White Knight Chronicle / Part 3 : White Turn Into Black [X789]

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Lun 29 Juil - 0:43

Betrayal

Une pizza ! Voilà à quoi je pensais alors que nous arpentions, Alkaid et moi, l'un des nombreux sentiers menant à Mac Anu. Pourquoi une pizza ? Tout simplement parce qu'une mission réussie était fêtée de cette manière par la jeune femme et moi-même. C'était une sorte de rituel entre nous. Et c'était celui qui avait été le plus en difficulté qui se devait de payer la note. A ce sujet, notre mauvaise foi respective nous poussait généralement à nous battre verbalement pendant parfois des heures avant que, finalement, nous ne décidions de régler ce problème d'opinion par les armes. En règle générale, je me retrouvais donc amputé d'une partie de ma solde, perdant contre mon équipière à pratiquement chaque duel.

Mais aujourd'hui, alors que nous revenions d'une chasse aux Wyverns Pyro ordonnée par le Conseil Magique pour protéger un village posé au pied d'un volcan, Miss Black me laissa l'honneur d'être son invité. Ce genre de comportement n'était guère habituel, et je me doutais que quelque chose se tramait dans son esprit pour qu'elle soit si généreuse avec moi. Après tout, elle savait se montrer particulièrement pingre à mon égard et ce en toute circonstance. Peut-être était-elle malade ? Ou la chaleur des flammes des Wyverns l'avait faite disjoncter ? Mieux valait s'assurer qu'elle ne couvait pas une quelconque grippe, ou qu'un alien venu dans un vaisseau en aluminium ne l'avait pas remplacée par un clone tueur qui n'attendait que le moment où tout le monde serait endormi pour nous changer en gélatine et nous avaler ! Riant face à ces suppositions de ma part, elle me répondit avec un sourire franc que je devinais malgré son heaume noir, image du parfait opposé à mon propre casque, et même à ma propre armure, d'un blanc immaculé.

Idiot ! Si je suis de si bonne humeur, c'est juste parce que j'ai été sélectionnée pour le Grand Tournoi de Mac Anu ! C'est l'occasion pour moi de montrer ce que je vaux et de monter en grade !

La voilà donc, la raison de sa gaieté des plus suspectes. Un tournoi... Auquel je n'avais pas été invité. En me voyant courber légèrement le dos, elle se mit à rire franchement en me gratifiant d'une tape dans le dos, m'affirmant que je serai sans doute choisi pour y participer l'an prochain. Il fallait avouer que de nous deux, elle était sans doute la plus prédisposée à gagner ce genre de combat. A dire vrai, je doutais qu'il puisse exister un seul chevalier en ce bas monde capable de rivaliser avec elle, moi y compris. Même si j'avais gagné quelques fois contre elle, nos scores respectifs étaient bien trop éloignés pour que je puisse me juger plus fort que ma partenaire. Cela devait approcher les vingt-cinq pour moi à quarante-huit pour elle. Même si elle ne se formalisait pas de ce genre de chose, il était parfois dur pour mon égo d'être comparé à elle, bien que généralement, la victoire m'échappait de peu... Du moins je le pensais.

Alors qu'elle me taquinait ainsi, et tandis que j'étais complètement détendu, quoi qu'un peu bougon, je sentis le corps d'Alkaid se crisper, avant qu'elle ne me pousse brusquement sur le côté. Une explosion retentit alors, nous expulsant au loin. Un ennemi ? La force de l'attaque était trop grande pour qu'il s'agisse d'explosifs artisanaux. Il ne pouvait s'agir que d'un mage. Me relevant en même temps que ma partenaire, ignorant qui pouvait bien nous chercher des ennuis, surtout que nous portions tous deux le symbole des Chevaliers Runiques, nous étions sur nos gardes. Finalement, nous finîmes par voir un groupuscule d'une quarantaine d'individus s'avancer hors des flammes du brasier qu'ils avaient provoqués. A en juger leur air peu commode, et même peu malin, il ne devait pas s'agir d'artificier ayant fait un mauvais calcul. Même si j'étais maintenant en "mode combat", je devais avouer que je me demandais la signification de cette attaque soudaine.

Avant que nous n'ayons pu échanger la moindre stratégie, deux mages de feu lancèrent à nouveau des projectiles explosifs vers nous, nous obligeant à nous séparer, chacun d'un côté. Les tirs continuèrent alors, nous faisant courir et nous empêchant de nous rapprocher de nos agresseurs qui se séparèrent également. Vingt pour ma pomme, vingt pour celle d'Alkaid. Vu le niveau des attaques et le nombre d'adversaires, j'estimais qu'elle pourrait s'en sortir sans difficulté. Mieux valait que j'évite de la gêner... Ce fut cette pensée qui me poussa à suivre une trajectoire qui m'éloignait de plus en plus de ma partenaire. Si les vingt malheureux que j'avais en face de moi voulaient s'amuser à dégommer du Chevalier Runique, j'étais disposé à leur montrer qu'il s'agissait d'un sport dangereux.

Bougeant rapidement grâce aux pouvoirs de mon armure du Maître de la Lumière, j'esquivais les projectiles explosifs, faisant alors apparaître plusieurs lames autour de moi que j'envoyais à toute vitesse vers mes opposants qui semblaient tout aussi mobiles que moi. Une flopée d'épées et de lance fonça à toute allure vers la vingtaine de grognards ne réussissant malgré tout à en faucher que deux d'entre eux, les autres se défendant grâce à de la magie élémentaire qui variait d'un ennemi à l'autre. Au moins, je pouvais estimer leurs réflexes et temps de réaction grâce à ce genre d'assaut, avant de me rapprocher d'eux. A ce sujet, c'était l'heure de trancher dans le lard !

