Mon vieux camarade

Rochair. Voilà deux ans que je n’étais pas venu ici autrement que depuis l’adoption de Nemuru. La succession d’évènements marquants dans ma vie récemment m’a poussé à réfléchir un peu sur mon devenir, mon passé, qui j’étais en somme. Je n’avais pas de réponse préconstruite tout comme je n’arrivais pas à trouver de réel réponse au sens de ma vie. Il me fallait me ressourcer et pour ça j’avais besoin d’un endroit où j’étais sûr d’être en sécurité. Pourquoi Rochair et pas un autre lieu ? Parce qu’ici et nulle part ailleurs je connaissais la seule personne au monde humaine en qui j’avais confiance. Cet homme m’avait étrangement tendu la main alors que je n’avais rien, je n’étais rien, seul, et complètement livré à moi-même après être sorti du temple de mon père. Igor Sbranov, le tenancier de la taverne du froid sibérien. Je me rappel à l’époque il m’avait aidé généreusement en me donnant quelques clefs pour me débrouiller seul, survivre dans ce monde disait-il n’était pas une chose aisé mais en se démerdant on pouvait garder la tête hors de l’eau. J’étais resté chez lui quelques semaines, je me rappel de cet homme massif, gras, imposant, la moitié du temps ivre, mais surtout de cet accent baltique très prononcé, charitable, bon vivant, la main sur le cœur. Sa femme m’avait appris certains rudiments culinaires. J’étais pourtant parti du jour au lendemain, ne laissant derrière moi qu’une lettre témoin de mon immense gratitude. Le geste en lui-même pouvait paraitre ingrat, mais je m’estimais quitte lorsque j’avais la veille sauvé la vie de leur fille qui avait glissé d’une roche des cieux.

Aujourd’hui je revenais en ami. J’étais bien plus massif qu’à l’époque, plus fort physiquement, mais surtout j’avais un gros handicap par rapport à la dernière fois. Mon appartenance à Grimoire Heart. En avait-il eut vent ? Allait-il me juger ? Poussant la porte de l’auberge lentement avec inquiétude, j’ajustais ma capuche, posais Gunbai à l’entrée et avançais dans ce lieu familier. Pas énormément de monde, le patron n’était pas là, j’entendais par contre du bruit dans la cuisine située derrière le comptoir. Je fis signe à Nemuru de rester ici et de se trouver un endroit ou se poser, passant vers la porte de la pièce la plus mystérieuse de ce lieu, je ne vis de dos que la forme massive du patron du bar. Je restais un long moment nostalgique, sans rien dire, avant de toquer au mur bien qu’ayant déjà pénétrer dans la pièce. Comme je le pensais, je n’eus le droit qu’à l’habituelle « Être privé ici ! » avec bien sur le ton vraiment peu accueillant, l’accent toujours près prononcé. Je ne pus, même avec mon impassibilité habituelle laisser transparaitre un léger sourire quand à la vue de ce vieil ami.

Leito : Toujours aussi délicat, Igor
Igor : Ohhh !! Leito ! Mon Ami ! [Me fonçant dessus en déballant tout un tas de mots rapides dans une langue que je ne connais pas et me serrant dans ses bras] Toi être ici depuis quand ?
Leito : Aujourd’hui, depuis peu. Je suis venu directement te voir
Igor : Haaa, Alors ! Nous fêter ça avec Illianna. ILLIANNA !! tu verras, elle seras très contente de revoir toi. ILLINNA ![Hurlant de nouveau en direction de l’étage] Je suis si heureux, toi être parti si vite. Viens raconter à moi a comptoir

