Carmina, une ville particulièrement connue pour sa culture, était mon prochain arrêt dans ma route vers la recherche de mes origines. Etant l’endroit où le plus de cultures se côtoyaient, les chances que j’avais de retrouver des souvenirs y étaient plutôt grands. Et dans le pire des cas, le cas où rien ne me revenait, qu’avais-je à perdre à visiter une ville aussi charmante ? Rien que de s’y promener, on ne voyait plus le temps passer... Enfin, ça et le fait d’essayer de fuir un type en long manteau rouge. C'est-à-dire que partout où j’allais, il était toujours là, au maximum à vingt mètres de moi, que ce soit devant ou derrière moi. Et puis... Quand j’arrivais à le semer, ce n’était pas pour plus d’une quinzaine de minutes. A croire qu’il m’en voulait vraiment ! Mais, au fur et à mesure que la journée passait, je n’arrivais pas à le faire partir, m’exténuant pour rien. D’ailleurs, c’est uniquement lorsque la nuit tomba que je remarquai qu’on était le soir. Heureusement, il disparu avec le jour... Flippant ! Mais avec tout ça, pas un seul souvenir de retrouvé...

Quand je rentrai dans une auberge, choisie au hasard, pour aller y prendre une chambre, je remarquai le type en manteau rouge. *Mais comment il fait ... ?*. Peu importait, j’en avais marre... Je m’écroulai juste sur un banc et attendis de voir si l’autre m’avait remarqué et s’il réagirait. Et en effet, peu après mon arrivée, il sortit de l’auberge. Il avait pourtant l’air de vouloir y rester et ne semblait rien attendre de particulier pour la nuit. Je me demandai ce qu’il fallait que je fasse pendant quelques instants avant d’aller voir à l’extérieur, à mon tour.
Lorsque je fus sorti, il n’y avait plus personne dans la rue. Je m’y avançai un peu et découvris une petite impasse sur la gauche, donnant probablement sur la cuisine et les poubelles de l’auberge. J’allais y jeter un œil lorsque je fus plaqué au sol, sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, il s’agissait du type en rouge qui me retenait avec un couteau sur la gorge. Je n’avais pas de quoi faire le malin... Ceci dit, s’il avait cherché à me tuer, ce serait déjà fait. Et comme je n’avais pas du tout envie de me battre, et encore moins de me faire tuer, je lui proposai un marché :

J’suis fatigué... Tu m’as poursuivi toute la journée ! On fait une partie de pierre papier ciseaux et celui qui l’emporte répond aux questions de l’autre ? Ca te va ?

Le vrai problème était en fait que je ne savais pas du tout ce qu’il allait faire après, de cette proposition. C’était peut-être juste un voleur... ou un assassin. Je ne voyais pas trop pourquoi quelqu’un cherchait à me tuer, surtout que je ne faisais pas du tout parti des chevaliers runiques les plus recherchés par les mages noirs. Dans tous les cas envisageables, je n’étais quand même pas en bonne posture, malgré mon seul bon point : son but n’était pas de m’assassiner.

Ce coup là était risqué, mais dans ma position, je n’avais pas beaucoup de choix. Je voulais principalement gagner du temps. Mais bon, j’étais quand même loin d’imaginer qu’il voulut accepter. Pourquoi pas, après tout ? J’avais hâte de savoir ce qu’il me voulait... Et même si je perdais, j’avais l’impression de ne pas trop avoir à risquer. Quoiqu’il en était, ça ne pouvait être qu’amusant ! Quoique... J’avais la très moyenne envie de me faire tuer parce que j’aurais gagné, bien que pour jouer, il aurait fallu qu’il me libère et alors, je serais dans un meilleur état pour me défendre. Mais il n’avait pas l’air de mentir, il répondrait très probablement. Je me relevai donc, m’époussetant au passage. Lui-même était debout et son arme dégainée, il avait l’initiative en cas de combat. Et puis... Mettre le feu à toute une rue de Carmina n’était pas forcément une bonne idée pour se défendre. Je m’étais donc relevé, tandis que j’avais une main dans le dos, j’avais aussi une main très proche de mon fourreau, même si je doutais rivaliser en vitesse avec lui. Le type en rouge avait d’ailleurs mis sa main derrière son dos, comme moi, et nous comptions à l’unisson :

Pierre... Papier... Ciseaux !

