Je venais de rentrer sur le continent, que la seule chose à laquelle je pensais, c'était d'aller me recueillir sur la tombe de mon père. Enfin, mon père adoptif, Nobu. Depuis que je l'ai connu, il avait toujours essayé de m'aider dans ma recherche de mes origines, de ma mémoire. La moindre des choses, maintenant, c'était d'aller lui annoncer la nouvelle. Après tout, ne vivais-je pas depuis des années dans le seul but de retrouver mes souvenirs ou, du moins, mon passé, mon identité ? Nobu m'avait soutenu plus que n'importe quelle personne : je me devais de lui rendre visite. Quand je fus sur la plage où je l'avais enterré, dans le sud de Fiore, je me rappelai à nouveau notre rencontre. C'était grâce à mon amnésie que j'avais pu le rencontrer, d'ailleurs, ce qui me faisait voir d'un nouvel oeil mon naufrage. Je déposai une gerbe de fleurs sur la tombe, dans le sable : il n'y avait que nous deux. Je parlais tout seul, mais ça me faisait du bien, alors je m'en fichais. Et puis on pouvait pas me juger, vu qu'il n'y avait personne à des kilomètres...

Ensuite, je choisis de faire halte à Rochair. Le soleil se levait quand j'arrivais au pied de la ville presque flottante. J'avais un tas de gens à qui dire bonjour : j'avais vécu deux ans ici, alors tant qu'à passer à côté, autant y rester un moment pour prendre des nouvelles de mes anciens amis. La montée ? Oh, non, je ne la craignais pas plus que tous ceux qui habitaient là-haut. On a les jambes qui se sont adaptées, on va dire. Alors le manque d'oxygène, n'en parlons pas, je le ressentais à peine. C'était ma magie qui le ressentait pour moi, en général : moins d'oxygène, moins de feu. Mais faut quand même dire que c'était pas un jeu d'enfant la grimpette. Quand j'arrivai au sommet, j'étais fatigué comme après une longue marche. Je sentais encore mes pieds, quoi.

Pas loin devant moi, il y avait un peu d'animation. Des gosses semblaient tourner autour d'un homme allongé sur un banc. En même temps, en voilà une idée de dormir sur un banc à côté d'une auberge... Mais les gamins ne faisaient pas que tourner autour. Ils lui faisait carrément les poches, ces garnements ! S'il pouvait pas se payer une auberge, pas question de laisser des gens, petits ou non, lui voler ce qu'il a ! Je marchai dans leur direction, et dit d'une voix assez forte, juste assez pour réveillé le pauvre dormeur :

T'as grandi, Stephen, dis donc ! Par contre, vide tes poches. C'est pas bien de détrousser les gens comme ça... Si ton père savait...

Oui, j'en avais repéré un dans le lot. C'était le fils d'un ami à mon père, qui était beaucoup plus jeune que moi. J'avais eu du mal à retrouver son nom, mais bon, ma mémoire, on sait ce que c'est hein... Le gros foutoir ! Mais bref, je m'égare. À la citation du père, ils jetèrent tous tout ce qu'ils avaient volé et prirent leurs jambes à leurs cous. Je ramassai les Jewels un-à-un, puis je les donnai à l'homme qui émergeait de son sommeil. Il devait pas comprendre grand-chose. Et moi encore moi : il avait assez d'argent pour louer une chambre ! Il était bizarre.



Évidemment, "grandir" n'était pas le bon mot, mais théoriquement, c'était pas faux non plus... Si je lui proposais de l'aide, c'était surtout parce que je pouvais pas passer à côté de lui sans me demander quel malheur il allait encore lui arriver. Être un nouvel arrivant à Rochair, ça peut être déstabilisant : c'est une ville isolée aux conditions de vie pour le moins compliquées. Je sais, j'ai connu ça ! Et même si je savais que la quasi-totalité de la ville était également prête à l'aider, j'allais pas passer à côté de lui : j'étais un runique, un soldat au service de l'ordre et de la justice. Si je ne l'aidais pas, pas grand-monde ne le ferait...

