White Knight Chronicles / Part 1 : Fate's Encounter [X778]

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Lun 19 Nov - 1:46

Test

Qu'est-ce qui a bien pu passer dans la tête de ce môme de sept ans ? Sérieusement. Qu'est-ce qui est plus barré que de tenter d'entrer dans l'ordre des Chevaliers Runiques aussi jeune ? Sans doute de s'entraîner comme un forcené la veille de l'épreuve pratique. Bon, en un sens, c'est vrai que j'avais pas mal assuré pour l'épreuve théorique. J'avais même pour ainsi dire pulvérisé les records établis par mes pairs, ou plutôt mes aînés. Et je devais avouer que j'étais plutôt dubitatif sur les effets que cette annonce avait provoqués. Certes, mon tuteur était fier de moi, de manière inconditionnelle. J'avais suscité l'intérêt de pas mal de personnes alors que je n'étais connu que comme le simple morveux que se trimbale un des lieutenants de la caserne. J'étais maintenant considéré comme un atout prometteur pour certaines, et comme un affront ambulant pour l'armée pour d'autres.

Toujours fut-il que nous étions désormais le jour de l'examen pratique et que j'avais très peu dormi la veille. Mais comme j'avais toujours une tête d'enterrement, avec un air taciturne très peu enjoué, autant dire que personne ne voyait la différence avec ma tête des bons jours, celle-ci étant pour ainsi dire inconnue. J'avais néanmoins hâte de voir ce que nous avaient réservé les militaires de Mac Anu pour cette session. Une toute nouvelle salle d'épreuve avait été installée dans l'arène pour l'occasion, utilisant une salle protégée des dégâts magiques, ainsi que la puissance de grands mages illusionnistes de haut niveau qui étaient utilisés pour simuler des environnements factices défiant parfois l'imagination. J'étais loin de me douter de ce qui allait me tomber dessus, tant au niveau arène de combat, qu'au niveau de mon adversaire.

Au moins, ce dernier me sous-estimerait, pensais-je. Après tout, quelle autre pensée qu'une faiblesse évidente, aurait un adulte en faisant face à un enfant ? Je comptais sur cet effet de surprise pour dominer mon match en en finissant rapidement. Il me fallait vite et en finir le plus rapidement possible. Un match gagné en un coup serait l'idéal, avec une frappe expéditive et que l'autre n'aurait pas le temps de voir venir de ma part. En y repensant, je n'avais pas que l'effet de surprise comme atout. La majorité des soldats de Fiore ne maîtrisaient pas la magie. Pour ma part, personne ne se doutait que je réussissais à utiliser le Kansô, et à un niveau admirable qui plus est, bien que je ne puisse qu'utiliser des armes et non des armures.

C'était pour finaliser cette maîtrise que je m'étais entraîné tard la veille, afin d'être réellement prêt pour mon combat d'aujourd'hui qui serait décisif. J'entrais dans l'arène, muni d'une simple épée, afin de donner encore plus facilement une impression de faiblesse qui serait ô combien traître. Ce fut donc avec un air on ne peut plus arrogant que je pénétrais dans l'enceinte du Colisée de Mac Anu. Bientôt, ce dernier serait recouvert d'un dôme et celui-ci serait le théâtre d'illusions puissantes pour simuler le lieu de notre combat. Mais avant d'en arriver là, ce fut moi qui fut surpris de ce qui se trouvait face à moi. Au lieu d'un gros balourd en armure, je me retrouvais face à... une gamine de sept ans ?

Je haussais un sourcil perplexe alors que la foule semblait s'amuser de ce coup du sort. Deux prodiges en herbe avaient vu le jour lors de l'épreuve de sélection, et le destin avait voulu qu'ils s'affrontent lors de leur épreuve pratique. C'était assez cocasse et mon opposante semblait également aussi perplexe que moi. Ses cheveux noirs tombaient avec grâce derrière ses épaules, alors qu'elle me fixait avec ce que je considérais comme un sourire stupide. Tout mon effet de surprise, toute ma stratégie pour en finir rapidement en profitant de l'effet de surprise, venait de tomber à l'eau. Pire que tout, les spectateurs étaient convaincus qu'ils allaient voir deux mômes se taper dessus avec leurs petits poings frêles et sans aucune puissance. Un spectacle de cours de récréation en somme.

