Notes pour bien suivre la lecture:

Tôt matin s’eut levée la bête. Bien que lassée par l’affaire, et ses devoirs de majesté funeste, la donzelle s’afféra à suivre cette voie. Copieux festin, toilette agréable, dessin sinistre; voilà qui l’amusait. La belle dénigra d’aventure ses larrons. Afin de fondre aux entrailles de la ferraille. La mélodie des hurlements, des pleurs et gémissements, douce symphonie à ses esgourdes matinales. L’Omura enjoua le calvaire de ces âmes en peine, tourmentées par sa démence, dévorées par sa suivante d’ébène. La wyvern reçue dont victuailles. Avant de s’évader des cachots. Monture et cavalière n’aspiraient plus qu’à se dégourdir. L’envol funeste survint. Un hurlement déchira les cieux, laissant frémir la vermine, et pester un veillaque. L’insolite duo gagna la mer blanche, des serres la labourant sans vergogne. A l’horizon trônait l’astre diurne, l’ennuyant bien. D’un battement d’aile le colosse s’élança, enhardi, écœuré. Puis elle sombra dans l’albâtre océan, si clément, si accueillant. Là elles s’évadèrent à la morsure de lumière, trouvant refuge au mortel ennemi, telles les ombres qu’elles étaient.

Un périple sans péril, le vol dura peu. Le Prince du Désert se ferait désiré. Elle n’avait du reste mandé audience. Son compère le lutin l’enlèverait sans doute en la bataille. Mais elle désirait s’assurer qu’il ne soit plus ce couard misérable, d’Iria. L’ombrageuse dame fit donc halte en des lieux miséreux. La pestilence de l’endroit n’avait d’égale que sa laideur immense. Nul doute que ses nasaux en pâtiraient. La montagne infernale lui était bien plus irritable. Un doux silence flottait dans l’air, évoquant la quiétude des ombres. Des pas lourds foulèrent cette terre. Suivis d’une gracieuse enfant, se laissant choir telle une plume. Elle congédia sa bête, s’en retournant au ciel d’azur. Sa halte déguisait le désir d’une autre, celui d’apparaitre, celui de revenir aux sources. Une pensée, un regret. Le soupir d’une donzelle fit reluire sa dépouille. Ses traits rajeunirent, son enveloppe était autre. La première rouvrit ses prunelles sur le monde, d’aventure si abominable et cauchemardesque. Et gagnant les fourrés, où elle allait se soulager, la petite songeait de plus belle. L’avenir l’épouvantait.

Mais elle avait grand peur d’une débâcle, d’une perte grandiose. La sage enfant ne blâmait l’humanité. Elle espérait juste la sauvegarde d’une fratrie, d’un héritage, d’une parole. Et la beauté des blés souillés revint un brin en lumière. L’immense bosquet lui pesait. Depuis les cimes filtrait une obscure clarté, ravivant le théâtre d’absurdités. Seule sa bravoure lui épargnait la frayeur au péril. Jamais plus ses hantises ne l’auraient. La petiote ignorait dont ces horreurs défilant à ses prunelles. Juste des chimères de l’esprit, des terreurs nocturnes, des aberrations de vision. Lisette s’évadait pourtant aux griffes des arbres, aux ronces des racines, aux lianes devenues reptiles. Certes elle trébucha, gémit en silence, larmoya devant l’épouvante; et poursuivit sa balade infâme. Mais elle dénigra ces bagatelles. Voilà qu’une brume envahit l’espace, factices comme ces rires macabres. Ses pensées s’égaraient, ainsi que ses pas. La donzelle trébucha d’aventure, finissant embourbée. Un léger cri de stupeur s’eu élevé, déchirant la paisible réalité. On vint, la gagnant prestement.

D’odieuses créatures l’espéraient ensevelir, elle n’osa se débattre. Elle savait le phénomène sot, accélérant la perdition. Elle aura bien usé de magie, ou mandé sa bête, mais elle avait grand foi en sa camarade. Des éclairs d’argent tranchaient alors ses maudits détracteurs. Avant qu’une demoiselle s’élance vaillamment. Tel un prince de conte, ou un agent simien, elle délivra la malheureuse. Sentir le pouls de la terre sous ses pattes la réjouit. Hélas, elle frémit à la caresse de cette géante. La belle brune aux prunelles sanguinaires lui fit la leçon, avant d’arranger sa piteuse condition. Elle n’osa s’esquiver à ces égards, si adorables, si agréables. La dégoulinante enfant demeurait impassible, les traits figés, bien mornes. Elle s’exila dès lors que s’avançait l’étrangère et sa créature. L’hominidé n’était bien disgracieuse, mais sa suivante. La petiote brava ces rubis, étincelant en ces ténèbres la berçant. Puis elle souffla mot. Elle avait d’étrange cette voix comme lasse, glaciale, austère.

« Merci. Lisette Vertorre, enchantée. Quel est votre lien avec Ren Ikari ? »

Voilà qu’une griffe déplorait ses visqueux haillons, lacérés, souillés à son image. Elle s’épargna un soupir. Elle avait vécu bien pire. Naguère encore, la couture ne lui apparu guère ardue. Hélas, elle ne désira jamais de souliers. Bien mignonets ils auraient été, mais elle abhorrait ses fers à ses chairs. Et la robe ne valait mile écailles. La petiote demeurait une jolie poupée, au teint pâle et aux griffes épouvantables. Sa verve pouvait voir déchanter sa compagne. Elle exécrait le mensonge et arborait une sincérité édifiante à jamais. Nombre furent ces êtres choqués. Hélas elle désirait éclaircir le mystère de ce patronyme. Nul blâme ne s’abattrait, même si imposteur elle était. Hier encore elle songeait à la naïve Evangéline. Elle l’espérait retrouver un jour, en de meilleurs conditions. Lisette se navrait encore de l’avoir froissée, mais elle lui épargnait la bataille et ses maux. Du reste, elle voyait en elle l’avenir d’une génération, un meilleur guide, une meilleure espérance. Ses pensées l’absorbant, elle semblait sans défenses, si frêle et risible. Mais elle demeurait cette calamité populaire.

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