L’heure durant nous avons énormément parlé. De lui, de la perte de sa femme emportée par une maladie foudroyante, mais aussi et surtout de moi.. Il était au courrant. Qui ne l’était pas. Je n’avais pas l’armure aujourd’hui, juste une chemise bleue nuit avec un pantalon et chaussures plus apte au combat. Toujours prêt dans la moindre mesure. Nemuru endormi sur le compoit à côté de moi, nous discutâmes un long moment. Il semblait ne pas me juger, il savait dit—il le bon en moi, quelle crédulité. S’il savait pour il devait également être au courant pour ces trois vies que j’avais prises, pour cette attaque à Mac Anu, cette prime sur ma tête, et ces exactions de rixes en tout genre qui furent nombreuses. En ce dernier point il me reconnaissait bien, mon penchant pour l’alcool était sa faute, il explosa de rire d’ailleurs en me voyant d’office commander quelque liqueur et autres alcool de riz au lieu d’un digestif plus légers. Il m’assura néanmoins que j’étais en sécurité ici. Baliverne, je n’étais en sécurité nulle part. Ma priorité étant la survie de mon felin, je ne pouvais me permettre de jouer les touristes trop longtemps. Mais cet homme était sage, je devais parler d’avantage avec lui, ses conseils m’avaient été tellement salutaire que je ne pouvais les négliger. Malheureusement une présence dérangeante me faisait toujours rester sur mes gardes. Une personne entra dans cette auberge dans mon dos, le pas léger, souple, c’était une femme. Ne sachant rien sur cette menace que je ressentais, et par soucis de sécurité envers Igor, je lui demandais s’il pouvait me ramener ce vieux cru de vin qu’il gardait jalousement dans sa cage, lui assurant que j’allais la lui acheter. Mais contre toute attente je n’eus pas à me sentir en danger. Cette présence devin rapidement familière lorsqu’elle se posa tout proche de moi.

Quatie : Alors, tu as trouvé ce que tu cherchais depuis la dernière fois ?
Leito : Une part de moi-même, en quelque sorte. [Buvant lentement mon bolet de Saké] Je suis une cible assez facile, allez-vous m’arrêter ?

HRP:

Famille

S’asseyant à côté de moi, je constatais avec étonnement sa non-hostilité à mon égard. Pour ma part je n’avais aucunement l’idée de me relâcher, restant imperceptiblement sur mes gardes. Mais rien n’y faisait, sa nonchalance ouverte m’indiquait une sorte de confiance, bien que le mot soit très gros, du moins l’honnêteté de son attitude tendait à me faire croire qu’elle n’était pas là pour m’attaquer. Ses propos en furent de même, tout comme son regard. Elle porta ses yeux au niveau des miens, bien que fixant droit devant moi, je tournais ma tête lentement pour tenter de lire en elle. Ses pupilles étaient toujours aussi étrange à mes yeux, le reflet de sa marque de Fairy Tail m’indiquait clairement que quoi qu’il se passait elle appartenait à un monde opposé au miens. Elle eut pourtant une sorte de petit rictus, un petit rire jovial trahissant une émotion qui m’était inconnue à mes mots. Je ne comprenais vraiment pas grand-chose alors de certain type de réaction tant à certaines situations. Néanmoins, rien ne pouvait présager la portée de ces paroles qui allaient suivre. Portant son regard dans le miens, je vis avec étonnement que notre échange yeux dans les yeux apportait bien plus que je n’aurais su l’imaginer.

Quatie : C’est en effet une proposition intéressante : un million et demi, ce n’est pas franchement quelque chose sur lequel je cracherai en temps normal, mais disons qu’aujourd’hui je suis fatigué. Et puis je n’ai pas pour habitude de vendre un membre de ma famille, qu’elle soit proche ou non.
Leito : Une famille ... [Murmurais-je alors tout en portant de nouveau un bolet de Saké à mes lèvres, en en faisant couler un léger filet le long de mon menton]

Les mots ont parfois un impact plus fort qu’on ne peut l’imaginer. Mais je ne suis pas humain, j’ai du mal avec les mots parce que je ne vis dans ce monde que depuis trois ans. Pourtant en cet instant j’aurais eu envie de dire plein de choses, tant de mots qui ne voulaient pas sortir de ma bouche, non pas par manque de vocabulaire mais par manque cuisant de possibilité de m’exprimer à ma convenance. Je laissais donc cet instant planer en saisissant chaque seconde cette évanescence, portant mon regard sur Nemuru et écoutant Quatie parler. Elle venait de dire pas mal de choses intéressantes, déjà je valais donc bel et bien un million et demi.. chouette, moi qui n’aimais pas le fait de me mettre en avant voilà que la chasse à prime, sport national chez certains mages officiels à l’appartenance idéologique douteuse, allait devenir mon nouvel intérêt. Nemuru n’était pas en sécurité avec un maitre incapable de le protéger dans de telles circonstances, je devais trouver une cachette. Mais d’après cette jeune God Slayer je n’avais pour le moment rien à craindre, trop fatiguée hein. Je voyais en cela plutôt une dérobade qu’une réelle excuse, et quand bien même ne l’aurait-elle pas été, m’aurais-t-elle de nouveau affronté ? Et ce mot qui résonne encore dans ma tête même après tant de réflexion, famille.. Ais-je vraiment une famille ? Je ne sais pas.. Elle semblait sincère, à mon grand étonnement je ne savais pas quoi en penser, ma tête tournait peut être aussi encore un peu trop pour que je saisisse l’essence parfaite de ces paroles.

