Garder le contrôle de mon corps tout en ayant pas l'air méfiant. Agir de manière naturelle tout en restant dans un état d'extrême prudence. Les yeux rivés sur mon objectif et limiter les regards dirigés vers les autres personnes. Je dois absolument tenir le cap et surtout regarder droit devant afin de ne pas me faire remarquer. Il est totalement imaginable que mon engagement dans cette guilde indépendante s'arrête si vite. Qu'il s'agisse de mon passage à Rochair ou à l'arène de combat je me suis déjà fait trop remarqué. Je dois à tout prix rester discret pour rejoindre le lieu de la réunion, ma première réunion. D'après Jeremiah je vais rencontrer d'autres membres de la guilde et surtout être au courant des futurs plans d'actions voir même participer à leur établissement. Il est donc crucial que j'arrive à bon port. Maintenant que j'y pense ce n'est pas vraiment malin de passer dans ce haut lieu militaire alors que je viens à peine de rentrer dans les rangs de l'illégalité. Cependant je ne suis pas encore un membre connu, les risques ne sont pas encore très important mais n'appâtons pas le diable pour autant.

- Une vingtaine de mètres et j'y suis enfin. Murmure-je à voix basse.

Après une longue route parsemée de nombreuses rencontres, me voilà finalement face à la dernière étape jusqu'à la forêt de Tornac proche d'Hosenka où j'allais retrouver les miens. Cette ultime étape consistant juste à prendre le train et aussi stupide que je peux être j'ai eu la bonne idée de le prendre dans la ville de Mac Anu grand centre de formation militaire. Heureusement ma renommée n'a pas encore dû traverser les régions et mon visage reste celui d'un inconnu parmi les autres. C'est sans difficulté que je rentre donc dans la gare. Un bâtiment prestigieux orné d'une architecture de pierre et de fer. A l'intérieur je me dirige sans hésitation directement vers le guichet. Une file d'attente me met alors en stresse de peur que les quelques soldats parlant à l'entrée me reconnaissent. Après tout dans un lieu de passage que celui-ci il n'y aurait rien d'étonnant à ce que l'un d'entre eux vienne du sud comme moi. Apparemment la chance est avec moi car j'arrive face à la guichetière sans problème.

- Bonjour, j'aimerais prendre une place pour le prochain train en direction d'Hosenka. Dis-je avec un sourire pour paraître chaleureux.

Être le plus normal possible est la ligne directrice que je me donne. Sans aucune suspicions, la jeune femme me tend en billet auquel je donne quelques pièces en échange. Par prudence je regarde derrière moi, les soldats ne sont plus là, mais je ne fais pas mine de les chercher toujours par peur de paraître louche. Non je me dirige vers les trains tout en lisant mon billet. Dessus il est écrit que je prend le train de quatorze heures sur le quai principal.

* Bon je ne vais pas devoir attendre longtemps, il est déjà moins dix. *

En arrivant dans la partie centrale de la gare, je vois mon train il est déjà là à attendre ses passagers. Je m'empresse donc de le rejoindre pour trouver une bonne place. Une fois à l'intérieur je remarque que c'est l'un de ses trains avec plusieurs cabines. Sur mon billet je ne remarque pas un numéro précis cela veut juste dire que c'est à placement libre. Sans réfléchir je rentre dans la première cabine vide que je trouve.

- Enfin dedans. Je me demande ce qu'il va se passer pour la suite...

M'asseyant à côté de la fenêtre j'observe discrètement les personnes pénétrant dans le train. Il ne semble y avoir aucune menace à l'horizon, même si j'aperçois des personnes aux allures de mage, facilement remarquable par la marginalité de leur vêtement. Afin je me fais juste des histoires car en vérité je n'en sais rien...

A travers l'épaisse fenêtre de ma petite cabine, mes yeux observent sans distinction aucune les personnes passant dans leur champ de vision. Un à un et avec une rapidité prouvant mon habitude, je les analyse essayant de savoir qui ils sont, où ils vont et ce qu'ils veulent. Tout les éléments sont bon à prendre, leurs habits, leur démarche, la sévérité de leur visage. Dans la mesure du possible j'essaye de voir tout ce que je peux, les hypothèses fussent dans mon esprit, mais je n'y peu rien, cette mauvaise habitude n'est que le résultat d'une vie passée sous les yeux d'une tyrannie toute puissante. Un monde où la prudence n'était pas une option, mais une obligation. Pour survivre j'ai donc dû apprendre à déceler le plus vite possible les personnes me voulant du mal et cela avant même qu'ils n'en aient conscience. Aujourd'hui, c'est jour de chance il ne semble y avoir personne de ce type dans les environs. Même si parfois cette fâcheuse habitude me sauve la vie, le plus souvent elle est plus proche d'une paranoïa mal placée me poussant à voir les autres comme des ennemis. Ce qui n'est heureusement pas toujours le cas.