J’avais joué la feuille. Pourquoi ? Allez savoir. Je ne connais pas tous les stratagèmes de ce jeu, pour moi il ne s’agissait que de chance. S’il avait joué, lui aussi, la feuille, il aurait fallu recommencer et rejouer. Là, des tas de gens disaient qu’il y avait une technique, mais je ne l’avais jamais comprise. Et je m’en fichais pas mal. Paradoxalement, là, j’aurais vraiment voulu la connaître, histoire de mettre toutes les chances de mon coté. Mon adversaire pouvait être sûr que je ne lui dise pas de secrets sur la caserne, de toutes façons je n’en connaissais que très peu, si ce n’était pas aucun. Alors s’il cherchait autre chose... Je me doutais que ça n’était pas trop important. Néanmoins, c’était un doute. Qui savait ce qu’il pouvait bien me vouloir... ? Et s’il n’était pas satisfait, profiterait-il de ma fatigue pour m’abattre ? Il m’avait bien plaqué au sol. Je ne savais donc pas trop quoi penser. Et si je savais une chose, c’est que malgré le grand sourire que j’affichais quand je jouai la feuille, en réalité, bien que je m’amuserais probablement un peu, j’étais très anxieux. Très.

Gagné ! Il avait joué la pierre ! J'allais enfin savoir qu'est-ce qu'on me voulait, à condition qu'il respecte les règles, bien sûr. Un peu gêné par la situation, il se présenta quand même : il s'appelait Russell. C'était un bon début. Il s'agissait d'un mercenaire qui voyageait, prenant des nouvelles de Carmina. Il ne précisait pas trop, mais, moi non plus, je ne lui aurais pas forcément dis que j'étais un amnésique qui cherchait des souvenirs. En tout cas, ce qu'il me dit et sa réaction faisait de cette poursuite une simple coïncidence. Quoique, simple, pas trop, c'était même plutôt incroyable. Je souris même de cette étrange situation. Mais voilà qu'il me demandait déjà qui j'étais. Ce mercenaire ne perdait pas de temps... Mais je pouvais au moins être sûr qu'il pensait la même chose de moi que ce que j'avais pensé de lui auparavant. Alors je me devais au moins de l'éclairer.

-Je suis Kenta Hoshi, agent du Conseil, affecté à la caserne de Mac Anu. Ce que je fais à Carmina est personnel. D'ailleurs, interpeller quelqu'un en lui mettant une dague sous la gorge est plutôt malpoli, vous savez ? Et si je n'avais pas eu l'impression qu'il s'agissait d'un malentendu, vous auriez déjà des ennuis.

J'espérais lui avoir fait passer le message : même si j'étais relativement très fatigué, ça ne me dérangerai pas de m'attaquer à un type qui a failli me tuer. Bien que je ne connaissais pas sa force, il avait l'air vif, sûrement plus que moi, mais en terme de force brute, il ne m'égalait probablement pas, alors que j'avais l'avantage de la magie puisqu'il était mercenaire. Bref, ma première impression de lui n'était pas excellente. Mais qui sait s'il s'agissait juste de la première ? Avec de la chance, il était peut-être très sympa et on pourrait oublier l'incident. Je suivis mes précédentes paroles par une invitation à rentrer, car la nuit était un peu froide, finalement, pour le mage de feu que j'étais.

-Viens, on rentre, j'ai faim, on pourra discuter un peu peut-être ? En dehors de l'aspect d'assassin que tu émets, t'as pas l'air bien méchant.

Non, je ne le traitais pas d'assassin, mais c'était vraiment la sensation que j'avais eu en me faisant plaquer au sol : être sur le point d'être tué. Mais je voulais surtout discuter, principalement pour enfouir mes suspicions. Il s'agissait juste d'une coïncidence, même si ses conséquences étaient un peu exagérées, après tout. Mais je voulais aussi parler pour passer le temps. Je ne comptais pas dormir immédiatement, j'avais entendu des gens parler dans le restaurant de l'auberge et leur projet semblait... On ne peut plus intéressant. Je me demandais si Russell en avait entendu parler, ça risquait d'être une sacrée surprise ! Mon coeur palpitait pour les futurs événements de la soirée, car si ces types allaient vraiment faire ce qu'ils avaient projeté, alors on pouvait s'assurer pas mal de fou-rires. En passant la porte, un bref coup d'oeil aux gars au centre de la pièce me fit comprendre que l'attente ne serait probablement pas longue avant "le grand défilé". Bah, en venant ici, j'avais regretté de voir Russell, mais maintenant, je me disais que c'était pas plus mal pour nouer ces liens d'amitiés que j'avais tant de mal à établir.

