Une pièce noire, pas la moindre lumière à l'horizon. Le silence de mort, comme si l'on se trouvait dans un total néant. Voilà dans quel monde le jeune homme se réveilla. Seul, personne, pas la moindre aura d'une présence. Regardant autour de lui avec l'interrogation, le jeune homme commençait à paniquer. Soudain, brisant cette absence, une voix intervint.

« - Tu n’as été que déception. Je n’avais aucune raison de rester avec toi.
- Boréas ? fît le jeune homme en essayant de courir en direction de la voix.
- Si tu n’avais pas été là, j’aurais pu accomplir mon rêve. Tu es ce pourquoi j’ai disparu.
- Shino-nii ?! Même réaction, il se précipita en direction de la source sonore. »

Peu à peu, de plus en plus de sons arrivèrent, toutes des voix que le jeune homme avait entendues. Tous disaient la même rengaine, le même refrain. Le Dragon Slayer était sous un tribunal, dont le juge, le jury et les bourreaux n'étaient autres que ses proches, ses amis d'un temps, tous ceux qu'il avait rencontrés, qui ne faisait que l'accuser de tous les maux du monde. Il courait, il fuyait, il faisait en sorte de pouvoir échapper à ses accusations, les yeux ne faisant que lâcher de l'eau en guise de réponse. Il ne voulait pas affronter ces accusations, puisqu'au fond de lui, il savait qu'ils avaient raison.

Soudain, au milieu de cette obscurité, une lumière, une étincelle d'espoir qui pourrait sauver l'enfant de dragon. Sans hésitations, il accéléra sa course, se précipitant vers ce qui s'apparenta comme son salut. Cette lumière prit forme. Une robe blanche d'innocence, une chevelure d'or. Pas de doute, il s'agissait de celle qui à la fois hantait ses nuits et pourtant le protégeait de ses peurs. Dos à lui, elle ne semblait pas réagir face au jeune homme essoufflé. Osant briser le silence, il lui adressa la parole.

« - Céleste… Tu n’as rien…
- Oui, je vais bien… Mais pas grâce à toi…
- … Céleste… ?
- Tu es celui qui a causé tout ce chaos… Sans toi, tes amis ne seraient pas en souffrance…
- Non ! Attends, je… Je… Rien à faire, la voix du jeune mage s’envolait, ne voulant sortir.
- Tu es responsable pour les malheurs de tes proches…Si tu n’avais pas été là, ils seraient tous indemnes et heureux... »

Elle se retourna lentement avant de faire face au jeune homme, avant de lui attraper le coup pour l'étrangler, comme l'avait fait le dragon dans sa folie sur cette île. Son visage caché par ses traits dorés, à cause de sa tête baissée, elle garda cette position, resserrant son étreinte peu à peu sur la gorge du guerrier, impuissant face à elle.

« - Tu n’es rien d’autre qu’une bête, un démon qui ne mérite pas de vivre. Tout serait tellement mieux si tu n’étais pas là… Tout est de… »

« - Ta.Faute ! »

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Encore une fois, ce cauchemar. Éjecté de cette dimension démoniaque, je me redressai en sursaut de ma position pour dormir. Mon cœur battait fort et vite, la sueur coulait tout le long de mon torse nu, je n'arrivai pas à retrouver mon souffle, risquant de m'étouffer tout seul, alors que je me tenais le cou d'une de mes mains, pour me rassurer, pour me rappeler que ce n'était qu'une illusion créée par mes songes. Soudain, une nausée. Le stress accumulé m'obligea à me lever en urgence en direction de ma salle de bain afin de pouvoir relâcher la pression de mon estomac. Après avoir vidé mes entrailles, je commençai enfin à reprendre me souffle. Toussant, certes, mais je sentais enfin mon cœur arrêter de faire son solo de battements.