Il était pas bien réveillé, mon voyageur, s'il en était un. Il avait fouillé son sac, pour vérifier que rien lui ait été volé. En même temps, faut voir, il s'endors en pleine ville et il s'attendait à être tranquille ? L'auberge était fermée, mais il y avait quand même des endroits plus discrets. Puis il s'excusa. Il n'en avait pas besoin, c'était les gosses qui devaient s'excuser, mais c'était une autre histoire. Apparemment, il était venu pour intégrer une guilde. Bon, déjà, il a été mal renseigné, il allait falloir qu'on en parle. La seule guilde de Rochair, bah... Elle est pas à Rochair, mais en bas. Et en plus, c'était une guilde de mercenaires. Mais je savais que la montée avait dû le fatiguer, alors j'allais pas le dégoûter. Pas tout de suite, en tout cas.

Puis il me remercia et voulu m'offrir le petit-déjeuner. C'est vrai qu'on pouvait aller à l'auberge, mais j'avais d'autres plans. J'étais peut-être resté deux ans ici, mais j'y étais resté en presque totale autonomie : mon père allait de plus en plus souvent à l'hôpital, pour ne plus en repartir, un jour. Alors une vieille femme m'avait proposé de manger chez elle une fois par jour, pour pas qu'elle soit toute seule. Mais en réalité, c'était surtout pour ne pas que je sois seul : elle essayait souvent de m'aider. J'avais fini par la considérer comme ma grand-mère. Et c'était la première personne que j'allais voir. Even, puisque c'était son nom, n'aurait qu'à me suivre là-bas pour y manger. Au déjeuner, ce serait encore une autre histoire. Mais j'arriverais bien à faire le pique-assiette autre part. J'avais un tas d'adresses !


Ainsi, on traversa la ville jusqu'à un pied-à-terre tout fleuri. Elle était exactement ce qu'il fallait pour une personne qui invitait quelquefois du monde. Je frappai à la porte, puis dis d'une voix assez forte :

Bonjour ! C'est moi !

Elle ne tarda pas à ouvrir, avec un grand sourire, puis, voyant Even, elle fronçait les sourcils. Enfin, le sourcil. Mais c'est pas le problème.


Ma grand-mère porta une main à son front et nous invita à entrer. On s'installa sur les genoux devant une table basse, sur laquelle vint petit à petit notre nourriture. Even devait être un peu embarassé, surtout vu comment on se moquait de lui, alors j'ouvris la discussion :

Pour commencer, tes croissants vont pas te manger. Et ensuite, t'es pas au bon endroit. La seule guilde de Rochair, c'est Minami no Okami. Et pour info, elle en bas.

Je pris une bouchée de ce qui me tomba sous la main, histoire de lui laisser le temps de digérer, avant de continuer.

Et encore, c'est une guilde exclusive aux mercenaires.

Ça y est, je crois que je l'ai mis en dépression. Mais c'est sa faute aussi ! Faut pas se fier à une seule source d'information. Et puis apprendre sa géographie, ça pouvait servir mine de rien. Je dis ça, mais mes cours de géo', ça fait pas très longtemps que je m'en suis rappelé, alors j'étais pas forcément bien placé pour lui faire la morale. Par contre, ma grand-mère, elle riait. Le pauvre Even, s'il se jetait pas de la falaise, on aurait de la chance... Autant lui remonter le moral !

Bon, à part ça, t'utilises quelle magie ? J'ai peut-être une épée, mais je suis mage aussi. Écuyer Runique de Mac Anu, mage de feu.

De quoi le désorienter davantage : Mac Anu était une caserne de mercenaires. Mais bref, s'il avait une magie intéressante, ce le serait tout autant de s'entraîner ensemble, même si, ici, ma magie n'était pas optimale.

Totalement paumé voulait sans doute dire le Runique. Mais il était assez gentil pour minimiser ces propos avec moi, chose que je trouvais sympathique. Je connaissais certaines personnes qui se seraient bien moqué de moi et m'aurait montré à quel point j'étais nul. Je sens que malgré mes bévues de débutant, je m'en sortais plutôt bien pour le coup car en plus de m'être endormie dans un endroit publique puis détroussé et ensuite aidé, mon argent de retour dans mes poches, et mainenant j'allais avoir un petit-déjeuner gratuit chez un habitant de cette ville! Même si je me serai bien recouché à l'auberge vu l'heure matinale et le peu de sommeil que j'avais eu, j'ai décidé de le suivre. Ce serait malvenu de ma part de refusé une offre si gentiment proposé!

