde d'escorte et de protection. En somme, en sachant cela, je savais pertinemment que je pouvais faire pleinement confiance à mes confrères mages.

Cependant, il omit un doute quant à la sûreté de cet objet dans la guilde siégeant à Val. En effet, Ken vint à aborder le sujet ayant fait polémique dans les journaux ces derniers temps. L'attaque d'une petite guilde au nom de Cait Shelter par la désormais bien célèbre Grimoire Heart pour un autre régalia. Cette histoire avait fait rapidement le tour du royaume, si bien que j'en avais moi-même entendu parler. Cependant, je n'avais pas la moindre idée de ce qu'il était advenu de l'artéfact, les informations de ce style étant loin de filtrer dans les périodiques de notre contrée. Désormais, le monde entier était au courant de la volonté des guildes noires et il était facile d'en déduire des conclusions peu réjouissantes. Si des confréries comme celle-ci cherchaient à s'approprier de telles sources de puissance, il était clair que les intentions de celles-ci n'avaient rien de charitable. Par ailleurs, j'hésitais à me rendre à cette guilde en espérant trouver quelque chose de plus concret permettant de faire disparaître, ou du moins atténuer les troubles concernant ces choses. Néanmoins, je savais aussi que la guilde des chats était en deuil après cet incident. D'après les informations que j'avais pu obtenir, ce régalia avait engendré la mort de l'un des membres de la guilde, comme cela aurait pu être le cas lors de l'incident de Crocus. En somme, il n'était pas judicieux de venir collecter des informations chez des personnes encore marquées par cet évènement. À vrai dire, je compatissais grandement à la peine qu'ils pouvaient bien ressentir, puisqu'ils avaient connu ce qui fut ma plus grande crainte le jour de l'incident, c'est-à-dire que le régalia soit responsable du décès d'un proche.

Au fur et à mesure de la discussion, je me rendis compte peu à peu que nos points de vue se ressemblait très fortement, que nous partagions le même avis sur ces artefacts. Malheureusement, il semblait que certaines personnes ne tiennent pas le même mode de raisonnement que nous, probablement du fait qu'ils n'ont jamais été réellement exposé au danger que représente ces objets. Toujours est-il que la discussion suivait son cours, orienté sur un sujet complexe que nous connaissions tous deux par le biais d'une expérience commune marquante. Seulement, les deux jumeaux échangèrent un regard que je perçus. Se taisant un instant, je compris alors qu'ils venaient de décider de détendre l'atmosphère en abordant un sujet bien moins compliqué et embarrassant que le précédent. Pour cela il choisit alors d'aborder le sujet de ma magie en me questionnant sur celle-ci, me demandant s'il s'agissait d'un Take Over ou bien d'une magie d'invocation.

Effectivement, il avait visé juste, il s'agissait bien d'une forme de Take Over, certes peu commune, mais bel et bien du Take Over. En réalité, après les évènements, j'avais cherché un long moment avant de trouver des informations sur cette magie et j'avais fini par comprendre que désormais en moi, l'âme du Bloody Rabbit sommeillait. Ce jour-là, je l'avais donc assimilé en posant la main sur l'artéfact contenant visiblement cette même âme. Tachant de répondre du mieux possible à la question de mon interlocuteur, je repris la parole en espérant clarifier la chose et non l'embrouiller.

Il s'agit bel et bien d'un Take Over. Cependant, d'après mes recherches à ce sujet, il s'agit d'une forme peu commune, après je n'en sais pas réellement plus sur cette magie malgré le fait que je l'utilise désormais couramment.

À entendre, cela pouvait très probablement paraître invraisemblable, surtout pour les jumeaux. En effet, cette magie avait failli mettre fin à leur vie, ils étaient à nouveau en face de cette magie, ou plutôt de son utilisateur et celui-ci, c'est-à-dire moi, annonçait qu'i n'avait pas de réelle connaissance au sujet de cette magie. Rien de bien rassurant en somme, car bien souvent, pas de connaissance rime avec pas de maîtrise. Toujours est-il qu'après avoir répondu à la question, il ne me restait plus qu'à attendre une éventuelle réponse de Ken ou Shina.

Même si actuellement nous étions réunis autour d'une table d'un café de Mac Anu, comme de bons amis qui discuteraient de choses diverses et variées, je ressentais tout de même une profonde anxiété probablement due à notre précédente rencontre. Afin de dissiper ce malaise, nous avions engagé la conversation pour en apprendre un peu plus sur l'autre. Après quelques questions, nous avions presque fait le tour de l'ensemble des interrogations ce qui signifiait vraisemblablement que la discussion allait se terminer d'ici peu. À vrai dire, si malgré les évènements communs que nous avions partagés, nous étions désormais plus ou moins liés, je ne les considérais pas pour autant comme de véritable "amis" à l'inverse de mes compagnons de guilde. À mes yeux, ils étaient une bonne connaissance, comme l'on en fait rarement et bien entendu, je resterai à jamais, marqué par nos diverses rencontres.