Une fois prêt à me relever, je me mis en face de mon miroir. Des poches sous les yeux, les iris brillants et vides, des traces de larmes le long de mes joues... Voilà mon visage au réveil, depuis maintenant une semaine. Cela faisait longtemps que la tour du paradis s'était passée, et ce n'était pas la première fois que je me réveillai d'un cauchemar similaire. Mais depuis les événements de l'île de la géhenne, ces derniers étaient devenus plus intenses, et surtout, se terminaient de la même manière. Pourquoi... Pourquoi il fallait que ça soit-il qui m'apparaissait en dernier ? Avec cette question en tête, et après avoir fait en sorte de retirer ce goût immonde de ma bouche, je pénétrais la douche, en faisant couler l'eau avec la température la plus basse possible pour réussir à me calmer.

Une fois sorti, je me mettais enfin à observer dehors. Comme à quoi je m'y attendais, le jour n'était même pas levé. Depuis la veille, la fatigue m'avait obligé à ne plus sortir de chez-moi, me poussant à essayer de faire des siestes pour récupérer de mes terreurs nocturnes. « Essayer » est le mot à retenir. Même si les siestes m'aidaient à récupérer, le contenu de mes songes ne changeait pas pour autant. Regardant mon horloge, je vis qu'il n'était même pas neuf heures du soir. Pensant que je n'avais plus rien à perdre, je décidai donc de m'habiller afin de pouvoir prendre l'air. Je préférais sortir et prendre le risque de faire un malaise plutôt que retourner de mon plein gré dans cette obscurité. Une fois en tenue, il ne me restait plus qu'à enfiler mon bandeau. Pourtant, quand je tendu la main pour l'attraper, des flashbacks revinrent dans ma tête. La voix de Shinotake résonnant dans ma tête, toujours sur un ton accusateur. Ma main commençait à trembler avant que je ne me forçais à serrer le poing avant de sortir, abandonnant ainsi le bandeau à l'endroit où il était.

J'errais sans but, je n'avais pas réellement d'endroit où je voulais aller consciemment. Je ne savais plus quoi penser de tout ça, ou que faire. Tout ce que je voulais, c'était que tout cela s'arrête, ne plus avoir de remords ou regrets qui ne faisaient que me torturer, comme si des milliers d'aiguilles pénétraient ma poitrine sans répit. Au bout d'un certain temps, je me retrouvai donc en face du bâtiment qui était le plus important pour moi en ce moment. La guilde de Fairy Tail. Observant l'établissement sous la lumière des étoiles qui daignaient se montrer, je me rappelai tout ce qui s'était passé depuis que j'avais reçu cette marque sur ma poitrine. Les Régalia, l'examen d'Ethan, le tournoi de Fiore, l'incident du paradis, ma rencontre avec elle... Tous ces souvenirs influant en moins ne m'amenèrent qu'à une seule conclusion. Si je devais protéger les personnes que j'aime du danger que je représente, je me devais de les laisser, de partir. Je devais quitter Fairy Tail.

Sur cette conclusion, je tournai enfin le dos à la guilde, me disant que j'allais devoir préparer mes affaires pour partir dans la nuit. Cependant, le destin avait très souvent d'étranges manières d'agir sur notre chemin. Alors que je commençai à partir, le regard au sol perdu dans mes pensées, un bruit de pas interrompit ma transe. Levant légèrement les yeux, je reconnus cette tenue, cette silhouette, cette odeur qui m'avait échappé jusque-là, et ce, malgré mon odorat de chasseur. Je relevai donc la tête pour la voir, et m'aperçut ainsi de son état. Elle me regardait avec des yeux qui indiquaient bien la peur. Je ne pouvais lui en vouloir. Après tout ce que j'avais fait, il était normal qu'elle ait peur de moi, et ce, même si je ne l'avais pas voulu. Elle prit alors la parole, annonçant qu'elle était venue pour me parler. À cette phrase, je pouvais sentir mes bras tremblés. Je commençai à revoir le cauchemar précédent, ce visage d'horreur qui me fixait. Après un court instant de silence, je commençai à serrer les poings, essayé de me calmer, tout en prenant une inspiration inaudible pour elle. Je me remis alors à parler, les yeux vers le sol.