Pendant qu'on traversait la ville, j'eus l'occasion d'un peu l'observer. C'était une ville normale malgré la difficulté qu'on avait à l'atteindre. Mais les habitants semblaient plutôt musclés! Surtout les hommes. Certains avaient des têtes de combattants qui me faisait passer pour plus fragile et frêle que je le paraissais déjà. Après quelques minutes nous sommes arrivés devant une petite maison au devant fleurie. Une habitation très jolie! Kenta allait toqué à la porte, après tout il m'avait dit avoir vécu ici alors il devait forcément connaitre les habitants. Ce fut une vieille dame qui ouvrit la porte, elle sourit à Kenta, mais pour moi c'était autre chose. Normal je n'étais qu'un étranger mais tout de même je souris à cette charmante dame tout en rehaussant mes lunettes de mon index. Quand Even me présenta, je ne compris pas tout de suite pourquoi la vieille dame posa sa main sur son front comme si en venant ici j'avais fais une grosse boulette. Mais ça je n'allais pas tarder à le découvrir.

En entrant et en me posant, avec le Runique, à genoux prêt d'une table où apparut de la nourriture, je me pouvais m’empêcher d'observer l'intérieur de cette maison. L'ambiance me faisait me sentir un peu nostalgique de ma propre grand-mère.

Pour commencer, tes croissants vont pas te manger. Et ensuite, t'es pas au bon endroit. La seule guilde de Rochair, c'est Minami no Okami. Et pour info, elle en bas.

Je l'écoute tout en me trouvant bien idiot de ne pas avoir vérifier avant de monter la route, puis je prend aussi un croissant. J'adore ces pâtisseries! Mais avant que je ne puisse la mettre en bouche, Kenta enchaine.

Et encore, c'est une guilde exclusive aux mercenaires.

Et là c'est le coup de grâce. Je ne peux m'empecher de me mettre à rire. Rire de moi-même mais dans le bon sens. J'ai l'habitude d'être dénigrer donc je suis plutôt laxiste avec moi-même. C'était vraiment bête de ma part haha! En plus de ne pas être capable de me renseigner correctement, je me trompe aussi d'endroit et pour finir ce n'est même pas une guilde de mage! J'aurai vraiment dû etre plus précis et moins confiant. Mais bon cela me ressemble bien! J'aurai vraiment du emporter une carte avec moi! Ou au moins me renseigner avant de partir de chez moi. J'étais vraiment trop à l'ouest comme gars. Kenta ne devait pas s'attendre à ce genre de réaction de ma part. Je reprend alors mon sérieux, tentant d'étouffer mon fou rire provoquer par ma propre bêtise.

Au moins il ne s'attardait pas sur ma méprise et m'encourage à parler d'autre chose. C'est vraiment un type sympa!

"-J'utilise la magie du Solid Script Occidental! En faite je ne la pratique que depuis deux ans environ. D'oû je viens ma seule option de magie était de faire dans la modélisation du bois, un art de famille! Mais j'ai eu la chance de rencontré un ex-mage qui utilisait cette magie qui m'a tout de suite fasciné! C'est marrant que tu sois mage de feu. Le premier Script que j'ai appris c'est FIRE!"

Je croque dans le croissant avec plasir. Pendant l'espace d'une seconde, je dois avoir des étoiles dans les yeux car c'est vraiment ma patisserie favorite. Un peu sucré, un peu salé. Très bon! J'avale le morceau que j'ai affalé, puis je me risque à un compliment pour la vieille dame.

"-Vos croissants sont excellents." agrémentai-je d'un léger sourire.

Il avait ri. Tant mieux s'il le prenait bien, car c'était quand même une situation embarassante pour lui. Suite à ma question, il avait répondu qu'il maîtrisait le Solid Script Occidental. Cette magie était ni la plus puissante ni la plus polyvalente que je connaissais, mais elle restait intéressante : on ne la voyait pas souvent. Et puis elle était originale. Il me renseigna ensuite sur le premier sort qu'il avait appris : Fire. Il trouvait peut-être la coïncidence marrante, je considérais davantage cela comme la possibilité d'un entraînement. À Rochair, tout le monde s'entraîne en quasi-permanence aux arts martiaux. Il y a peu de place pour la magie, mais quelques mercenaires utilisent des armes magiques, donc les lieux en ont été aménagés. Sinon, on aurait qu'à sortir de la ville. Mais avant tout, il fallait qu'il accepte ma proposition, que je n'avais pas encore formulée.

