Au lendemain de ma petite aventure à Carmina, je décidais donc de revenir vers la Capitale de Crocus pour m’y reposer. Partant la veille pour ne rien rater de ma journée, je me levais sacrément tôt pour revenir vers la cité étincelante accompagné de mon familier. L’aube était magnifique et il était rare que je puisse admirer ses rayons en une journée matinale… La journée s’annonçait radieuse, si j’en croyais l’horizon qui n’affichait aucun nuage en mouvement. Le ciel était dégagé et arborait une magnifique couleur azurée. Marchant sur le chemin du retour, je veillais à bien regarder les panneaux d’indications pour ne pas espérer me perdre de nouveau… Comme les fois précédentes où j’ai pu me montrer distraite. Bref … Je quittais la région du nord pour revenir vers le centre, mais pour cela j’étais bien obligée de passer par la région ouest de Fiore pour rejoindre la Capitale. Le trajet dura plus longtemps que prévue.


Armé de mon nouvel instrument offert par Tao, mon maître violoniste. Je me mis à arpenter les routes d’un air comblé. La musique représentait tout pour moi… Et le fait de porter l’étui sur mon dos me faisait un drôle d’effet. C’était la première fois que je me sentais aussi fière. D’une part, parce que Tao avait accepté de me prendre pour élève. Il m’a donc accordé sa journée pour m’apprendre les bases mais aussi pour m’initier à l’art du violon et d’un autre côté, j’étais fière de moi parce que je venais de découvrir une nouvelle passion qui m’était jusqu’alors totalement étrangère. La musique savait m’apaiser et c’était une chose que j’appréciais énormément. Mes souvenirs revenaient peu à peu à force que j’écoutais cette douce mélodie de la veille, qui résonné encore à mes oreilles. La charmante mélodie que Tao avait joué lorsqu'il était assis sur ce banc. Tao… ne pouvait pas m’offrir un meilleur cadeau que ce violon... J’étais en effet fière de porter l’instrument que mon maître avait volontairement acheté à mon attention. Pour moi, cet instrument représentait ma vie. C’est drôle comment les gens pouvaient changer de vision après avoir fait une rencontre.


A cette pensée, je souriais. Accompagné de mon étui et de mon familier, je faisais face au futur, sous ce soleil éclatant dont les rayons m’aveuglaient intensément. Le violon pouvait vous paraître un instrument banal, mais pour moi c’était plus rare que tout les Jewels du monde ! Cet instrument avait une valeur sentimentale à mes yeux… Et représentait ma rencontre avec Tao Kazuki. Cette personne avait su réveiller en moi un rêve insoupçonné. Je ne pouvais pas dire si j’avais un don inné pour la musique, mais je me promis néanmoins de faire de mon mieux jusqu’à notre prochaine rencontre. En effet, je voulais m’entraîner au violon afin d’être en mesure de jouer comme Tao ! Je voulais le ressembler et devenir une grande musicienne… Bien que le prestige, les avantages et la renommée ne m’intéressait pas vraiment, c’était plutôt une question de fierté et de dignité à mes yeux. Tel un élève qui serait fier d’avoir dépassé son maître, je me promis de faire une prestation digne de Tao, un jour… !


Pendant ce temps, au fur et à mesure que je continuais mon chemin vers Crocus, j’atteignis finalement ma destination au bout de quelques heures de marche… Le soleil était à présent à son zénith et aucune intempérie n’était prévue pour la journée, si j’en croyais les nuages qui voguaient tranquillement dans le ciel, au gré du vent. Je me posais donc sur l’herbe, tout en fixant la capitale. Je pouvais aisément l’apercevoir au loin… Il ne me restait plus qu’une bonne vingtaine de kilomètre à parcourir avant d’atteindre Crocus, mais pour l’heure… Je m’installais tranquillement sur l’herbe, adossé contre un arbre. L’air était pur et le temps était magnifique… Tout se passait relativement bien. Lorsqu’un bruit vint soudain rompre le silence qui s’était installé. Une mélodie se faisait en effet entendre non loin d’ici… Je me mis à sourire puisque je m’étais dit qu’il était tout bonnement impossible qu’une personne vienne s’installer ici et jouer à l’air libre et pourtant… Mes oreilles n’y trompaient pas. Il y avait bien quelqu’un ici et je n’étais définitivement pas la seule à apprécier la vue.


A proximité de mon emplacement se tenait une personne assez étrange aux premiers abords. Un rasta… ? Inutile de vous décrire ma réaction lorsque mon regard se posa sur son style vestimentaire quelque peu particulier et sa coupe qui sortait de l’ordinaire. Des dreads semblaient lui tomber jusqu’aux épaules… Pour une coupe exotique, cela ne passait pas inaperçue. Au faite… Je n’ai jamais croisé cet individu aux alentours de Crocus. J’étais loin de me douter qu’en réalité cet individu ferait parti de la même guilde que moi, à savoir celle de Sabertooth mais cette révélation allait bientôt venir. Revenons-en à l’instant présent… Je m’approchais lentement de lui, tout en admirant sa prestation musicale. En effet, celui-ci savait jouer d’un instrument assez imposant… Si ce n’était autre que la basse.