Évitant toujours les boules de feu explosives du mage qui semblait le dirigeant du groupe que j'avais face à moi, je finis par arriver face à un autre mage, manipulant le vent. Je le supposais à sa parade lors de mon premier assaut, et je ne pouvais le confirmer, ne lui laissant pas le temps d'user à nouveau de sa magie. Mon attaque fut nette, l'entaillant dans le sens de la hauteur du bas ventre vers l'épaule gauche, laissant une giclée de sang jaillir de la blessure, tandis que je passais à côté de lui pour continuer ma course vers les autres adversaires. Je gardais cependant à l'esprit qu'il serait utile d'en garder un ou deux en vie, afin de les interroger sur leur motivation. Sautant pour éviter un jet d'eau à haute pression, je fis une impressionnante cabriole, retombant devant le mage aqueux et enchaînant aussitôt d'un coup de lame horizontal, tranchant net le cou de mon agresseur. Le sol se mit alors à trembler, signe d'une contre-offensive imminente. Me tournant, je vis plusieurs rochers de belle taille foncer vers moi. Dans la continuité de mon mouvement de demi-tour, j'abattais mon épée verticalement, libérant un croissant de lune d'énergie qui faucha les projectiles en provoquant une violente explosion blanche.

Plusieurs des mages présents tombèrent alors sous le coup de l'offensive, ayant omis de retenir ma puissance pour leur éviter le trépas. Il fallait dire que dans le feu de l'action, j'avais souvent du mal à me modérer. C'était ce principal point qui permettait à Alkaid de me vaincre lors de nos duels, économisant davantage ses forces et répliquant plus adéquatement à mes assauts que je ne le faisais face aux siens. Mais au milieu du nuage de fumée qui se dressait face à moi, je vis alors une silhouette humaine émerger de celle-ci. Ne prenant pas le temps d'attendre, je fonçais vers celle-ci, lame en avant, portant un violent coup d'estoc qui transperça le pauvre bougre. Ne ressentant rien de particulier envers mon ennemi, je sentis cependant que quelque chose clochait. Son corps n'avait pas réagi comme le faisait habituellement un homme transpercé par une épée. Relevant ma tête, je constatais que l'homme que je venais d'abattre avait les yeux écarquillés, et qu'à en juger les marques de brûlures qu'il avait ainsi que son manque de réactivité, il était déjà mort.

Je ne compris ce qui se passait qu'à l'instant où je sentis quelque chose faire pression contre le dos de mon armure blanche. N'ayant que le temps de tourner mon heaume pour regarder derrière moi, je vis le mage de Feu qui dirigeait l'attaque se tenir derrière moi. Les pièces du puzzle s'emboîtèrent aussitôt. Il avait tué son camarade grâce à ses flammes en même temps que mon attaque d'énergie, le laissant ainsi comme appât pour me prendre à revers. Une technique qui n'avait rien de chevaleresque et qui allait sans nul doute porter ses fruits. Je sentis une vive chaleur dans mon dos, avant qu'une explosion colossale ne me submerge dans un flot de flammes. Poussant un hurlement de douleur, je finis propulsé au loin, alors que mon armure était brisée à l'arrière, et que mon dos apparu à nu, brûlé grièvement, tandis que je gisais sur le sol. Essayant de réunir mes forces, je tentais de me relever, mais en vain. J'entendis alors les bruits de pas du pyromane de service se rapprocher de plus en plus de moi. Lorsqu'il s'arrêta à quelques mètres derrière mon corps, il se mit alors à parler d'une voix arrogante.

Pffff... Je vois pas pourquoi ils font tout un fromage de votre duo en haut lieu. Une fois isolés, vous ne valez plus rien. L'autre groupe et les renforts doivent déjà en avoir fini avec ta copine. Allez, c'est l'heure des adieux mon pote...

Mes yeux s'écarquillèrent alors. Il ne s'agissait pas d'une attaque hasardeuse de la part de mages noirs, mais bel et bien d'une sorte de contrat qui pesait sur ma tête et celle d'Alkaid. Si tel était le cas, elle était indubitablement en danger. Je pouvais sentir la chaleur augmenter dans mon dos. Le mage de feu préparait une nouvelle attaque pour me tuer et en finir une fois pour toute. Je ne pouvais pas me permettre de perdre la vie ici. Ma partenaire comptait sur moi, je ne pouvais pas la laisser seule face à des individus aussi dangereux. De plus, la notion de "renforts" ne me disait rien de bons. Je n'osais imaginer le groupe face auquel Alkaid devait faire face en ce moment même. Si elle avait été présente, elle m'aurait sans doute dit qu'il n'était pas l'heure de faire la sieste. Il me fallait réagir... Et maintenant !

Alors que mon opposant avait généré un orbe de feu, je me retournais brusquement, lançant un couteau issu de ma dimension Kansô, non pas vers lui, de peur qu'il ne l'esquive trop aisément vu mon état, mais vers la sphère explosive. L'angle de tir était masqué par la boule de feu, et ce fut uniquement par instinct que le pyromane sentit quelque chose approcher. Mais trop tard. Le couteau venait d'entrer en contact avec l'orbe explosif. Nous fûmes tous deux projetés au loin, la boule de feu grossissant suite à la rencontre avec l'arme que j'avais lancé, nous expulsant violemment à cause d'une onde de choc incandescente. Traîné sur plusieurs mètres en dérapant avec tout mon corps, je constatais que cet assaut quelque peu Kamikaze avait dû surprendre le mage de feu qui, brûlé tout comme moi, émergea du nuage de fumée avec un air furibond. Il était temps de lui montrer la puissance de Mister White, du duo Black and White. Me relevant lentement alors qu'il courait vers moi, je tendis la main, mon armure s'effritant, de même que mon heaume. Lorsque ce dernier tomba en morceau sur le sol, on put voir dans mon regard une détermination des plus inébranlables. Aucune peur de la mort, aucune hésitation. Juste la volonté de mettre à bas celui qui menaçait ce que j'avais mis des années à construire.