Il enchaîna sur le bon goût des croissants. Je pouvais pas dire le contraire, même si j'en avais mangé pendant deux ans, ils me faisaient toujours le même effet. Qu'il attende de boire le chocolat chaud. Là, il fonderait complètement ! Et en même temps, je pourrais plus le traîner dans un dojo... Bref ! En y pensant, il devait avoir un peu froid, vu qu'il avait passé la nuit dehors, à cette altitude. Le chocolat allait l'aider. Et si c'était pas suffisant, un entraînement enflammé pourrait suivre ! J'attendis encore un moment, histoire qu'on finisse de manger, pour proposer à Even d'aller s'entraîner. En attendant, je parlais à ma grand-mère. J'étais pas venu juste pour le petit-déj' !


J'étais assez évasif : je ne lui demandais pas comment il l'utilisait, ni sa puissance, mais c'était évidemment sous-entendu. Je n'allais pas le vexer, mais c'était la même raison que pour laquelle on allait pas faire un duel : j'avais parlé d'un entraînement, je ne pensais pas qu'un tout nouveau mage ait la puissance pour dépasser quelqu'un qui ait plusieurs années d'exercice, alors ce n'était pas la peine de penser à un duel. Mais on verra bien, il me ferait peut-être une surprise. Même si j'en doutais, il ne me semblait pas si fort que ça. Il se ferait battre par la moitié des hommes de cette ville, alors qu'aucun d'entre eux n'a de magie.

Ceci dit, je n'attendais pas son accord. J'avais encore un tas d'autres choses à faire alors s'il ne venait pas, je partirais continuer mon tour des nouvelles. Comme d'habitude. Du coup, j'espérais qu'il accepte, ça changerait. Et puis, comme ça, j'aurais le temps de lui expliquer où trouver une autre guilde et lui en déconseiller certaines. Fairy Tail ? Comment vous avez deviné... L'une des fées m'a sauvé une fois, mais n'empêche qu'elles sont des dangers publiques !

Il avait accepté avec enthousiasme. C'était au moins ça de pris : il pouvait passer à autre chose. Même s'il avait ri, c'était pas une expérience que j'aurais voulu vivre... Il m'avait également dit de ne pas me moquer de lui. Il me prenait pour qui ? J'avais même eu un élève ! Deux en comptant Russell, mais ça c'est une autre histoire. Pas question de se moquer d'un débutant. Je me devais de l'aider à progresser, plus que de progresser moi-même. Certes, j'allais aussi travailler pour moi, mais s'il débutait dans la magie, je n'allais pas essayer de la dégoûter du premier coup ! Du moins j'essaierai... J'allais pas me laisser faire non plus, hein !

Even me suivait lorsque nous arrivions à un dojo que je connaissais bien : les parois étaient parcourues de lacrymas de magie Reflector. L'un des seuls dojo de la ville pour se battre à fond. J'y avais combattu Naoko, quand j'habitais ici : une mercenaire talentueuse. Mais j'avais bien progressé depuis. Avec un peu de chance, je la reverrais pour avoir un second combat. Malheureusement, à l'heure qu'il était, la salle était remplie d'artistes martiaux qui s'entraînaient. Bon, c'était pas notre chance, il allait falloir qu'on se batte en extérieur : je n'allais donc pas utiliser ma magie, sauf en dernier recours. Une flammèche peut si facilement embraser une feuille et causer un incendie..

Longeant les murs, on se retrouva dans la cour qui se trouvait derrière le bâtiment. On avait assez d'espace et nous étions seuls : parfait. L'enceinte était faite avec des murs de pierre. Quant à la terre, elle était lisse et ne possédait aucune végétation. En même temps, quand on connait la violence des coups que peuvent porter tous les Rochairois, on n'est pas trop impressionné par une terre aussi tassée par les mouvements de pieds. Un seul arbre, au fond de la cour, me gênait, mais il était assez loin. Il suffirait que je me déplace de sorte à ce qu'aucune technique ne l'atteigne. Une contrainte de plus ou de moins, de toute façon...

Par contre, avant de débuter, j'avais besoin de savoir de quoi était capable le mage aux scripts. Sans ça, je ne pourrais pas nous proposer d'exercices adéquats. Et sans eux, pas d'évolution. Je lui demandais donc de m'attaquer, tout simplement :


Je pris ma cape par une extrémité, tout en la tenant devant moi. Il s'agissait de mon bouclier. Et contrairement aux apparences, ce bouclier était plus puissant qu'on ne le croyait... Dès qu'on y ajoutait un peu de magie. Une fois renforcée par Trace, elle était moins souple, plus lourde, mais me permettait de repousser les petits assauts.


