Oak town... La ville dans laquelle une certaine guilde, Hungry Wolves, s'était établie il y a de ça des années... Et c'est dans cette même guilde que, depuis quelques années, j'officiais, si on pouvait dire. Au service de sa majesté, de la royauté, de toutes ces choses semblant plus pompeuses qu'attractives, avec leurs contraintes pour chaques actions. Enfin, ce n'était pas comme-ci on pouvait y changer quoi que ce soit...
Le monde n'étant pas entièrement blanc, une certaine part sombre existait, derrière cette façade royale. Les dorures, le pouvoir possédant son système très officiel de guildes de mages d'un côté, mais possédant également cette guilde dans laquelle je travaillais. Une guilde libre de tuer si nécessaire et, évidemment , la seule autorisée à le faire. Imaginez le bordel, sinon...


Enfin, voilà quelques années que j'étais entrée dans la guilde... L'ambiance étant ce qu'elle était, au moins avais-je réussi à me familiariser correctement avec ma camarade de chambrée, Merwyn. Ou plutôt mes, en comptant Dorothy le Sorcelin... Enfin, la... Enfin, quelque chose que je n'avais pas vérifié, aussi devais-je me contenter de croire les dires de ma colocataire. Quoi que, la sorcelin étant assez timide, les débuts s'étaient révélés quelque peu difficiles...

"Oy, Luz ! Cesses de somnoler !"

Secouant ma tête, regardant le gâteau presque achevé, auquel j'apportais les dernières touches... Oh, oui. Notre guilde, plutôt spécialisée dans les travaux sombres, avaient à l'occasion des quêtes un peu plus... Simples, ou classique. Aussi avais-je décidé de prendre une quête pour aider à la préparation de gâteaux pour le mariage d'un noble dont j'avais oublié le nom... Et je dois dire que, passer la journée à voir chocolat, crème, fraises, mon estomac me criait de goûter, mon esprit me hurlait de résister. Mon corps s'était mis à tourner naturellement au ralentit, jusqu'à arriver à une sorte d'état de mi-fatigue, semi hibernation permettant de ne plus être affecté. Et je dois dire que cette statuette de chocolat blanc et noir pour les tenues représentant le couple était bien réussi... Pourquoi étais-je uniquement douée, avec une arme blanche et en cuisine, dans le domaine des desserts, douceurs et autres bonnes choses ? Mon maître n'avait pas compris comment survivre...

Enfin, le dernier gâteau décoré et je regardais l'heure... Même si, au final, ce n'était pas nécessaire. A ce niveau de bâillement, d'étirements, la réponse était simple. Tard. Il faisait déjà nuit. Et tous ces trésors seraient hors de portée, demain, une fois embarqués... Une bien triste réalité, que je rompais en baillant, avant de saluer le commerçant dont la nuit n'allait pas se finir, avec ses autres apprentis, avant de nombreuses vérifications...

Enfin, mes pas me guidèrent dans les -petites- rues d'Oak town de nuit.
Et je devais l'admettre, la ville, dans la pleine lune à laquelle on avait droit ce soir, parfaitement dégagée, avait son charme. Et dire qu'un certain grand évènement allait se produire, sur une île éloignée, dans quelques temps... Le calme trompeur de cette soirée était, peut-être, un avertissement discret ?
M'enveloppant correctement dans mon manteau blanc, soupirant doucement, alors que mon corps prenait de plein fouet la différence de température entre la pâtisserie et l'extérieur... Oui, mon lit m'appelait, j'avais bien besoin de le rejoindre, pour le coup. Pas grave, pour la douche, elle attendrait demain... Enfin, qui se plaindrait d'une personne dégageant les bonnes odeurs de gâteaux, me direz-vous ? Oui, les personnes au régime... Une excuse mentale pour ces personnes. Sincèrement.