Fronçant les sourcils pour prendre un air plus que sévère, carrément glacial envers la jeune femme, je ne comptais pas tomber dans le piège que j'avais moi-même pensé tendre à mon opposant. Peu m'importait qui elle était, d'où elle venait et ce qu'elle faisait là, j'allais y aller à fond et sans aucune retenue. C'est ce que je me disais, avant d'entendre l'annonce du présentateur. Alkaid Yuki Alexandra Ontario Wizzard. Voilà le titre pompeux de la fillette face à moi. Et son nom était loin d'être inconnu, puisque l'un des généraux de la caserne portait le même. Ce simple fait raviva légèrement l'intérêt du public, juste avant que les écrans géants ne s'allument un peu partout. Ces gigantesques Lacrymas visuels furent les dernières choses que je vis, les ténèbres se répandant alors brusquement autour de moi et d'Alkaid, un dôme obscur recouvrant toute l'arène de combat. Sans doute était-ce le fait des mages illusionnistes, en train de préparer notre environnement virtuel de combat.

Puis, d'un coup, le flash, dévoilant ce qui n'allait pas tarder à se changer... En un champ de bataille...

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Lun 19 Nov - 19:09

Falling

La lumière intense finit par se dissiper, laissant à mes yeux le loisir de constater ce qui allait me servir d'arène pour ce test d'entrée au sein de l'Armée de Fiore. J'étais plutôt surpris en fait en voyant le résultat. Moi qui n’étais qu'un mage Kansô, sans que personne ne soit au courant, je devais admettre que je ne m'attendais pas à un résultat aussi saisissant. Je me trouvais dans ce qui ressemblait à un vieux temple en ruine, pavé, gravé dans la roche. Derrière moi s'étendait un corridor qui menait à l'extérieur si j'en croyais la lumière caractéristique du jour qui s'en échappait. Mais pas le temps de m'extasier devant le savoir-faire des illusionnistes. J'avais un match à remporter. Sortant mon épée de son fourreau, je brandissais celle-ci verticalement juste devant moi pour saluer mon opposante qui en fit de même. Cette formalité que constituaient les présentations était maintenant terminée, nous allions pouvoir entrer dans le coeur du sujet !

Sans plus attendre, Alkaid et moi-même foncions l'un vers l'autre, notre épée tendue derrière nous pour finalement la rabattre dans un claquement qui provoqua une onde de choc, soulevant un nuage de poussière brune. Se retrouvant avec nos faciès derrière les deux lames croisées, nous étions à peine à quelques centimètres l'un de l'autre. Puis, dégageant notre épée de l'étreinte de l'autre, les laissant glisser l'une contre l'autre pour produire des étincelles, nous enchaînions chacun plusieurs coups rapides, violents, faisant claquer le métal dans un son assourdissant. Même si je m'étais entraîné, la jeune femme était d'un niveau excessivement élevé. Sa vitesse, la fluidité de ses mouvements et sa technique. Tout cela était d'un niveau qui rendait ce duel à la fois risqué, mais aussi magnifique. Une seule erreur risquait de me coûter un membre. On voyait que la fille du général avait eu des professeurs particuliers stricts et doués, ne gaspillant pas ses forces, ne faisant aucun geste superflu. En comparaison, l'autodidacte que j'étais devait sembler avoir une manière de faire sensiblement plus chaotique. La seule chose que je suivais n'était pas un enseignement, mais mon instinct de combattant, se basant sur des heures et des heures d'entraînement en solitaire, et sur des observations que j'avais passé des années à faire sur les soldats de la caserne.