Un autre prodige de la musique fit de nouveau apparition devant mes yeux écarquillés… Comme si cela ne suffisait pas… ? Bref… Les rencontres pouvaient parfois être enrichissantes et sa prestation ne me gênait pas le moins du monde. En vérité, j’en étais même réjouit de savoir qu’un autre musicien se tenait tout juste à côté de moi. Admirant ce paysage idyllique, j’écoutais en silence la mélodie funky qui sortait de son instrument. Fermant les yeux, je laissais le vent me caresser les cheveux… Je venais de faire une rencontre intéressante. Quelque chose me disait que cet individu était différent des autres et c’est bien cette particularité en lui qui attisa ma curiosité et me poussa à m’intéresser de plus près.


J’attendis donc la fin de sa prestation pour lui adresser la parole… Il serait après tout assez malpoli de ma part, si je tentais de l’interrompre pour lui faire mes salutations. Je n’avais pas vraiment d’intention hostile, si ce n’est que je voulais apprendre à le connaître davantage. Et puis à l’air qu’il donnait, on n’aurait pas dit qu’il avait réellement fait attention à ma présence. Puisque celui-ci semblait totalement concentré et absorbé sur sa musique et ses gestes. On aurait même dit qu’il était en extase sur le son qu’il jouait… Enfin bon, je devais admettre qu’il était assez doué et ses mouvements étaient parfaitement synchronisés. J’avais beaucoup à apprendre pour ma part… Légèrement intimidée, j’attendais la fin de sa prestation, tout en fixant mon regard vers l’horizon. Sourire aux coins des lèvres, je m’asseyais sur l’herbe et mit une main en suspension sur mon genoux légèrement incliné, tandis que l’autre était en repos sur le sol. Je me tenais là, d’un air pensif. Cette mélodie m’évadait et me voilà encore en train de rêvasser.

Perdue dans mes pensées, je fus vite ramené à la réalité lorsque le rasta s’approcha de moi. En effet, je ne m’étais pas rendue compte que sa prestation venait d’être achever. Je venais de rouvrir les yeux lorsque je sentis soudain une présence s’approcher lentement vers moi. Etrangement, je ne ressentais rien à l’instant. Je savais juste qu’il était tout proche de moi… Et pourtant, je ne détournais pas mon regard pour autant. Continuant toujours à fixer l’horizon de mon regard apaisé, celui-ci prit la parole et lança finalement la conversation. Chose que j’appréhendais avec un bref sourire qui se dresser sur mon visage. Il me demandait effectivement si je n’appartenais pas à la même guilde que lui. Drôle de manière d’introduire les présentations… Mais sa remarque ne me dérangeait pas vraiment. Au contraire, elle me fit même bien rire ! Rire que je m’efforçais de contenir pour ne pas que l’individu l’interprète mal. Eh bien oui… On pouvait considérer que j’étais en quelque sorte une mélomane.


Décidant donc d’affronter l’individu du regard en abaissant mon attention. Je ne répondis pas à sa question… Tout simplement car je ne voyais aucun intérêt à le lui faire savoir et il faut dire que je n’étais pas très bavarde avec les inconnus. Même si, je dois l’admettre que sur le moment, le simple fait de l’avoir avouer ou non n’aurait pas changé grand-chose à la situation actuelle. Bref, ce qui me plaisait chez lui, c’est qu’il savait se montrer direct et franc. Pas comme les autres qui s’amusait à vous faire la cour, à s’introduire dans un personnage qu’ils n’étaient décidément pas et à vous faire toute une cérémonie de jolies mots et de formalités, dans le seul et unique but de vous conquérir afin d’autant plus abuser de vous que de votre confiance à l’avenir. Ces prêcheurs et ces démagogues savaient bien s’y prendre avec les mots… N’importe qui, pouvait vous faire boire de belles paroles et de belles promesses sans rien montrer de concret en retour. Ce qui n’était pas son cas et malgré que le silence se fit entre nous, je me contentais de le dévisager de haut en bas.


L’individu prit place en face de moi, je pouvais ainsi l’examiner de plus près. Son regard et ses yeux me prêtait à croire qu’il était sincère. Je cherchais à jauger cet énigmatique personnage qui se dresser devant moi, pour voir si oui ou non, il valait la peine que je lui réponde. Finalement… Ma réaction s’avérait être positive. Je n’étais pas d’humeur à ignorer quelqu’un aujourd’hui et puis j’étais assez sociable… Je ne voyais donc aucun inconvénient à prendre la parole à mon tour pour approfondir notre conversation. Lorsque celui-ci se présenta en premier sous le nom de Sly Naether. Il m’informa par la même occasion qu’il était bien là avant moi, ce qui ne me surprit pas vraiment puisque j’avais un petit peu de retard de mon côté. Comparé au temps que je devais mettre habituellement pour revenir à Crocus, il était donc logique qu’il fut bien là avant mon arrivé sur les lieux…


Bref… C’est vrai, j’avais beau le regarder de haut en bas, son visage ne me rappelait rien. C’était la première fois, -si j’ose dire cela- que je rencontrais un rasta dans toute ma vie de mage. En tout cas, il était vraiment étrange mais pas dans le mauvais sens. Non, au contraire, il me semblait tout à fait aimable et pourtant je ne pouvais m’empêcher de me méfier. Pas vis-à-vis de lui en particulier puisque c’était une réaction que j’avais l’habitude d’avoir, à chaque étranger que je rencontrais durant mes voyages et que je ne connaissais pas encore par la même occasion pleinement. Cela dit, je comptais sur le temps pour apprendre à le connaître davantage. Alors d’une expression sympathique, je me mis à lui sourire tout en lui tendant ma main.