Alors qu'il fonçait vers moi, le mage s'arrêta brusquement. Pourquoi cela ? Parce que ce n'était plus dix ou douze lames qui flottaient autour de moi, mais plusieurs centaines qui apparurent au fur-et-à-mesure de son avancée. Certes, il ne s'agissait pas de tout mon arsenal, mais cela avait de quoi être impressionnant, surtout avec le brasier qui ne cessait pas de brûler la plaine derrière moi. Voir tout cet arsenal prêt à fondre sur lui refroidit quelque peu ses ardeurs, comprenant qu'il avait fait une erreur de calcul.

Désolé... Mais une ordure qui sacrifie ses camarades et attaque par derrière n'ayant que peu de chances de se repentir... Te tuer ne sera pas suffisant pour me calmer. Disparais !

Aussitôt, toutes les lames partirent en direction du mage, l'embrochant, passant même à travers à cause de la force de projection, arrachant sa chair, la meurtrissant, se plantant dedans, pour au final ne laisser qu'un amas de chair méconnaissable et rempli de piques s'étendre sur le sol dans un bruit sourd. Regardant ce cadavre avec un air hautain, faisant fi du sang qui coulait de mon front, de mes yeux ou même de mon dos, je n'étais pas disposé à perdre du temps à réfléchir sur le sort de cet individu. J'avais plus important à l'esprit. Avançant difficilement, sentant l'engourdissement céder la place à la douleur, j'essayais d'ignorer cet état de fait en me dirigeant vers l'autre côté de la plaine masqué par l'incendie. Traversant le mur de flammes sans faire attention aux dégâts que mon corps avait ainsi subi, je fus horrifié par le spectacle qui s'offrait à moi.

Contrairement à mes attentes, ce n'était pas un groupe de vingt individus qui gisait sur le sol. Ce nombre était bien en dessous de la réalité. J'avais face à moi ce qui ressemblait à un mini champs de bataille, des cratères se trouvant un peu partout, avec des corps empilés, embrochés, calcinés, un peu partout. Au total, il devait y avoir pas moins de soixante individus reposant sur le sol, pratiquement tous morts. Mais une question restait sans réponse... Où était Alkaid ? Je sentis mon rythme cardiaque s'emballer, alors que mes pensées étaient toutes tournées vers une horrible possibilité. Plus j'avançais sur la lande ravagée, plus je me répétais la même chose : "Pas ça... S'il vous plait mon Dieu... Tout mais pas ça... N'importe quoi mais pas ça ".

Malheureusement pour moi, aujourd'hui, Dieu n'était pas ici...

Sujet: Re: White Knight Chronicle / Part 3 : White Turn Into Black [X789]

Dim 11 Aoû - 15:48

Darkness

Cherchant du regard Alkaid, complètement paniqué, j'errais sur ce champs de bataille où deux armées semblaient s'être affrontées avec une violence inouïe. A chaque corps que je voyais, j'avais un haut de coeur, prenant peur qu'il ne s'agisse de celui de ma partenaire. Jusqu'à maintenant, je n'étais retombé que sur des cadavres de brigands et je priais le ciel que cela continue, indéfiniment. Mais plus le temps passait, plus les secondes s'écoulaient, et plus je sentais les chances de retrouver Alkaid entière diminuer, car si elle était capable de me répondre, elle se serait sans doute déjà manifestée. Je l'aurai vu debout, sur le champ de bataille, m'accueillir avec un air inquiet en me demandant si j'allais bien. Mais à perte de vue, je ne voyais que des corps allongés, plusieurs lames plantées dans l'abdomen.

Le brasier sur la lande s'étendait, les mages de feu ayant visiblement eu besoin de toutes leurs ressources dans ce combat. Mais ni la chaleur de ces flammes, ni la douleur de mes blessures, ne m'atteignaient, tant la crainte qui m'habitait était grande. Cela me prit plusieurs minutes à marcher, courir maladroitement, sur la plaine, en hurlant le nom d'Alkaid, avant d'entendre un bruit venant de l'extrême Nord du champ de bataille. Courant à toute allure, ignorant les vertiges provoqués par la perte continue de sang, ou la douleur de mes plaies et os brisés, j'arrivais dans un cratère où se trouvaient plusieurs mages. Deux d'entre eux étaient encore vivants et gémissaient de douleur... Et à côté d'eux, un Chevalier en armure noire, une lame plantée dans le flanc droit. Hurlant alors en descendant dans le trou béant, glissant et tombant avant de me relever aussitôt, je me mis à genou à côté de l'armure couleur sombre, retirant le heaume de celle-ci pour découvrir ma partenaire, un filet de sang coulant de sa bouche, alors qu'elle me fixait avec un sourire soulagé.

Ah... Tu es vivant... Cela me... rassure. Ma prière a été... entendue...

La tenant dans mes bras, sa tête posée sur mes genoux, je pouvais voir qu'elle semblait vraiment heureuse de me revoir. Mais mon regard se porta sur sa plaie. En un instant, je maudissais toute mon expérience de la guerre. Cela pour une simple raison : je savais pertinemment qu'il était impossible qu'elle survive à une blessure pareille. L'épée était plongée dans son flanc, jusqu'à la garde, et lui avait pratiquement traversée le corps de part en part, touchant plusieurs organes vitaux sur son passage. Mes yeux s'emplirent de larme alors que je voyais cela, reportant mon regard sur celui d'Alkaid. Elle devait l'avoir compris aussi, et pourtant, elle me fixait en souriant de manière chaleureuse, comme elle l'avait toujours fait.

Ne parle pas ! Garde tes forces. Je vais... Je vais trouver un médecin ! Je vais t'emmener à la caserne ! D'ici là tiens bon !

Son sourire s'accentua alors qu'elle ferma les yeux, comme si elle était heureuse de m'entendre tenir ces paroles. Même si je savais qu'elle n'avait aucune chance de s'en sortir, je ne pouvais pas l'admettre. Je ne pouvais pas l'accepter. Il était impossible qu'elle meurt ici et maintenant. Ce n'était tout bonnement pas concevable ! Elle reprit la parole avec toujours une sérénité dans la voix qui me serrait encore plus le coeur.