Après avoir répondu à la question des jumeaux, je n'avais pas relancé la conversation avec une autre interrogation, tout simplement, car je n'avais pas le moindre élément à rajouter, du moins pour l'instant. Attendant calmement une possible réponse des deux mages de Quatro Cerberus, je réfléchissais dans le but de trouver un moyen, de poursuivre cette nouvelle rencontre. Après quelques instants de réflexion, une idée me traversa l'esprit. À vrai dire quelque chose m'intriguait, leurs magies. Si j'avais eu le droit à une petite démonstration de la Kage no Mahô auparavant, un doute subsistait concernant l'autre forme de magie qu'ils maîtrisaient, c'est-à-dire celle des illusions. En effet, les deux mages parvenaient à travers diverses arcanes à piéger et tromper les sens des gens. Pensant alors à notre ancien affrontement de la plaine de Crocus, je me remémorais lentement toutes les images que j'avais en souvenir de cette journée et surtout, les quelques souvenirs que j'avais du moment où j'avais combattu face aux jumeaux.

En réalité, je n'avais pas réellement affronté Shina et Ken, le véritable combattant à ce moment-là, n'était en fait que l'âme du Bloody Rabbit, il était donc faux de dire que j'avais affronté ces mages. Me rappelant alors de l'illusion qu'ils avaient lancée lors de notre affrontement, je revis alors le sort qui avait piégé l'âme démoniaque en lui faisant voir un Gigas de pierre. Réfléchissant un court instant, je cherchais à comprendre le mécanisme de fonctionnement de cette fameuse magie, le moyen ayant permis à ces deux mages de troubler un des sens du lapin. De plus, les deux semblaient posséder une faculté étrange et atypique puisque peu à peu, je commençais à me rendre compte de cette particularité. Dévisageant discrètement le jeune homme en face de moi, je m'aperçus alors d'un détail qui me fit hausser un sourcil. L'être avec qui je discutais semblait être différent, comme s'il était immatériel tel un fantôme. Lançant un petit regard à Shina, je vis que celle-ci quant à elle, était vraisemblablement bel et bien "matériel". Puis, mon esprit se lança en pleine réflexion, ou plutôt en pleine recherche. Mettant à rude épreuve mes neurones, je cherchais au plus profond de ma mémoire dans le but de retrouver une image me prouvant que j'avais déjà enregistré cette information lors de notre précédente rencontre.

Seulement, il ne me restait en tête, que les tristes images du moment où j'avais attenté gravement à la vie de tous les mages. Notant cette constatation dans un recoin de mon crâne, j'allais reprendre la parole, mais je fus couper par Ken qui s'en empara plus rapidement que moi. Il m'avoua alors qu'il connaissait lui aussi un mage maîtrisant cette magie. À cet instant, mon esprit fit un rapprochant pouvant s'avérer inexact, mais qui avait tout de même de grandes chances d'être juste. Il s'agissait très certainement d'un mage de Quatro Cerberus, il serait donc peut-être intéressant de discuter avec lui sur cette magie spécifique que nous possédions, surtout puisqu'il avait probablement appris à la maîtriser d'une manière plus conventionnelle que moi. Puis les paroles du jeune homme abordèrent un sujet totalement différent puisqu'il me questionna sur ma guilde, sur Blue Pegasus. À vrai dire, lorsqu'il m'interrogea sur celle-ci, il ne fut pas tendre dans ces propos puisque dans ceux-ci, je pus comprendre que comme beaucoup, il avait cette image d'une guilde remplit de playboy en tout genre, prétentieux et arrogants, se pensant continuellement supérieur à tous. À vrai dire, avant de l'intégrer, ce fut une de mes craintes. Cependant, je me rendis rapidement compte que cette pensée était fausse sur toute la ligne puisque contrairement à l'idée générale, la guilde ne grouillait pas de mannequin mais était composée de personnes bien sympathiques.

Puis, alors qu'il poursuivait son discours, il m'affirma avoir rencontré un de mes camarades se nommant Roy. Ce prénom vint immédiatement tilter à mes oreilles et m'arracha alors un franc sourire. À vrai dire, j'appréciais grandement ce fameux mage, malgré les quelques bourdes, que je l'avais vu faire et son franc parlé pouvant de temps à autres surprendre quand on sait qu'il s'agit d'un madoshi de la guilde au cheval ailé. Cependant, alors qu'il allait probablement me raconter sa rencontre, ou du moins son ressentit vis-à-vis de mon confrère, il fut interrompu d'une manière on ne peut plus grossière. En réalité, un homme interpella Shina d'une façon très étrange mais surtout irrespectueuse. Instinctivement, Ken et moi eurent la même réaction, tels deux automates synchronisés, c'est-à-dire que nous venions de ne retourner brusquement en direction de ce drôle d'individu. Le dévisageant longuement, j'analysais son profil à partir des premiers détails les plus marquants. Dans la vingtaine, le jeune homme semblait ivre et donc par conséquent, totalement inconscient de ses actes. Alors qu'il demandait à Shina de se rapprocher, celle-ci l'ignora totalement et le lycaon des jumeaux se mit à grogner comme s'il avait senti que cet individu chercher des ennuis à ses maîtres. Souriant devant sa réaction, j'écoutais alors Ken répondre à cette fameuse personne en lui demandant de nous laisser tranquille.