« Enchanté de faire ta connaissance Sly… Moi c’est Akira. » fis-je d’un ton sec et froid.

Aux premiers abords… On pouvait penser que j’étais hautaine sur le moment ou en particulier très distante, mais mon intention n’était rien de tout ceci. Voilà qui avait le mérite d’être dit, je n’étais pas du genre à mentir ni même à tourner autour du pot. Il savait désormais mon nom mais cela s’arrêter là. De plus, je ne voyais aucun intérêt à lui dévoiler mon appartenance. Pour ma part, je ne jugeais pas les individus par leur physique et encore moins par la guilde à laquelle ils pouvaient appartenir. Non… Je jugeais selon leurs intentions, bonnes ou mauvaises. L’idée même d’imaginer que j’osais lui révéler mon appartenance à Sabertooth, la meilleure guilde du Royaume de Fiore, serait déjà un fait assez vantard à mon goût et je n’aimais pas trop me mettre en avant. Sabertooth était une guilde exigeante et stricte certes… Mais ce n’était pas une raison suffisante pour que je m’affiche au grand jour devant un inconnu auquel je ne connaissais rien pour l’instant.


Lorsque celui-ci fut attiré par mon étui qui se situer quant à lui, tout près de moi. A côté de mon familier, si je voulais être précise. Le violon était en effet conserver avec le plus grand soin. Je veillais bien à ce qu’aucune égratignure ne parvienne à l’abîmer. Le rastaman semblait alors adopter une toute autre réaction en le voyant. Pointant du doigt l’objet d’un air mélangé à la fois d’hésitation et d’excitation, il me demanda effectivement si cela m’appartenait. Je lui acquiesçais donc d’un mouvement de tête, en signe de mon approbation. Je détournais alors mes yeux pour fixer la merveille qui était soigneusement rangée dans son étui et d’un regard déterminé, je me mis à la sortir de son enveloppe.


On pouvait dès lors apercevoir le bel instrument au creux de mes mains… Le vernissage était magnifique et la couleur était tout bonnement sublime. Un chef-d’œuvre que je me mis à tendre vers l’individu pour qu’il puisse l’examiner sous tous les angles possibles dans toute sa splendeur. Sur mon visage, on pouvait lire une certaine satisfaction… J’étais en effet très fière de faire savoir aux gens que cette merveille m’appartenait belle et bien. Je ne perdis donc pas une seconde de plus pour lui poser à mon tour des questions, d’un air curieux en direction de sa basse, qui était elle aussi sublime.

« Est-ce là une basse que je vois… ? Si oui, tu es vraiment doué ! »

Ma remarque n’était en rien ironique… Ce type avait vraiment le rythme dans la peau. Le son était à la fois envoûtant qu’épatant. Il avait décidément un don inné pour la musique… Chose que j’ignorais pour ma part si oui ou non, je possédais moi aussi un don pour cette nouvelle passion. En tout cas, sa prestation de tout à l’heure m’avait aussi donné envie de m’exercer de mon côté… ! Et je me demandais alors s’il n’était pas possible pour moi de m’entraîner avec lui. Mon niveau était de loin qualifiable de virtuose… Je venais à peine d’apprendre l’art du violon, mais je ne partais pas pour autant défaitiste sur l’apprentissage et les efforts que je devais maintenant fournir, pour parvenir au niveau de Tao ou tout du moins si j’espérais moi aussi faire une belle prestation devant lui. La démonstration du rasta m’avait soudainement éprise d’une envie de donner le meilleur de moi-même. Sa mélodie m’avait en quelque sorte motivée… ! Reste à savoir si celui-ci acceptait ma proposition et c’est ce que je fis, par la suite d’une voix claire suivi d’un regard résolu. Aucune hésitation ne pouvait se faire percevoir sur mon visage, lorsque je lui fis part de ma demande. J’étais pour ainsi dire, très sérieuse… !

« Dis-moi… Cela te dirait de jouer un morceau… ? Que dirais-tu d’un accompagnement au violon pour optimiser le son de ta basse et donner un plus grand effet au style funky ? »

Aussitôt proposé, je me mis de nouveau à rêvasser vers le ciel. Fixant les nuages d’un air distrait, je me relevais pour me diriger vers l’arbre. Accompagné de mon violon en main, je m’installais et me mis à mon aise… A vrai dire, je ne savais guère si le rasta avait accepté ma proposition et m’avait suivit sur l’instant présent, mais une chose est sûre, c’est que j’étais remontée à bloc ! Adossé contre le tronc de l’arbre, je mis mon violon à côté de mon cou. Prête à me faire un petit solo…
Avec ou sans lui.