Dernière édition par Russell Maxwell le Lun 27 Oct - 22:18, édité 1 fois

On avait failli rater le coup d'envoi ! À peine rentrés, nous avions vu les deux camps. Mon compagnon n'avait pas l'air de comprendre pourquoi il n'y avait personne au centre de la pièce... Sans explications, je me précipitai derrière une table, près des escaliers en cas de repli stratégique, alors que le responsable de l'établissement annonçait le feu vert. Une bataille de nourriture ! Ça promettait de bons rires, mais aussi et surtout beaucoup de casse. Ceci dit, ce n'était pas pour autant que je n'allais pas participer aux festivités. Malheureusement... Dernier arrivé, premier visé. Et c'est ainsi que Russell reçut ce que je pensais être la purée la plus mémorable qu'il aura jamais goûté. Bah oui, on avait trop traîné. En même temps, je n'aurais certainement pas été celui qui le préviendrait ! Il n'avait pas du tout compris ce qui lui arrivait... Faut dire, moi non plus, je n'en menais pas large : j'entendais des "shploc shploc" en permanence avec la choucroute qu'on m'avait étalé sur tout le coté droit de ma tête. Même mes cheveux bleus n'étaient plus bleus ! C'était complètement n'importe quoi et pourtant, même moi, je m'amusais comme un gamin. Quand j'avais choisis cet établissement au hasard, je m'étais un peu étonné du prix, mais, maintenant, je comprenais pourquoi.

Les camps ne tinrent pas plus de trois minutes dans ce chaos et des mutineries commençaient à avoir lieu, surtout dans notre camp. Prenant l'initiative pour me venger de Russell, je ne perdis pas une seconde en voyant la grosse tarte à la crème arriver près de moi : je la récupérai et m'apprêtai à la relancer sur une cible qui n'était autre que mon voisin.

- Oh, Russell, regarde ça !

Et... Paf ! Une tarte dans la tête, une ! Sans même regarder le résultat et comprenant que j'allais bientôt récupérer ce que j'avais semé, je sautai par dessus la table qui nous servait de protection pour courir au milieu de la salle, où je devenais la cible numéro une de tous les participants. Il ne me fallut pas plus de deux secondes d'esquive des délicieux projectiles pour glisser sur... Une peau de banane. Bon sang ! Les gens font traîner de ces machins durant ce genre d'événements... Bref, j'atterris la tête la première dans un sceau de compote de pomme. Si j'avais eu le temps, je l'aurai mangé, vraiment, mais, à ce moment-là, j'aurais pu cuisiner un plat en essorant ma veste. C'était... Difficile à croire. En me relevant, je me promis de peindre la scène si j'en aurais l'occasion... De toutes manières, mes frères d'armes de la caserne ne me croiraient probablement pas, vu mon caractère habituellement distant.

Me relevant, je courus vers mes anciens adversaires, qui me firent vite une place sans même m'observer. Je ne sentais même plus ma fatigue avec toute l'adrénaline que me procurait le danger de se faire toucher par un A.V.N.I. : Aliment volant non identifié. C'était ça, un vrai jeu ! Il n'y avait pas de règles et pas de gagnants, puisqu'à la fin tout le monde finissait dans un sale état, donc le but était juste de s'amuser un maximum. Un objectif que je remplissais à merveille.

Quelques instants après avoir trouvé une nouvelle cachette, Russell et son visage blanc de crème me fonçait déjà dessus en me visant avec de la purée, qui ne tarda pas à arriver dans mes yeux. Je l'avais bien cherché, ceci dit. Le temps de me reprendre et d'essuyer mes yeux, il avait déjà disparu. Dommage ! Juste après, alors qu'on se défendait contre une nouvelle vague de viandes volantes, je remarquai un gars en manteau noir tacheté par la nourriture : c'était Russell. Enfin... Russell et la tarte que je lui avais envoyé. Sans perdre un instant, je pris un allié temporaire qui passait par là et je l'utilisais comme bouclier. Il cria mon nom avant de lancer le reste de tarte. Heureusement, je ne reçus que quelques éclaboussures de crème, alors que mon protecteur, lui, avait désormais l'air d'un yéti. Russell ne tarda d'ailleurs pas à venir me rejoindre, maintenant que nous nous étions chacun vengé l'un de l'autre. Nous reformions donc notre groupe de départ. Mais les munitions devenaient de plus en plus rares, à tel point que nous devions nous nettoyer à la petite cuillère pour continuer le combat. Le parquais était jonché de personnes qui avaient abandonné et de nourritures en tout genre. Les murs avaient été repeints par les jets réguliers de sauce. Le plafond était même parsemé de tâches de purée. Une côte de porc observait le spectacle, pendue au lustre. Aussi fallait-il parler du bruit ? Vraiment, ça se résumait à shploc shploc et mes propres rires. C'était pitoyablement drôle. D'autant plus que pendant que nous ramassions la moindre miette pour la lancer à notre voisin, on le ratait tant on riait. À un moment, pris d'un élan d'imagination lorsqu'un gars me fonçait droit dessus avec un sac de farine entre les mains, j'attrapai l'ex-participant étalé au sol le plus près pour le jeter et le faire glisser sur le sol en essayant de faire une sorte de curling-bowling sur la quille qui avait un sac de farine entre les mains.