Bien que j'avais une forte envie de faire taire cet insolent, j'avais décidé de ne pas intervenir et de laisser les jumeaux répondre. Cependant, la remarque de Ken ne sembla pas l'affecter puisqu'il se montra une nouvelle fois insolent. De plus, il ne sembla pas content d'être ignoré d'une telle manière par la jeune fille ce qui entraîna chez lui une réaction des plus virulentes. Se levant maladroitement, il lança une bouteille d'alcool en notre direction, ou plutôt dans celle de Ken Amnell. Celui-ci se contenta d'ailleurs de se décaler légèrement alors que le projectile vola en éclat derrière nous. Brusquement je vis Kiri se lever et se ruer à l'assaut de cette personne. Tirant de grands yeux, j'espérais sincèrement que le lycaon ne montrerait pas les crocs et se contenterait de "bousculer" le jeune homme. Le reste de la scène se passa très vite. Un lycaon lancé, un homme ivre tenant à peine debout, une collision, un homme volant atterrissant dans la chaise d'une autre personne. Voilà en gros comment il était possible de résumer la situation actuelle. L'insolent désormais hors service après le coup de tête de l'animal, il fallait trouver le moyen d'apaiser la foudre de la personne qui venait d'être fauchée de sa chaise.

Me levant précipitamment de la table, je vins me placer aux côtés de cette même personne, dans le but de lui expliquer cette situation encore bien étrange. Prenant la parole en essayant de paraître le plus désolé possible, je m'adressais à lui en espérant qu'il comprenne et souhaite bien accepter mes propos.

Euh ... je suis désolé, j'en suis en partie responsable. Laissez-moi vous dédommager pour ce regrettable incident, nous ne pensions pas qu'une telle situation se produirait ...

En réalité, je n'avais absolument rien à voir avec cet incident puisque je n'étais en aucun cas responsable du lycaon. Alors que j'essayais de discuter avec lui, celui-ci me repoussa violemment en arrière. Surpris par cette réaction plus qu'inattendue, je reculais de quelques mètres, manquant au passage de finir sur le derrière, mais heureusement, une table me permit de retrouver mon équilibre. À cela, la victime cria au scandale alertant de cette manière l'ensemble des personnes présentes dans le café. Ainsi en quelques secondes, nous étions devenus le centre d'attention de tous. Soupirant longuement, je dévisageais celui-ci en essayant de cerner un peu sa personnalité et à vrai dire, ce que je vis immédiatement que nous n'allions pas nous en sortir comme cela. Sa manière de s'habiller, de se sentir supérieur me sauta aux yeux et je reconnus alors immédiatement un membre de l'aristocratie du royaume. Connaissant relativement bien ce milieu, je savais déjà que nous ne nous en tirerions pas aussi facilement que je l'espérais. De plus j'avais même réussi à prévoir sa prochaine réaction. M'intercalant entre le lycaon et le fou furieux, je savais pertinemment que si je laissais faire cette personne, elle essayerait de s'en prendrait à la pauvre bête des deux jumeaux. Même si je doutais grandement qu'il puisse lui faire ne serait-ce que la moindre blessure, en réagissant de cette façon, j'avais au moins évité une morsure ou un quelconque autre dérapage.

Prenant la parole face à l'homme en colère, je pris une voix beaucoup moins plaisante que tout à l'heure. À vrai dire, je comptais bien faire comprendre à cette personne que nous nous excusions pour ce petit problème, mais qu'il n'avait pas intérêt de pousser trop loin son rôle de victime en espérant obtenir plus que des excuses.

Je vous prierai d'être un peu plus courtois, il n'y a pas mort d'homme après tout, ce n'est qu'un vêtement ...

Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre la réaction d'un autre protagoniste ayant assisté à cette fameuse scène ...

Dans ce café de Mac Anu, j'avais encore réussi à me fourrer dans une situation des plus délicates en me mettant à dos un des autres clients venu savourer tranquillement sa boisson. Et par-dessus tout, ce client, n'était pas n'importe qui puisqu'il s'agissait d'un membre de l'aristocratie du royaume ayant probablement décidé de venir baigner quelques instants dans la populace locale afin d'accomplir je ne sais quelle tâche. Peut-être avait-il simplement envie de voir une nouvelle fois de ses propres yeux la bassesse du monde l'environnant, après tout, côtoyer sans cesse les personnes possédant le même statut que soi-même, cachait souvent le véritable reflet, la véritable image de la société. En somme, en venant parmi les gens plus modestes que lui, il venait constater l'état dans lequel se trouvait la société et s'assurer que celle-ci ne ce soit pas trop rapprochée de l'élite du royaume. Effectivement, un phénomène presque invisible aux yeux de tous avait lieu très régulièrement.

Bien souvent, les gens de la haute société venaient se mêler au reste de la population dans le simple but de s'assurer qu'ils se distinguaient toujours d'eux. En somme, la population aspirant à une vie meilleure, en venait à copier les manières, les modes de l'aristocratie en espérant pouvoir paraitre ne serait-ce qu'un instant, égale à celle-ci. Et en réponse à cette tentative de mise à niveau, les personnes appartenant à la haute société, se démarquaient à nouveau à travers des nouvelles tendances, des nouvelles modes. Ce n'était rien d'autre qu'un cercle vicieux qui ne se terminerait pas avant que l'un des deux parties renoncent à son aspiration. Toujours est-il que sa venue, parmi les sous-fifres du royaume, semblait mal se dérouler puisqu'il venait probablement de tâcher un de ses beaux habits et qu'il se donnait désormais en spectacle en plein milieu de ce pauvre bar. Soupirant en le voyant agir, je me voyais plus jeune en lui. Le même tempérament, le même sentiment de supériorité constant. Voilà donc à l'horreur que je ressemblais en étant plus jeune ... rien de bien flatteur. Cet homme, arrivait même à m'inspirait un profond dégout par son comportement, son attitude.