« - … Nous n’avons rien à nous dire. Nous savons toi et moi que rien de ce que je pourrais faire ne pourra pardonner ce que je t’ai fait… »

Je sentais mes lèvres trembler à leur tour. Je commençai à reperdre le semblant de calme que j'affichais, l'illusion que j'essayai moi-même de mettre en place. Je me les mordais légèrement afin que la douleur puisse me ramener à l'ordre, avant de commencer à m'avancer. Je n'osai même pas la regarder, préférant fuir, comme toujours, son regard qui même si affichait de la douleur et peur, pouvait rapidement se changer en haine à tout instant. Marchant donc pour quitter les lieux, au moment d'arriver à son niveau, sans m'arrêtant, je lâchai ce que je pensais être ma dernière réplique.

« - Je vais quitter Fairy Tail. Vous serez tous meilleurs sans moi. »

Je me demandais pourquoi je n'avais pas pris cette décision avant. Était-ce parce que je voulais rester ici, par égoïsme ? Était-ce parce que je savais que si je partais, je n'aurais trouvé nulle part ailleurs un endroit où je me serais senti aussi bien ? Sans doute un peu des deux. Peu de personnes auraient accepté d'avoir quelqu'un comme moi auprès d'eux. Enfin, à l'époque, je pensais que je n'avais tout simplement pas ma place en ce monde (oui, j'avais atteint ce niveau d'Emo-tittude). Quitter la guilde me semblait être la meilleure solution si je ne voulais plus blesser les gens qui comptent pour moi... Tous sans exception... Y compris celle qui était dans mon cœur.

Ce n'était qu'au moment où je l'avais vu devant moi, vivante, après les évènements de la tour du Paradis que j'avais compris pourquoi elle m'obsédait tant. Ce n'était pas qu'une simple amitié profonde et plus importante qu'avec un autre membre de la guilde. Ce n'était pas non plus quelqu'un pour qui j'éprouvais une affection forte comme pour un frère ou une sœur. C'était bien plus que ça... Un sentiment que je pensais n'existait que dans les romans, dans les histoires de bonnes femmes qui se narguaient dans une illusion sans valeur. Je ne pensais pas ressentir une telle émotion un jour...

Et c'était justement pour ça que je ne voulais pas rester près d'elle. Je l'avais blessé, et même pire, j'avais tenté de la tuer. Comment avais-je ne serait-ce que l'espoir de la possibilité de rester auprès d'elle ? Moi ? Un monstre endormi qui n'attend que le moment où on lui retirerait ses chaînes pour semer désordre et chaos. On avait beau m'avoir répété qu'il ne s'agissait que mensonges, que je n'étais pas maître de mes actes. Mais pourtant... Même si je ne les avais pas reconnus, c'était moi qui avais choisi d'attaquer ceux en face de moi, sans chercher à comprendre. Je ne voulais qu'une chose : les éradiquer en espérant calmer ma douleur... Des pulsions animales qui ne demandaient qu'à être libérées. Pour toutes ces raisons, je ne pouvais risquer de la mettre en danger, même si mon cœur s'en mourait de douleur de ne plus la voir.

Ayant terminé ma phrase, je m'apprêtais donc à m'en aller sans me retourner, serrant mon poing à la limite d'en faire sortir du sang pour ne pas montrer mes émotions. Mais je fus vite ramené à la réalité d'une manière assez singulière. Une douleur sur la joue me surprit pendant ma course. La fatigue et la surprise accumulée me firent perdre mon équilibre, posant donc un genou à terre. Que venait-il de se passer ? Une question qui se répétait en boucle dans ma tête, sans vraiment que je ne cherche de réponse. Levant la tête pour en trouver la source, la surprise me frappa encore plus violemment au visage. Céleste, en larme, m'avait giflé. C'était la première fois que je voyais directement son visage d'aussi prêt depuis notre discussion. Était-elle dans cet état depuis le début ? Si c'était le cas, encore une fois, c'était ma faute. Elle était en colère, elle m'en voulait. Je voulais fuir cette situation, mais mes jambes ne voulaient m'écouter. Je la vis s'approcher de moi, et les souvenirs des cauchemars me reviennent. J'avais peur, tellement peur que je ne pus que fermer les yeux en attendant ma sentence...