[Extrait - Violon & Basse]

Prête à jouer seule ou avec l’individu, je fixais les nuages à l’horizon d’un air songeur… C’était bien la première fois de toute mon existence que je me sentais aussi apaisée. Violon en main, je me remis à penser aux précieux instants que j’avais pu passer en compagnie de Tao à Carmina, la veille de notre rencontre. Un sourire s’affichait dès lors sur mon visage, laissant apparaître un visage enfantin et rêveur en moi. Je détournais mes yeux vers le bassiste qui m’adressa aussitôt la parole, en me proposant de lancer le rythme la première, ce qui n’était pas une mauvaise idée en soi. D’un hochement de tête, je me mis à vider mon esprit en fermant les yeux. Respirant tout doucement l’air pur que m’offrait cet endroit paisible… Je repensais aux choses tristes, à mon état amnésique et à toute les souffrances que pouvait contenir mon cœur… Le vent caressait mes mèches et tout lentement, je mis mon violon contre mon épaule. Mon menton se posant sur la mentonnière du violon, je me mis aussitôt à glisser l’archet contre les cordes de l’instrument… Doucement, comme si je berçais un enfant dans mes bras.


Gardant ce sang-froid qui m’était propre, j’essayais de reproduire la mélodie que Tao Kazuki m’avait enseignée à Carmina. Bien entendu, le morceau n’était pas parfait et je n’étais pas très confiante en moi. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de continuer à jouer avec un regard empli de sérénité et de calme. Je pouvais sentir à ce moment précis mon cœur battre à cent à l’heure contre ma poitrine… Tous mes sentiments s’exprimaient à travers ce son… A la fois mystérieux et rythmé, je sentais que le son parcourait tout mon corps. A l’instant présent, mon inquiétude, ma tristesse et mes peurs se dissipèrent peu à peu… Au fur et à mesure que ma main se balançait au rythme de mon cœur. Suivant mon instinct, je me laissais doucement entraîné par la mélodie… Me guidant au fil de mes sentiments, je cherchais juste à m’exprimer à travers cette prestation… Rien ne pouvait me perturber. Je m’accordais à moi-même un moment privilégié que personne ne pouvait m’arracher. Juste pour moi et uniquement pour moi… Je ne pensais à rien d’autre que moi à cet instant.


Faisant abstraction de tout ce qui m’entourait, la mélodie ne faisait qu’un avec mon propre corps, aussi forte qu’elle était, je laissais la pression de mes doigts appuyés sur l’instrument au fil de mes mouvements, d’une aisance remarquable que je ne m’étais pas rendue compte sur le moment, comparé à l’instant où je m’étais entraîné avec Tao sur ce morceau funky. J’étais à ce moment-là différent… Loin de l’intrépide jeune femme qui faisait face à toutes les situations, j’étais à cet instant-là moi-même. Une fille des plus normales qui s’exprimait à travers la musique… Une personne qui profitait de cet instant magique, où je pouvais m’exprimer librement, sans avoir peur du regard des autres. Loin des tumultes, des bousculades et du vacarme incessant de la civilisation urbaine. Je me dressais là, adossé contre un tronc en train de faire ma petite prestation. A ce moment-là, je ne pensais à rien d’autre qu’à m’exprimer, à faire ressortir mes sentiments et à communiquer ma passion avec cet individu qui se tenait devant moi. J’ignorais si celui-ci m’avait rejoint comme il me l’avait annoncé quelques instants plutôt. Pour la simple et bonne raison que j’étais bien trop absorbée par ce que je faisais, que je n’avais pas fait la distinction entre nos instruments, tellement que nos sons étaient en symbiose.


J’étais à cet instant, en phase d’euphorie et d’extase. Mélangé à l’excitation mais aussi à la joie de pouvoir partager un tel moment avec une autre personne, je me mis à sourire tout en maintenant mes yeux fermés. Me laissant tout doucement emporté par le rythme, je ne faisais plus qu’un avec lui et la musique. Ce moment était unique… Et pour rien au monde, j’aurais voulu échanger cet instant précieux que je vivais avec cette personne. Même si, je venais de le rencontrer, j’avais l’impression de connaître un vieil ami que j’avais oublié depuis des années, j’avais l’impression de partager des choses intimes avec lui… Et pourtant, je savais bien que c’était impossible, mais sans m’en rendre compte, je venais d’ouvrir mon cœur à cet inconnu. J’ignorais d’ailleurs si c’était la musique qui me procurait ce sentiment mais je commençais à l’apprécier d’une certaine façon, que je ne saurais l’expliquer sur le moment… Les rencontres pouvaient parfois être intéressante qu’intriguant et c’est ce que je ressentais à cet instant. D’où venait-il ? J’étais curieuse et à la fois intriguée… Est-ce que tous les musiciens ressentaient ce genre de chose ? Cette passion me dévorait l’esprit. J’étais surprise de ma performance, mais aussi de mes sentiments… Comme si des souvenirs revenaient soudainement, à la surface de mon esprit que j’avais longtemps oublié. Était-ce, ce que l’on appelait la passion… ? Une chose est sûre, c’est que le vide intérieur qui m’incombait depuis fort longtemps, avait désormais disparu. La mélancolie s’empara de moi et je me sentais de nouveau respirer… Je me sentais libre pour la première fois… Oui, je me sentais en paix avec moi-même et ce sentiment n’aurait jamais eu lieu, si je ne l’avais pas rencontré.