Plus j'échangeais de coups avec Alkaid, plus la cadence de ces derniers augmentait. C'était comme si nous tentions de voir jusqu'où l'autre pouvait aller en allant toujours plus vite. Nos lames semblaient alors disparaître, tandis que nous serrions chacun les dents pour nous concentrer au maximum, tendant nos muscles jusqu'à ce que ces derniers nous fassent mal. Sentant ma limite arriver, au même titre que la jeune femme, je concluais l'enchaînement d'un coup horizontal puissant, contré par une garde verticale qui me donnait l'impression d'avoir frappé un mur d'acier. La pilier en pierre derrière la jeune femme se fendit, tombant en provoquant un brouhaha indescriptible. Faisant glisser sa lame le long de la mienne, laissant des étincelles gicler du point de contact entre nos armes, la demoiselle se rapprocha brusquement, tête en avant, avec un air concentré.

De mon côté, ce fut plus par instinct qu'autre chose que j'avançais à mon tour mon crâne, laissant nos deux fronts se rencontrer brusquement dans un choc qui témoignait de notre volonté. Nos regards étaient plongés dans celui de l'autre, démontrant toute notre détermination à nous donner au maximum, alors que du sang coulait du point d'impact entre nos têtes, glissant entre nos yeux pour se séparer au niveau de l'arête du nez. Possédant alors de bien meilleurs appuis que moi, la fillette leva sa main libre pour frapper mon menton, me faisant relever la tête et ouvrant grand ma garde pour qu'elle continue son enchaînement, tournant sur elle-même pour donner un brusque coup de coude dans mon thorax et m'envoyer valser le long du corridor.

Voltigeant sur plusieurs mètres, j'effectuais une pirouette aérienne pour me réceptionner, finissant par déraper jusqu'à arriver hors du temple. Le coup que je venais de recevoir avait été violent et me montrait que mon opposante n'excellait pas qu'à l'épée, mais aussi au corps-à-corps. Chose qui risquait d'être gênante. Un genou à terre, mon épée planté dans le sol me servant d'appui, je me relevais péniblement pour voir Alkaid foncer moi. A n'en pas douter, elle désirait profiter de cette ouverture pour en finir. Mais si j'avais été aussi faible, jamais je ne me serais inscrit à cet examen. Ayant feint d'avoir des difficultés à reprendre mon souffle en restant immobile et haletant, j'attendais que cet excès de confiance ne conduise la demoiselle à l'erreur. Elle sauta alors, épée brandie vers le haut pour donner un puissant coup vertical sur mon pauvre corps immobile. L'ouverture que j'attendais était là !

Avec une célérité qui surprit la combattante, me croyant déjà à l'article de la mort, je sortais mon épée du sol pour donner un puissant coup vertical. Mais ma lame se mit à briller étrangement, laissant sortir une lame d'énergie qui la balaya en provoquant une explosion avant qu'elle n'arrive vers moi. Souriant en me remettant en position d'attaque, je pensais avoir réussi à donner le coup final. Mais du nuage de poussière devant moi sortit alors brusquement une lame d'énergie verticale qui balaya ce dernier, fonçant droit vers moi. Dans ce qui tenait plus du réflexe qu'autre chose, je positionnais mon épée horizontalement, tenant la garde de la main droite et posant ma main gauche sur le plat de la lame pour essayer de repousser l'assaut de toutes mes forces, j'étais repoussé, dérapant rapidement en arrière. Jetant un bref coup d'oeil derrière moi, je vis que le temple où nous combattions était visiblement le sommet d'une montagne. Enfin... Montagne. Disons juste qu'en voyant l'immense précipice derrière moi, avec une pente ne faisant que quelques degrés et tenant plus du mur pur et dur, le tout faisant plusieurs milliers, si ce n'était centaines de milliers, de kilomètres, je doutais qu'il existe une montagne aussi haute dans tout Fiore et où l'air soit respirable comme si l'on était sur le plancher des vaches.