Titubant, veillant à passer inaperçue en rejoignant le bâtiment de la guilde -ma conscience étant, à ma surprise, encore dans un état fonctionnel. Mais en passant les portes du repaire obscur, en arrivant devant la porte, une énième expression de ma fatigue venait de la débrancher.
Ouvrant mollement la porte, frottant mes yeux d'une main, je regardais la lumière de la lune passer à travers la fenêtre... Venant tomber sur le visage de ma camarade de guilde. Enfin, entrant discrètement, refermant la porte tout aussi silencieusement... J'atteignais mon armoire, l'ouvrant pour ranger mon manteau et ma ceinture... Il fallait l'admettre, ranger de simples vêtements n'avait jamais été aussi laborieux, avant...
Le cintre dompté, un chemisier attrapé, je l'enfilais, en refermant la porte, avant de commencer à la boutonner, en me dirigeant vers mon lit, surveillant encore Merwyn du regard... Toujours son goût assez enfantin en matière de pyjama... Enfin, probablement toujours mieux que moi et mes éternelles chemisiers légers, sans bas autre qu'un sous-vêtement, noir actuellement... Noir et blanc, pour la tenue en somme, que je n'avais pas eu la force de boutonner entièrement, comme à mon habitude... Mais, mes mains arrivaient au bout des manches, un peu trop grandes. Déposant mes deux armes sur le côté de mon lit, situé au côté gauche de la chambre par opposition, j'allais pouvoir m'étaler dans mon lit misérablement, finalement, mes yeux étaient déjà clos depuis un moment, à dire vrai...

Cependant, comme déjà de nombreux soirs, voir Merwyn comme ça m'attirait inexorablement jusque dans son lit... Me forçait, pour peut-être... La bonne 50e fois depuis son arrivée à me retrouver à dormir avec elle ? Si paisible... Tranquille...m'installant sur son bras droit, venant passer un bras et une jambe pour la serrer, tel un doudou... Non, vraiment, je peux vous l'assurer, Merwyn est un très bon compromis lorsque l'on a aucune peluche. Entre cette peau toute douce, la facilité de la prendre dans ses bras, sa chevelure corbeau et lisse... Oui, au final, j'étais partie pour une bonne nuit de sommeil dans ces conditions encore...
Désolée Merw', si j'affecte tes rêves d'une quelconque façon, en te serrant comme ça, avec mon odeur sucrée... Oh tiens, je crois que mon chemisier n'est qu'à moitié fermé dans l'histoire... Oh, pas grave, ma conscience m'abandonne.

Si on me demandait à quel point Merwyn pouvait être confortable pour dormir, je pourrai lever sans l'ombre d'un doute un panneau marqué 10. Un confort absolu, expliquant pourquoi, à de trop nombreuses reprises, je me trouvais à l'utiliser comme coussin à câliner. Ou comme matelas, par moment. Les deux à la fois étant le cas, actuellement, au vu de mon positionnement.

Cependant, étant la plus âgée, je me devais de montrer, même dans mon sommeil, le bon exemple. Certes, je m'étais laissée -une nouvelle fois- entrainer par sa frimousse adorable quand elle dormait, mais ça ne voulait pas pour autant dire que ça allait me perturber ! Et si elle pouvait rêver de choses liées à des gâteaux venant l'enlacer, ou la poursuivre, pour ma part, mes rêves étaient bien différents !... Oui, la frustration de n'avoir pu, pendant toute la journée, goûter aux délices chocolatés me hantait, même dans mes rêves. Ce qui se résumait par serrer la plus jeune dans mes bras en marmonnant des "Non, reviens... Laisse-moi te manger..." et en m'agitant très légèrement, me permettant d'expliquer le contenu inutile de mes tourments aux lecteurs.

Une fine équipe d'assassin, n'est-ce pas ? Mais cessons ce pessimisme flagrant. On pouvait rester professionnelles s'il le fallait !


Cependant mon réveil fut brutal, comme toujours dans ces conditions. Très terre à terre, dirai-je même. Une unique expression de douleur et de surprise mêlée, exprimé au travers d'un "Gak !" confirma la situation. A terre, sur le dos, légèrement sonnée. Mon haut déjà bien peu fermé me dévoilant d'autant plus. Et aussi la lumière du soleil qui commençait à passer par la fenêtre, en pleine face, me forçant à fermer les yeux avec force. Me redressant en frottant mes yeux, dans l'habituelle incompréhension entraînée par un réveil de ce type, tout en remarquant bien distraitement l'état de ma chemise, je hochais tout d'abord la tête pour répondre à sa question. Enfin, peut-être en réponse à ne pas me lasser et à bien dormir. En fait, je nageais un peu trop pour ma propre santé, en ce moment, n'arrivant pas à avoir un fil conducteur dans mes pensées.
Mais, je n'allais pas oublier la politesse dans ces circonstances.

"Bonjour aussi... Le sommeil était bien comme toujours avec toi... Mais bizarrement, le réveil était moins agréable... Dire que j'étais à ça d'attraper ce gâteau..."

Secouant légèrement ma tête en me redressant, pour m'étirer à mon tour, mais également pour essayer de reconnecter mon cerveau, la vue habituelle d'une mercenaire dénudée s'offrait à moi. Une vue que pas mal de garçons auraient payés cher pour voir, mais dont j'avais un privilège absolu. Du moins, si mon esprit était capable de l'assimiler correctement. Les réveils étant assez choquants...
En fait, on avait passé le stade de gêne depuis un moment. Probablement parce qu'on était deux filles, ou alors parce qu'à force de dormir ensemble, nous nous étions rapprochées ? Mais en me relevant pour la rejoindre à ce bout de la pièce, déboutonnant ma chemise -la prochaine fois, je dormirai avec, mais ouverte, ça ira plus vite pour me changer- je me changeais également, de mon côté, enfilant difficilement la même tenue que la veille au soir. C'est avec les dernières odeurs de la pâtisserie que je finissais de me réveiller, enfilant mon manteau pour laisser mes épaules à l'air libre. Un peu de liberté ne pouvait pas faire de mal...


Car oui, le programme habituel allait commencer. Bien que mon esprit ne soit pas encore à même de décider d'accepter. Ni même en état de bien comprendre ses dires, même, à cet instant, un réveil doux, avec un bisou sur la joue serait agréable un jour. Or donc, c'est d'une voix bien détachée, trahissant le mensonge précédent de mon éveil plus haut dans le texte, que je lui répondis simplement :

"Décrassage... Oh oui, ça..." Un léger frisson venait de me parcourir, alors que je me tournais pour lui faire face. Mon esprit ne pouvait comprendre, mais mon corps, lui, le pouvait. Au réveil, encore, comme ça ? Depuis son arrivée dans la guilde, mes matinées n'étaient plus aussi douces qu'avant.

Fini, le temps où je pouvais m'enrouler dans ma couverture pour me cacher du soleil, pour être simplement au calme... Cependant, mon regard s'était naturellement porté -non pas sur sa tenue, pour l'instant, bien qu'après coup oui, j'allais la regarder en ayant encore les images d'elle sans cette tenue en tête- sur Dorothy. Bizarrement, elle semblait... Moins en forme que d'habitude. Ce serait donc un entrainement à deux seulement ? Oui, une légère inquiétude pour cet être passait dans mon regard. Après tout, je pouvais dire pour mon cas que le côté humain et monstre était passé. Serrant simplement mon arme railgun dans son holster, secouant ma tête, c'est avec exagération que je joignais mes pieds ensemble, en tendant un bras le long du corps, et la main du bras opposé au-dessus de la tête, dans un salut militaire, pour déclarer...

"Chef oui chef..." D'une voix encore endormie, et faible pour veiller à ne pas troubler la dernière belle au bois dormant. Peut-être lui demanderai-je en chemin pourquoi Dorothy n'allait pas nous accompagner, car je me représentais mal quelqu'un capable de nuire à leur duo au point d'en laisser une sur la touche.
Cependant, j'appréhendais d'avance quel exercice elle nous imposerait, aujourd'hui. Mais on finirait sur un bon vieux combat au corps-à-corps, le domaine que je préférais, aussi pouvais-je ressentir un peu de motivation. Et la suivre sans me plaindre.

Ah, l'arrivée de Merwyn dans la guilde... Elle avait été assignée d'office dans la même chambre que moi. Bien que ma surprise de voir sa sorcelin au début, m'avait fait me demander si j'hallucinais, ou si je devais sortir mon arme et tirer en lui disant de se baisser... Non, au final, je ne l'avais pas fait, rassurez-vous. Nos relations auraient été plus tendues sinon.
Mais au moins avait-elle vu la surprise dans mon regard et expliquait la situation. Comme quoi j'allais avoir deux colocataires en plus et non un. Et au final, je dirai que son intégration s'était plutôt bien passée... A quelques occupations de son lit près, car elle me donnait envie de tirer ses joues.


Mais oui, regardez-la dans son sommeil, vous comprendrez parfaitement ! Bien qu'au début, je m'en sortais moins bien qu'avec une simple poussée du lit. En fait, ma situation actuelle n'était pas tellement à plaindre. Même si je continuerai de le faire, se retrouver à terre de bon matin n'étant pas le moins du monde agréable. Le sol, quel qu'il soit, n'étant pas propice à la réception... On dira donc trois colocataires obtenus, le 3e étant le sol que j'avais découvert.