Toutefois, le fait de ressentir cet étrange sentiment, voulait par conséquent aussi dire que je ressentais la même chose pour mon moi passé. Arriver à se dégouter soi-même, c'est pour dire à quel point j'avais une mauvaise image de moi-même. En effet, malgré le fait, que j'avais changé, je ne me considérais pas pour autant, excusé de tous les horribles méfaits que j'avais commis. Je n'avais à mes yeux, certainement pas plus de valeurs que ce malheureux et la disparition de personnes comme lui et moi ne serait très certainement pas un mal puisque cela éviterait très probablement, un bon nombre de conflits. Cependant, le problème actuel j'allais devoir le régler moi-même ! Tout seul, comme un grand ... et surtout, en faisant preuve de diplomatie. Néanmoins, au fur et à mesure que cet homme brassait de l'air pour ne rien dire, mon envie de lui clouer le bec avec un coup bien placé, ne cessait de croitre. Toutefois, je me devais de représenter fièrement l'image de la guilde et infliger une correction à ce moins que rien, n'engendrerait qu'un lot de soucis dont je n'avais pas envie de me mêler. Il est vrai que si j'en venais aux mains avec lui, j'allais certainement donner une mauvaise image des gentlemans de Blue Pegasus, en plus d'avoir probablement une plainte sur le dos et de devoir affronter le sermon de Hawk lorsque cette histoire arriverait à ses oreilles. Des tas d'ennuis en somme ...

Toutefois, même si je ne pouvais lui sauter au cou par principes, je n'allais nullement m'écraser en face de lui. J'étais de la même trempe, voire même bien pire que lui, alors malgré mon jeune âge, je n'allais pas le laisser me marcher sur les pieds. Après tout, même si j'avais été mis au ban par ma famille, dans mes veines, le sang de la famille Regnard ne cesserait de couler et je serais à jamais étroitement lié à ce cercle fermé et prisé qu'est l'aristocratie du royaume et cela, malgré tous mes efforts pour m'en écarter le plus possible. Soudainement, la source de toute cette agitation s'approcha de moi et vint me fixer attentivement en se baissant pour essayer de me fusiller du regard et probablement pour m'intimider. Certes, je comprenais alors parfaitement son raisonnement, après tout, intimidé un gosse d'une quinzaine d'années, mesurant à peine un petit mètre soixante, cela n'avait en théorie rien de compliqué. Seulement, le fait que la gosse en question soit le plus téméraire descendant de l'illustre famille Regnard, allait largement durcir la manœuvre puisque j'étais réputé pour disposer d'une verve des plus sèches et d'un narcissisme des plus développés.

Alors qu'il me dévisageait et que nos faciès étaient à une distance des plus réduites, je laissais échapper un léger soupir avant de reprendre la parole pour faire taire une bonne fois pour toute cet aristocrate de pacotille. J'allais donc lui faire une petite démonstration made in Regnard Family et adopter un comportement encore pire que le sien. Après tout, il y avait peu de chance que cette personne soit située à un échelon supérieur dans notre hiérarchie, étant donné que sa tête ne me disait rien. L'aristocratie de bas étage je vous jure ! Plus aucune valeur ! Enfin bref, place à la véritable aristocratie, la pure, la dure ... la vraie !

De quels droits vous permettez vous de nous adresser la parole d'une telle manière ? Votre statut m'importe peu puisque de toute manière ... vous n'êtes que de la vermine à mes yeux ! Savez-vous au moins à quelle personnalité du royaume vous vous adressez ? Votre fausse cruauté n'a d'égale que votre incompétence ! À quoi bon tenter se passer pour le noble hautain si vous n'êtes même pas capable de le faire correctement ... Cessez donc de ridiculiser votre milieu en vous mettant en scène de cette manière !

Immédiatement, alors que je ne flanchais pas et que je poursuivais cet échange de regard avec cet homme, je sentis un grand silence s'installer dans l'intégralité du bar alors que l'ensemble des personnes de la salle nous fixaient avec une tête d'ahuri. Oui j'avais bel et bien répondu à cet homme plein d'orgueil d'une façon on ne peut plus provocatrice et cela, peu importe les conséquences ! Après tout, il m'avait cherché en s'adressant à moi de cette manière. En somme, il avait réveillé le Vincent Regnard d'antan, provocateur et arrogant, n'hésitant pas à blesser autrui avec grand plaisir, de manière psychologique bien entendu. Je n'y étais pour rien moi ... il m'avait tendu la perche, je l'avais donc en toute logique saisie avant de lui en coller un coup sur la tête. Il n'y avait rien d'anormal à cela ! S'il ne m'avait pas remémoré les souvenirs de cette sombre époque où je ne considérais même pas l'existence des autres, je n'aurais pas agi comme cela et je me serai montré beaucoup plus poli dans ma réponse. Malheureusement pour lui, je venais de lui faire une jolie petite démonstration qui allait lui faire comprendre qu'il n'avait pas en face de lui, un vulgaire môme de quinze ans.