Une chose était sûre, tomber serait synonyme de gros ennuis. J'optais pour une manoeuvre d'esquive, réduisant mon appui d'un côté pour le renforcer de l'autre, la lame d'énergie me faisant tourner sur moi-même en passant alors à côté de moi, poussant sur la partie la moins soutenue de mon épée. Cependant, j'étais pratiquement au bord du gouffre lorsque je finis par réussir à me remettre de l'attaque, voyant alors Alkaid foncer droit dans ma direction. Je n'eus pas le temps de réfléchir à quoi faire que la jeune fille était déjà là, sa main gauche tendue pour m'agripper à la gorge, me poussant dans le vide... Avant que je ne l'agrippe aussi, la faisant chuter avec moi.

Nous commençâmes alors à entamer une chute vertigineuse. Était-ce une raison pour se tourner les pouces ? Certainement pas. Après avoir retrouvé notre équilibre, continuant de tomber de plus en plus vite, nous nous mîmes à échanger des coups. Nos lames claquaient brusquement tandis que nous tombions, comme si nous ne nous souciions même pas de la chute elle-même. Chaque attaque était cependant amplifiée et difficile à contrer, aucun de nous n'ayant d'appuis. La parade était donc une chose risquée. La fillette se trouvant du côté de la falaise, j'en profitais pour donner un coup d'une puissance non-négligeable qu'elle bloqua en mettant sa lame dans le sens opposé de la mienne. Mais ainsi, je finis par la repousser brusquement, la faisant s'écraser contre la paroi dans un choc assourdissant. Et alors que je tombais, elle, freinée par cet assaut, se trouva à plusieurs dizaines de mètres au-dessus de moi avant de recommencer à descendre.

Malgré l'attaque, elle semblait encore parfaitement consciente, et même encore plus hargneuse que précédemment. Elle se mit en position de chute libre, le bras droit le long du corps, tête en avant, prenant de la vitesse pour me rattraper. Voyant que sa vitesse de descente venait de dépasser la mienne après quelques secondes, elle tendit sa lame devant elle, donnant l'impression de me tomber dessus avec celle-ci et se changeant en véritable lance humaine. Quant à moi, même si je n'avais pas eu de professeur, j'avais des atouts dans ma manche. Notamment un sens de la débrouille qui allait lui poser problème. La voyant foncer ainsi vers moi, j'ôtais mon long manteau blanc, avant de le lâcher pour qu'il lui arrive dessus. L'épée d'Alkaid le traversa, mais il fut bloqué par la garde, l'empêchant de voir ce qui se passait en dessous. De mon côté, j'écartais alors les bras et les jambes pour ralentir ma chute et arriver à son niveau. Avant qu'elle ne s'en rende compte, j'étais juste à côté d'elle. Et pas question de lui laisser le temps de réagir. Roulant sur moi-même comme un boulet de canon en me rapprochant d'elle, je finis par tendre ma jambe qui lui arriva en plein faciès, la faisant à nouveau percuter le mur, la laissant pousser un cri de douleur légèrement féminin.

N'abandonnant toujours pas, alors que nous avions déjà chuté depuis plusieurs milliers de mètres, elle se mit à opter pour un autre style d'assaut. J'ignorais jusqu'à quand les mages illusionnistes comptaient nous faire tomber, mais en regardant en bas, je me rendais compte que nous n'étions pas là de nous arrêter. A plus forte raison, plusieurs piliers horizontaux se dessiner en dessous de nous, ce qui risquait de faire très mal si nous venions à en percuter un. Cela revenait à tomber et se prendre un fil d'acier tendu... Sauf que le fil était en pierre et qu'il était loin d'être fin, en plus d'être constitué de roche. Fourbe comme pas deux, mon opposante lança une lame d'énergie en plein dans ces derniers. Pourquoi ? Pour le nuage de poussière que cela soulèverait pardi ! Se trouvant nettement au-dessus de moi, elle arriverait avec une visibilité, certes réduite, mais loin d'être dangereuse, alors que moi... J'allais devoir la jouer à l'aveugle et risquer de me prendre des débris.