J’étais donc d’une certaine façon reconnaissante envers cet individu, auquel je ne connaissais rien et j’espérais que l’on fasse connaissance à la fin de notre morceau mais cela tout dépendait de lui. Ce petit défi que je m’étais lancé pour moi, semblait par ailleurs amuser Sly Naether. Perplexe de mon choix... Je ne le regrettais pas pour autant. A vrai dire, je pouvais au moins être fière d’une chose dont j’ai apprise durant notre duo. La différence n’était pas les instruments en elles-mêmes mais les sentiments des personnes qui le joue. Toute cette différence résidait dans le cœur. La passion et les émotions ne disparaissaient jamais. Non, elles étaient toujours présentes… Quelque part au plus profond de nous-mêmes. Le talent n’était qu’un détail superficiel et l’instrument n’était qu’un intermédiaire. Le plus important de tous, c’était le cœur et la sincérité. L’essence même d’une belle mélodie… C’est d’ailleurs à cet instant, que je me remettais à rouvrir les yeux en fixant le ciel. Je venais de comprendre pourquoi la musique tenait une place importante dans le cœur de Tao et c’est en fixant le soleil que mon visage s’éclaircissait. M’illuminant d’une joie indescriptible… Je laissais des larmes coulées le long de ma joue. Ignorant si le morceau venait de prendre fin… Mes sentiments parlaient d’eux-mêmes et c’est en évacuant ces sentiments que mon esprit et mon cœur se sentait soudain léger. Tel un oiseau qui venait de prendre son envol…
Un bref sourire s’afficha sur mon visage mélancolique.

Après que cette douce mélodie prenne fin sur une note finale, j’abaissais lentement mes yeux vers le partenaire de notre duo. Le rastaman qui me faisait face semblait lui aussi absorbé par ce qu’il faisait et je devais reconnaître qu’il avait un potentiel certain. A quelques pas de mon emplacement, celui-ci relâchait délicatement ses cordes afin de clôturer notre prestation d’un son vibrant et envoûtant… Quant à moi, je venais de me remettre de mes émotions. La mélodie s’acheva progressivement dans un son harmonieux mélangé de nos deux instruments opposés. Je relâchais par la suite mes doigts de mon violon ainsi que mon archet. Voyant visiblement que le rasta s’était remis de ses émotions, je séchais discrètement mes larmes d’un revers de main. Avant de voir que celui-ci se dirigeait vers moi, je déposais mon violon contre l’arbre avant de détourner mes yeux vers lui. Je sentis alors une petite tape amicale sur mon épaule. Sly venait en effet de me remercier, pour le fait d’avoir accepté de jouer un morceau avec lui. Légèrement embarrassée de sa remarque gênante mais plaisante, je lui adressais à mon tour un sourire confus, n’ayant guère l’habitude de recevoir des compliments de la part d’un parfait inconnu, je lui souriais en guise de ma gratitude et détournais très vite mon attention vers mon violon.


« Non, tout le mérite revient à toi Sly, je n’ai fait que donner le ton et tu as suivi mon rythme… En somme ce n’est rien de bien extraordinaire comparé à ta prestation à la basse. » dis-je avec modestie et avec sincérité.


Distraite, je détournais mon regard pour admirer mon violon adossé contre l’arbre. Fuyant son regard, je veillais à ranger le violon dans son étui pour ne pas qu’il se salisse ou se dégrade par preuve d’inattention. Maniaque, cet instrument me tenait très à cœur… Puis écoutant la proposition du rasta, je tournais à nouveau mes talons pour lui faire face, en reprenant cette fois-ci mon sang-froid. Je cherchais alors à le jauger de mon regard et ne percevais aucune trace suspicieuse dans son visage. Son intention était probablement bonne et je devais reconnaître que sa compagnie ne m’était pas désagréable. Sa présence m’avait même revigoré et sans doute était-ce la même chose de son côté, ce qui expliquerait son invitation sur le moment.


D’ailleurs, je devais aussi retourner à Crocus et la ville n’était pas très loin de nous puisqu’on pouvait la percevoir à l’horizon. D’un hochement de tête signalant mon accord, je suivis ses pas et nous poursuivions le chemin vers la cité étincelante qui était la ville la plus proche de notre localisation.


La journée était radieuse et le soleil m’aveuglait intensément mais cette douce sensation de chaleur qui incombait mon esprit, m’apaiser tout autant. Il est vrai que je n’étais pas très bavarde avec les inconnus, mais Sly me poussait à croire que je pouvais tout de même le faire confiance. Je décidais donc de suivre mon instinct et de poursuivre notre conversation. Brisant ainsi le silence qui s’était établit durant notre marche, je fis donc le premier pas pour apprendre à le connaître. Intriguée par cet individu, beaucoup de questions infusèrent dans mon esprit, sans pour autant que je me décide à lui en poser une. Les mots sortirent toutefois de ma bouche sans que je m’en rende compte.

" Première à attirer ton attention hein ? Voilà qui est intéressant ... " fis-je d’un air songeur en étant perdue dans mes pensées pendant que l'on marchait d’un rythme nonchalant.

« Tu n’as pas l’air non plus bavard. » lui dis-je en inclinant légèrement ma tête vers le ciel d’un air amusé.

Portant solidement mon étui sur mon épaule droite d’un seul bras, je pouvais voir que notre destination n’était désormais plus très loin et qu’il fallait à peu près un bon quart d’heure de marche supplémentaire avant de parvenir à l’entrée de la cité, que je lui posais finalement la question qui me perturbait depuis le début de notre rencontre afin d’en être fixer une bonne fois pour toute.