Alors que la tension était à son comble, je continuais de fixer ce pseudo aristocrate pendant qu'un léger sourire narquois se dessinait au coin de mes lèvres. En gros, je me moquais ouvertement de cette personne qui usait de son statut pour se faire respecter, mais qui n'avait en réalité, absolument rien de respectable. L'observant de long en large, je compris qu'il ne s'attendait pas un répondant de ce type, c'est pourquoi, j'avais même réussi à le mettre mal à l'aise puisqu'il m'était facile d'apercevoir la sueur qui commençait à perler doucement au niveau de sa tempe. Un problème mon cher ami ? Le fait d'avoir cloué le bec de cet abruti de cette façon faisait naître chez moi un sentiment, que j'adorais ... de la satisfaction. Quoi de mieux qu'une personne qui s'écrase devant votre autorité ? Me délectant de ce plaisir, je ne pus contenir un léger rire lorsque mon "adversaire" tourna les talons et brisa ainsi notre intense échange de regard. Moi, le blondinet haut comme trois pommes, avait fini par l'emporter et à faire céder cet adulte et cela, devant l'ensemble des gens présents dans le café. Tous ces yeux rivés sur ma petite personne, cette sensation je l'adorais et j'en aurai pleinement profité pendant plusieurs longues minutes.

Néanmoins, l'homme à qui j'avais répondu en décida autrement puisqu'il se retourna brusquement dans l'espoir de pouvoir venir coller son poing sur ma petite gueule d'ange. Quel étrange hasard ! Avait-il chuter de son piédestal et dans un élan de colère, décidé de me faire payer mon offense en m'infligeant une douleur physique ? Peu importe plongeant rapidement la main sur le manche de la dague à l'intérieur de ma veste, je n'eus cependant pas besoin de la sortir puisque je sentis un souffle me frôler et stopper l'aristocrate enragé. Shina et Ken, ils avaient décidé d'intervenir et de contrer l'assaut qui me visait. Après une manœuvre des plus habiles, l'aristocrate nous ayant cherché des noises, se retrouvait en un instant couché au sol, souffrant du léger coup infligé par les illusionnistes. Le silence se faisait de plus en plus pesant alors que le mage de Quatro Cerberus lui envoya une réplique témoignant du mépris qu'il ressentait envers lui et son comportement. Puis finalement, il vint se placer à mes côtés en me demandant si nous voulions bien poursuivre notre conversation à l'extérieur. Acquiesçant alors de la tête, je me dirigeais cependant en direction du responsable de toute cette agitation, je vins m'accroupir à ses côtés pendant que les jumeaux terminaient de rassembler leurs affaires. Adoptant une voix bien plus amicale que précédemment, je vins murmurer quelques mots qui nous éviteraient bien des soucis et qui, avec un peu de chance, ferait vaciller les convictions de cet adulte. Se faire faire la morale par un gosse, cela lui permettrait peut-être de réfléchir ...

Sachez simplement que malgré votre statut vous n'en restez pas moins un Homme à l'égal de moi-même et de toutes les personnes présentes dans cette pièce. De plus, je ne saurais que trop vous conseillez de surveiller votre comportement, dans ce vaste monde il y a toujours quelqu'un susceptible de vous écraser comme un vulgaire insecte ... et cela peu importe votre statut social. Sur ce, cela aura été plaisant de vous rencontrer. Amicalement ... Vincent Regnard ...

Même si j'en doutais fortement, j'espérais que mes paroles le feraient réfléchir un peu et que son comportement évoluerait au fil du temps de la même sorte que le mien. Néanmoins, je savais pertinemment que puisque cette personne restait baigner dans ce milieu hostile qu'est l'aristocratie, il y avait fort à parier qu'il ne changerait pas. Toutefois, la raison pour laquelle j'avais joint mon identité à ma tirade, était loin d'être bête. Le patronyme Regnard le ferait très probablement longuement réfléchir avant de porter plainte contre moi et les deux jumeaux. En somme, de cette façon, j'évitais tous les problèmes pouvant résulter de cette altercation. Me relevant doucement, je vins lui donner un petit lot de jewels afin qu'il puisse nettoyer son vêtement injustement sali par notre faute. Le laissant alors se remettre de ses émotions, je vins m'excuser auprès du dirigeant du café pour le grabuge que nous avions généré avant d'emboiter le pas aux jumeaux et de quitter ce service de restauration.

Désormais nous errions dans les rues de Mac Anu sans véritable but à atteindre. Discutant de sujets communs à la vie de tous les jours, nous nous déplacions sans le savoir vers le centre de la ville et son immense cathédrale. Finalement après une quelques minutes, nous étions sur cette célèbre place, à proximité du château où sont formés les plus brillants soldats de l'armée du royaume. Observant de loin les gardes agir et se relayer, je m'interrogeais alors sur la vie de soldat dans l'armée runique de Fiore. Ces mercenaires à la botte du conseil, comment parvenaient-ils à mener une telle vie ? Cela m'intriguait fortement. Pour quelles raisons ceux-ci acceptaient-ils de se plier sans broncher aux ordres de leurs supérieurs ? C'était à mes yeux quelque chose d'inconcevable ! Accomplir des tâches sans chercher à savoir pourquoi, cela m'était tout bonnement impossible ! Lorsque j'accomplissais une tâche, je voulais être au courant de la raison ayant engendré celle-ci or, nul doute que le Conseil Magique se gardait bien de dévoiler tous ses petits secrets à ses soldats.