Essayant à nouveau de ralentir ma chute, je remarquais que ma posture prenait plus de place, et risquait donc de me faire heurter davantage de débris. Pas le choix, j'allais devoir me la jouer météorite humaine. Quand deux corps célestes se heurtent, celui avec le plus de vitesse est toujours celui qui subit le moins de dégâts... A condition que l'écart de masse ne soit pas trop important. J'allais donc devoir compenser mon absence de masse par un gain de vitesse. Fonçant à travers le tas, je lançais à mon tour une lame d'énergie, de puissance moindre, afin de dissiper la poussière. Chose que je n'aurais pas dû faire car la vision chaotique de plusieurs tonnes de débris rocheux chutant devant moi et que j'allais percuter, risquait fortement de me décourager. Tenant mon épée en arrière, j'essayais de couper les rochers pour passer à travers, car il était plus facile de foncer dans un tas de caillou que dans une caillasse de dix tonnes.

Même si je finis par recevoir plusieurs égratignures en agissant ainsi, j'avais cependant réussi à passer outre cet obstacle. Assez fier de moi, je regardais ce qu'il en était pour Alkaid. Mais j'écarquillais grand les yeux en voyant la jeune femme... courir le long de la pente. Comme si elle pouvait défier la graviter, courant à la verticale, elle était juste à côté de moi, me gratifiant d'un coup d'épée horizontal que je parais de justesse avec ma propre lame, pour finir par être repoussé en plein dans un pilier, provoquant une brusque explosion. Chutant à côté de l'un des immenses morceaux de roche, j'essuyais le sang qui sortait de ma bouche pour me mettre alors à tournoyer sur moi-même, arrivant au niveau du gigantesque roc qui ressemblait à un pont en chute libre. Je me positionnais alors sur ce dernier, comme si j'étais sur le sol, essayant d'en profiter pour reprendre mes forces. Mais c'était sans compter sur la jeune Wizzard. Courant toujours le long de la pente, elle prit un appui soudain pour se propulser depuis celle-ci et arriver sur la barre de roche qui me servait d'appui. Nous avions, tout au plus, dix mètres de longueur pour trois de largeur. Autant dire que nous pouvions tomber à tout moment hors de cette masse rocheuse qui tombait toujours un peu plus vite à chaque seconde. Me relevant, haletant, tout comme mon opposante, nous nous fixions l'un l'autre, se demandant lequel de nous deux allait bientôt céder. Et plus le temps passait, plus nous nous rapprochions du sol, ayant déjà chuté depuis plusieurs milliers de kilomètres en altitude.

Le choc risquait, à n'en pas douter, d'être violent...

Sujet: Re: White Knight Chronicles / Part 1 : Fate's Encounter [X778]

Ven 5 Avr - 14:57

Magic

Alkaid et moi nous fixions dans le blanc des yeux, attendant le moment opportun pour nous ruer l'un vers l'autre, la chute continuant interminablement. Faisant glisser mon pied droit, en même temps qu'elle, pour prendre un appui plus ou moins solide, nous nous élançâmes l'un vers l'autre avec la ferme intention d'en finir. Mais à peine arrivé à quelques centimètres l'un de l'autre, lame brandie et prête à faire mouche, notre appui se brisa brusquement. Un pic montagneux frappa juste entre nous, comme si une montagne venait juste de faire irruption dans ce qui nous servait de sol. Nous étions désormais en chute libre et le sol se rapprochait alors dangereusement, devenant enfin visible. Il fallait trouver un moyen de réduire notre vitesse pour éviter de finir en morceau, même si je doutais que les organisateurs laissent cela arriver. Mais échapper à la mort par suspension d'illusion revenait, à mon sens, à une élimination directe. Planter mon épée dans la montagne pour freiner aurait pu être une bonne idée si je n'avais pas craint que l'objet en question ne se brise. Il ne me fallait pas un, mais deux appuis. Pas le choix, j'allais devoir dévoiler l'une de mes cartes maîtresses pour cet examen, et peu m'importait que mon adversaire la voit, car après tout, mieux valait dévoiler ses atouts que de perdre.