Puis, je sentis quelque chose autour de mon coup, mais pas des mains qui essayaient de m'étrangler. Ouvrant lentement les yeux, je pus voir que la jeune blonde avait enroulé ses bras autour de moi, avant de venir coller son front contre mon torse. Je ne voyais pas son visage, mais je devinais aux faibles sanglots qu'elle faisait ainsi qu'à la sensation coulant le long de mon corps qu'elle n'avait pas arrêté de pleurer. Je ne faisais qu'observer, impuissant, la chevelure d'or devant moi qui tremblait rien qu'à être auprès de moi. Soudain, sa voix reprit, brisant ma contemplation. Elle voulait que je reste ? Pourquoi ? Moi qui lui avais fait tant de tort, moi qui avais même tenté de la tuer... Pourquoi ? Elle continua en disant qu'elle voulait partager mes douleurs, mes souffrances, mes péchés. Elle voulait rester avec moi... Une sensation étrange grandit en moi, une chaleur presque rassurante et apaisante. Moi qui ne supportais pas les fortes températures, je me retrouvais à en demander plus, ressentir encore cette chaleur qui m'enivrait.

Vint alors la conclusion. Resserrant son étreinte autour de moi, me voilà maintenant en face-à-face avec elle ? Je ne pouvais que la regarder droit dans ses yeux bleus, emplis d'eau qui ne cessait de couler le long de son visage. Mon cœur commença alors une véritable symphonie effrénée. Mes joues étaient en feu. Ma respiration devenait inexistante, de peur de briser ce moment. C'est là qu'elle prononça les mots qui confirmèrent ce que je ressentais pour elle, et surtout... Le fait que c'était réciproque. Elle m'aimait comme je l'aimais. Dans une autre situation, me connaissant, j'étais sûr que je me serais écroulé au sol à cause de l'immense poussée de fièvre et de l'euphorie que j'aurais accumulé.

Mais... Ce n'était pas une autre situation. Les souvenirs, les cauchemars. Tout ce qui hantait m'arrachèrent de cet instant magique dans lequel je me serais perdu indéfiniment. Sa douleur, sa peine... Ma rage, ma folie... Comment cela pouvait-il fonctionner ? Même si j'avais la confirmation qu'elle ne me haïssait pas, et mieux encore, qu'elle m'aimait, j'avais réussi à détruire l'une de mes interrogations majeures. Mais hélas, une autre subsistait, et qu'importe quel était son pouvoir, je doutais qu'elle puisse y répondre. Affichant un sourire mélancolique avant de perdre ma joie, je fermais les yeux en retirant les bras que j'avais autour de mon cou en écartant la jeune blonde. Lâchant les siennes, je ne pouvais même pas me lever. J'entamais alors un monologue empli de regret et désespoir.

« - Je… Tes sentiments… Je doute à quel point tu sais combien ils représentent pour moi… Mais… »
Tremblements.
« - Et si jamais ça recommence… Si jamais je perds de nouveau la raison ?... Je ne veux plus te blesser… »
Sanglots.
« - Après tout, ma magie est ce qu’elle est… Une magie qui sert à tuer… Je ne suis qu’une bête qui peut devenir enragée à tout instant… »
Isolement.
« - J’ai peur Céleste… J’ai peur de redevenir cette chose… J’ai peur de te faire du mal à nouveau… »
Larmes.
« - Je veux rester avec toi… qui a pardonné l’immonde personne que je suis… Mais… Si je reste, je ne sais pas si la… Si la prochaine fois je pourrais m’arrêter… »
Esprit brisé.