Le regard fixé sur les quelques soldats présents devant la façade des bâtiments et qui voguaient à leurs occupations, je m'adressais soudainement aux jumeaux en posant une question délicate afin de savoir si j'étais le seul à partager cette opinion.

Obéir à la moindre volonté de ses supérieurs, peu importe la nature de celle-ci ... comment est-il possible de suivre un tel mode de fonctionnement ?

Admirant la scène devant moi, j'observais avec une attention toute particulière les soldats se tenant à plusieurs dizaines de mètres de nous. À vrai dire, j'étais actuellement plongé dans une intense réflexion qui mettait à rude épreuve mes neurones et l'intégralité de mon cerveau puisque celui essayait tant bien que mal de retenir tous les petits détails que mes yeux percevaient. En réalité, je cherchais à constater à l'aide de mes propres mirettes, ce qui caractérisait tant l'armée runique du royaume de Fiore, c'est-à-dire, une assiduité ainsi qu'une discipline à toute épreuve. En les observant, je ne pus contenir un léger sourire lorsque mon cerveau vint imaginer une possible enfance au coeur de cette légion. Si je n'avais pas été un fils d'aristocrate et que j'avais passé mes quinze premières années dans celle-ci, est-ce que par pur hasard, je posséderais ce même fort caractère ? Il n'y avait aucun moyen de le savoir, bien qu'il était possible de supposer la réponse. Bien sûr que non puisque les gradés se seraient empressés de me remettre dans le droit chemin à coup de pied au derrière. Dans le pire des cas, j'aurai été congédié bien rapidement.

L'armée, cela n'aurait vraiment pas été pour moi. Je n'avais pas du tout le profil d'un soldat à son service et j'y aurais probablement causé beaucoup plus de tort que de bien. Cette image de moi, de môme me pliant docilement aux ordres sans rien dire, me semblait tellement burlesque que je ne pouvais m'empêcher de rigoler intérieurement. Et puis quoi encore ? Moi me rendant serviable ? Il ne fallait pas trop rêver non plus. Soudainement mon regard se porta sur un soldat en particulier, puisque celui-ci semblait bien jeune avec visiblement, à peine une année de plus que moi. Le regardant agir, je le vis effectuer des tâches banales sans véritables intérêt. Il n'était actuellement à mes yeux, malgré son uniforme, pas un vrai soldat de l'armée runique. C'était un simple servant de celle-ci qui se contentait bêtement d'apporter comme il le pouvait, un peu d'aide aux authentiques militaires en offrant ses services. Pour être franc, je préférais largement ma vie de mage à Blue Pegasus, car celle-ci ne me collait pas le statut de vulgaire pion malgré mon âge peu avancé. En somme, j'estimais cette vie destinée à remplir les requêtes des gens, bien plus intéressantes qu'une vie dévouée à la sauvegarde de la sécurité de son royaume.

Et puis, n'était-il pas possible de joindre les deux aspects en étant mage d'une guilde officielle ? Certes, même si les guildes noires, illégales ne pouvaient-être défaite entièrement par de simples mages légaux comme moi, ceux-ci parvenaient tout de même à mettre en déroute bon nombre d'actions à l'encontre de la sécurité de nos citoyens. Nous avions donc moyen de remplir le rôle de cette milice répondant aux ordres du conseil de la magie et généralement, nous contribuions grandement à la réussite des interventions. Plus j'y pensais et plus mon sentiment d'ingérence de la part des autorités, se renforçait. À vrai dire, je doutais légèrement des capacités d'interventions de celles-ci ainsi que de sa politique qui se montrait à mes yeux, relativement clémente au sujet du banditisme et des diverses activités illégales. Avaient-elles réellement les moyens de tous nous protéger et d'assurer notre sécurité ? Que ce soit au niveau des effectifs, ou bien encore de l'armement, étaient-elles en mesure de nous défendre de ces vils criminels ? Alors que je continuais à divaguer, mes pensées se stoppèrent soudainement lorsque le mage de Quatro Cerberus s'empara de la parole pour répondre à la question que j'avais posée il y à de cela quelques instants.

M'affirmant d'abord que certaines personnes ne voyaient absolument aucun inconvénient à exécuter les ordres des supérieurs, il poursuivit en affirmant que pour posséder une armée des plus puissantes, il fallait que celle-ci soit organisée et structurée par des cadres forts indiquant les directives à suivre. Sur ce fait, j'étais d'accord avec lui. Toutefois, mon avis divergea rapidement du sien lorsqu'il affirma l'aspect essentiel de l'obéissance que devait avoir chaque militaires. De son point de vue, il vint me dire que les soldats n'avaient pas à être forcément au courant de l'intégralité de la situation, qu'il y avait un compromis, un juste milieu à trouver entre la contestation et le dévouement. Là, ces paroles ne concordaient plus du tout à ma pensée puisque j'estimais qu'un fier guerrier risquant sa vie au combat devait obligatoirement connaître l'ensemble de la situation dans laquelle il allait intervenir. Néanmoins, cet avis ne semblait pas être partagé par tous puisque même les jumeaux n'approuvaient pas celui-ci.