Quatie : C’est cette petite boule de poils, la part de toi-même que tu as trouvé sur le chemin ?

Je m’arrêtais quelques secondes avant de lui répondre, observant sa main caresser Nemuru avec une sorte d’étonnement. Voilà encore une fois un phénomène étrange, elle était la troisième personne qu’il laissait le caresser sans mordre. Après moi il n’y avait eu que cette jeune mage aux cheveux verts, Celya si je me rappel bien, et maintenant Quatie ? Ce petit démon, espiègle comme personne, oui en quelque sorte c’était la part de moi-même. Son adoption avait ajouté quelque chose à ma vie, mais récemment j’étais en train de faiblir, plein de choses se déroulaient en moi qui faisaient que je ne savais plus où donner de la tête. Les préceptes de mon père, la vie au contact des humain, la doctrine de Lucifer ou encore rencontrer des Slayer de tous types. Cela faisait énormément en deux mois, ajoutez à cela mon visage dépeint sur une bonne centaine d’affiches de recherche à cause d’une chasse au régalia infructueuse, vous obtenez le plus instable des tueurs de dieux. J’arrivais à tout contenir avec de l’alcool, mais qu’adviendrait-il si tout cette pression intérieure venait à exploser d’un coup, sans limite ? Serais-je en mesure de m’arrêter moi-même ? En ce moment j’étais en pleine perdition, il me fallait me rendre au temple de mon père chercher des réponses, sans quoi je pense qu’un drame serait vite arrivé. Pourtant cette jeune Slayer venait de me tendre une main invisible. Je ne comprenais pas pourquoi, après tout, même moi j’en avais malheureusement conscience : j’étais un criminel désormais, osons utiliser les mots qui fâchent.. Mais son regard, sa tendresse envers Nemuru, non rien chez cette jeune femme ne m’indiquait une quelconque raison de méfiance. Peut-être devrais-je essayer de lui faire confiance .. pour une fois.

Leito : Il est bien plus que cela. Il me complète plus que je ne l'aurais imaginé [Plongeant moi aussi mon regard dans le siens] A quoi ressemble votre... ton père ?

Adieu mon ami

Une famille. C’est vrai qu’à cette pensée j’étais un peu confus, surement qu’aussi je n’avais pas l’esprit très éveillé pour ne pas dire très peu opérationnel à comprendre les choses avec une vivacité ordinaire, mais quand bien même, mon âme vibra plus que d’ordinaire à cette évocation. Avais-je une famille autre que Quetzal ? L’alcool ralentissant mes capacités cognitives à un certain niveau, j’étais loin de m’imaginer ce qui allait se produire. Laissant couler un fin filet de saké le long de mes lèvres puis jusqu’à mon menton, je sentis alors une main chaude venir pour estomper cette disgrâce d’un geste doux et délicat. Je mis du temps à réaliser que c’était Quatie elle-même qui venait dans une sorte de geste réflex de me faire comprendre surement à sa manière qu’il était peut-être temps que je m’arrête là. Mes joues se mirent à rougir d’elles même.. Quoi ? Pourquoi ? Non.. Je ne comprenais pas. Pas moi. Oui, il fallait que je fasse quelque chose immédiatement sinon je n’allais très vite plus raisonner normalement. Une légère brise fraiche traversa la taverne. Responsable de cela, je venais d’user de ma technique de soin sur moi-même pour me désinhiber complètement des effets dû à l’alcool. Mes yeux un peu à demi fermés reprirent une allure plus convenable, mes pupilles légèrement dilatés recouvrèrent un aspect plus raisonnable, mon visage se ferma légèrement plus, mes yeux redevenant rouge sang habituels. Le temps que l’on parlait de Nemuru je recouvrais progressivement mon tempérament plus prompt à penser normalement. J’avais un peu zappé le fil de la conversation au début, mais mon regard était bien plus digne désormais. Elle me parla de son père, un Loup de foudre ? C’était bien représentatif de la légende du Raijuu, si opposé pourtant au serpent Géant à plume qu’était mon père. Néanmoins son caractère m’étonna plus que son apparence.

Quatie : Sinon, c’est un dieu aimant, dont l’œil est constamment posé sur les humains pour veiller à leur bien-être… Mais il m’a un jour avoué qu’il se sentait dépassé par les nouvelles exigences de nos semblables. Ils réclament aux dieux des choses que ceux-ci ne peuvent plus leur offrir.
Leito : Nos semblables... Parce que tu te considères humaine ?