La porte de ma cabine s'ouvre alors. Sans doute trop concentré sur le monde extérieur je ne le remarque pas toute suite, du moins jusqu'à ce qu'il décide de s'asseoir en face moi. Immédiatement mon œil se tourne sur lui. Ne sachant pas qui il est je garde une expression neutre, mais rapidement je constate que ce n'est pas son cas. D'ailleurs à le voir le sens du mot marginalité prend tout son sens. A vrai dire je l'avais déjà vu à l'extérieur, une sorte de grande allumette tout en couleur. Il me fait passer à un autre membre de Crime Sorcière, intérieurement je rigole de cette pensée. Nous restons ainsi dans un silence de politesse quelques secondes avant qu'il ne décide d’interagir avec moi. Une simple banalité visant à lancer la discussion, intrigué par ce jeune homme, bien plus jeune que moi car il pourrait quasiment être mon fils j'enchaîne.

- Il faut dire que c'est l'une de seule ligne de train du royaume. Et la plus connue. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui c'est particulièrement intense. Dire que j'avais choisi de prendre le train pour avoir un peu de tranquillité, il semblerait que c'est raté.

Pour ne pas blesser mon interlocuteur avec cette remarque je conclus par un petit rire visant juste à détendre l'atmosphère. Après tout, nous risquons de passer tout le trajet ensemble, autant le rendre agréable. Avant que je ne puisse relancer la discussion, une troisième personne pénètre dans la cabine. Voyant que nous parlons déjà entre nous et ne voulant sans doute pas nous couper, il rentre dans la conversation. De la même façon que le premier il commence par exprimer son mécontentement pour la foule. J'approuve alors de la tête en reprenant la parole.

- Justement nous en parlions à l'instant.

Lui aussi est une jeune homme qui pourrait être mon fils. A vu de nez il doit avoir un peu plus de la quinzaine, ce qui fait de moi le vieux de la cabine. Mais bon une fois la trentaine dépassée ce n'est plus si rare que ça de se retrouver dans cette position. Afin d'éviter que le silence ne prenne le dessus je relance.

- Vous allez jusqu'où ? Personnellement je vais jusqu'à Hosenka la ville thermale. J'ai entendu dire que c'était vraiment un passage obligé lorsqu'on visite le territoire de l'est.

Je tend alors ma main vers le jeune homme face à moi avec un sourire au visage.

- Moi c'est Noa. Touriste en quête de souvenir.

Bien évidemment une fois la poignée de main effectuée, je la tend vers le second homme.

Mon œil vagabonde vers l'horizon, je vois défiler les vastes contrées du royaume. Fiore est d'une grande complexité car malgré la noirceur de certains de ses hommes, elle est capable de produite des paysages de toutes beautés. L'espace d'un instant, les prairies verdoyantes et les forêts de sapin me font oublier pourquoi je voyage, je ne vois plus l'horreur. Un sentiment envahit mon esprit, une nostalgie de l'innocence de l'enfance. Si je n'étais pas si fière une larme coulerait même sur mon visage, mais rapidement mes deux compagnons de route me ramènent à la réalité sans s'en rendre compte. Répondant à ma question, ils se présentent l'un après l'autre. En engageant une conversation nous espérons juste trouver une solution à l'ennui d'un si long voyage. D'après les horaires affichés, nous arriverons à destination seulement dans une heure. C'est ainsi que l'un des deux commencent à se confier à nous. Sans que nous ne lui ayons posé la question, il nous explique qu'il est un mage. Il rajoute même qu'il appartient à Sabertooth. Une guilde réputée pour forger des magiciens extrêmement puissant, de mémoire c'est même l'une des plus puissantes. Ne connaissant pas les hommes de cette guilde je préfère rester prudent, et je me dis que si il annonce si facilement son nom c'est que sa réputation doit le procéder, ou qu'il est juste imprudent. Enfin heureusement pour lui nous ne sommes pas des mages noirs à la recherche de sang. Juste trois voyageurs nous dirigeant vers Hosenka.

