Shaeliwyn marchait paisiblement dans les rues de Magnolia, une douce expression sur le visage agrémenté d'un sourire heureux. Ses longs cheveux châtains filaient au gré du vent, et le soleil rayonnait intensément. La jeune fille avait une main posée sur son chapeau, afin d'éviter que celui-ci ne s'envole, et pour se protéger le visage. De son autre main, Shaeliwyn tenait un panier où était confortablement installé son unique esprit, Vulpecula, un adorable petit renard qui n'avait aucun pouvoir. A dix ans, la jeune fille avait appris à invoquer des esprits. Ou du moins un, car c'était le seul qu'elle possédait et elle ne pouvait le garder invoquer plus d'une heure. Sa magie était relativement faible, vu son âge.

Shaeliwyn était en ville dans le but de trouver un cadeau à son père adoptif, Joe, qui approchait de la quarantaine. Mais elle n'était pas du sexe masculin, alors elle ignorait qu'est-ce qui pourrait lui plaire. Un parfum, un jeu de société, des vêtements, ou encore un animal ? Elle lui avait discrètement substitué quelques billets, elle espérait simplement qu'il ne s'apercevrait de rien si elle lui offrait un beau cadeau. Enfin, encore fallait-il qu'elle en trouve un ..

Ainsi, la jeune demoiselle marchait dans les rues de Magnolia, le visage arborant un air heureux. Et c'était le cas ; elle nageait dans le bonheur, et ce choix de cadeau ne faisait pas d'ombre au tableau.

Les habitants circulaient normalement. Quelques rares marchands et enfants saluaient la demoiselle lors de son passage, témoignant ainsi de sa petite réputation qui ne ferait cependant pas d'elle une mage connue. Mais elle s'en fichait, préférant largement la compagnie de son père et de ses quelques amis à celle d'hypocrites et de troubles-fêtes. Sa petite vie loin des hostilités et du monde extérieur lui suffisait amplement, ses uniques soucis étant quelques moqueries par-ci par-là, ou ce maudit choix de cadeau qui n'en finissait pas ! Rien de bien méchant, en soit.

Vulpecula, son unique esprit céleste, dormait paisiblement dans le panier qu'elle tenait. Son soyeux pelage roux ondulait sous l'effet des pas de la jeune fille, mais pas suffisament pour troubler son doux sommeil. Shaeliwyn l'aimait beaucoup ; elle le cajolait, le dorlotait, prenait soin de lui, plus comme une mère qu'une amie. Ce qui lui permis jusque lors de se considérer plus comme une mère qu'une amie. Et son incapacité à parler ne la dérangeait pas. Au contraire : c'est ce qui lui permettait de l'embêter sans qu'il ne puisse se plaindre !

La jeune fille était occupée à compter les dalles de pierres qui jonchaient le sol de la grande avenue lorsqu'elle se fit interpeller par un jeune homme qui avait très certainement le même âge qu'elle. Celui-ci lui bloqua par ailleurs le passage, ce qui lui empêcha de continuer sa route comme si de rien était ; mais telle n'était pas son intention. Elle pencha la tête sur le côté, intriguée, et déposa le panier où son esprit dormait à ses pieds. Puis, elle lui serra la main tendue en affichant un sourire amical.

Elle fut d'autant plus surprise lorsqu'il lui posa diverses questions d'affilée, n'étant pas habituée à une telle curiosité. A son habitude, un inconnu ne lui adressait qu'un simple sourire, ou encore, en de rares occasions, un salut de la main. Mais aborder des personnes dans la rue aussi rapidement, jamais elle n'avait fait cela. Pourtant, contre toute attente, elle ne rechigna pas et se présenta à son tour, amusée par la situation. Et puis, après tout, il avait son âge ; cela avait dû faciliter son approche !

« Bonjour ! s'exclama-t'elle en lui serrant timidement la main. Je m'appelle Shaeliwyn, et voici Vulpecula, mon meilleur ami, reprit-elle tout en se baissant pour caresser de sa paume la tête de son esprit endormi. J'habite ici, je cherche simplement un cadeau pour mon père. »

Pour son âge, la jeune demoiselle s'exprimait plutôt bien. Car avant d'arriver à Magnolia, c'est en compagnie de professeurs talentueux qu'elle étudiait, lui permettant ainsi d'apprendre à parler avec des gens de la haute-societé. Mais elle n'en avait, jusque lors, jamais eu l'occasion.
Puis, elle se souvint des paroles du jeune homme ; il s'était perdu, et ne retrouvait pas son palais !

« Un .. palais ? Woaaw ! s'écria-t'elle, les yeux écarquillés de jalousie. Quelle chance ! Je peux vous aider si vous voulez, mais il faudra m'aider à trouver un bon cadeau avant ! »