Le vieil homme et la jeune femme

feat John Doe & Kanna Hardy

Hum…Question divertissement on avait fait mieux. En effet, la guilde de Silent Night n’était pas réputée pour être celle qui dispose du plus grand nombre de fêtards. Depuis mon entrevue avec le maître de Silent Night (cette tête d’algue dirais-je) je n’avais pas trouvé d’autres personnes intéressantes. Autant dire que je me faisais ch*er comme un rat mort. Veuillez excuser ma franchise !

J’étais réglé comme une montre : de 23h à 9h je dormais dans le bureau de-monsieur-le-maître (sans son autorisation évidemment), lui étant régulièrement absent je préfère en profiter. Pourquoi son bureau vous demandez-vous ? Pour sa grandeur ? Son calme ? Son canapé douillé ? Parce que je ne connais aucune autre pièce depuis mon arrivée ici ? Bingo, toutes ces raisons font que c’est devenu ma pièce fétiche, pour le moment. Il était 14h30 quand j’ai regardé l’une des nombreuses horloges qui ornent cette énorme cité souterraine. Par la grandeur de ce lieu, le fondateur essayait-il de compenser quelques choses ? Un complexe ? En pensant à cette idée, j’en rigole encore. Je m’égare, je m’égare…

À cette heure-ci, je me rends habituellement dans la pièce principale réservée aux membres de Silent Night. Tables vides, tableaux avec quêtes affichées, listes des membres de la guilde, scène, bar. Oui, j’adore bel et bien cet endroit quand il est vide, quand mes congénères restent bien loin de moi. Installé sur l’une des tables qui parsèment cette pièce et armé d’un carnet à dessin, d’un livre et d’un café me voilà encore prête à passer un après-midi à étudier et dessiner. Joie.


Penchons-nous (mais pas trop) vers ce dit carnet : que contient-il exactement ? Il renferme les visages ayant marqué la petite rousse que je suis. Dedans on peut voir des esquisses de visages, de petites notes qui datent d’il y a fort longtemps ! Plus récemment, je me suis intéressé à la reproduction du visage de Milo. Visage dont j’ai été incapable de reproduire : je me suis contenté de faire une pomme verte. On fera avec.

Entre-deux coup de langue sur mon café, mon regard s’est posé sur ma lecture du moment. Ma proie n’est rien d’autre qu’une encyclopédie sur les origines de la guilde de Silent Night, une sorte d’historique si vous voulez. J’allais probablement rejoindre cette corporation, autant s’intéresser à son vécu ! De plus, cette histoire d’Emptiness dévorait chaque jour ma curiosité : je voulais découvrir ses origines de plus près. Outre ceci, certains membres de rang supérieur ont eu le droit à un petit coup de crayon. Prenons comme exemple cette Lilith surnommée la « veuve noire » qui chante régulièrement devant une horde d’hommes en chaleur. J’ai réservé à cette demoiselle deux pages entières de mon carnet ! Sur celle de droite nous pouvons voir une araignée. Sur la gauche, quelques notes qui la qualifie (du peu que je connais d’elle) comme : chanteuses, froide narcissique et douleur. Je ne suis pas dupe comme cette horde de chiens, je sais évidemment repérer une femme au cœur blessée.


Cessons de parler de choses futiles. Vous savez, l’inconvénient quand vous avez une couleur de cheveux qui attire facilement le regard c’est que vous ne passez (logiquement) pas inaperçu. J’ai évidemment eu le droit aux regards interloqués, curieux et ceux que j’adore par-dessus tout, de mépris, surtout de la part de la gent féminine pour je ne sais quelle raison. Si quelqu’un pouvait m’éclairer ça me serait utile ! Ce que je voulais c’était ma tranquillité, est-ce donc si difficile de l’obtenir ? Cette secte de voleurs aux passés troubles, comment-vous dires que je m’en passerais bien !

Ok, ma situation aurait pu être pire : j’aurais pu revivre ce que j’ai vécu dans ma triste jeunesse. Croyez-moi je n’ai pas envie d’avoir toute une guilde sur mon dos ! Le maître c’est déjà bien assez… Je devais me tenir à carreau un petit moment histoire qu’on oublie mon existence. J’en ai un peu ma claque d’errer dans le Marché Noir avec ma capuche. Comme un problème ne vient jamais seul, la fatigue commençait à se faire ressentir. Je n’avais pas dormi la nuit dernière à cause de la chaleur. Vivement que le café fasse effet.

La vie est une drôle de femme en y réfléchissant. Elle vous fait des coups bas toute votre jeunesse, puis, quand vous avez l’impression d’avoir pris vos repères, d'avoir trouvé un équilibre, cette mauvaise fille vous met un nouveau coup dans les chevilles. Ça faisait déjà une semaine que je squattais chez cette guilde et mes habitudes étaient dignes de ceux des petits vieux. J’étais capable de distinguer les visages des personnes, leur façon de parler, de marcher etc. M’étirant comme un vulgaire chat, mon esprit avait besoin de s’aérer. Déjà une heure dans cette salle ? Damn it ! Le temps passe si vite. J’avais envie de voir de plus près cette liste de membres pour savoir à qui j’allais avoir affaire dans un futur proche.

Fiche de liens (c) Miss Yellow

Le vieil homme et la jeune femme

feat John Doe & Kanna Hardy

Je ne sais pas combien de temps j’avais perdu à trainer dans ce lieu. Une heure ? Deux heures ? Impossible d’être précise. Vous êtes tellement dévoré par vos petits plaisirs appelés loisirs que vous en oublié toute notion de temps. Elle est belle la vie à Silent Night pour une nouvelle recrue, n’est-ce pas ? Vous voilà prisonnière dans vos lectures et coup de peinture piéger entre-deux ratures. Oui, je n’avais pas été productive pendant cette heure ou deux de libres. Personnellement, je me sentais pas tout à fait prête à errer dans l’une de ces pièces où tous les vices se lient et se délient : ce truc qu’on appelle fête, il me semble. Fête où l’eau se transforme en alcool, plaisirs en débauche et où le but ultime est de cumuler les 7 péchés capitaux en un temps-record. Très peu pour moi. Certains penseront que je fais partie de la catégorie de filles dites « ennuyeuses » ou « barbantes », vous voyez le genre ? Quelle est belle cette faculté de jugé sans connaître l’individu ! Ce n’est pas que je sois contre ces fêtes ou autres, mais la plupart du temps elle vous empêche de dormir. Ces dernières sont égoïstes, elles ne pensent pas aux gentils voisins qui aimeraient pouvoir dormir.

Pourquoi aie-je abordé ce sujet dangereux ? Qu’est-ce qui m’a amené à penser à ce truc idiot ? Vous voyez, parfois vous n’avez pas besoin de boire pour avoir un trou de mémoires. Quelle est belle la fatigue !



Trou de mémoires rapidement comblé hélas car j’aurais aimé le garder celui-là. J’en avais oublié cet énergumène. Oui l’un de mes défauts majeurs est de perdre rapidement ma concentration quand je trouve mon jouet plus intéressant que celui de mon copain (que je n’ai pas, mais imaginons). Le jouet de ce dit copain était un bonhomme en face de moi, sourire enjôleur et tous les accessoires qui vont avec. Le genre de fripon qui peut amener d’un claquement de doigt diverses filles dans son lit, j’imagine. Malheureusement pour lui, on n’attrape pas un phénix comme une attrape une poule. Vous voyez le genre ? Oui, ce genre-là. Le genre que je déteste. Les habitants de cette guilde sont donc tous des playboys ou des bimbos ? Ma pensée retrace le physique de Milo. Réponse négative. Je retire ma remarque, excusez-moi ! Je scrute de haut en bas cette étrange créature qu’on appelle homme. Homme plus vieux que la rouquine que je suis. Oui, je ne prends aucun risque dans mon analyse : l’avantage d’être la plus jeune d’une guilde est que le monde entier ressemble à un fossile géant sur le point de se briser. Je n’ai rien contre les personnes âgées : certains diront que la sagesse est devenue leur plus grande amie, d’autres les placent déjà dans un cercueil et les simples gens comme moi apprécient leur vaste expérience, ce qui est un sacré avantage quand on y pense ! Ne soyons pas trop cruel envers ce jeune homme. Il devait avoir vingt-cinq ans, dans ces eaux-là : c’est quand même proche de la trentaine quand on y pense...

Il n’en était pas vilain pour autant le bougre ! Les peaux nacrées ont souvent eu raison de moi. Elles donnent bonne mine, vous fait respirer la santé. Tout sembler parfait pour cet individu. Soudainement, de petits défauts m’ont sauté au visage comme un fauve. J’exagère à peine ! Premièrement, la tenue de ce Jo. Soyons fixé, Silent Night a besoin d’un bon styliste, ce n’est pas une nouveauté, mais si les limites existent ce n’est pas pour rien. Cependant, mon regard s’était habitué aux fautes de goût de mon master donc je m’en fichais royalement des habits du moine en tongs. Secondement, ce spécimen bien que soigneux envers sa personne ne pouvait rien cacher à mes yeux rouges (devrais-je dire mon nez). Si tu crois vraiment que tu peux dissimuler cette infime odeur d’alcool grâce à une crème quelconque, alors tu te trompes mon coco. Le geste est futile, mais je te pardonne grâce à ton sourire radieux. Oui le sourire est une puissante arme dans un monde en proie à l’obscurité par moments.



J’apprécie ce genre de personnage direct qui ne passe pas par quatre chemins pour se présenter et faire connaissance. On évite ainsi les rames, les vagues et autres obstacles inutiles. Je préfère les comportements dits « maladroits » que ceux qui sont calculés. Certes, ce Jo faisait plus benêt que beau-gosse, mais on finit par être attendri. De plus, si cet homme est bel est bien ce John Doe, cela pouvait être intéressant à observer. Ce n’était pas qu’un simple sbire ou bouche-trou. Ce type en face de moi devait avoir une certaine renommée même si son style vestimentaire pouvait nous faire penser le contraire. J’allais peut-être en savoir un peu plus sur Silent Night grâce à mon interlocuteur : ça va me changer de mes livres qui certes en disent beaucoup mais qui paradoxalement restent silencieux. Autant en apprendre davantage autour d’un verre ou deux, même si pour être honnête, je n’ai aucune idée de ma résistance à l’alcool.

Fiche de liens (c) Miss Yellow