Héhé... J'ai toujours aimé cette facette de toi Lucifer. Tu as toujours été si... naïf et sensible. Même derrière... tes airs ronchons. Mais tu sais tout comme moi que... mon temps est compté...

Je la fixais avec de grands yeux emplis de larmes que j'essayais sans succès de contenir. Mes dents se serrèrent car tout au fond de moi, même si je le refusais, je savais qu'elle avait raison. J'eus l'impression, au milieu de ce brasier orangé, que mon coeur était en train de tomber en morceau, comme si quelqu'un me le déchirait à mains nues sans que je ne puisse réagir.

S'il te plait... Ne dis pas ça ! N'abandonne pas ! Tu as toujours plein de projets ! Et je dois toujours te dire que... que...

A nouveau, Alkaid sourit, comme si elle savait pertinemment ce que je voulais dire. Malgré le fait qu'elle sentait sa vie toucher à sa fin, elle ne semblait pas avoir le moindre regret après les quelques mots que je lui avais dit. Elle usa de ses dernières forces pour lever sa main droite, posant ses doigts froids et métalliques à cause de son armure sur mon visage, me caressant la joue en me fixant avec une expression à mi-chemin entre la tristesse et la joie.

Je sais... Idiot... Je l'ai toujours su. Ha... Quel dommage que je ne puisse pas revoir une dernière fois... la Plaine de l'Espérance avec toi. J'aurai tellement aimé... Passer plus de temps là-bas avec toi... Et Johanna-Senseï. Malgré le fait qu'il soit assez court... Ce voyage ici-bas valait le coup. Mais s'il te plait... Promets-moi de... continuer à sourire... Et de toujours avoir cette lumière qui émane de toi. Promets-le... m...

En plein milieu de sa phrase, ses yeux se fermèrent alors lentement. Comme si tout se passait au ralenti, sa main cessa sa pression contre mon visage, tombant lentement et lourdement sur le sol. La fixant ainsi, je ne réalisais pas... Je ne voulais pas comprendre que le coeur de la femme que j'avais aimé venait de s'arrêter. Pas maintenant... Pas alors que nous étions plein de projets. Pas alors que notre vie commençait à peine. Les larmes ne s'arrêtaient pas. Je fixais le visage paisible d'Alkaid, à qui je n'avais pas eu le temps de faire cette dernière promesse. Sa flamme venait de s'éteindre... Trop soudainement à mon goût.

Resserrant mon étreinte contre son corps, je n'arrivais pas à contenir mon chagrin. Regardant autour de moi, cherchant désespérément un moyen de lui sauver la vie, je ne voyais rien d'autre que le champ de bataille et le brasier qui prenait de plus en plus d'ampleur. Mon visage se baissa alors, tandis que je serrais contre tout mon être le corps de la jeune femme. Je ne m'en étais pas rendu compte, trop absorbé par mon chagrin, mais d'étranges nappes de brume noire s'échappaient petit à petit de ma propre enveloppe charnelle, se faisant de plus en plus imposante. Ce ne fut que lorsque je vis mes propres larmes couler sur le visage d'Alkaid qui ne réagissait pas, que cette cassure s'opéra en moi. Brusquement, c'était comme si mon âme venait de voler en éclat, m'arrachant un cri de douleur qui envahit toute la plaine, retentissant comme un gémissement à mi-chemin entre la rage et le désespoir.

Le sol se mit alors à trembler tandis que je hurlais, les émanations de magie obscure devenant incontrôlables. Les flammes se mirent à toutes converger vers mon corps, comme aspirées par ce dernier, alors que je criais au centre de ce mini-séisme déplaçant un amas de poussière phénoménal et une onde de choc continue d'une violence excessive. En à peine quelques secondes, le feu avait totalement disparu, absorbé par une magie dont j'avais abandonné l'apprentissage, jugeant à tort que je n'arriverais jamais à l'utiliser. Ce fut ce désespoir qui avala tout... Le Feu... Mon Âme... Mes Sentiments...

La Magia Erebea...

Sujet: Re: White Knight Chronicle / Part 3 : White Turn Into Black [X789]

Dim 22 Déc - 14:57

Rage

Au beau milieu du champ de bataille, enivré d'une puissance à laquelle je ne prêtais que peu d'attention, je tenais toujours le corps d'Alkaid contre moi. Mes iris rougeoyant, tant à cause de la magie qu'à cause de mes pleurs, je ne pouvais me résoudre à lâcher la jeune femme. Ainsi agenouillé, la tenant dans mes bras, je ne pouvais plus bouger. Le temps s'était arrêté. Plus rien ne comptait. Ni la chaleur du brasier qui venait de disparaître, ni la pluie qui commençait à s'abattre sur moi. Brusquement, une lumière apparut derrière moi. Il s'agissait d'une flèche de lumière de l'un des mages qui avait combattu la jeune femme. Mais avant de m'atteindre, le sort disparu, absorbé par la Magia Erebea toujours active.

Tournant lentement la tête, je vis le mage qui avait lancé cette attaque, gisant sur le sol, blessé et incapable de se déplacer. Mes yeux exorbités le fixaient intensément avant que je ne me relève lentement, me décidant enfin à lâcher le corps froid d'Alkaid. Ma marche était assez lente, comme si j'étais moi-même un mort revenu à la vie à cause de l'offensive du pauvre bougre se trouvant à quelques mètres de moi. Plus j'avançais et plus il lançait de sortilèges contre moi alors qu'il était étendu sur le sol. Et plus il attaquait, plus mes pas se faisaient rapides, absorbant ses attaques et augmentant son niveau de peur. Ses yeux grands ouverts, de même que sa bouche, il ne put rien lâcher d'autre que des cris de terreur en me voyant intact, avancer ainsi vers lui avec la fureur dans l'oeil. Alors qu'il me traitait de monstre, je finis par arriver à son niveau, le saisissant à la gorge d'un geste vif, le soulevant alors comme si de rien.