Une vive lumière entoura alors mon corps, avant que mes vêtements ne soient brusquement remplacés par un autre type d'habits, fait de lanière de cuir. De même pour mon épée qui disparue, dévoilant deux dagues crantées. Avec ces dernières, j'allais pouvoir ralentir ma chute, même si cela risquait de me prendre plusieurs centaines, voire milliers, de mètres. Je plantais légèrement les deux objets dans la roche, doucement d'abord, pour éviter un choc trop brusque qui me ferait les lâcher, avant de les enfoncer de plus en plus profondément dans le flanc du pic rocheux. Je sentais ma vitesse diminuer, mais je risquais toujours de finir en crêpe en m'étalant sur le sol comme une vulgaire serpillère si je n'y allais pas un peu plus fort.

Ce que je vis à côté de moi suffit cependant à me faire perdre ma concentration un bref instant. De la même manière que moi, les vêtements d'Alkaid se mirent à briller comme pour éclater avant d'être remplacés par une armure faite de tissus et de brassards métalliques. Elle pouvait également utiliser le Kansô ? Mais avait-elle dévoilé cela car la situation l'exigeait, comme pour moi, ou cela n'était-il que politesse pour nous mettre sur un pied d'égalité ? De plus, je voyais mal en quoi son armure allait pouvoir l'aider. Décidant de me concentrer sur ma survie plutôt que sur la sienne, je continuais de planter mes dagues profondément pour ralentir de plus en plus, quitte à risquer un claquage pour éviter de lâcher mes armes suite au brusque changement d'inertie. Je perdais assez de vitesse pour éviter que la chute pourtant vertigineuse, ne me soit fatale. Mais j'allais malgré tout un peu trop vite.

Finalement, à quelques mètres du sol, je lâchais les dagues pour essayer de me réceptionner en pliant les genoux. Le choc fut important et un léger cratère se forma sous mes pieds alors qu'un craquement se fit entendre. J'avais, à n'en pas douter, foulé la plupart des os du bas de mon corps, mais je pouvais encore marcher, même si la douleur était importante. Regardant autour de moi pour voir ce qu'il en était de mon adversaire, je ne la vis pas. Pourtant, elle aurait dû tomber avant moi, étant donné qu'elle n'avait pu ralentir sa chute. C'est alors que d'un seul coup, je sentis mon dos se faire broyer, comme si une importante pression se faisait ressentir, violente et colossale. Je finissais à plat sur le sol, le petit cratère sous mes pieds s'amplifiant alors pour me laisser en son centre. Crachant une gerbe de sang importante, je tremblais de tout mon être à cause de la douleur, me retournant pour apercevoir que le poids qui m'avait écrasé n'était autre qu'Alkaid elle-même. Mais comment ? La réponse à cette question me parvint lorsqu'elle prit la parole.

Tu as choisi le moyen le plus sûr pour t'arrêter en subissant le minimum de dommages... Mais saches que le moyen le plus sûr est également le plus prévisible, et par conséquent, le plus dangereux. Paradoxal non ?

Toussant à nouveau du sang, je comprenais parfaitement la stratégie de mon adversaire, même si cela me faisait mal de l'admettre, car au fond, elle n'avait pas vraiment tort. Mais je ne comprenais toujours pas comment elle avait pu réussir à passer après moi dans sa chute. Voyant sans doute l'incompréhension dans mes yeux, la jeune fille me gratifia à nouveau d'une explication rapide et concise.

Mon armure me permet de manipuler la Gravité. Ralentir une chute ou amplifier un choc n'a rien de difficile avec elle. Même s'il eut été plus prudent d'opter pour une armure me permettant de voler, j'ai fait un pari risqué... Et c'est pourquoi ce match s'arrête sur ma victoire. Tu auras au moins appris que le plus grand des risques, c'est de n'en prendre aucun.

