J'en avais assez de rester planté là. J'en avais complètement marre de rester ici à ne rien faire assis sur ce lit. Je commençais à m'ennuyer à demeurer ici, immobile. J'avais l'impression d'avoir des fers attachés aux mains à chaque fois que je revenais à cet endroit. Cette bâtisse avait un aspect des plus déplorable. Elle dégageait une sombre atmosphère, cela ne me dérangeait pas, mais si a l'air aussi inhospitalière que fragile, il ne fallait pas se fier entièrement à cette apparence. On ne dirait pas mais le QG des Hungry Wolves est plus une cage d'acier qu'une habitation en bois pourri. Dès que j'y suis de retour ici, je ne pouvais m'empêcher d'avoir cette même sensation. Celle d'avoir les membres entravés et une muselière de mise dès que je posais un pas sur ce plancher pourri. Cet endroit me faisait suffoquer. Je ne pouvais pas m'empêcher de le détester. Après tout, dès le premier jour, on m'avait bien fait comprendre que dorénavant, j'allais devoir obéir à certaines règles. Je les déteste toujours autant mais maintenant, je ne le montre plus et n'essaie plus de frapper ou de mordre celui qui en est à l'origine.

Que j'y pense, pouvais-je réellement dire que je détestais ce moment de vie ? Ou bien l'ai-je goûté, dégusté autant que possible ? Suite à mon arrivée, on avait reconnu mes talents et capacités mais aussi mon caractère. S'ils m'ont finalement accepté dans leur meute, le départ de notre relation a été des plus tumultueux. Ces saloperies m'ont assignés quelqu'un comme surveillant qui devait faire surveiller ma manière d'agir et d'utiliser ma magie comme il se doit. Cela m'avait vachement énervé qu'on me colle quelqu'un aux basques mais en même temps... J'en étais ravi ! J'avais la possibilité de tester mon Emptiness sur un membre d'une guilde reconnue comme n’accueillant que de bons éléments ! Ah, qu'est-ce que je m'étais amusé à le faire tourner en bourrique ! Il ne pouvait trop demeurer à mes côtés afin de voir de quoi j'étais réellement capable aussi, j'en profitais afin de lui fausser compagnie. Bien entendu, au départ ce fut difficile mais, au fur et à mesure, j'apprenais à le cerner sans parler du fait que j'améliorais sans cesse moi-même ! Il ne pouvait pas réellement trouver quelque chose à y redire puisqu'au final, je terminais la mission comme il le fallait ! Finalement, ils m'acceptèrent en tant que l'un des leurs. J'étais alors émerveillé. Je pouvais tuer, il fallait juste qu'on me désigne une proie et je pouvais agir comme je le voulais tant que le contrat était remplit et les victimes collatérales proches de zéro. J'étais complètement euphorique jusqu'à que je prenne conscience d'une chose.

Entre chaque mission, entre chaque permission officielle de tuer, je devais rester là à attendre la prochaine. Je n'en pouvais plus. Je commençais à accumuler de la frustration et quand j'ai voulu demander plus de mission à Arthur, la sécurité s'est déclenchée et l'on m'a arrêté dans mon geste avant que quelque chose n'arrive. Aussi, j'ai du trouver un autre moyen de me débarrasser de cette frustration. À vrai dire, j'en ai même trouvé deux. Le premier était en réalité tout con : il consistait à simplement s'entraîner avec d'autres membres de la guilde. Cependant avec eux, ce n'était qu'à moitié amusant. Je devais faire gaffe à ne pas trop les blesser ou les mutiler afin qu'ils puissent encore faire leur travail. Ainsi, même si je m'épuisais et me défoulais, ce ne l'était pas totalement. C'était là que le second moyen entrait en scène. Traînant dans les rues le soir, je provoquais un ivrogne. Ce dernier ne comprenait pas au départ ce qui lui arrivait grâce à mon Emptiness et après quelques instants, ce dernier était foutrement en rogne après moi, au point d'en venir aux poings. Toujours grâce à ma capacité, je pouvais me défouler librement sur le malheureux avant de me débarrasser du corps de manière discrète. Cela me permettait de me sentir mieux même si l'extase restait liée aux missions que je remplissais pour la famille royale.

Sauf pour la dernière en date. Sérieusement, moi qui pensais m'amuser, j'avais juste à me débarrasser de deux gus qui ont passé leur temps à se pisser dessus et à supplier pour leur vie. Ces deux idiots avaient vendus des informations sur le planning des gardes du roi à des criminels qui projetaient un régicide. Acte débile de deux simples soldats qui en avaient marre et souhaitaient se reconvertir en tant que criminel. Les retrouver n'avait pas été trop compliqués. La seule réelle difficulté résidait en la présence des criminels qui m'avaient attaqués dès que j'avais fait remarquer ma présence. Moi qui inspirait à me retrouver face à plusieurs dangereux assassins, voilà que je me retrouvais face à des gosses à peine sortis de l'adolescence qui n'avaient pas opposés grande résistance. Je les avais massacrés jusqu'au dernier après avoir eu la certitude que la bande entière était là avant de m'occuper des deux vendus. Ces derniers n'avaient pas fuis, j'aurais pu les laisser en vie et les livrer mais j'étais de méchante humeur. Aussi, le tableau final était un vieil entrepôt redécoré d'une manière à rendre jalouse la décoratrice Valérie Domidat. Aussitôt mon rapport fait, je m'étais enfermé une nouvelle fois dans ma chambre. J'étais des plus frustrés, occupé à me ronger les ongles quand une brillante idée me traversa l'esprit. Il y avait une chose des plus simples à laquelle je n'avais pas pensé !

Moi qui cherchait des sensations toujours plus importantes, il y avait un endroit où j'étais sûr d'en trouver : le Domus Flau ! Au départ, cet endroit où on pouvait combattre face à une foule ne m’intéressait pas trop. Il fallait pas trop secouer ou choquer le public ! Surtout que les autres gladiateurs étaient soit des mages officiels, des membres de l'armée runiques ou des gens considérés comme gentils... J'ai cependant eu l'écho que les médecins les plus talentueux du continent y travaillaient et puis... Rien à foutre du public ! Nul ne sait ce qu'il se passe lors d'un combat et ils devraient se préparer au pire !

Cette merveilleuse idée en tête, je partis sur le champ pour Crocus. Trouver le lieu de mon phantasme du moment ne fut pas si difficile et me voilà de nouveau à attendre. Sauf que cette fois-ci, l'impatience et la joie se mêlaient à moi. Je pouvais les sentir dans chaque parcelle de mon corps, se mélangeant en mon être, n'attendant qu'à être libres. Ces sentiments étaient si intenses que mon talon frappait le sol de manière libre et que j'affichais un sourire carnassier sur le visage. Pourvu que mon adversaire ne soit pas un incapable... Pourvu qu'il soit fort...

C'est alors qu'un des membres du personnel arriva dans les vestiaires où je me trouvais. Il clamait mon nom afin de me faire comprendre que ça allait être mon tour. Sauf que le truc qu'il n'avait pas compris, c'est que scander mon nom tout en regardant aux alentours afin de chercher une quelconque réaction chez les gens présents était inutile. En fait... S'il continuait à agir comme une stupide girouette, je pouvais m'amuser un peu avant mon combat... Réprimant mes émotions, je me dirigeais d'un pas tranquille vers ce pauvre individu qui n'arrivait pas à voir que j'étais là. Puis, arrivé à son contact, je posais une main sur son épaule tout en lui susurrant à l'oreille :

- Je suis juste là mon mignon alors, pas si fort...

Me délectant de la peur qui s'était affiché sur son visage, je me sentais plus léger. Bien, bien, bien, je ne regrettais pas du tout d'avoir eu l'idée de pénétrer dans cette enceinte. Il ne reste plus qu'à savoir si le reste allait s'avérer correspondre à mes attentes. Peut-être même s'avéreront-elles être dépassées ! Aller, qui sera donc capable de me faire plaisir aujourd'hui !?

Grâce aux quelques connaissances que j'avais de la Kimochi no Mahô, j'avais pu prendre conscience de l'efficacité de mon intervention sur l'employé. Ce dernier ne devait pas avoir tant l'habitude des énergumènes dans mon genre étant donné la crainte qu'il ressentait à cet instant même. Bizarre ça, j'aurais pourtant juré que les employés étaient préparés à tous les cas de figure. À moins qu'il soit un stagiaire, un nouveau venu ou tout simplement, que ça ne soit pas sa tâche. Si ça se trouve, il y avait un service de sécurité quelque part qui se chargeait de vérifier à ce qu'il n'y ait aucun débordement. J'aimerais bien savoir ce qu'ils valent. Rien qu'une fois savoir s'ils sont capables de gérer quelqu'un comme moi. Mais bon, je devais remettre cette interrogation pour plus tard. Ce n'était pas contre eux que je battrais aujourd'hui. Enfin, peut-être. Sans doute participaient-ils parfois aux combats afin de faire étalage de leur puissance. Ah, c'est une idée bien fascinante que voilà. Sans doute après mon combat j'irais toucher deux mots à quelques personnes pour me porter volontaire si jamais c'était le cas.

Qu'importe, là, ma tâche était de foutre une raclée à un mage dont on a considéré le niveau assez proche du mien. Franchement, il fallait que je remercie celui qui a pensé à créer un endroit comme celui-ci. Quel génie ! Bâtir un endroit où l'on se faisait se confronter ceux protégeant le peuple. Ce dernier pouvant alors profiter du spectacle qu'ils offrent en se disant qu'ils étaient en de bonnes mains avec ces types pour les protéger. Se dire que son salaire provient de la sueur et du sang coulés par les combattants ainsi que des cris poussés par ces plébéiens venus regarde un simple massacre. S'ils pensaient ainsi goûter à une jubilation profonde, je n'ose imaginer quel serait leur état dans un champ de bataille. Je ne doutais pas du comportement de la plupart. Une fuite pure et simple ponctuée par leurs supplications. Voir les autres s'affronter ne les dérangeaient pas mais quand c'était eux qui devaient fournir ce genre d'efforts, on trouvait beaucoup moins de monde. Enfin, je dis ça mais, moi-même je n'avais pas eu la chance de goûter aux sensations d'un véritable champ de bataille. Avoir été en mission lors des événements de Gehenna a sans doute été la pire des choses qui a pu m'arriver dans cette vie.

Savoir qu'il y avait eu une aussi grosse bataille alors que j'étais à des lieux d'elle était une source de frustration pour moi. Dire que j'aurais pu prendre part à ce chaos, à ce carnage... Rien qu'à m'imaginer me donnant à cœur joie dans la mêlée ennemie, ça me procure des drôles de sensations et des fourmillements dans tous le corps ! C'est avec cet état d'esprit que je fis mon premier pas dans la véritable enceinte du Domus Flau. Tiens, on m'appelle ? Ne soit pas si impatient que ça petit homme, tu vas vite le regretter. Je la ressens ton impatience et elle nourrit la mienne. Je commençais à jubiler rien qu'à m'imaginer quel genre de combat tu vas m'offrir. Principalement, l'impatience conduit à l'imprudence. L'imprudence m'offre des ouvertures dans ta manière de te mouvoir. Ces ouvertures m'offrent une vue des plus alléchantes. Ces vues sont un chemin conduisant à une entaille qui ne tardera pas à décorer ton corps. Cette entaille laissera un mince sillon écarlate glisser hors de ce dernier. Ainsi, cette blessure te fera peur. Cette peur te conduira à un comportement imprudent dans l'espoir de me rendre la monnaie de ma pièce.

- Me voilà très cher ! Fournissons à cette foule le délicieux spectacle qu'ils s'attendant à trouver en venant ici ! Mais n'oublions pas le plus important, s'amuser l'un et l'autre, ensemble...

Avec ma tirade, j'avais annoncé ma présence à tous ceux qui n'avaient pu me voir arriver. Il fallait dire que dans ces cas-là, Emptiness était une véritable gêne pour eux. Et toi Ô mon adversaire du jour ? Arriveras-tu à suivre le rythme ? Seras-tu capable de suivre le rythme que je t'imposerais ? Sauras-tu ne pas me perdre dans un tourbillon obscure qui t'es exclusivement réservé ?

- Attention, j'arrive !

Je l'avais réprimé mais maintenant il est libéré de toutes ses chaînes et resplendissait comme jamais. Je parlais bien entendu de mon sourire carnassier que j'abordais dès que je pressentais que la situation serait amusante. C'était surtout la vue du sabre à ses côtés qui avait attisé la faim du prédateur qui sommeillait en moi. Il était maintenant réveillé et n'attendait plus que de voir cette lame danser dans les airs dans un but purement guerrier. Aller la crevette albinos offre-nous donc un superbe spectacle. Montre-nous tes talents d'escrimeur ou de mage ! Peu m'importe du moment que tu te montres digne d'être mon adversaire. Me propulsant vers lui, ma main gauche déjà prête à porter un Eiryu no Saiga, j'étais impatient de voir quelle serait sa réaction quand il verrait l'éclat de mes yeux...

Petit individu aux cheveux blancs, tu es donc celui qui a été désigné aujourd'hui afin de me divertir. Sache que tu ne me connais pas et je ne te connais pas mais je place déjà beaucoup d'espoirs en toi. Comme ma tirade te l'as sûrement appris, je suis ici pour m'amuser avant toute chose ! Après tout, n'est-ce pas là le but même de l'existence de ce lieu ? Donner un air de spectacle à un affrontement farouche ? N'as-tu jamais remarqué Ô crevette albinos que les échanges de coups pouvaient ressembler de près, ou de loin, à une quelconque chorégraphie ? Que le sang, la poussière et autres débris résultant de l'affrontement étaient les accessoires et le décor d'une pièce que nous jouons pour nous et pour les spectateurs ? Car oui, si je devais te demander quelle est la différence entre un affrontement dans un lieu plus « standard » telle une ruelle, une forêt ou que sais-je encore et un combat ici, au Domus Flau, quelle serait ta réponse ? Elle est toute simple pourtant, pas besoin d'y réfléchir ! Les spectateurs ! Qu'ils soient présents ou pas change directement l'enjeu du combat ! Bien sûr, il sera toujours question de victoire et de défaite. Il ne faudrait par contre pas oublier ces derniers et leur offrir un combat qui sera digne de rester dans leur mémoire !

Aussi, y aller directement à 100% de mes capacités enlèverait quelque peu l'élément de surprise, chose essentielle dans un bon show. Après, il est possible que toi aussi tu me réserves quelques surprises et je n'en demande pas moins ! Mais bon, pour l'instant, j'allais me contenter d'une simple attaque frontale, mes mains s’apprêtant à recevoir la magie nécessaire à l'exécution de mon Eiryu no Saiga. Tu me fais plaisir en réagissant directement au lieu de tout simplement attendre pour pouvoir contre-attaquer. Ce genre de personnes étant les plus ennuyantes à mon goût. D'un mouvement du pied, tu as réussis à fissurer et à détruire le sol dans ma direction. Surpris, je me stoppai dans mon élan et ce juste à temps. En effet, petit samouraï que tu es, tu en as profité pour sortir ton sabre et m'en laisser ainsi voir l'éclat. À défaut de son tranchant car grâce à mes réflexes, j'ai réussi à l'éviter de justesse. Le sol affaissé autour de moi alors que celui t'entourant étant toujours intact, je pu te regarder à peu près directement dans les yeux déclamer ta tirade. Tu avais attentif à la suite aussi, toujours accompagné de mon éternel sourire de prédateur, je te répondis.

- Mais sache chère crevette albinos, que je prends ce combat au sérieux ! Je prends toujours mes combats au sérieux, car sinon, je risque de me ramollir et c'est tout le contraire que je recherche. Mais bon, tu vois... C'est la première fois que je viens là et c'est normal de fournir un spectacle de qualité à ces gus dans les gradins non ? Mais si tu insistes, je peux me montrer plsu persuasif...

Étirant encore plus les lèvres qu'avant, accentuant ainsi l'éclat carnassier de mon visage. Je me doutes aussi, que de là où tu te trouvais, que tu pouvais voir cet éclat sauvage qui venait de s'allumer dans mon regard. M'accroupissant à moitié, je me préparais à bondir dans ta direction mais, à mi-chemin, je plongeais vers le sol avant d'y abattre violemment mes deux mains chargées de magie. Ne viens pas te plaindre, c'est toi qui m'en a donné l'idée ! Le nuage de poussière ainsi créé me soustrait à ton regard. Tu ne t'es pas demandé pourquoi d'un coup tu arrivais à savoir où j'étais alors qu'au départ, tu as du mal à deviner ma présence ? Sache que c'est un don baptisé Emptiness qui efface la présence des gens s'ils ne se font pas remarquer. Et là, je viens de te faire perdre tout contact visuel avec moi-même. Maintenant, tu ne sais pas d'où je vais t'atteindre n'est-ce pas ? Du dessous ? De dessus ? Par les côtés ? Et bien sache que les assassins sont pleins de fourberies et n'hésitent pas à user de ruses de tout genre pour remplir leurs contrats.

- À droite !