Je lui intimais l'ordre de parler, de me raconter qui avait ordonné cette attaque, et pourquoi. Bien entendu, le criminel refusa de parler. N'étant plus en de bonnes dispositions pour réfléchir, j'agissais avec l'instinct le plus bestial qui soit, plongeant alors ma main dans sa plaie, écartant celle-ci et faisant se mouvoir mes doigts pour le faire souffrir atrocement. Ses cris déchirant ne m'émurent pas le moins du monde... Comment auraient-ils pu ? Pour être ému, il faut avoir un coeur, et le mien venait juste de m'être arraché de la manière la plus brutale qui soit. Ce qu'il avait face à lui n'était autre qu'un instrument de vengeance et de rage qui ne demandait que la cible vers laquelle il allait devoir tourner toute cette énergie néfaste. Étrangement, le pauvre mage se montra beaucoup plus loquace suite à cette stimulation. Il m'expliqua alors en détail ce que j'avais besoin de savoir.

L'attaque avait été organisée pour empêcher Alkaid de participer au Tournoi de Mac Anu... Pour éviter que le commanditaire ne perde une forte somme d'argent investie dans un pari sur les résultats de ce concours absurde. La jeune femme que j'aimais avait été tuée pour une chose aussi triviale que cela... Pour de l'argent... Par un individu avec assez de connaissance et d'influence pour faire appel à une guilde noire. D'après les informations obtenues par mon "petit doigt", il s'agissait de quelqu'un arborant les armoiries du Conseil Magique, leur ayant promis une immunité pour leurs crimes à venir sur une longue période, et l'absolution pour leurs crimes passés. Cela me fit froncer les sourcils et renforcer l'étreinte sur la gorge de mon mouchard. Un seul type de personne avait de tels pouvoirs... Un membre du Conseil. La question la plus gênante était de savoir lequel était en cause. Au nombre de dix, ils seraient tous présents lors du tournoi.

Brisant la nuque du mage et le laissant retomber lourdement sur le sol comme une pierre qu'on laisserait s'écraser dans une flaque d'eau, j'avais déjà en tête le moyen de faire payer l'être corrompu qui avait ainsi détruit la vie de la personne de bien qu'était Alkaid. Il venait d'anéantir le duo Black & White, car sans la jeune Wizzard, j'étais moi-même comme mort. Lucifer Amaiyuri venait de périr dans cette plaine... Alors qu'un autre individu ô combien différent venait de naître. Me redirigeant vers Alkaid, je laissais mon expression froide se crisper, redevenant triste au possible juste en repensant à l'absurdité qui nous avait conduits à cette situation. En usant de la magie Kansô, j'intervertissais mon armure brisée avec la sienne, revêtant la Yami Meijin no Yoroï de ma partenaire, encore intacte. Si le commanditaire de cette atrocité ne voulait pas qu'elle participe à cette compétition, il allait être fortement déçu.

Marchant vers Mac Anu sous la pluie, j'essayais de contrôler la Magia Erebea pour faire cesser les émanations de magie qui sortaient par les joins de l'armure. Il me fallut un bon moment pour finalement arriver. A la vue de mon armure plus que connue, les portes s'ouvrirent et les gardes me saluèrent. Ne leur répondant pas, je me rendais au seul endroit où se trouvaient les vestiges de Lucifer Amaiyuri : l'habitation du père d'Alkaid. En m'entendant entrer, il se précipita vers moi, mais cessa brusquement sa course en me voyant retirer mon heaume. Son sourire se changea en expression de surprise, puis de douleur, tout comme la mienne quelques instants auparavant. Me voir avec l'armure de sa fille avait suffi à lui faire comprendre ce qui s'était passé... Que plus jamais elle ne repasserait le porche de cette maison.

Avec un calme assez déroutant mais une détresse notable dans la voix, il me demanda les détails de ce qui s'était passé. Et ce fut avec la voix la plus froide, exposant les faits de manière directe, que je les lui donnais. Une fois terminé, je me relevais, avant de me diriger vers la porte. Il m'arrêta alors en me posant une seule et unique question : Qu'allais-je faire ? Mon poing se serra dans un bruissement métallique avant que je ne réponde, laissant une fumée noire sortir de l'armure et témoignant l'intensité des sentiments que j'exprimais en lui répondant.

Je vais trouver les responsables... Et leur faire mal... Vraiment mal. A partir de maintenant, ils seront ceux que je traquerai jusqu'à la fin des temps. Ils seront les seuls auxquels le code de la Chevalerie ne s'appliquera pas. Si je dois brûler une ville ou même un pays pour les débusquer, alors je n'aurais aucune hésitation. Mais si vous voulez m'arrêter... Vous êtes le seul qui en ait le droit et que je serai contraint d'écouter... Si vous voulez m'en empêcher, c'est maintenant ou jamais. Une fois ce porche franchi... Il n'y aura plus aucun retour en arrière possible...

Dos au commandant Wizzard, j'étais complètement exposé. S'il voulait m'empêcher de commettre les pires atrocités à cause de cette vengeance qui m'obsédait, s'il désirait me libérer de mes souffrances en m'accordant la mort, ce serait la seule et unique occasion que je lui donnerai. En tant que père d'Alkaid, il était le seul que j'aurai daigné écouter s'il m'avait demandé de m'arrêter ici et maintenant. Entendant un froissement de vêtement, je me doutais qu'il avait levé la main pour la poser sur mon épaule. Mais aucun contact n'eut lieu. De toute évidence, il s'était arrêté dans son geste. J'ignorais alors ce qui dominait chez lui... La tristesse ou la colère. N'allait-il pas m'empêcher de changer le chevalier que j'étais en un monstre sanguinaire ? Son devoir le lui imputait, mais ses émotions en tant que père furent les plus fortes. Tournant la tête en serrant les lèvres, retenant toutes ses larmes, il se contenta de me murmurer quelques mots... Les mots qui suffirent à faire exploser la cage qui retenait la bête, à faire céder le dernier rempart qui m'empêchait de devenir non pas Lucifer Amaiyuri, mais juste "Lucifer"...