S'éloignant de moi comme si de rien, elle me tourna le dos comme si je n'avais été qu'un simple adversaire lambda, sans aucune once de force. Je ne voyais aucun respect, aucune considération, dans la manière dont la jeune femme m'avait regardé. Il était hors de question que cela se termine ainsi. Alors que l'illusion commençait à se dissiper, laissant apparaître à nouveau l'arène de Mac Anu, je réunissais ce qui me restait de force. Il n'était pas question de laisser les choses se terminer ainsi. L'équipe de soin arrivait dans ma direction... Je devais faire vite, ne pas abandonner. Puisant dans mes ressources les plus insoupçonnables, je prenais appui sur mes avant-bras pour me relever. Alkaid, entendant que je bougeais encore, s'arrêta. Lorsqu'elle se retourna, elle vit une épée lui arriver droit au niveau de l'oeil. Et ce fut de justesse qu'elle esquiva, laissant une coupure sur sa joue droite faire couler un filet de liquide vermeil. Debout, mal en point, bras tendu, du sang recouvrant une grande partie de mon corps, on put voir un nombre important d'armes sortir de n'importe où, laissant l'impression d'une onde qu'aurait fait une pierre lancée dans l'eau, du centre de laquelle jaillissait une arme.

La pluie d'épée s'abattit vers la jeune femme qui s'avança vers moi dans un élan de volonté inébranlable. Son épée s'arrêta alors brusquement au niveau de mon cou sans le toucher. Pourquoi ? La raison était simple. Trois lieutenants et deux capitaines étaient intervenus pour la stopper, l'un lui tenant le bras, l'autre les épaules, et le dernier se trouvant entre nous pour l'empêcher d'aller plus loin. Fronçant les sourcils devant cette soudaine irruption dans son combat, ne comprenant pas la raison de celle-ci, le responsable de l'examen lui expliqua pourquoi il avait dû agir ainsi.

Il est inutile d'aller plus loin... Regarde mieux ton adversaire...

Lorsqu'il s'écarta, on put voir que j'étais toujours debout, dans la même pose, bras tendu en avant. Rien ne semblait anormal, si ce n'était les blessures graves et le sang coulant abondamment de mes plaies. Mais en me fixant avec insistance, Alkaid eut un choc qui lui fit lâcher une exclamation. Mes yeux étaient révulsés. A peine m'étais-je remis debout que ma conscience s'était éteinte. L'attaque que j'avais lancée vers elle et la puissance de celle-ci, n'était rien d'autre qu'un assaut lâchée dans un état d'inconscience, mué par mon corps seul, et une démonstration de ma volonté inébranlable de ne pas abandonner. Si j'avais encore pu voir, ce fut sans doute une expression horrifiée et choquée que j'aurais lu sur le visage de la jeune Wizzard. Elle venait de gagner le match, mais en voyant la détermination de son adversaire, elle sentait le doute l'envahir sur le mérite de cette victoire.

Pour moi, l'épreuve était finie, finissant par m'effondrer à l'instant même où l'un des membres de l'équipe de secours posa la main sur moi. En me réveillant, je sentais tous les os de mon corps me faire atrocement mal. Mon tuteur était à mon chevet et afficha une mine soulagée en me voyant ouvrir à nouveau les yeux. J'étais resté trois jours sans me réveiller. Reprenant des forces en commandant un copieux déjeuner, qui à lui seul devait vider la moitié du garde-manger de la caserne, j'écoutais les nouvelles que mon père de substitution me donnait. Alkaid était bien sûr intégrée à l'école de l'armée suite à ses résultats. Mais ce qui me coupa dans mon élan de gourmandise et de dégustation fut la nouvelle qui suivie. Elle avait insisté pour que j'entre moi aussi dans ladite école, sans quoi, elle aurait refusé d'intégrer celle-ci. A cet instant, je prenais cela pour de la pitié plus qu'autre chose, ignorant moi-même ce que j'avais fait lors de notre fin de combat. J'allais intégrer l'école militaire de Mac Anu, et j'en étais fier... Mais cette même fierté était souillée par le sentiment que je ne devais pas cela à mes efforts. Je ressentais alors une profonde rancune envers Alkaid...

Ne réalisant pas alors que pourtant, c'était la première fois que quelqu'un faisait naître un si puissant sentiment dans mon coeur...

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