- Un mage de Sabertooth ? J'ai déjà entendu ce nom par le passé et sa réputation est plutôt élogieuse. Tu as bien de la chance d'appartenir à une si grande guilde. Tu dois avoir un pouvoir fantastique ?

Ne lésinant pas sur les compliments, j'espère savoir si cet homme est imprudent ou sûr de lui. La présence d'un mage puissant dans la même ville que celle où se tient la réunion des miens est dangereux. Nul ne sait ce que le conseil manigance vis-à-vis de Crime Sorcière. Plusieurs de nos membres étant recherchés par l'autorité. Une fois de plus ma parano reprend donc le dessus, mais de manière discrète comme je sais le faire.

- Moi je n'ai pas la chance de pouvoir utiliser la magie. Mens-je sans rougir. Mais j'ai bien d'autres talents, comme celui du commerce. J'appartiens à une petite guilde commerciale exerçant dans le sud du Royaume, et là j'espère trouver à Hosenka, outre la détente, des produits à importer chez moi pour les vendre. Pour qu'une fois on me prenne aux sérieux...

Cette touche de pessimisme à la fin de ma parole n'est là que pour me rendre plus crédible, car personne de sensé ne pourrait penser en me voyant que je suis un grand commerçant. Jouer le rôle du cancre de cette profession correspond à l'image qu'on peut avoir de moi. Cependant avant que nous n'ayons le temps d'aller plus loin, le train s'arrête. Surpris je regarde ma montre, il n'est absolument pas l'heure de l'arrivée. J'enchaîne alors en regardant dehors. Des hommes sont autours du train, de notre côté j'en vois une dizaine armée de modestes bâtons ou d'épées de fortunes. Mon esprit fait assez vite le lien, ce ne sont que des brigands voulant nous dépouiller.

* Qu'elle idiotie de s'en prendre à un train venant de Mac Anu sans doute rempli de militaire. *

Ne se rendant pas compte de ce qu'ils font, il rentre à l'intérieur du train. Simple spectateur pour le moment, nous n'agissons pas, mais les militaires n'ont pas l'air d'agir, et moi je ne peux rien faire à moins de détruire ma couverture.

- Ils sont dix dehors. Du moins de notre côté, on peut donc penser qu'ils soient autant de l'autre côté. Ils doivent aussi être à l'avant du train pour l'avoir stoppé. Et on peut imaginer qu'il y'en a aussi derrière pour empêcher la fuite et surtout prévenir si un autre train arrive.

Sans donner d'explication sur la façon dont je peux émettre des hypothèses sur ce genre de chose je me tourne vers celui qui c'est annoncé comme un mage.

- Vous êtes un mage, vous savez sans doute vous battre ? Vous avez donc plus d'expérience que nous dans ce genre de domaine, sauf si notre ami est lui même un mage. Chose qui serait à l'heure actuelle fantastique. Que devons-nous faire ?

Je le fixe des yeux en espérant qu'il prenne les choses en mains, non pas que je n'en sois pas capable, après tout j'ai suivi une instruction militaire des plus complètes, mais si il le faisait je n'aurais pas à briser ma couverture.

Preuve d'une certaine forme d'inconscience, mais en même temps une démonstration de courage candide, je jeune Santaz n'hésite pas une seconde. Tel un leader dans l'âme, et avec le charisme qu'importe ce statut, il prend les choses en mains. Alors même que nous nous rendons compte de la situation, et sans prendre d'avantage de renseignements dessus, il nous fait part de son plan. Une stratégie assez simpliste, mais prenant tout de même en compte les différentes capacités des mages présents avec lui, c'est-à-dire juste Visu. L'eau et l'électricité ensemble sont redoutable enfin lorsqu'elles sont maîtrisées. Et force de constater la fougue du jeune mage de Saber Tooth je ne peux m'empêcher de voir en lui qu'un novice, mais je m'abstiens de donner mon point de vue, après tout je ne suis encore qu'un marchand à leurs yeux. Rentrant dans son jeu, je lui répond sans hésitation.