"Ne leur fais pas de cadeau"...

Sujet: Re: White Knight Chronicle / Part 3 : White Turn Into Black [X789]

Ven 27 Déc - 14:43

Spoiler:

Carnage

Quittant la chambre du père d'Alkaid, je marquais un temps d'arrêt une fois la porte fermée. Un bruit sourd venait de résonner, comme celui d'une lame transperçant quelqu'un. Je n'étais pas sot au point de me faire des illusions sur le geste que venait de commettre le vieil homme derrière la porte. Il savait pertinemment qu'il venait d'encourager une guerre qu'il aurait été le seul à pouvoir éviter par des paroles, sans sortir la moindre arme et user du moindre sort. Il venait de trahir son serment en laissant les vents de la guerre souffler sans agir pour les empêcher de se propager et de mettre le feu au royaume. Le père en lui avait pris le pas sur le soldat en charge de la paix. Pouvais-je l'en blâmer ? Certainement pas. Moi-même, je n'étais plus véritablement un Chevalier Runique... Mais bel et bien un apôtre de la Vengeance. Et il était temps que je le fasse savoir au monde.

Sans le moindre regret, je me dirigeais vers l'arène où j'étais attendu en tant qu'Alkaid. Inutile de dire que mon arrivée suscita quelques surprises. Je scrutais les expressions des personnes présentes lorsque j'entrais dans le sable du cercle de combat. A n'en pas douter, ceux qui étaient stupéfaits de me voir ici étaient au courant de la manigance qui s'était tramée quelques heures plus tôt, sans quoi jamais ils n'auraient été surpris de me voir debout, en vie, sous cette armure noire, me prenant pour Alkaid. Me tenant droit, j'étais immobile, bras croisés, au milieu de l'arène. Je retenais difficilement les émanations d'obscurité qui essayaient de filtrer de l'armure suite à l'absorption massive de sortilèges quelques heures auparavant. Cette puissance commençait d'ailleurs à s'évaporer lentement de mon corps à cause du temps passé. Mais cela restait tout de même significative, comparé à ma puissance habituelle. Je savais pertinemment qui était la première personne qui tomberait sous mes coups... Et j'allais en avoir la parfaite opportunité.

Foulant le sable pour pénétrer dans cette arène face à moi, mon adversaire venait de se montrer. Celui qu'Alkaid était censée affronter, celui qui faisait partie de ce complot pour obtenir une victoire par forfait. Il aurait très bien pu ne pas être au courant de cette mascarade, mais son air excédé et surtout paniqué en me voyant face à lui me démontrait clairement le contraire. Levant son arme, il attendait le signal pour se lancer sur moi avec tout son désespoir. Ou du moins, ce qu'il pensait être du désespoir. Le gong retentit alors après une brève annonce du commentateur. Aussitôt mon opposant fonça à toute allure vers moi en hurlant à la mort. A en juger sa vitesse, sa posture et sa manière de tenir son arme, Alkaid l'aurait sans doute battu en moins de trois minutes montre en main. Son arme s'abattit alors lourdement dans ma direction, d'un coup tranché vertical. Il y eut une brève onde de choc qui souleva du sable, avant que ce dernier ne se dissipe, montrant une scène qui, déjà, soulevait quelques soupçons sur le déroulement du combat. Ma main droite était levée, tenant l'épée en la serrant, montrant que j'avais arrêté ce coup juste en saisissant la lame, sans le moindre effort. Une chose dont j'aurais été incapable sans la folle rage qui m'animait et la puissance réveillée de la Magia Erebea.

Peut-être était-ce de ma faute, n'arrivant pas à contenir ma soif de sang, mais aussitôt, Dimitri Offenback se leva de son siège, sentant que quelque chose n'allait pas, avant de hurler avec toute la puissance de sa voix.

ARRÊTEZ CE MATCH IMMÉDIATEMENT !!!

Trop tard. D'une simple pression, je brisais l'épée en mille morceaux, avant de tendre ma main gauche en faisant apparaître une lame effilée qui pénétra immédiatement l'abdomen de mon opposant. Son regard était écarquillé, pétrifié par la peur et l'incompréhension. Puis, d'un coup sec, je relevais l'épée, tranchant dans la hauteur le malheureux qui trépassa sur le coup. Il fallut un moment pour que le public réalise ce qui venait de se passer, avant de se mettre à hurler et se diriger vers la sortie. En moins de temps qu'il n'aurait fallu pour le dire, j'étais entouré par une armada de Chevaliers Runiques. Il en fut de même pour les mages du Conseil, afin d'assurer leur protection. L'incompréhension régnait, jusqu'à ce qu'un homme n'accourt jusqu'à Dimitri, essoufflé, lui transmettant un message de la plus haute importance.

Offenback-sama... On a découvert le corps de Wizzard-sama à quelques heures de la caserne... Entouré par ce qui semble être les dépouilles d'un peu moins d'une centaine de mages noirs recherchés. Aucune trace d'Amaiyuri-kun.

Il n'en fallut pas plus pour que le dirigeant de Mac Anu ne comprenne la situation. A son visage grave, il avait saisi les grandes lignes du désastre qui s'était joué précédemment. De la même manière, il devait savoir que j'étais celui qui était dans l'armure noire, ainsi que les motivations qui m'animaient. Il n'avait néanmoins pas conscience de ce qui avait pu me donner une telle force me permettant de mettre hors d'état de nuire un individu qui, en temps normal, m'aurait donné beaucoup de fil à retordre. Serrant les dents, il s'adressa à moi sur un ton à la fois autoritaire et dont on pouvait sentir une certaine compassion, comme s'il me conjurait de faire ce que je lui demandais.

Lucifer... Pose ton arme immédiatement.