Je n’en pouvais plus. Mon esprit qui avait pour habitude de s’enflammer était en train de se consumer à petit feu. Ma fatigue et mes cauchemars avaient eu raison de mon âme tourmentée. Voulant fuir, j’étais enchaîné. Voulant disparaître, j’étais affiché sous les regards haineux. Voulant mourir, je ne faisais que ressentir douleur. Que pouvais-je donc faire pour pouvoir arrêter ma descente aux enfers ? Peu importe à quel point je souhaiter en finir une bonne fois pour tante, les hurlements, les cris, les larmes ne cessaient de résonner dans ma tête. Et même elle… Elle qui avait accepté ma nature et qui répondait aux sentiments que j’éprouvais. À chaque fois que j’essayai de m’imaginer auprès d’elle, je me revoyais en train de sombrer dans une rage destructrice. Je ne savais plus quoi faire, et ne faisait qu’attendre que le ciel m’envoie un ange pour me guider.

Et c’est un ange qui m’apparut. Apparaissant d’une lumière presque aveuglante, un être ailé vint prendre la place de Céleste avant de me prendre dans ses bras et de me recouvrir de ses ailes. J’eu un moment d’absence face à cette apparition, mais compris qu’il s’agissait de nul autre que la mage qui s’était transformée. Le contact de ses bras sur ma main me faisait frémir, tandis qu’une nouvelle énergie semblait émergée en moi, comme si elle m’était insufflée. Ne comprenant pas d’abord, le temps de faire la connexion, j’associai la transformation de la blonde avec l’état dans lequel j’étais. Elle s’était transformée afin de me redonner de l’énergie, de la force, et surtout… Me calmer. En effet, rien que d’être auprès d’elle à cet instant ne m’avait rendu plus apaisé, rendant ainsi mon souffle plus régulier et ma vision plus claire. Seuls les battements de mon cœur ne s’étaient pas arrêtés. C'était encore la chamade… Mais de manière différente.

Alors que j’étais encore en pleine interrogation sur cet instant, je sentis son visage se rapprocher de moi, venir me murmurer à l’oreille. Elle faisait tout pour me calmer et me rassurer, m’affirmant que je ne redeviendrais jamais cette « chose » selon elle. Elle continua en me disant que je ne devais pas considérer ma magie comme celle d’un destructeur. Que si Boréas voulait me donner son enseignement, c’était pour que je sois un protecteur, quelqu’un capable de se battre pour ce qu’il voulait préserver. Pour mes amis… Pour ma guilde… Pour elle… Elle voulait que je redevienne comme avant, quelqu’un qui pouvait crier haut et fort qu’il se battrait jusqu’au bout pour ses convictions. À ce moment, j’étais encore empli de doute. Pouvais-je vraiment croire en ses mots, ou devais-je les traiter comme une simple idylle destinée à me bercer d’illusions ?

Cette interrogation se tue, au moment où j’entendis mon nom une nouvelle fois, avant qu’elle ne réapparaisse sous mon regard. Dans cette même lumière qui lui avait donné cette forme angélique, elle réapparut devant moi, ses yeux plongés dans les miens. Les larmes du ciel continuaient à tomber à flots, nous noyant dans cette rue sombre et déserte. J’étais perdu dans mon monde, un endroit où plus rien ne comptait. Que ce soit mes malheurs, mes démons, même un chaos apocalyptique… Il n’y avait rien de tout cela, il y avait juste « elle ». Soudain, je vis son visage s’approcher, lentement, doucement. La voyant fermer les yeux, il ne me fallut qu’un instant pour comprendre. Le temps s’arrêtait alors, me laissant encore perplexe. Que faire ? Ma tête me hurlait d’interrompre cet instant, que je ne devais pas me perdre encore dans une utopie. Mais mon cœur…