- Bien de mon côté je vais essayer de vous trouver de l'aide parmi les autres passagers tout en essayant de les cacher. Mon père était militaire, je connais donc quelques règles de sécurité.

Ce dernier point est crucial pour garder ma couverture, car ainsi je donne une raison au raisonnement que j'ai eu précédemment. De plus, je m'assure de quitter leurs regards suffisamment longtemps pour sortir, mais cette fois sous couverture. C'est donc en approuvant mon idée que les deux mages sortent de la cabine pour monter sur le toit lancer le combat. Ignorant ce qu'il se passe au-dessus de ma tête, je préfère tout de même agir de mon côté, mais pas exactement de la façon dont je l'ai dit.

* Bon je pense que je vais pouvoir sortir mon équipement du Domus Flau. Raven White va refaire surface. *

Intérieurement cette idée me fait rire. L'espace d'un instant je me revoyais avec ce masque de corbeau ridicule sous lequel j'avais précédemment combattu. Avec un peu de chance peut-être même quelqu'un le reconnaîtrait et une nouvelle rumeur naîtrait sur ma personne. Exécutant ma pensée, j'attrape dans mon sac mon masque en cuir à la limite du sadomasochisme représentant une sorte de corbeau noir. A ce début de déguisement je décide de rajouter une veste à capuche noire afin de cacher mes vêtements et mes cheveux.

- Raven white vient de refaire son apparition en ce monde.

Ni une ni deux, je m'engouffre dans le couloir de mon wagon, courant vers l'arrière. Telle une ombre noire je traverse un, deux, trois wagons avant de me retrouver à la sortie. Ma prédiction est juste, ils sont bien une dizaine. Ils sont surpris de ma présence autant que de mon apparence, mais je ne leur laisse aucune chance. Sautant et atterrissant genoux au sol au milieux d'eux, j'enclenche mon pouvoir. La puissance de mon coup secoue le sol les déstabilisant au point de les faire tomber. A travers leurs yeux je sens qu'ils sont perplexe.

- Vous n'avez pas de chance d'être tombé sur moi. Dis-je avec une voix légèrement modifiée par mon masque.

Gardant mon sang froid, et usant de mes longues années d'expériences dans les domaines des arts martiaux, je me précipite dans le dos d'un premier. D'un coup puissant et rapide aux niveaux de son cou je le fais tomber à même le sol. Les neufs autres réagissent alors. Celui qui semble être le chef ordonne à deux brigands de s'occuper de moi. Deuxième coup de ma magie du crash sur le sol, ils tombent tous de nouveau et alors qu'elles avaient résisté au premier coup, les rails s'envolent dans tous les sens.

- Merde j'y suis encore allé un peu trop fort.

Profitant de la déstabilisation de mes adversaires, je saute sur l'un d'eux pour l'assommer. Inutile de les tuer ils ne le méritent pas. Deux un peu plus courageux que les autres me sautent alors dessus arme en main. D'une main j'en attrape un par le bras pour le balancer contre le second. Ils ne supportent pas la rencontre des deux corps. Sur les dix, quatre sont K.O, les derniers commencent à ressentir une certaine forme de peur.

- Bon maintenant à vous tour.

J'inspire une certaine crainte dans leur esprit, ils fuient tous mis-à-part leur chef légèrement plus courageux. Lui recule. Voulant juste accentuer ma situation de toute puissance j'use une nouvelle fois de ma magie. Cette fois je fais dérailler le dernier wagon du train, sans penser aux personnes à l'intérieur. Il a peur lui aussi, mais je ne le laisse pas s'enfuir. Plus rapide que lui, je l'attrape par le cou.

- Héhé maintenant je vais te faire la même chose qu'au sol.

L'image dans sa tête est trop forte il tombe dans les pommes sans que je ne fasse rien. Décidément c'est vraiment de la petite frappe. D'un bond je saute sur le train légèrement penché pour voir un peu où en sont les deux autres mages.