Je retirais mon heaume avec ma main droite, dévoilant mon visage à tous. Mais à l'instant où je jetais mon regard sur Dimitri, il comprit qu'il n'y aurait pas de marche arrière possible. Mes yeux étaient animés d'une soif de sang et d'un désir de vengeance qu'il n'avait vu qu'en de rares occasions, sur le front. D'expérience, le vieil homme savait que ce genre de regard était celui de quelqu'un qui ne reculerait pas, qui n'hésiterait pas à plonger le monde dans le puits de l'Enfer pour obtenir ce qu'il voulait. Dimitri était au courant que parler ne servirait, dès lors, plus à rien. Fronçant à son tour ses sourcils, il posa une ultime question.

Quel est ton objectif ?

Je ne répondais pas, levant alors lentement mon épée pour la tourner vers le Conseil des Mages. Aussitôt, l'ensemble des Chevaliers présents se mirent entre moi et la dizaine d'hommes que je visais, comme pour m'indiquer que chacun d'entre eux était prêt à donner sa vie pour les protéger. S'ils avaient conscience qu'au moins un dixième de ces hommes était pourri jusqu'à la moelle... Une fois encore, Dimitri, entouré de sa fille et de ses généraux, m'ordonna de poser mon arme à terre.

Il y a plusieurs centaines de soldats entre toi et ce que tu désires Lucifer. N'aggrave pas ton crime. Pose ton arme et nous discuterons de tout cela.

Ultime tentative de Dimitri pour me faire baisser les armes. Était-ce le symbole de son espoir de ne pas me voir emprunter la voie dont il savait pertinemment que j'avais déjà pris la résolution de l'arpenter ? Il fut surpris de me voir fermer les yeux et relâcher mon étreinte du pommeau de mon épée, laissant celle-ci tomber. Mais au moment où il afficha un air de soulagement, j'ouvris grand les yeux avec une mine encore plus déterminée, levant mon pied pour frapper la poignée de l'arme avant qu'elle ne touche le sol, la laissant frapper en pleine poitrine l'un des Chevaliers Runiques devant moi. Aussitôt, ce fut le coup de départ pour qu'une armée ne déferle dans ma direction, épées à la main, en hurlant comme des damnés. J'entendis le chef de la caserne hurler mon nom, mêlant à la fois rage et désespoir en m'appelant, me voyant foncer vers la marée humaine. Il était trop tard pour empêcher le carnage de se produire.

Fonçant à mon tour comme un fou vers la centaine de soldats, je faisais apparaître des lames autour de moi avant de les lancer à tout va, empalant une partie d'entre eux, frappant d'autres pour les faire voltiger à tort et à travers. Je me retrouvais vite submergé par le nombre de mages chevaliers autour de moi. Un seul mot sorti de ma bouche tandis que j'étais ainsi en train de combattre, finissant par être entouré par une douzaine de bretteurs dans les airs, prêts à abattre leur lame sur moi dans moins d'une seconde si je ne réagissais pas.

Armationem...

Il y eut aussitôt une gigantesque onde de choc qui envoya au loin l'ensemble des assaillants dans les airs, les repoussant à plusieurs dizaine de mètres, alors que je continuais ma percée à toute allure avec une vitesse et une puissance qui n'était clairement pas celle du niveau que j'avais autrefois. La Magia Erebea coulait dans mes veines, et je sentais ses effets dans tout mon corps. Le temps me semblait comme ralenti et je voyais clairement l'ensemble des attaques adverses arriver. Et pourtant, je n'y prêtais pas attention plus que cela. Enivré par le combat, je laissais mon corps se mouvoir comme par instinct. J'avais été élevé dès mon plus jeune âge pour être un guerrier, un soldat. Le champ de bataille était mon terrain de prédilection, et maintenant que mon potentiel était pleinement éveillé, je sentais la fluidité absolue dans mes mouvements, comme si chaque coup d'épée, chaque attaque, était naturellement guidée par mon désir de combattre encore et encore.

La rage et le désir de vengeance ne faisaient qu'ajouter de la puissance à chaque fois que j'abattais mes deux épées sur quelqu'un ou que je les enfonçais dans un corps. Bougeant rapidement, abattant un nombre incalculable d'adversaire en un laps de temps très court, chaque coup était donné pour ôter la vie, je voyais alors brusquement tout le monde s'éloigner de moi. Me tournant vers une source de lumière qui me faisait dos, je voyais une dizaine de mages lancer un sort combiné se résumant à une gigantesque vague de feu. L'explosion fut colossale, laissant un voile de sable épais se soulever. Et pour tout amplifier, Anabela se lança à son tour dans la bataille, générant une véritable tornade qui remua encore plus le voile de poussière.

Avec ça Lucifer-nii devrait être calmé... S'il est toujours vivant. Que quelqu'un aille le récupér...

La phrase de la jeune femme fut alors brusquement interrompue. Une vingtaine d'épées émergèrent du nuage de fumée, passant au travers dans de mini-ondes ondes de choc qui le firent se dissiper par endroit. Chaque épée laissait derrière elle un sillon qui témoignait de la puissance de projection des armes, fauchant dans une mini-explosion plusieurs mages sur leur passage. J'apparus alors face à tous au milieu d'un gigantesque cratère. Une épaisse brume noire émanait de toute l'armure, alors qu'on pouvait clairement voir que mes iris étaient désormais écarlate. Je venais d'absorber une telle quantité de magie qu'il m'était maintenant impossible de masquer les effets de la Magia Erebea. Immobile, de profil vis-à-vis de l'armée qui se tenait face à moi, on pouvait voir à mes sourcils froncés et mon air impassible que j'étais loin d'en avoir fini.

Ignorant encore la raison du fait que je n'avais pas souffert de la moindre égratignure, les autres commandants de la caserne se mirent à leur tour à utiliser leur magie simultanément, à plusieurs endroits différents, donnant l'impression que j'étais assailli de toute part. Wolfgang lança un Tornado Shot derrière moi, Gordon un Wave Bullet de face et Alec un Aerial Void. Toutes les attaques arrivèrent en même temps vers moi, avant de brusquement disparaître. En m'entendant prononcer le mot "Complexio", Dimitri compris immédiatement de quoi il s'agissait. Nul doute qu'après tout cela, j'étais encore incroyablement plus puissant que quelques instants auparavant, étant donné la quantité phénoménale de magie que j'avais absorbée. Et pourtant, je sentais mon corps se contracter. J'avais, en effet, trop pris sur moi en utilisant la Magia Erebea à un tel niveau aussi vite après l'avoir juste découverte. Sans les années d'études et d'essais infructueux concernant sa maîtrise, sans doute n'en aurais-je pas été capable.