« Au faite, tu es tout seul ? Je veux dire, tu n’as pas de guilde… ? »

Simple curiosité de ma part, je n’avais jamais croisé de personne de son genre aux alentours de Crocus. Après mûre réflexion, il était donc assez logique que mes hypothèses étaient plus portées sur le fait qu’il pouvait être un vagabond ou un simple voyageur en quête de musique. L’idée même qu’il appartenait à une guilde ne m’avait même pas effleuré l’esprit, mais les apparences trompaient souvent. Ainsi de cette manière, il était plus facile d’entamer les présentations…
A commencer par lui.


Autrement dit, je n’allais pas me présenter de mon propre gré. Sauf s’il me le demandait, ce à quoi je n'aurais alors pas le droit de refuser. Disons juste que je n’étais pas vraiment du genre à me vanter et encore moins à parler de ma vie. Sachant qu’il n’y avait pratiquement rien à dire sur ma propre personne, mis à part que je ne savais relativement rien de mon passé dû à mon état amnésique et que j’appartenais à l’une des plus prestigieuses guildes de tout le Royaume de Fiore. C'est tout ce dont je pouvais énumérer me concernant... Rien de bien intéressant en somme. Je tenais donc à conserver mon anonymat du mieux que je pouvais, pas par paranoïa, seulement je tenais à être discrète le plus possible. Ainsi s’il venait à me poser des questions, je serais alors obliger de lui répondre par politesse. J’attendis donc patiemment sa réponse, tout en songeant à ce que j'allais bien pouvoir faire une fois que nous serions bien arrivé à Crocus.

Pendant que nous marchions à bonne allure vers la capitale de Crocus, Sly me félicita également pour notre prestation effectuée précédemment et me fit part à la même occasion de son avis concernant la musique. Il est vrai que notre duo était pour le moins que l’on puisse dire assez original, mais il fallait reconnaître que mon niveau actuel n’avait en rien de comparable à celle de Tao. Enfin bon, cela dit actuellement, je ne pouvais également pas avoir la prétention de me comparer à son niveau, puisque je venais tout juste d’être initié à l’art du violon que depuis la veille. En somme, notre prestation d’aujourd’hui était ma toute première et je savais pertinemment que j’avais glissé quelques fausses notes au cours de notre échange, mais Sly a été toutefois très aimable de ne pas me l’avoir spécifié. Quoi qu’il en soit, son compliment m’allait droit au cœur. C’était fou à quel point la musique pouvait unir deux personnes n’empêche. En tout cas, ma réflexion se dissipa très vite lorsqu’une odeur agressa mes sens. Ce dernier était en effet en train de fumer à côté de moi, si j’en croyais sa pipe.


Malgré que cela ne me dérange pas, j’ai trouvé cela très surprenant de sa part… Même si je venais à peine de le connaître, j’avais le pressentiment que j’allais bien m’entendre avec lui. Sly m’avait fait prendre conscience que je n’étais pas si médiocre que cela finalement et avait-il peut-être raison en fin de compte… ? Il est vrai que je me rabaissais beaucoup et que je n’avais que très peu d’estime de ma personne. Cela dit, la confiance en soi n’était pas un point fort chez moi, si on prenait la peine de me connaître en profondeur. Bien sûr, je comptais bien progresser et me produire à Carmina dès que l’occasion se présentera à moi, mais pour l’instant, il me fallait vite retourner à Crocus. Par ailleurs, la compagnie de Sly à mes côtés me changeait de la routine habituelle. Accompagnée de mon familier à côté de moi, je fus vite surprise de constater que l’on était déjà arrivé à bon port. Devant la grande bâtisse que constituait Sabertooth, j’arrêtais mes pas devant l’édifice et l’admirais silencieusement.


Pendant que Sly, lui, tourna le dos au bâtiment, il me répondit au même instant son appartenance à cette même guilde, ici présente. Ainsi s’avérait-il être un mage en fin de compte, qui plus est de la même guilde que la mienne. Par ailleurs, son expression se changea radicalement à la mention de Sabertooth. Fier et enjoué de cette révélation, il ajusta aussitôt le geste à la parole. Paume en l’air, il bougea rapidement et étrangement ses mains dans le vide. Un mage du son… ? Voilà qui était de plus en plus surprenant et impressionnant. Il arrêta après coup sa démonstration et me fixa longuement avant de me redemander la question qu’il avait précédemment énoncée, mais dont je n’avais guère attribué de réponse concrète.

« J'sais pas si ça te gêne ou quoi... Mais je me demandais si toi aussi, tu faisais partie de Sabertooth. Tu m'as pas dit quand je t'ai demandé, et je comprendrai très bien que ça t'agace de devoir refuser à nouveau. Excuse-moi, je suis irritant quand je m'y mets. »

Moi gênée… ? Je ne l’étais pas vraiment. A vrai dire, sa remarque me fit même doucement rire. Lui irritant… ? Pas la moindre. Décidant donc d’y mettre un terme à ce malentendu, je lui déclinais donc mon identité d’un sourire, comme pour lui rassurer que sa question n’était en rien indiscrète et ne me dérangeait nullement.