Il vint alors me faire remarquer que j'étais moi aussi contraint d'agir à des ordres dont je ne savais pas tout. Il aborda alors cela en se servant d'un exemple qui n'était ni plus ni moins que le fait, que je ne pouvais questionner continuellement mon master sur la nature de sa requête. Immédiatement, à l'entente de ces paroles, un large sourire se dessina sur mon faciès. Qu'ils aillent parler de mon cas à notre cher maître Hawk et ils verraient parfaitement la raison qui avait fait apparaître cette expression sur mon faciès. En effet, j'étais loin de me plier docilement aux commandements de celui qui portait désormais le titre de master de Blue Pegasus, à son grand désarroi. Plusieurs fois, je n'avais pas hésité une seule seconde à l'interroger longuement sur ses directives. Après tout, j'avais déjà du mal à y faire pleinement confiance, alors je me devais de m'assurer de ses intentions. Néanmoins, je fis le choix de laisser Ken poursuivre sa tirade avant de répliquer. D'autant plus que je commençais à percevoir mon confrère mage se donner de grands airs comme si celui-ci avait l'impression d'inculquer une quelconque notion ou valeur dans ma petite tête d'adolescent pouvant être de temps à autres, considéré comme rebelle.

Puis il poursuivit son speech en usant de paroles philosophiques fortes intéressantes. Selon ses dires, nous étions continuellement sous l'influence d'une autorité se nommant la société et qui nous forçait soi-disant pour des questions de morale, à obéir à certaines règles. Immédiatement, j'esquissais une légère grimace témoignant de mon désaccord. À vrai dire, mes limites, à mes yeux ce n'étaient pas la société qui les définissait, mais bel et bien ma propre personne. La morale commune, je n'en avais pas grand-chose à faire, j'obéissais à ce que j'estimais comme correct. Certes son exemple du crime, je ne pouvais aller à son encontre étant donné que je ne me jugeais pas apte à décider si un Homme devait vivre ou mourir. Il prit alors un autre exemple on ne peut plus surprenant, celui des parents à qui les enfants vouaient une véritable obéissance malgré les quelques caprices. Une nouvelle fois, je ne pus m'empêcher de rire intérieurement. Visiblement, Ken ne semblait pas avoir correctement retenu notre première rencontre. Cette facette du gosse hautain, détestable, n'écoutant pas le moindre mot, que j'avais montré ce jour-là, je la faisais subir à mes géniteurs de manière quotidienne lorsque j'étais encore avec eux. C'est pourquoi, je ne pouvais pas concevoir cet exemple comme recevable, car il était bien trop faux à mes yeux, en raison de mon vécu qui m'avait toujours démontré le contraire. Malgré ses dires, je ne restais pas moins convaincu qu'exécuter bêtement les ordres d'une telle façon n'était pas une bonne chose. Toutefois, je ne souhaitais pas me lancer dans une longue discussion à ce sujet. C'est alors que je vins ouvrir rapidement ma montre gousset pour me rendre compte de l'heure déjà tardive. Constatant que j'étais en retard par rapport aux horaires que je m'étais fixé, je vins essayer de clôturer notre conversation en prenant une dernière fois la parole sur un ton sous-entendant que je ne partageais pas leur avis.

Hum ... tu dois probablement avoir raison. Bon je ne vais pas tarder à devoir y aller ... il me reste encore de la route avant d'atteindre Oak Town. J'aimerais y arriver avant la tombée de la nuit ...

Je venais d'annoncer à travers ces quelques phrases que je souhaitais retourner à ma guilde pour y prendre un peu de repos. Cependant, je me rendis vite compte que mes paroles pouvaient les avoir offensés étant donné que l'interprétation de celles-ci, pouvait grandement en déformer le sens et donner quelques chose de la sorte : "Ce n'est pas que tu me les brises, mais j'ai d'autres chats à fouetter !". Ma pensée était en réalité, totalement différente et j'espérais profondément qu'ils ne l'avaient pas saisi de cette manière puisque je tenais simplement à exprimer mon envie de retrouver la bonne ambiance de Blue Pegasus qui commençait à me manquer. En somme, il ne manquait plus que la réaction des jumeaux pour que notre deuxième rencontre se termine sur un point bien plus positif que la première.

L'heure se faisait de plus en plus tardive, si bien que désormais, je ne devais absolument pas trainer si je voulais avoir la moindre chance d'atteindre Oak Town avant la fin de la soirée. Certes cette nouvelle rencontre avec les jumeaux Amnell, avait été on ne peut plus bénéfique puisque j'avais pu obtenir un certain lot d'informations que j'avais eu particulièrement à cœur de découvrir. En effet, j'avais été particulièrement anxieux à l'idée de les croiser une nouvelle fois sur ma route, étant donné les derniers évènements qui avaient marqué notre première rencontre. J'avais effectivement longuement craint que les deux mages de Quatro Cerberus m'en voudraient éternellement pour mes actions lors de notre affrontement de la plaine de Crocus. Après tout, il était normal que ce doute me tracasse fortement puisque j'avais tout de même, attenté à leur vie ce jour-là.