Caché derrière mon masque de corbeau mon œil de lynx observe. Il est fixé sur mes deux nouveaux camarades de voyage, des jeunes mages dont je ne sais quasiment rien, mais que j'ai percé à jour grâce à mon habitude à analyser le moindre geste de toutes personnes m'approchant de trop près. Ils combattent avec l'agilité des singes et la volonté des hommes portés par leurs convictions. Voyant cette scène comme un père je ne peux m'empêcher d'imaginer que mon fils est comme eux sans en avoir la moindre preuve. Pourtant le constat est assez simple à faire, malgré une certaine hésitation dans leurs mouvements ils se débrouillent bien. Certes, ce ne sont que des débutants, des bleus dans les domaines respectives du combat et de la magie, cependant une vague d'espoir m'envahit en observant qu'ils agissent en réfléchissant et non pas juste par les émotions. Dans une situation peu ordinaire ils ont fait le choix d'allier les atouts de leurs compétences pour créer une sorte de fusion que seul des mages intelligent peuvent avoir. Les pouvoirs de l'électricité et de l'eau sont utilisés ensemble avec brillance, du moins pour leur niveau.

- Ils ne devraient pas avoir trop de problème à s'occuper des quelques brigands vers eux, mais ils seront sans doute épuisés rapidement, je ferais mieux d'aller voir à l'avant du train ce qu'il se passe.

Voyant qu'ils ne risquaient plus rien, je commence à courir en direction du premier wagon tout en les évitant. Chose qui est assez facile puisqu'il me suffit de passer par l'intérieur. De cette traversée du train je remarque que les passagers se sont comportés de manière assez habile. Ils sont tous cachés sous leur siège respective. De façon à ne pas être atteint par une quelconque attaque perdue, apparemment je ne suis pas la seule personne ayant eu des cours de survie militaire. Ce constat me pousse alors à redoubler de prudence, il n'est pas question de me faire avoir aussi facilement par des soldats du Royaume, alors que j'essaye de sauver la population.

* Je sais bien que pour l'occasion ils ne sont pas des ennemis, mais si je rencontre un soldat il faudra que j'arrive à éviter la confrontation. *

Il reste trois wagons avant que j'arrive au début du train. Aucun danger à proximité. Deux wagons. Toujours calme. Un wagon. Surprise totale, même là il n'y a plus rien. Je ne comprend pas ce qu'il se passe, où sont passé les brigands ayant réussi à forcer le train à s'arrêter. Curieux de cette situation, je me dirige à l'extérieur, c'est alors que je trouve un premier corps parterre, inanimé. D'après son costume il s'agissait d'un soldat runique de Fiore. Connaissant bien les insignes correspondant aux grades je constate qu'il était un simple soldat de seconde classe. Bref un pauvre bougre en bas du système. Continuant ma route, je vois alors qu'un combat à lieux. Quelques corps de brigands et de soldats sont à même le sol et débout trois membres de l'autorité autours d'un des assaillant aux allures étrange. Vis-à-vis de ces camarades il ressort de sa présence comme une marque de puissance. Sans doute le chef, je reste méfiant et m'approche discrètement du combat.

* Je n'interviens qu'en dernier recourt. Si je peux éviter de me faire voir par les soldats, déjà que les traces de ma magie à l'arrière du train risque de les pousser à chercher un mage usant de la crash magie autant éviter de signaler qui je suis. *

Une tension ressort de ce combat qui se déroule devant mes yeux. Les soldats semblent craindre leur ennemi, mais malgré ce sentiment ils attaquent et en l'espace d'un instant ils sont balayés par une puissante attaque de magie. Un mage de feu apparemment. De cette attaque une explosion surgit me forçant à retourner à l'intérieur éviter le souffle.

- Il est puissant... je n'aime pas ça.

Ressortant toujours avec la discrétion d'un chat, je monte sur le toit afin de m'approcher sans me faire voir. C'est alors qu'il saute par dessus moi, sans me voir et commence à foncer vers l'arrière du train.

- Merde il va vers Visu et Santaz !

Ni une ni deux je lui cours après, mais il est légèrement plus rapide que moi. En quelques secondes nous nous retrouvons alors vers les deux jeunes mages sans doute épuisé de leurs divers affrontements. Voulant éviter qui les prennent à parti je m’adresse à lui sous un ton menaçant.

-Tu devrais plutôt t'occuper de l'homme derrière toi ! Eux ce ne sont que des jeunes, le vrai danger c'est moi !

Il ne m'écoute pas et fonce sur les deux jeunes qui n'ont pas le niveau pour le battre à mes yeux.