Les joues en feu, le cœur devenant fou, et le souffle s’étant coupé, j’imitai son mouvement. Fermant les yeux à mon tour, je venais à sa rencontre, déposant ainsi mes lèvres sur les siennes. Comment ai-je fait pour vivre sans cette sensation ? Cette douceur, cette tendresse, même cette chaleur apaisante qui m’envahissait rien qu’à son toucher. Instinctivement, je posais mes mains sur les siennes afin d’entremêler mes doigts avec. Je ne voulais plus la lâcher, la laisser partir. Je me maudissais d’avoir dit que je voulais moi-même m’exiler de cet ange qui se trouvait sous mon nez. Elle me déclara encore une fois ses sentiments, pendant cet échange, me forçant à prolonger encore ce moment magique, juste un peu, toujours un tout petit peu plus.

Je rompis finalement le contact, essayant de reprendre mon souffle alors qu’il était encore chaud et irrégulier. Je rouvris les yeux, observant le visage de cette fille qui me passionnait tant. Même si cela ne dura que quelques secondes, j’avais l’impression d’être passé une éternité auprès d’elle, comme si le temps n’avait plus aucune n’influence sur nous. Sentant que ma gorge pouvait enfin me laisser parler de nouveau, je posais délicatement mon front contre celui de la blonde, resserrant l’étreinte que j’avais sur ses mains, avant de prendre la parole.

« - Je ne sais pas si tu as raison de me faire confiance comme ça… À vrai dire, je ne sais pas si je me fais confiance à moi-même… Mais une chose est sûre. Chaque heure, chaque minute, chaque seconde que je passerais à tes côtés… Je te promets de faire en sorte de te protéger… La douceur de ta peau… La tendresse de ton sourire... La bonté dans tes yeux… Je les protégerais tous, parce que… Je… Je… »

Sans bouger de ma position, je détournai mon regard du sien, le plongeant vers le sol. Après tout ce qui venait de se passer, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Ma température commençait à attendre des niveaux que même au désert de Nérobi je n’avais jamais atteint. Ma voix ne voulait pas prononcer ces deux petits mots qui, bien que paraissant insignifiant, avait un poids gargantuesque. Mon cœur s’affolait comme jamais, me faisant me demander s’il n’allait pas sortir de ma poitrine. Descendant donc mon regard, je constatai ainsi la pluie s’écouler le long de mon torse… Ainsi que le long de ses vêtements.

Mon teint habituellement si pâle vira immédiatement à l’écarlate. Je me rendis compte alors de la position dans laquelle je me trouvai, mon cerveau ayant enfin repris le contrôle de mon corps. Je tenais les mains de Céleste, mon front collé au siens, et en train d’observer les effets de l’eau sur sa tenue. Il n’y avait pas eu une demi-seconde de passée que je fis un bond en arrière, bloquant mes yeux avec ma main tout en détournant mon regard du corps frêle de la jeune fille. Je commençai alors à la montrer du doigt, ma main tremblant comme si j’étais capable de provoquer des secousses sismiques, tout en essayant de lui parler.

« - J-j-j-je c-c-crois qu’il f-f-f-faudrait rentrer… a-a-avant que tu ne sois t-t-t-t-trempée et q-que tu ne tombes m-m-malade… »

Je n’arrivai pas à redonner à ma peau sa couleur habituelle, peu importait à quel point j’essayai. Voilà que je me retrouvai en train de paniquer intérieurement, imaginant un mini-moi courir dans tous les sens en train de faire plusieurs émotions à la fois : bonheur, joie, euphorie, peur, honte, stresse… Et même une version en train de saigner du nez comme un attardé, m’obligeant instinctivement à me donner un coup-de-poing sur la tempe. Prenant enfin le temps de respirer un coup, et surtout, en faisant en sorte de ne plus regarder Céleste, j’avais enfin repris un teint plus « naturel ». J’avais encore des rougeurs, mais au moins, je paraissais plus humain. Soupirant une dernière fois, je pris mon courage à deux mains et m’approchai de la blonde, tendant la main vers elle pour l’aider à se relever.

« - Il commence à se faire tard… Je te raccompagne... Chez toi…? »