Indication criée à voix haute ayant toujours le même effet que ceux qui l'entendent. Ils regardent tous à leur droite. Après, s'ils sont en plein combat, ils ont plutôt tendance à vite tourner la tête dans l'autre sens, croyant à une mascarade, une technique afin de baisser leur garde ! Mais sache que ce n'est pas mon cas. J'ai une préférence marquée pour les affrontements directs et même si tu doutes de moi, je ne t'en voudrais pas, mon assaut viendra effectivement de ta droite. Émergeant d'un coup du nuage de poussière, les joues gonflées, je souffla mon Eiryu no Hoko dans ta direction à quelques mètres à peine de toi. J'étais curieux de voir comment tu allais parer un assaut à distance tel que celui-ci. Qui sait, sans doute me surprendras-tu de manière à ce que je devienne sérieux ?

Comment la crevette albinos allait réagir ? Je lui avais laissé un choix et assister à sa réponse m'excitait au plus au point. Allait-il passer du stade de crevette à celui de lapin en agissant comme je l'avais imaginé ? Ce combat allait-il perdre sa forme de spectacle pour devenir une partie de chasse ? Quoique, on ne pouvait pas tellement appeler ça une chasse puisqu'il n'était pas possible d'utiliser le décor ambiant pour courir, se planquer, attaquer depuis certains angles... Ici il n'était pas possible de voir sa proie disparaître de son champ de vision pour ensuite ressentir l'atmosphère, s’immerger en elle pour deviner ses mouvements. Tout cela pour prendre de l'avance sur elle et voir son air quand elle s'aperçoit qu'on l'a devancé et que ses efforts n'ont servis à rien. Non là, ce n'était pas une chasse, juste un simple affrontement entre deux animaux qui se déchaînaient dans leur enclos.

Car oui, je peux te traiter d'animal et je ne pense pas me tromper surtout quand je vois la manière avec laquelle tu as encaissé mon assaut. Faisant fi de toute sécurité, tu as paré avec tes bras nus et foncé vers moi adoptant une trajectoire des plus droites. Certains trouvent ça suicidaire, d'autres stupides mais je ne m'abaisserais pas à donner un tel avis. Si tu as décidé d'agir ainsi, je ne me permettrais pas de remettre en question ton choix. Au contraire ! Je l'approuverais quel qu'il soit et en tirerait le plus d'amusement possible ! Alors viens, traverse cette rivière noire et ombrageuse née de ma gueule et profites-en pour me frapper ! Si ton premier coup n'était pas des plus puissants, je peux te complimenter sur le second. Ce dernier coup de poing avait interrompu mon souffle qui durait déjà depuis trop longtemps et avait réussi à m'envoyer voler sur quelques mètres... Si extérieurement je ne montrais que les signes d'une immense jubilation, intérieurement, je n'étais pas des plus en forme. Ta frappe avait réussi à me casser quelques côtes et rien que me remettre debout avait puisé dans mes ressources. Je ne t'en voulais cependant pas, au contraire même ! Tu venais de me rappeler quelque chose que j'avais oublié dans ma bêtise et mon inexpérience !

Qui s'inquiète du sort et des avis des spectateurs ? Pas nous en tout cas ! Pas nus les gladiateurs qui sommes venus dans cet antre afin de pouvoir bouger, frapper, danser, faire couler le sang comme jamais ! Si jamais il devait y avoir des accidents, ça serait la faute à la sécurité du Domus et de son incompétence ! Au diable la retenue, le sang coulant et vive le pouvoir des dragons !

- Dragon Force...

Le changement corporel se fit au même instant que les mots franchirent mes lèvres. Mes avant-bras et d'autres parties de mon corps furent couverts d'écailles noires. Mon visage aussi subit une transformation. Mes iris se fendirent et mes canines poussèrent me donnant encore plus l'air d'un animal sauvage. Nan, pas sauvage... Même la sauvagerie a une limite... Or, en ce moment même, je ne m'imposais plus de limite... Si certains pouvaient ressentir la soif de sang, la mienne était tellement grande en ce moment-même qu'ils pouvaient la ressentir même depuis le commet des gradins. Rien de personnelle petit lapin blanc, j'ai juste envie de m'amuser et de voir où sont TES limites ! C'est pourquoi, une fois de plus, je courrais dans ta direction, sourire aux lèvres, mes mains et mes pieds couverts de magie ombrageuse prêts à s'abattre sur toi. Attends-toi à un déluge de coups où il serait difficile de m'arrêter tant la fièvre du combat et l'adrénaline me faisait oublier mes blessures actuelles et celles que tu m'infligerais...