Trop lent pour intervenir à temps, mon impuissance me saute à la figure pour me gifler avec violence afin qu'une fois de plus je comprenne que je ne suis pas un héros, je ne peux pas éviter tous les malheurs du monde. Un triste retour à la réalité me déstabilisant sans que je réagisse. Sans le vouloir je suis relégué à la place de spectateur et l'espace d'un instant le destin ne me laisse plus le choix, je n'ai plus le droit d'intervenir, je ne peux que regarder. Je ne fais que voir ces deux jeunes hommes balayés par une seule et même attaque. Si leur corps sont propulsés directement vers le sol, j'entrevois pourtant leur courage, leur bravoure consumer par les flammes de cet homme. Mon masque cache les larmes coulant de mes yeux, mais je ne peux m'empêcher de voir à travers cette agression mon fils, après tout il a plus ou moins leur age.

- ...

Aucun mot ne semble vouloir sortir de ma bouche. Je reste debout, le corps totalement immobile et les lèvres closes. D'un point de vue extérieur je donne sans doute l'impression d'être paralysé par la peur, mais c'est loin d'être le cas. Mes neurones tournent au maximum de leur capacité, j'entrevois chacune des possibilités s'offrant à moi pour la suite. Une à une les stratégies apparaissent. Tel un ordinateur je traite les données, je les manipule, les améliore les supprime si j'en juge la nécessité. Il faut que je trouve la solution à l'équation, comment battre cet adversaire sans mettre en danger mes compères ou encore les passagers. Une chose est sûre il faut que j'agisse vite.

* Let's go ! *

Perché sur le toit du wagon, le chef des brigands semblent s'attarder sur Santaz. Avec un air dédaigneux il le regarde. Je perçois dans ses yeux que ses intentions sont mauvaises. Comprenant qu'un danger guette le jeune homme, je m'approche lentement dans un premier temps. Notre adversaire saute alors pour descendre au sol, l'imitant je fais de même. Il s'approche de plus en plus de mon allié perdant connaissance. Je n'ai plus le temps de réfléchir, je décide donc d'user de ma magie. Libérant une force par mes pieds, des fissures apparaissent et se dirigent vers le mage de feu. Le sol se brise alors, déstabilisant mon ennemi qui se retourne vers moi.

- Avant d'aller achever ton oeuvre, tu devras me passer sur le corps.

Ma menace n'est là que pour me faire gagner du temps, je sais très bien qu'il va se servir des corps de Santaz et Visu pour m'empêcher de me battre à fond. C'est pour cela que je cherche sans relâche une faille dans sa garde, et dans sa magie, mais je ne vois rien.

Sans un mot, il me lance alors une flamme. Je l'esquive en bondissant sur la droite, mais il a prévu le coup car une seconde me fonce dessus. Le choc a lieu, il n'est pas violent, mais la douleur s'empare de mes bras.

* Il est fort, je ne peux pas me retenir pour le battre. *

Usant de ma magie une fois de plus, je commence à détruire le sol autour de moi, et assez rapidement j'arrive jusqu'au pied du mage de feu. Déstabiliser par les tremblements, et la poussière se créant lorsque les pierres se craquent, je fonce vers lui. L'habitude me permet de me diriger dans une situation de ce type, après tout c'est moi qui manipule cette magie. Sans qu'il n'est le temps de me voir, je suis juste devant lui, ma dague en main je lui plante dans l'épaule. Le sang jaillit, une grimace de douleur se dessine sur son visage. Mes bras me font mal, je lâche mon arme et retombe au sol.

* Je dois vite en finir ! *

Malgré cette souffrance qui ne fait que s'accentuer, je libère une dernière fois ma magie, mais cette fois avec assez de puissance pour qu'un cratère apparaisse en dessous de mon adversaire. Il tombe dedans en hurlant de douleur, et aussitôt les pierres retombent au sol pour combler le trou. Enterré vivant.

- Maintenant il est temps d'aller voir comment vont les deux jeunes hommes.

C'est à ce moment-là que les passagers, spectateurs de ce combat sortent. N'ayant plus peur, ils se rapprochent de nous, ils désirent nous aider. L'un d'entre eux se prétend médecin et il veut soigner nos blessures.

- Occupez-vous de ces deux jeunes hommes. Je ne suis pas réellement blessé....

Les passagers commencent alors à s'occuper des jeunes mages, quant à moi je profite de cet instant pour disparaître.

* Je prendrais le prochain train pour me rendre à ma réunion... *