Toute l'assistance était surprise de me voir ainsi me tenir face à tous, et alors qu'Anabela pestait, essayant de me raisonner en me hurlant dessus un flot de paroles que je n'écoutais pas, je me tournais naturellement vers les mages du Conseil. Ils étaient en train d'évacuer en direction d'un Lacryma de téléportation placé spécialement pour ce genre de situation. S'enfuir ? Ils allaient s'enfuir ? Certainement pas ! Commençant par marcher lentement dans leur direction... Avant de trottiner, pour finalement courir à toute allure, je vis la horde de mages et chevalier se mettre sur mon chemin une fois de plus. Toujours avec mes deux épées, je croisais celles-ci pour lâcher une violente vague d'énergie noire qui en envoyant une vingtaine sur orbite. Mais je fus stoppé dans ma progression par un violent coup de hallebarde chargée d'énergie électrique qui m'envoya dans les gradins, explosant ces derniers au passage.

Dimitri venait de prendre les armes et ordonnait à tous les soldats présents de partir sur le champ. Partir ? Il était hors de question que le moindre d'entre eux participant à cette mascarade, à la protection d'un système aussi corrompu, ne s'échappe. L'amas de bois qui me recouvrait fut rapidement expulsé par uen colonne d'énergie noire qui déplaçait l'air avec une violence inouïe. Me relevant au milieu des décombres, j'expirais l'air dans un râle presque bestial avant de me tourner vers le Général de Mac Anu et ses quatre acolytes, ainsi que le reste des troupes. Il était absolument exclu que j'en reste là. Je m'étais décidé à emprunter le chemin d'une vengeance sanglante envers ceux qui m'avaient pris tout ce que j'avais. Ils étaient là, en face de moi, en train d'essayer de s'échapper. Je ne pouvais pas laisser faire cela.

Serrant mes poings, je levais alors mes bras avec violence pour les rabattre, chacun au-dessus de moi, dans une nouvelle onde de choc dévastatrice qui fit apparaître deux épées imposantes. Mais, en m'entendant prononcer "Adéat", Dimitri écarquilla les yeux. Je venais de convertir l'ensemble de la magie absorbée en énergie magique. Aussitôt, les deux épées déchirèrent l'espace pour créer une fissure dans ce dernier, laissant jaillir un flot infini d'épées, lances, hallebardes et autres armes que j'avais stocké depuis des années dans mon espace Kansô. Frappant les deux épées que je tenais contre le sol, les laissant lourdement retomber, je lançais cet immense vague de métal s'abattre de toute part sur le champ de bataille, frappant tout le monde et ôtant un nombre incalculable de vies en un laps de temps excessivement court.

Il fallut attendre qu'Offenback père frappe le sol de sa hallebarde en générant une explosion électrique pour que toutes les armes soient repoussées, et ne pleuvent en se plantant lourdement sur le sol. Mais lorsqu'il rouvrit les yeux, il vit autour de lui trois de ses lieutenants au sol. Il ne restait que lui et Anabela encore debout. Malheureusement pour moi, les mages du Conseil avaient également profité de cette occasion pour disparaître. Voyant qu'ils n'étaient plus là, je me dirigeais en marchant vers le lacryma. Passant à côté de Gordon, Alec et Artemus, à terre mais encore conscients, à bout de force, je finis par arriver au niveau de Dimitri. Anabela se tenait sur sa gauche, tandis que je passais sur sa droite, m'arrêtant juste à côté de lui.

Crois-tu que c'est ce qu'Alkaid aurait voulu...

Ces paroles prononcées calmement, avec une voix presque paternelle, résonnaient sur le champ de bataille dévasté, au milieu des corps de centaines de chevaliers runiques, certains morts, d'autres plus chanceux juste inconscients. Pour la première fois, ma voix résonna sur le champ de bataille pour autre chose que pour les incantations de ma magie.

Ce qu'aurait voulu Alkaid... Ce en quoi elle croyait... N'est pas la justice qui l'a conduite à sa mort.

Et tu es prêt à vivre en criminel pour la recherche de cette justice ?

Non... Je suis prêt à faire sombrer ce monde dans un enfer de sang et de mort jusqu'à effacer la corruption qui règne ici... Et qui m'a pris celle que j'aimais...

Passant à côté de Dimitri, voyant qu'Anabela ne savait pas comment réagir, à la fois triste de se battre contre moi mais tiraillée par son devoir de m'arrêter, je marchais lentement vers le Lacryma. De la même manière que Wizzard senior, si Offenback avait voulu m'arrêter, il savait pertinemment que c'était le moment où jamais, alors que je me dirigeais vers cette issue. Même si je ne le voyais pas, je pouvais entendre le bruit de ses larmes couler sur le sol. Tout comme je me remémorais les instants passés en sa compagnie lorsqu'il nous enseignait le combat, ou partait avec nous lors des "moments détentes" de la caserne, je savais que ces mêmes souvenirs le faisaient souffrir et retenaient sa lame. Il n'était pas encore prêt à me tuer... Et ce fut la seule chose qui me sauva la vie ce jour-là. Au moment où je touchais le lacryma de téléportation, sachant pertinemment qu'il ne me conduirait pas aux mages du Conseil mais dans un tout autre lieu qui habiterait mon esprit, j'entendais la voix de Dimitri une dernière fois, prononcer des paroles qui resteraient gravées dans ma mémoire à tout jamais.

Alors la nature de ton âme est tordue, déformée, viciée... et incroyablement pure...

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