Plus lucide ne voulait pas dire plus chaleureux et ne voulait pas dire non plus que j’allais arrêter de boire. Je vidais le reste de la bouteille devant moi pour boire son contenu d’une seule traite en penchant ma tête en arrière comme on le ferait en buvant un shooter. Sauf que là il s’agissait d’un contenant bien plus gros. Ramenant brusquement ma tête en avant, je n’eus pas le temps d’enchainer pour argumenter ma réponse que mon vieux camarade Igor vint au comptoir avec ma bouteille présentement commandée. Il s’agissait d’un très vieux millésime de vin rouge, j’appréciais sa finesse tout comme son raffinement. J’avais bien plus d’éducation, de délicatesse et de connaissance sur les vins pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur que l’image que je reflétais. L’armure des temps anciens, le Gunbai, manteau large avec capuche. Tout cela n’était que théâtralisation au final, cette arme était utile pour se défendre des katanas et autre armes tranchantes, flèches et j’en passe, le manteau était plus qu’imposé pour me dissimuler facilement ou du moins passer plus inaperçu qu’un homme se baladant en armure rouge, et cette dite armure était le dernier présent de mon père, alors pour rien au monde je ne l’abandonnerais. Aujourd’hui il est vrai que je ne l’avais pas, préférant une tenue de ville avec une chemise bleue plus adaptée au « tourisme ». Sauf que le vieux tenancier n’était pas aveugle, il repéra bien vite la froideur de mon visage, puis dévisagea rapidement Quatie avant de poser la bouteille devant moi sans la quitter des yeux.

Igor : ça faire dix mille jewel
Leito : Dix m... Toujours aussi commerçant dis moi.
Igor : Et encore ! Y’a prix d’ami ! Mwaha [Passant sa tête au-dessus du comptoir pour approcher sa bouche de mon oreille côté opposé à la jeune God Slayer] Si toi avoir ennuis, tu me le dis. Illianna te cacher à l’étage si besoin
Leito : Cela ne sera pas nécessaire [lançais-je à haute voix sachant pertinemment que Quatie avait tout entendu] Je ne vais cependant pas m’attarder, elle comme moi pouvons avoir des ennuis si on traîne trop
Igor : Toi venir pour Noel alors, DA ! ça pas être question, Affirmation.

Puis il s’en alla en boitant vers sa cuisine. Je le savais, connaissant un tout petit peu cet homme, c’était sa manière de me dire adieu. Jamais je ne le reverrais, et il le savait. Lorsqu’il tourna la tête une ultime fois vers moi avant d’embrasser la porte et disparaitre de mon champ de vision, il put enfin apercevoir pour la première fois depuis que nous nous connaissions un sourire amical sur mon visage. Le seul humain, de toute mon existence, rencontré qui avait un cœur, oh l’enveloppe n’était pas vraiment belle à voir, il était même plutôt laid. Mais il était vrai. Quelque part, je rêvais secrètement que tous les hommes soient aussi sages que lui. Sortant de ma sacoche attachée à ma ceinture ladite somme, je la déposais en tendant le bras sur la partie plus inférieure du comptoir et rangea aussitôt mon achat dans la sacoche en prenant soin de l’envelopper dans une sorte de serviette, histoire d’éviter qu’elle ne se brise. Quatie devait surement me juger en cet instant, c’est vrai qu’à voir, je passais pour un ivrogne. Je m’en moquais assez éperdument, de tous les slayers j’étais surement le seul qui pouvait boire à outrance sans souffrir des effets néfastes de l’alcool, pouvant « décuver » en quelques secondes. Plongeant mes yeux dans ceux de cette grande sœur protectrice, je l’interrogeais sans dire un mot sur la suite de cette aventure, juste par un échange de regard signifiant « et après ? ». Je ne le savais pas moi-même. Dans mon esprit, rejoindre ma guilde n’était pas ma priorité, ni une nécessité, et encore moins une envie. Je méprisais cette guilde, mais ça il n’y avait que Lucifer qui le savait. J’étais donc en quelque sorte livré à moi-même, face à cette autre God Slayer dont j’avais tant envie de la connaitre plus. Tous nous opposais, mais tout pouvait nous rapprocher.

Leito : C’est dangereux pour moi de rester ici. Que dirais-tu de poursuivre une autre fois dans un cadre plus isolé ? Saches juste que tu n’as pas à te méfier de moi ni de mes intention, peu peuvent s’en vanter.

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