Ils m'avaient confirmé par leur comportement lors de ces retrouvailles, qu'ils ne ressentaient absolument aucune amertume, ni même la moindre peur à mon égard. Ils ne s'étaient pas enfuis en me voyant arriver et je n'avais pas perçu chez eux un regard différent qui aurait pu témoigner d'une éventuelle appréhension de leur part. Toujours est-il qu'une question me trottait sans cesse dans la tête et je n'arrivais pas à m'en défaire. Si pour eux, j'avais pu me rassurer, je ne pouvais m'empêcher de penser à tous les autres membres du groupuscule étant partis à la recherche de mon petit Bunny. Quant était-il pour Celya, Ultia ainsi que pour les autres protagonistes ? Ressentaient-ils la même chose que les deux jumeaux, ou avaient-ils désormais une haine, une crainte profonde envers ma personne ? Je n'en savais absolument rien, mais cette interrogation me tracasserait encore probablement bien longtemps. De toute façon, je savais qu'un beau jour, par la plus étrange des coïncidences, je serai amené à les revoir. Je ne savais pas quand, ni où, ni dans quelles circonstances, mais je n'avais nul doute que nos chemins finiraient par se recroiser un jour ou l'autre. Et qu'une fois cette rencontre faite, je serai fixé une bonne fois pour toute.

Toutefois, il était temps pour les jumeaux et moi, de nous séparer. En effet, nous devions rentrer dans notre guilde respective qui se trouvait malheureusement, suffisamment loin de notre emplacement actuel pour que nous soyons obligés de consacrer quelques petites heures aux transports. M'imaginant alors brièvement la carte du royaume de Fiore afin de visualiser un peu mieux le trajet que j'allais devoir suivre, je me rendis rapidement compte que les mages de Quatro Cerberus, avaient en réalité un chemin bien moins long pour atteindre l'humble ville de Val. Soupirant alors, je compris que j'allais devoir accélérer le pas si je voulais parvenir à Blue Pegasus avant la nuit, ou du moins à Oak Town. L'ambiance chaleureuse et reposante qui régnait dans le quartier général du cheval ailé me manquait, c'est pourquoi, je voulais le rejoindre le plus rapidement. Il y avait tellement de têtes que je désirais revoir, de membres avec qui je voulais parler de nos aventures, que je trépignais d'impatience à l'idée de reposer les pieds chez mon nouveau "chez moi".

En effet, si j'avais mis un peu de temps à comprendre la notion de nakamas et de confrérie que prônait ma guilde, inconsciemment, je commençais à prendre petit à petit conscience de ce terme qui m'avait semblé si absurde au début. Toutefois, désormais, je voulais me tenir à leurs côtés pour partager de nombreux moments que je n'oublierai probablement jamais.
Finalement, les jumeaux s'en allèrent en semblant heureux de m'avoir revu. À vrai dire, les voir disparaître au coin d'une rue après une brève salutation, ne me laissa pas insensible. Ils représentaient tant de choses à mes yeux, que le fait de nous séparer à nouveau ne me laissait pas me faisait ressentir un profond sentiment de nostalgie identique à celui que j'avais éprouvé à la fin de notre première rencontre. D'une voix basse, je vins murmurer quelques mots témoignant de ma pensée du moment.

J'espère pouvoir les revoir bientôt ...

Tournant les talons, je me mis en marche dans le but de trouver un transporteur pouvant m'amener avant la fin de la soirée à l'endroit que je désirais. Arpentant rapidement les rues, je finis après quelques longues minutes à me frayer un chemin dans la foule, par atteindre une compagnie de transport. Toutefois, la personne qui me proposa ses services ne put répondre entièrement à ma demande puisqu'il affirma qu'il ne pouvait me conduire que jusqu'à Shirotsume. Et bien tant pis ! Qu'il en soit ainsi ! J'effectuerai le reste du trajet à pied. Embarquant à bord de la voiture magique, je vins m'installer confortablement dans celle-ci avant de me plonger une nouvelle fois dans ma petite bulle me coupant du monde extérieur. Fermant les yeux, je vins alors repenser à cette journée qui malgré le fait qu'elle se soit présentée comme banale, en fin de compte, ne l'était pas tant que cela. Cette nouvelle rencontre m'avait amenée à réfléchir sur pas mal de choses et notamment sur le fait que ma personnalité et mon caractère avaient radicalement changé en très peu de temps.

Regardant le paysage défiler à travers la vitre de la voiture, je commençais à me demander si j'avais réellement changé, ou si je m'étais simplement contenté de créer une facette un peu plus humaine que j'exposais lorsque je côtoyais autrui. Car après tout, il n'était pas possible malgré tous mes efforts, d'avoir changé à ce point. En y repensant, ce changement serait un peu comme renier une part de moi-même ainsi qu'une partie de mon passé. Toujours est-il que je repartais de Mac Anu avec un très bon souvenir. Désormais, je n'avais plus qu'à attendre paisiblement, que la voiture me transportant, arrive à destination. Ce temps de pause, j'allais d'ailleurs l'exploiter afin de me reposer un peu puisque une fois à bon port, je devrais me dépêcher d'effectuer le reste du chemin restant ... en marchant cette fois-ci ...