Ouais. On pouvait dire que c'était vraiment n'importe quoi. Mais je pressentais que le pire restait encore à venir... En effet, la même voix qui nous avait donné le feu vert annonçait la phase finale. Qu'est-ce qu'il allait faire ? J'avais vraiment hâte de le savoir. Et bien il est allé déposé au centre de la pièce...
Une pièce montée de lasagnes d'un bon mètre.
Autour de moi, personne n'osait y croire. Sur le moment, je ne pensai absolument pas à mes vêtements, mais aux nombreux dommages que ces lasagnes pourrait faire sur ceux des autres. Me ressaisissant rapidement, je fonçai tête baissée, avec plusieurs autres personnes en hurlant un cri de guerre incompréhensible, sur le gargantuesque plat pour en prendre à pleine main et en lancer sur à peu près tout ce qui se mouvait. À peu près parce que je tirais aussi sur ce qui bougeait pas. Je ne voyais plus Russell.

- T'es où, Russell ? J'ai un cadeau pour toi !

S'il avait été à coté de moi, je lui aurais envoyé la tête dans le plat pour la purée de toute à l'heure. En y repensant, j'avais oublié notre rencontre un peu froide, ou plutôt glaciale. Au fond, je ne lui en voulait pas, il s'était défendu, et j'aurai probablement fait pareil au bout d'un moment. Mais maintenant, c'était la guerre des lasagnes et j'avais autre chose à penser... Comme faire exploser un maximum de sauce tomate, de fromage et de viande sur les autres. Sans oublier les murs, bien sûr.

Peu à peu, le nombre de participants se rapprochait de zéro. En fait, il n'en était plus loin du tout... Au fur et à mesure de la bataille, on avait vu beaucoup de personnes battant en retraite, mais les derniers instants firent un massacre. C'est à dire qu'on avait repeint sol, murs et plafond de lasagnes ! Je ne termina certainement la bataille, m'effondrant peu après l'arrivée des lasagnes, la fatigue ayant eu raison de moi. En fait, je m'étais carrément endormis en glissant pour la seconde fois de la soirée, trouvant un truc derrière ma tête qui ressemblait étrangement à un flan mais qui fit quand même office d'oreiller.

Lorsque je me réveillai enfin, ou plutôt qu'on me réveilla en enlevant mon pseudo-oreiller, les joueurs en meilleur état avaient déjà commencer à nettoyer la salle. Une longue tâche que j'avouais ne pas vouloir faire, mais comme les bons joueurs, je me levai et pris une serpillère qui traînait. On passa une bonne heure à curer la moindre tâche, sous les paroles encourageantes du patron. Encourageantes et sévères. Car il fallait le dire, c'était plus des ordres qu'autre chose, quoique je ne faisais plus trop la différence dans mon état de fatigue. Mais l'avantage, c'est que ça fonctionnait et la salle serait en train de briller si nous étions dans un manga.

La cuisine avait apparemment été équipée en conséquence puisqu'il y avait des douches, en plus de l'équipement normal. On y passait tout habillés, de toutes façons on aurait eu du mal à enlever nos vêtements collants. Et sans toute la nourriture y collant, on pouvait constater les dégâts reçus. Certains se vantaient de ne plus avoir la même couleur que d'origine, tandis que ceux qui n'avaient que deux ou trois tâches se cachaient. Moi, je ne reconnaissais pas mes vêtements... Quand je cherchai Russell du regard pour voir son état, je ne réussis pas à le trouver. Je me demandais s'il était déjà parti dormir, mais allai quand même voir dehors s'il n'était juste pas en train de s'aérer. Bingo ! Il était allé se laver à la fontaine, sûrement car il y avait trop de monde dans la cuisine. Je le comprenais parfaitement, en fait...