Effectivement, j'avais déjà vu pire. Il suffisait de penser à la toute première fois où j'avais utilisé Trace : je croyais me protéger de boules de feu, alors que c'était des boulets de canon qu'on me tirait dessus. Évidemment, ça s'était pas bien passé... Mais aujourd'hui, j'avais plus d'expérience. Son mot de feu, j'allais le repousser. Quant à savoir pourquoi je n'utilisais pas mes flammes alors que je le laissais utiliser les siennes, c'est parce que nos puissances magiques étaient bien différentes. Sa capacité d'embrasement n'égalait sûrement pas la mienne...

L'air se réchauffa au niveau où Even écrivait, puisque son visage était devenu flou. Bien, j'étais prêt à recevoir son attaque. Le mot s'embrasa, puis fonça dans ma direction. N'ayant jamais combattu contre cette magie, c'était aussi un moyen de savoir comment elle fonctionnait. Apparemment, le mage écrivait dans l'air un mot et le mot prenait sa propriété. Ça ressemblait un peu à mon Trace, finalement. C'était une boule de feu, ni plus ni moins, mais avec une forme différente. Et pourtant, Even devait être capable de lancer bien d'autres sorts. Polyvalent, mais sans réelle puissance.

Lorsque les flammes me percutèrent, elles léchèrent ma cape, jusqu'à ce que je donne un coup vif en remettant la cape derrière moi. Le feu avait disparu. C'était bien un débutant, je n'étais même pas déstabilisé... Mais bon, ne pas juger trop vite. Il n'y avait pas grand-chose comme comburant ! Ses autres techniques seraient peut-être plus efficaces. Je l'espérais pour lui... L'entraînement devait avoir un sens pour nous deux.

Bien. Je vais te tirer dessus. Pas avec mes sorts les plus puissants, mais fais quand même attention à ne pas te faire toucher, on sait jamais. Essaie d'esquiver, de bloquer, comme tu veux. Au moindre problème, on arrête.

Je levais la main droite, dont seuls l'index et le majeur étaient dépliés. Une sorte de laser sortit pour rencontrer le sol. Je lui montrais ainsi quel sort j'allais utiliser. Évidemment, de son point de vue, il ne pouvait pas voir le petit trou dans le sol, mais moi, si. J'allais devoir faire attention à pas frapper trop fort à chaque coup. J'attaquerais donc avec seulement le dixième de ma puissance. Quant au sort que j'utilisais, il s'agissait du Trait Ecarlate. Il était fait pour perforer sur de petites surfaces. Espérons qu'il le comprenne vite, parce que sinon, il risquait de se brûler méchamment. Pourquoi ne pas le lui dire ? Pour ne pas lui faciliter la tâche. La meilleure façon d'apprendre est celle de faire des erreurs. Après tout, la différence entre le maître et l'élève n'est-elle pas que le maître a plus souvent échoué que l'élève n'a essayé ?

Il me rappelait rapidement Calyn Tain, ce civil de Magnolia à qui j'avais appris la magie du feu. Décidément, il valait mieux ne pas m'avoir en professeur, j'étais trop sadique avec mes élèves... Les exercices que je donnais étant rarement sécurisés. Pour un défenseur de l'ordre, ça peut paraître étrange, certes, mais bon...


Un peu de motivation, ça fait jamais de mal. Et comme je comptais pas perdre, il allait me payer mon déjeuner. C'était pas cool comme échange ?! Quand je dis que je ne comptais pas perdre... C'est que j'allais, peut-être, en venir à des moyens pas gentils du tout. Dans ma tête, l'image de mon épée se matérialisa. Mais non, c'est pas de la triche ! La preuve, je n'ai jamais dit que je me retiendrais... Ah, finalement, je suis gentil, pas vrai ? Non ? Pff, même pas vrai...

J'ai lancé une attaque, qui à été paré avec facilité par le chevalier, maintenant c'est à son tour de répliquer. Au moins il a la gentillesse de prévenir qu'il va attaquer, même si je ne sais pas quand, ni comment, cela ne l'empeche pas de me prodiguer des conseils. Il y avait trois choses importantes dans ce que vient de dire Kenta qui me semble essentiel de retenir et de mettre en pratique lors de cet entrainement afin de mieux pouvoir les assimiler. Ne pas se faire toucher, esquiver ou bloquer. Trois mots qui paraissait simple de prime abord, encore fallait-il les mettre en pratique.