« Eh bien… En voilà une coïncidence ! Je fais également partie de Sabertooth. A ce propos, je ne l’ai rejoint que très récemment, soit quelques mois auparavant. D’ailleurs, je n’ai jamais eu l’occasion de te voir dans les environs… Quoi qu’il en soit, je suis ravie de faire ta connaissance Sly Naether. »

Sur ces mots, je fis donc un pas vers les marches. M’apprêtant ainsi à entrer dans notre maison, j’invitais Sly à me rejoindre. Mon familier étant derrière moi, je fis signe à mon camarade s’il voulait ou non me rejoindre.

« A ce propos, il y a longtemps que je ne suis pas revenue à la guilde à cause des nombreuses missions que le master m’a confiées… Ceci dit, si tu viens tout juste de nous intégrer, je peux te faire visiter la guilde, si tu le désires. Qu’en penses-tu ? »

Il est vrai que c’était assez étrange d’y revenir, surtout après un long moment d’absence. Je doute même que l’on croiserait d’autres membres à cette heure-ci. C’était en somme assez propice pour moi de faire la visite à Sly, à condition que celui-ci en exprimait l’envie. En outre, on pourrait tout aussi se balader à travers la ville, je n’avais de toute façon rien à faire aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, si je ne l’avais pas rencontré en route, je me serais bien installée ici pour m’entraîner avec mon violon… La bibliothèque était d’ailleurs assez grande pour ce faire. Ainsi, je pourrais m’exercer au maniement de l’instrument sans avoir à déranger une tierce personne qui serait susceptible de dormir au dortoir. Ne tenant pas à reproduire la même erreur que Santaz avait pu commettre lors de ma première journée d’intégration, j’allais de ce fait profiter de l’occasion présente pour revoir mes méthodes. Tao m’avait bien entendu confiée une partition sur lequel je devais revoir les notes. Le temps pour nous de nous rencontrer à nouveau et de jouer ensemble ce morceau, je me devais de revoir les techniques qu’il m’avait précieusement enseignées et conseillées la veille. Tout dépendait donc du choix qu’allait entreprendre Sly. Dans tout les cas, je pouvais m’adapter quel que soit la situation. Sa présence ne m’était en aucun cas désagréable et faire sa connaissance m’enjouait grandement. Je lui demandais finalement s’il n’était pas possible qu’il m’enseigne à jouer de la basse. De ce fait, on pourrait également apprendre à se connaître et rester par la même occasion plus longtemps ensemble. Ceci étant dit, j’attendis sa réaction.

« D’ailleurs, tout à l’heure c’était vrai. J’ai beaucoup aimé ta prestation à la basse… Je me demandais alors si c’était possible que tu m’enseignes les bases ? En échange si tu veux, je t’apprendrais le violon, malgré que je sois encore débutante… A l'inverse, si tu ne peux pas, cela ne fait rien ! Mon invitation tient tout de même. » fis-je toute gênée en me grattant la tête, cachant du mieux que je pouvais mon embarras.

Sur le point d’entrer dans l’immense demeure des tigres, Sly pressa le pas et me tenait la porte, mais à force d’en avoir trop fait, celui-ci vint à perdre l’équilibre et chuta ridiculement sur le sol. Ce qui eut pour effet de me faire sur l'instant. Non pas pour me moquer de lui, mais je trouvais la situation très amusante et curieuse. A peine venais-je de le connaître que je l’appréciais déjà beaucoup. Qui aurait cru que Sabertooth pouvait comporter dans ses rangs, quelques membres excentriques, dynamiques, mais aussi sociables que n’importe qui d’autre ? Moi qui pensais que j’allais me retrouver avec des gens dont le combat et la compétition ne seraient que la principale préoccupation… Je m’étais bien trompée finalement ! Mon attention revenait cependant à la réalité, lorsque le rasta mentionna le terme de « notion instrumentale ». Venait-il de me dire qu’il pouvait me partager tout son savoir musical, à l’instant… ? L’idée m’était très plaisante en soi, mais moi que pouvais-je bien lui enseigner d’autre, mis à part l’initier aux bases de l’art du violon ? Je n’avais aucune compétence dans les autres domaines… Il n’était pas exagéré de dire que j’étais assez inculte, mais ce n’est pas non plus un mensonge de vous dire qu’étant petite, je n’ai pas pu connaître grand-chose d’autre que le Mont Hakobe, lieu habituel où je m’entrainais et où je fus née.


Dans ces montagnes enneigées, glaciales et désertes où la tempête était chose courante, mon maître Jin ne m’avait jamais autorisé à partir dans les contrées voisines, même pas une seule fois sans sa présence. Mes connaissances du monde étaient donc très limitées quand j’étais jeune. Actuellement, j’essaye de combler ce vide en voyageant régulièrement à travers le Royaume de Fiore et il faut croire que depuis que je fus intégrée à Sabertooth, il ne me manquait pas d’occasion de voyager. Surtout que je n’avais plus aucune attache familiale à présent… Habituellement, ceux qui s’occupent de l’éducation de l’enfant sont les parents, mais moi je n’ai jamais connue les miens. Mon père adoptif m’avait alors initié ce qu’il savait du monde. Étant lui-même un ancien mercenaire aguerri d’antan, il m’expliquait le principe des guildes et ce n’est lorsqu’il a disparu que je compris l’importance d’être entourée…


C’est en quittant de plus belle mes pensées que je suivais ses pas vers l’enceinte de notre QG. L’endroit n’avait d’ailleurs pas changé d’un poil depuis mon arrivée. Le bar était toujours aussi propre que la première fois que je l’ai vue. Sans doute Nora était-elle passée avant nous ? Enfin bref à cette heure-ci, je pouvais d’ores déjà lui faire une visite de notre guilde, avant que la bâtisse n'en soit peuplée davantage. Marchant tranquillement pour examiner le bois des tables fraîchement nettoyé la veille, je m’arrêtais et me raclais la gorge de sorte à ce qu’il sache que je vais dorénavant lui présenter les pièces et les choses essentielles à savoir concernant notre fonctionnement de tous les jours. Il en va de soit qu’il fallait aussi que je lui rappelle notre doctrine, notre crédo afin qu’il tâche de lui faire honneur, aussi bien envers notre master, notre guilde que nos camarades qui appartiennent à la même maison que nous. Celle qui constituait principalement notre fierté à tous et ce dont pourquoi nous sommes devenus des mages, n’était pas qu’une simple guilde qui prônait la puissance et l’exigence, mais également la dignité de chacun. L’emblème des tigres ne devait donc pas être pris à la légère par ses membres. Si un acte devenait irresponsable et indigne de notre principe, le membre en question en serait immédiatement sanctionné. Par ailleurs, Sly devait le savoir et il m’était jugé inutile de le lui dire maintenant, mais en principe, chacun de nous savait ce que pouvait représenter une place ici à Sabertooth et des exigences que cela pouvait demander.


Peu de gens avait l’occasion de poser les pieds dans cet bâtisse après tout… On pouvait dire en quelque sorte que nous étions des privilégiés, mais ce n’est pas pour autant que j’ai pris la grosse tête. Être dans la meilleure guilde de tout le continent ne signifiait pas que vous étiez la meilleure ou le meilleur de tous, non… C’était même plutôt un défi. Elle vous donnait l’occasion de vous surpasser et de devenir encore plus fort que vous ne l’étiez auparavant. Cela n’était possible que par un fort esprit de compétition et tous les membres ici présent, était bien plus fort que moi, j’en étais bien consciente, mais l’heure n’était pas aux rêveries… ! Il fallait que je lui présente ce qu’il devait savoir avant tout. Secouant ma tête pour avoir l’esprit clair, je quittais la table boisé pour me diriger vers le bar. D’un ton calme, je pris la parole dans ce hall toujours aussi vide qu’à l’époque. Epoque où je fus venue ici pour la première fois avec Santaz.



« Pour commencer, tu te trouves actuellement dans le hall de Sabertooth. La pièce principale de notre QG où se tient les membres la plupart du temps, lorsqu'ils ne travaillent pas. Ici, nous avons un bar qui est régulièrement occupé et entretenue par notre barmaid Nora. A côté du bar, nous avons le tableau des missions sur laquelle tu en choisis une, selon tes affinités et tes capacités. Certaines peuvent être en équipe, d’autres individuelles, tout dépend de tes préférences. En d’autres termes, c’est le principal lieu de ton gagne-pain, mais je suppose que tu le sais déjà. Bon, jusque-là, tu me suis… ? Si tu as des questions pendant la visite, n'hésite pas. A présent, nous allons poursuivre la visite à l'étage supérieur... ! Suis-moi. »


Attendant sa réponse, je détournais mon regard vers sa direction, puis poursuivais ma marche vers les escaliers en lui faisant signe de me suivre. Toujours suivie de mon animal derrière moi, celui-ci semblait d’ailleurs être toujours aussi calme et enchanté qu’au début, de savoir à présent où je passais la plupart du temps lorsque je n’étais pas en déplacement, car oui, c’était la première fois que j’osais l’emmener ici. Depuis que je l’ai acheté à Rochair, je ne l’ai jamais montré ma guilde dans son intégral, nous étions juste par moment passé devant l’édifice, sans jamais s’y arrêter un instant. Là, c’était plutôt l’occasion de lui faire également la visite, d’autant plus qu’il était assez calme et discipliné. Je n’avais de ce fait, aucune inquiétude quant à la communication qui régnait entre nous et les divers risques qui pouvaient survenir, du fait de son imposante taille et ses ailes majestueuses qu’il trainait délicatement derrière lui. Il était assez intelligent et malin pour ne pas commettre l’erreur de casser ou ne serait-ce qu’effleurer le moindre objet qui était présent ici-même.


Cet animal et moi avions instauré une sorte de pacte tacite entre nous, au fur et à mesure que le temps passait. En sa compagnie, je me sentais en sûreté. Il était inutile de dire également que nous veillions l’un sur l’autre, il faut croire que la confiance s’est rapidement installée entre nous. De ce fait, il découvrait aussi à sa manière les lieux pour la première fois, donc en même temps que notre ami aux cheveux étranges. Ce qui n’était pas une si mauvaise idée finalement… J’allais donc poursuivre la visite pour mes deux camarades. En espérant que Sly avait écouté ce que je lui avais dit et n’était pas submergé par ce qu’il voyait tout autour de lui, ce qui me rappelait vaguement quelqu’un à l’époque, c'est-à-dire… moi ? En bref, ne faisant plus attention de savoir si celui-ci avait acquiescé mes propos et m’avait suivie, je marchais progressivement vers l’estrade principale d’un pas nonchalant. La journée promettait en tout cas d’être intéressante… et ce n’était que le début !