Mais sinon, tout se passait normalement. Depuis cette année, on s'entraînait tous les jours ou presque comme ça -seules exceptions lorsqu'une se retrouvait en missions quelques temps- et on s'entendait relativement bien; heureusement pour des personnes emmenées à se côtoyer plus que le reste de la guilde. Et elle m'étonnait, avec cette énergie et ce rythme régulier. Là où on pouvait -avec surprise ! - voir que j'étais bien peu énergique, ou du moins, molle comme pas deux au réveil, Merwyn était déjà capable de se préparer et prévoir un entrainement. Comme-ci le sommeil ne la retenait pas... Enfin, on pouvait se compléter l'une l'autre. Un jour on devrait prendre une mission ensemble.


Oh et dans le fil de mes pensées embrumé, nous étions déjà en train de descendre l'escalier. Mon interrogation silencieuse venait d'avoir une réponse, alors que j'étais encore à me demander comment poser la question sans indélicatesse. Très fatiguée... Oh, oui, elle était partie à la capitale pour un combat au colisée... Bien qu'elle ait mit plus de temps que prévu au retour, je dirai... Un sujet de discussion pour l'embêter pendant le programme, tiens...


Courir quelques kilomètres. Déplacements dans les arbres. Et un bon vieux combat au corps-à-corps. Peut-être l'un des programmes les plus simples qui soit, en fait. Un léger hochement de tête, avant d'étirer un de mes bras. Bien que la fin de sa phrase avait interpellé mon esprit.

" Pour l'instant ? " Oui, le fil de mes pensées était simpliste actuellement. Mon visage ne cachant pas la réflexion intense qui s'opérait dans ma tête, entre mou, plissement de sourcils, étirement du front... Elle s'amusait à mes dépends comme toujours. Enfin, le respect pour les ainés, je suis ta sempai dans cette guilde, j'aurai pu lui dire... Enfin, de quoi pourrait-il s'agir... La possibilité d'avoir plus d'eau chaude à la douche, un gâteau fait maison ? Bah, d'un frottement de mes yeux, je décidais de porter mon attention sur le programme. Suffit de s'embrouiller, un peu de sérieux, la forêt était en vue !


... Jusqu'à ce qu'une tape en douceur dans mon dos, si proche de me motiver, ne perde de son effet avec l'arrivée d'une boutade. A laquelle répondais-je simplement, en me tournant, joues gonflées. Non, là c'en était trop. Suffit la jeunesse, il fallait sévir. Ainsi, je venais d'attraper ses joues pour les tirer en douceur, pour lui rappeler sa condition de marshmallow. Ou du moins, juste pour lui rendre la gentillesse, bien que je fasse attention à ne pas tirer trop fort, juste assez pour l'embêter avec un léger succès, tout en profitant un peu de cette envie mentionnée mentalement bien plus haut pour les attentifs.

"Moh. Désolée si je ne peux pas résister quand tu as l'air si confortable. Mais en même temps, c'est ta faute..." Un simple reproche plein de gentillesse. Bien sûr qu'elle n'était pas fautive. Et elle le savait, j'étais quelque peu... Originale ?
Relâchant doucement ses joues pour me tourner vers le chemin -vous la sentez, la personne adulte que je suis ? Moi, en cet instant, non- je donnais une petite tape sur mes propres joues pour me réveiller, remettant correctement mon manteau, avant de la regarder, avec un petit clin d'oeil "Mais, qui sait ? On pourrait expliquer cette tendance à finir dans ton lit avec ça ?"

Après un léger "Tehe" en tirant la langue, estimant avoir suffisamment joué, au moins étais-je maintenant réveillée... Ah, peut-être m'étais-je une nouvelle fois avoir. La pensée me traversait l'esprit, alors que j'écoutais ses diverses réactions en commençant la course. Au moins aurions-nous de quoi parler, je pense, pendant ce petit marathon.

"Oh tiens... Et ce match, alors ? J'ai l'impression qu'il s'est moins bien passé que prévu..." Une légère pose, en la regardant. "Rien de grave pour Dorothy ?" Mon regard s'était inconsciemment porté à l'endroit où l'intéressée aurait dû se trouver. Trop fatiguée pour venir n'étant pas jugé assez rassurant pour ma pensée.

Simple question, pour m'en assurer. Mes pensées sont étranges, mais au moins, je pouvais m'inquiéter à ma façon. Ce qui était une preuve simple de mon affection...