Et ce moment c'est maintenant. Le runique lève la main et il tire un trait de magie apparaît tel un éclair dans ma direction . J'aimerai garder mon sang froid, réfléchir et être logique. Mais un rayon comme ça, aussi soudain m'a effrayer. J'ai agis plus vite que je ne le voulais et envoya un de mes Scripts en guise de protection.

"-STONE!!!"

Le trait écarlate s'enfonça dans une des lettres de mon Script, il le bloqua donc mais pas sans y creuser un gros trou, qui si j'aurai pu le voir avait quasiment trouvé mon mot! Mon Script s'évanouit et Kenta annonça quelques choses qui m'étonna.

Règle supplémentaire : si tu me touches, je paies le déjeuner. Si tu abandonnes, tu paies.

"D'-d'-d'accord!" dis-je confusément le visage légèrement empourpré, j'ai même un peu begayement tellement ce petit entrainement me stresser! Je voulais vraiment paraitre le moins faible possible.

Les propos de Kenta me désarçonne. Mis à part de l'expérience je ne compté rien retirer de cette entrainement. Mais si le runique voulait me motiver et bien il avait réussi. Mes chances de le toucher sont vraiment mince néanmoins cela ne change rien à mon envie de relever le challenge. Je sens monté en moi une excitation que je n'ai jamais ressentie auparavant. Était-ce l'excitation de l'aventure qui commençait enfin à faire effet ? Était-ce le signe, le prémisse, du véritable début de mon voyage ? Peut-être...

Je remets mon index et mon majeur en position, je compose le mot en même temps que je le nomme :

"-WATER !"

Le mot solide à l'aspect aqueux se forme puis fond sur mon adversaire. J'aimerai tellement faire mes preuves lors de cette entrainement mais ne serai-je pas contraint à l'abandon en épuisant toute ma magie ? Je ne peux le savoir qu'en essayant.

La flamme ne toucha pas sa cible. En effet, un bloc de roche était venu s'interposer : Even s'était défendu à temps. Heureusement pour lui, d'ailleurs, car même sa défense avait été presque perforée. J'avais dit que j'allais aller au dixième de ma puissance, mais c'est plus ou moins difficile de baisser son niveau quand on en a pas l'habitude : en général, j'y vais à fond pour ne pas sous-estimer mon adversaire ni le décevoir. En l'occurence, si j'y allais à fond, je le brûlerais, c'était à éviter, si vous voyez ce que je veux dire. Toujours est-il qu'après avoir énoncé la règle sur celui qui paierait le déjeuner, mon adversaire utilisa un nouveau mot pour contre-attaquer. Après la roche venait l'eau !

L'eau... Que dire de l'eau... C'était ce que je détestais le plus au monde. Après les tempêtes. Pour résumer, j'ai perdu la mémoire en étant pris dans une tempête alors que j'avais qu'une pauvre barque. J'en garde un souvenir assez salé. Mer... Salé... Bref ! En plus, ma magie étant le feu, on pouvait pas dire que l'eau était l'ami des mages de feu. On ne pouvait pas utiliser notre magie comme on l'aurait souhaité dans une zone trop humide... C'était notre ennemi naturel. Me faire toucher ? Certainement pas ! J'avais pas envie de payer, en fait... Me faire toucher par de l'eau en combat ? (Je précise quand même en combat, des fois que des personnes mal-intentionnées croient que je ne sais pas ce qu'est une douche) Jamais de la vie !

Je fis un pas sur le côté. Deux pas. L'attaque aqueuse passa à côté de moi... Heureusement qu'il avait précisé qu'il était débutant, sinon il m'aurait déçu.


Nouvelle salve. J'en tirais une demie douzaine, chaque tir étant espacé d'une seconde. Ma puissance toujours à dix pour cent, j'avais envie de le provoquer. Il fallait qu'il me montre de quel bois il se chauffe ! Moi c'était au... Ahem. Que faire pour le provoquer... Peut-être que lui proposer le repas n'était pas assez alléchant pour lui faire prendre un risque ? Je ne savais pas encore. La seule carte que je pouvais jouer était la provocation. Oui, mon but était de le faire gagner cet exercice. Pour ça, je ne pouvais que le motiver, car ce ne serait plus un entraînement si je ne me défendais pas convenablement. J'étais un méchant professeur, un peu sadique. Mais un professeur avant tout. Enseigner le risque, c'était ma leçon favorite. En fait, le simple fait de s'entraîner avec un mage de feu est un risque, mais Even n'en avait peut-être pas encore eu conscience...

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