Il dit tout haut qu'un agent du conseil était sympa. Il parlait de moi. Russell ne devait probablement pas savoir que j'étais dans le coin. Je le trouvais sympathique, finalement. Paradoxal, quand on savait que j'avais sa dague à un centimètre de la gorge en début de soirée.



Oui, je tendais la main à quelqu'un qui avait failli me tuer. Ce n'était peut-être pas forcément bien, mais je savais au fond de moi que ce n'était qu'un concours de circonstances. On devait avoir l'air malin, nous deux, en pleine nuit et trempés jusqu'au os avec des vêtements qui appartenait plus à l'abstrait qu'autre chose. Pourtant, la situation me faisait rire. Au sujet de sa réponse, je n'avais pas de doutes, s'il refusait ça paraîtrait quand même assez étrange, surtout qu'il venait de dire que j'étais sympathique.

J'étais trempé jusqu'au os, plongé dans mes pensé pendant que je revenais sur mes pas. J'ai été surpris par Kenta qui venait à ma rencontre, il m'avait fait peur le bougre.

- Alors comme ça je suis sympathique ? Hé hé... Dis, une poignée de main, pour oublier l'incident et ne se souvenir que de la bataille, ça te va ?

Je m'étais mis à rire, je me lâchais. Il fallait dire aussi que j'avais faillis le tuer pour me défendre, mais d'un autre coté, ça me faisais plaisir qu'il le prenne ainsi, c'est vrai que la bataille était mémorable et je préférerais garder un bon souvenir et non l'inverse. Et qui sait peut-être venais-je de me faire un ami? Un ami du conseil certes mais quelle importance tant que personne ne sait qui je suis.

"Va pour la poignée de main, cette bataille était vraiment cool. Ça fait un moment que je ne me suis pas amusé comme ça."

C'était la première fois que je tendais la main à quelqu'un que j'avais soupçonné de vouloir me tuer. Et la première personne depuis des lustres à qui j'accordais ma sympathie. C'est en effet bien rare. Mais pour je ne sais quelles raisons je pensais que Kenta était différent. *J'espère ne pas me tromper sur son compte* pensais-je. Je me demandais quand même si je serais prêt à le combattre si un jour il venait à être mon ennemi, tout en espérant que ce jour n'arrive jamais. Mais ce n'était pas le moment de penser à ça, l'heure était à la camaraderie. Aussi je lui proposa rentrer à l'auberge même si je n'avais pas tellement envie de passer la nuit dans celle-ci, le ciel était dégagé et la lune magnifique.

Après quelques pas, je sortis ma flûte, je la regardais un moment. Puis la rangea dans ma poche, *J'en jouerais plus tard*. Sur cette pensé je me remis en marche.

À son tour, le mercenaire ria avant de tendre sa main. Nous étions donc d'accord, surtout sur le fait que la bataille avait été un jeu sacrément sympa. Quant à l'attaque, j'avais beau être sûr qu'il s'agissait d'un malentendu en découvrant Russell, je n'oublierais certainement pas le fait qu'on m'ait agressé comme ça. Comme s'il se reprochait quelque chose... Mais je me faisais sans doute des idées. Russell était quelqu'un de pas trop méchant, au fond. Quoique maintenant que j'y pensais, il ne s'était pas excusé... Je ne lui fis pas remarquer, mais j'aimais pas trop ça, bien que nous ayons dit que nous allions oublier. Nous rentrâmes à l'auberge, le sourire aux lèvres. Sur le chemin, il sortit un instrument de musique, une flûte, avant de la ranger pour une raison inconnue. La fatigue, probablement. Après tout, on avait passé tous les deux la journée à essayer de s'échapper sans y arriver. Bien sûr, mon état de fatigue aussi était déplorable : j'avais réussi à m'endormir sur un flan, alors bon... Il était clair que je n'allais pas peindre en tout cas, malgré l'idée qui m'avait traversé l'esprit plus tôt. Je n'aurais certainement pas eu la concentration nécessaire.

Nous nous séparâmes à l'auberge et je m'écroulai sur le lit de ma chambre. Mes jambes avaient la même consistance que mon précédent oreiller ! D'ailleurs, le nouveau était bien plus confortable. Ayant le courage de me relever, je voulais quand même me mettre en pyjama. Évidemment, mouillé comme je l'étais, j'aurais été malade le lendemain. Et puis, c'était le comble pour un mage de feu ! Enfin, je m'affaissai sur le matelas. Pas un seul moucon n'eut le temps de sauter la barrière avant que ne je sois endormi, pour débuter une nuit agitée par les rêves de lasagnes...

HRP: