Un véritable chaos climatique. Un soudain changement qui a surpris la jeune adolescente dans son expédition de retour au bercail où les siens l’attendent avec impatience – insérer une touche de sarcasme en lisant cette phrase, je vous prie. La voûté céleste azurée dénuée de nimbus matinaux semble avoir cédé sa place sur un coup de tête à un violent orage où déluge et tonnerre ne manquaient pas à l’appel. Adèle qui avait entamé son retour très tôt le matin avec une météo qui n’annonçait rien de tel. Son joyeux périple prit fin dès que les premières gouttelettes tombèrent tel un fracas sur Terre. Elle qui n’était qu’équipée que d’un sac à dos et vêtue d’une simple robe longue de couleur bleu marine, elle n’avait malheureusement rien sous la main pour se protéger d’une telle tempête. Par chance que la magie existe en ce triste monde : en générant son fameux bouclier au-dessus de sa tête, elle a pu se couvrir du terrible assaut céleste. Néanmoins, son énergie n’étant pas une source infinie de magie, l’héritière ne pouvait rester indéfiniment ainsi. Le premier bâtiment qu’elle rencontrera sur sa route servira donc d’abri. Voici donc comment notre protagoniste est atterri à la grande bibliothèque de magie, réputée dans tout le royaume de Fiore.

Miraculeusement sauvée de l’ouragan, la Silverlight poussa de toutes ses forces les immenses portes de l’immense édifice qui s’ouvrirent en un grincement insupportable. Elle se jeta dans l’entrée en laissant échapper un soupir, sans observer le nouvel environnement inconnu qui se présentait à elle. Après avoir refermé les portes, faute de puissantes bourrasques qui pénétraient à l’intérieur, la magicienne de la guilde du cheval volant pensa enfin à analyser l’endroit où elle avait posé pied. Comme dit plus tôt, c’est la première fois qu’Adèle visite l’antre de la connaissance de ce pays. Elle leva la tête vers le haut pour enfin apercevoir de l’intérieur la hauteur gargantuesque de cette bibliothèque. Son cœur rata un battement en prenant finalement conscience de ce facteur. Comment retrouver ce que nous cherchions exactement dans ce ramassis de bouquins ? C’est pire que de chercher une aiguille dans une botte de foin ! Pas le temps d’avoir la tête dans les nuages plus longtemps, un homme bien bâtit l’apostropha, lui demandant d’une voix rauque et sévère de décliner son identité et la raison de sa venue en ce lieu sacré. Face à l’indifférence de la petite fille face à lui et du temps de pause interminable marqué par la fin de sa tirade, Adèle vit bien que l’homme perdait patience, à deux doigts de déclencher un délire. Elle montra donc son tatouage de la guilde et prononça son nom au chevalier runique en expliquant qu’elle cherchait des grimoires sur la magie de la lumière, ce dernier l’averti de faire vite et fit volte-face pour retourner à ces occupations en maugréant dans sa barbe. Littéralement.

Initialement venu afin d’échapper à un triste destin, son vif esprit lui avait permis d’éviter de se faire exclure sans scrupule du bâtiment et de retourner braver l’infernale tempête. Le grondement des éclairs qui résonnent en un sinistre écho à l’intérieur ne lui concédait guère l’envie de se tremper sous une pluie torrentielle une fois à court d’énergie magique. Fidèle aux instructions imposées, elle se dirigea vers les archives de la bibliothèque et chercha les coordonnées du livre sur sa propre magie le plus proche. Pas de bol, le manuscrit en question se trouvait à quelques étages au-dessus d’elle. C’est avec une pointe de déception lisible sur son fin visage que l’ange leva son regard d’or vers le haut, souhaitant pour la première fois d’être un ange avec des ailes, comme les membres de sa guilde la surnomment. Elle débuta donc à gravir les innombrables escaliers sous les lumières vacillantes sous le grognement de l’orage et arriva un tantinet à court de souffle à destination. Loin d’être une athlète, la jouvencelle était heureuse du simple fait que son corps ait pu tenir une telle expédition. Peut-être qu’elle est moins faible qu’elle le croyait, finalement. Son entraînement, bien qu’il fût plus axé sur la manipulation de la magie, semble avoir porté fruit. Est-ce l’objet d’une augmentation de la puissance magique dans son petit corps ? Cette interrogation fera sûrement objet d’une étude sur elle-même plus tard. Cela ne peut que tourner à son avantage.

Un livre sous la main, elle commença à feuilleter lentement les pages, une après l’autre. Rien de nouveau ne se présentait à elle, le bouquin offre de la théorie que la magicienne maîtrise déjà depuis fort longtemps. Quelques fois, elle interrompit sa lecture monotone et leva les yeux pour observer les alentours. Une heure passa depuis son arrivée en ce lieu désertique et elle n’avait guère aperçu la moindre présence humaine autre que celui du chevalier runique à l’entrée plus tôt. D’ailleurs, ce dernier semble l’avoir complètement oublié son existence. Le grondement du tonnerre faisait toujours rage à l’extérieur. Puis, à un moment, l’un de ces bougonnements, plus puissant et grave que les précédents fit sursauter Adèle. Au même instant, la lumière s’éteignit dans toute la bibliothèque, l’électricité alimentant l’édifice semble avoir totalement été coupée. Les ténèbres déjà omniprésentes en ce lieu envahirent désormais les moindres recoins de l’immense bibliothèque. De sa main gauche, elle généra une minuscule sphère de lumière qui agissait telle une lampe torche. La Silverlight tendit l’oreille, tentant de percevoir le moindre son. Immobile pendant quelques secondes, retenant sou souffle, elle ne capta rien. À croire qu’elle est laissée seule à ce triste sort.

Spoiler:

Les ténèbres les plus obscures ont envahies l’antre de la connaissance du royaume de Fiore. Ce lieu éclairé plus tôt, à présent totalement assimilé par les abîmes sépulcraux et inquiétants. Suite à la panne d’électricité certainement causée par un éclair qui s’est abattu quelque part dans les environs et qui a touché un point clef, l’endroit paisible et désertique qu’est la grande bibliothèque de magie est devenu tout à coup morne et sinistre. Un terrible grondement des cieux, puis plus aucun bruit parcourait l’intérieur du bâtiment autre le tonnerre incessant et la pluie torrentielle qui se choit sur les murs en béton de l’édifice. Bien qu’arborant un masque d’indifférence, la jeune héritière issue de l’aristocratie ne pouvait s’empêcher de se sentir un tantinet anxieuse dans cette position plutôt angoissante. Elle se sentait terriblement seul en ce lieu gargantuesque. N’avait-il pas un membre du personnel à proximité ? Le chevalier runique qui sert de garde à l’entrée ne peut-il rien faire ? Heureusement qu’elle maîtrise une magie qui lui permette de contrer ce genre de situation.

Un silence angoissant s'était installé. Peut-être n'était-ce que l'imagination d'Adèle, mais l'atmosphère devint plus lourde. De son index, elle généra de la lumière, agissant telle une lampe torche. Le rayon lumineux parcourait les alentours, espérant d'apercevoir quelque chose qui pourrait aider à éclairer de nouveau la bibliothèque, mais en vain. Cette absence de son fut néanmoins rompu par un cri d'outre-tombe qui fit sursauter la mage de Blue Pegasus. Déjà que le coup de foudre de quelques instants auparavant ne l'avait pas laissé insensible, ce hurlement de panique, qu'elle identifia comme appartenant à un individu de sexe féminin, avait bel et bien réussi à lui créer un frisson glacial qui avait parcouru le long de son échine dorsale. Bien sa peau est imberbe, elle pouvait sentir ses poils inexistants se soulever. Normalement calme, cette étrange situation avait bel et bien réussi à percer le masque de sérénité de la mage de la lumière. Prenant son courage à deux mains, son chemin éclairé par le faisceau qu'elle générait de son doigt, la Silverlight débuta une lente marche dans le but de descendre au rez-de-chaussée, histoire de voir si un membre du personnel s'y trouve et voir les options qui s'offrent à elle. Tout de même, en aucun cas elle sortirait un pied à l'extérieur avec un temps pareil.

Dévalant les escaliers, après un moment, la jeune adolescente pensa que quelqu'un a pu bien voir sa lumière bouger dans toutes les directions. Pourtant, les seuls sons qu'elle pouvait percevoir à l'aide de son ouïe n'étaient que des pleurs, devenant de plus en plus forts au fur et à mesure qu'elle descendait les étages les uns après les autres. Alors qu'elle descendait un nouvel escalier, son rai éblouissant embrasa de sa lumière une femme recroquevillée sur elle-même au beau milieu de la série de marches, sanglotant à chaudes larmes. La blonde maigrement plus grande que notre héroïne a de longs cheveux blonds, plus long que ceux d'Adèle, ce qui la surprenait puisque son entourage a souvent tendance à faire une remarque sur la longueur de sa chevelure qui arrive au bas du dos. Le fait que ses vêtements soient imprégnés d'eau à l'abondance lui indiquait qu'elle arrivait de l'enfer qu'est l'extérieur. Son apparence ainsi que l'impression qu'elle donnait étaient tout simplement pitoyable. Néanmoins, pourquoi pleurait-elle ? La magicienne affiliée à la confrérie du cheval céleste pouvait aisément comprendre que le cri d'affolement poussé un peu plus tôt venait de cette femme. Venait-elle de subir une attaque psychologique ? Son corps trempé de la tête aux pieds ne démontrait nul signe de blessure. Se voulant apaisante, Adèle fit glisser quelques mots de ses lèvres sur cette même tonalité.

• Que vous arrive-t-il ? C'est-il produit quelque chose ?

Vu l'état de la pleurnicharde, elle doutait bien qu'elle vînt de vivre une expérience digne d'une descente aux enfers. Ce que veut surtout savoir la Silverlight, c'est ce qui a effrayé à ce point l'adulte face à elle. Ses perles dorées voguaient d'un point à un autre à la recherche d'un indice tant qu'à la réaction de la trouillarde. Sans comprendre quoi que ce soit, elle canalisa son attention sur la blonde de nouveau. Prise par un geste de bonté, Adèle chercha une serviette dans son sac et la tendit gentiment vers la jeune femme. Mieux vaut agit doucement en face d'un individu comme celui-ci dans ce genre de situation, leur réaction peut être imprévisible.

• Tenez, essuyez-vous avec cela avant d'attraper froid.

La lumière toujours active, la lampe torche c'était transformé en lanterne, la main gauche illuminant les alentours. Les deux protagonistes sont immergés dans un bain de lumière au milieu des abysses les plus profondes.

Un ciel qui se déchaine, abattant ses terribles éclairs sur la surface de la Terre. Un tonnerre grondant et fracassant, réussissant à faire vibrer les murs de béton de la grande et réputée bibliothèque nationale de Fiore. Tout cela résultant à une panne de courant massive à l’intérieur de l’édifice. Aucune source de lumière, plus aucun son suite au hurlement de terreur. Un cri de détresse qui suscita l’attention d’Adèle, qui la poussa à investiguer un peu sur la nature de cet appel à l’aide et, par la même occasion, trouver un moyen de rétablir le courant. Descendant les nombreux étages de la bibliothèque tout en étant un tantinet angoissée, la noble trouva finalement une femme recroquevillée sur elle-même, sanglotant à chaudes larmes au beau milieu d’un escalier. Ses vêtements trempés de la tête aux pieds, on peut facilement deviner que cet individu arrive de l’extérieur, là où une pluie torrentielle fait rage. À la vue de la jouvencelle à la chevelure argentée, ou plutôt à celle de la lumière, la mine de la blonde s’améliora aussitôt. Son air désespéré changea aussitôt au soulagement, une libération des enfers. Elle cessa de pleurer et changea radicalement de comportement, à savoir qu’elle passa du stade « pleurnicharde sans défense » à « femme capable d’esquisser l’un des plus beaux sourires jamais vu ».

Certes, étant toute mouillée par la faute de la précipitation, la fille aux yeux couleur noisette apprécia l’offre de la Silverlight et prit la serviette en la remerciant faiblement. Lorsqu’elle tendit la main pour saisir le linge, Adèle remarqua dans la paume de sa main gauche un motif particulier. Un symbole, jaune, ressemblant étrangement à une tête de tigre avec des grosses dents. Cet emblème est reconnaissable parmi mille : il s’agit de la marque de la guilde connue sous le nom de Saber Tooth. La pianiste est donc tombée sur une magicienne membre de cette confrérie légendaire. De tous les endroits possibles pour faire la rencontre de l’un de ceux-ci, il fallait que ce soit à la bibliothèque de magie. Un autre élément étonna la manipulatrice de la lumière : le caractère de cette personne. Venant de la part de Saber Tooth, elle s’attendait à rencontrer des individus compétitifs, courageux et audacieux. Pour une première impression, disons simplement que l’image que c’était fait la musicienne éclata en mille morceaux. Au niveau de la crédibilité, la guilde reconnue comme étant rivale à Fairy Tail en perdit un peu. Se faire surprendre à pleurer pour une raison quelconque n’est jamais un signe de bonne réputation. Enfin, notre héroïne n’est pas le type d’individu à crier sur tous les toits tout ce qui se produit dans sa journée. Elle gardera ce secret bien pour elle. Et il ne faut pas juger un livre par sa couverture.

Une fois terminée avec la serviette, la blonde la redonna à sa propriétaire, complètement imbibée d’eau. La mage de Blue Pegasus dut la tordre avant de la ranger dans son sac. Lorsqu’Adèle reposa son regard doré sur la demoiselle en détresse, elle l’a vit invoquer des miroirs et se refaire une beauté, s’occupant soigneusement de son apparence, de tout son corps. À un tel moment, alors qu’il s’agit de la dernière chose à laquelle il faut accorder de l’importance dans la situation actuelle, ce comportement laissa Adèle sans voix. Elle n’avait qu’une question au bout de la langue : pourquoi ? Elle se contenta néanmoins de dire quoi que ce soit, au prix de créer un froid. Une future occasion se présentera un jour où elle pourra interroger cette jeune femme sur l’importance qu’elle accorde à son physique. De nouveau ravissante, sans compter ses yeux rougis par les larmes, la blonde s’empressa de remercier sa sauveuse, ignorant toutefois les précédentes interrogations posées par cette dernière. Adèle jeta l’éponge pour cette fois, devinant assez facilement les raisons qui mirent son homologue dans cet état. Elle qui croyait que l’achluophobie n’était qu’une peur générale répandue chez les enfants de bas âge.

• Ce n’est que la moindre des choses à faire. Ça fait plaisir.

Polie, tout comme son interlocutrice, cette courte tirade tira la Silverlight hors de son océan de mutisme. Un moment de silence s’installa cependant suite à ces mots. Adèle ne cherchait pas nécessairement un sujet de conversation, mais plutôt à ce qu’elle ferait désormais. L’électricité n’était toujours pas rétablie et aucun chevalier runique n’avait démontré le moindre signe de vie. Elle s’immergea un temps dans ses réflexions avant d’adresser la parole de nouveau à la femme à la longue – excessivement longue – chevelure blonde sur un ton calme.

• Vous arrivez, n’est-ce pas ? Avez-vous aperçu un membre du personnel à l’entrée ? Si tel est le cas, alors il devrait s’occuper de rétablir le courant ou, dans le moindre des cas, allumez des bougies. Or… c’est le silence total et rien ne semble remuer en bas.

Malgré le timbre paisible, les propos choisis le transformèrent en un ton inanimé au grand désarroi de la pianiste. Une fois de plus, elle jeta un œil par-dessus le garde-corps. L’obscurité la plus épaisse règne toujours au rez-de-chaussée. Adèle fronça les sourcils. Peut-être prenait-elle cette situation trop au sérieux. Néanmoins, prudence est mère de sûreté. Et ses doutes sont justifiés.

• Voulez-vous m’accompagner jusqu’en bas ? Je veux y jeter un œil.

D’un côté, à moins d’être prisonnière de nouveau entre les griffes des ténèbres, elle n’a guère le choix que de suivre la seule source de lumière dans ce bâtiment.

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