Karen n'avait pas été déçue cette fois... Cet enfant du désert lui plaisait terriblement ! De là où sa moitié mentale avait décidé de s'asseoir, elle avait pu observer à loisir les réponses et mimiques du membre d'Oracion Seis. Complètement intimidé, elle aurait jurait qu'il avait été sur le bord de pleurer plusieurs fois mais c'était certainement l'excitation qui lui jouait des tours. Comme quoi, avoir été élevé par un dragon n'avait pas l'air de l'avoir préparé au monde cruel des humains.

Au fur-et-à-mesure de la réunion, elle avait pris possession du corps sans même sans rendre compte tellement elle observait avec attention ce fameux Griffith. De nouveau aux commandes, elle avait du se retenir de ne pas sauter dans la mêlée pour l'approcher de plus près. Mais c'était trop tôt, elle aurait alors gâché tous ses espoirs . Non, elle devait patienter et attendre son heure, dans les ombres...

Elle avait savouré le moment où il s'était incliné devant leur maître de guilde. Incliné ! Elle n'en revenait pas encore. Ce Griffith était vraiment un cas parmi les cas. Il bafouillait tellement qu'elle n'avait qu'une envie : c'était de le serrer dans ses bras pour abréger son calvaire. Un peu comme si son instinct de mère poule venait miraculeusement d'émerger dans cet océan d’égoïsme qui composait l'esprit de Karren.

*Allen : Mère poule ?! Mais qu'es-ce qu'il faut pas attendre ! C'est pas parce que tu veux serrer contre toi ton futur jouet que ça fait de toi une maman aimante et protectrice...*

*Karren : ...*

*Allen : Ça fait juste de toi une enfant pourrie gâtée qui a peur qu'on casse son jouet préféré !*

Dans l'état où elle était, elle n'avait même pas prêté un demi-neurone aux sarcasmes de son coloc spirituel. Elle était d'ailleurs en train de se demander comment une personne aussi gentille et naïve était tombé dans une des pires guildes noires de Fiore. Malheureusement, la réponse était dans la question : sa naïveté. Ah moins qu'il ne cache une autre personnalité, elle ne voyait que cette option pour comprendre sa situation. Il n'était effectivement pas rare que des mages noirs peux scrupuleux usent de psychologie et de démagogie pour enrôler de jeunes esprits faibles et relativement vierges. Son petit doigt aka son instinct féminin lui disait que le pauvre Griffou en faisait partie.... Instinctivement, elle était même parvenue à déjà lui trouver un surnom affectueux !

Alors qu'elle était plongée dans ses réflexions existentielles, elle n'eut que le temps de voir disparaître un bout de la cape de sa proie. Ratant un battement de cœur, elle sauta de son piédestal pour poursuivre sa cible. Une pauvre âme essaya de la retenir par le bras mais un simple regard lui fit comprendre qui pilotait le corps et quel était son état à ce moment là. On ne dérangeait pas une tigresse en pleine chasse ! La plupart des membres de Silent Night connaissait leur particularité mentale et pouvait aisément deviner la personnalité dominante en fonction de leur faciès. Une émotion forte était souvent synonyme de l'apparition de Karren, la furie tandis qu'un visage impassible et neutre indiquait la présence rassurante d'Allen.

Malgré son léger retard, elle arriva sans mal à retrouver le dragon slayer du désert. Mettant en œuvre tout ce qu'ils avaient appris sur la discrétion, elle entama la filature dans les rues de la ville qu'elle connaissait comme sa poche...

[HRP]Vraiment désolé pour le retard ! [/HRP]

Durant toute sa filature, elle n'avait cessé de penser au discours du jeune dragon slayer.  Cela lui semblait encore tellement surréaliste qu'elle doutait de ce qu'elle avait pu voir et entendre. Pourtant, ce qu'elle pouvait maintenant en voir, confirmait allègrement ses visions. Le pauvre était en train de tourner en rond et de s'enfoncer encore davantage dans les méandres de la ville de toutes les tentations. Il semblait avoir tellement peur de croiser le moindre regard qu'il ne regardait même pas où il allait ! Il se contentait d'avancer, prenant de temps en temps un virage, mais sans guère de convictions. Après plus d'une vingtaine de minute d'errance tel une âme en peine, Karen voulut abréger les souffrances du malheureux mais un événement inattendu lui fit changer ses plans.

Assis contre un mur dans une ruelle à peine éclairée par les lacrymas de lumière pourtant si puissant du plafond, il semblait en proie à la plus grande des paniques. Toutefois, quelqu'un intervint avant qu'elle ne puisse faire son apparition. Conservant son statut d'observatrice, elle regarda le gamin se faire emmener par un des pires escrocs du marché. Méphis, un vieillard qui était pratiquement né dans le milieu et qui en connaissait toutes les ficelles. Il n'avait absolument aucun scrupule et son « réseau » devait alors s'étendre sur une bonne partie de l'ouest de Fiore... Du moins, c'était avant qu'il ne perte tout du jour au lendemain.

En effet, le problème quand on est aussi influent dans un endroit tel que le marché noir, c'est que l'on a probablement bien plus d'ennemi que d'allié. Et encore ! Quand l'argent s’emmêle, on n’est même plus garanti que la deuxième catégorie de personne reste encore bien longtemps en place. C'est un monde cruel mais tous ses résidents en connaissent les règles même sil elles ne sont écrites nulle part. Dans le cas particulier de Méphis, alors que son commerce rayonnait à travers tout le marché et même au-delà, ses propres fils tentèrent de l'assassiner pour s'approprier sa fortune... Une histoire si classique que les ventes de moyens de contraception étaient florissantes en ce bas monde. Tout est-il que le vieux grip-sou, flairant le piège, parvint à s'en sortir en cédant sans aucune concession sa petite fortune à ses enfants. Les derniers, bien content de pas avoir du sang sur leurs mains, épargnèrent la vie de leur père et tentèrent de se partager l'argent. Tentèrent...

En seulement quelques semaines, la quasi-totalité de la famille de Méphis disparut dans les limbes. Poison, lustre mal attaché, « crise cardiaque », assassinat,... tous les moyens furent bon pour supprimer un héritier et engranger une plus grosse mise. Tant-et-si-bien qu'il ne resta plus qu'un seul de ses enfants en vie, ce dernier avait perdu une jambe à cause d'une mine « abandonnée » ainsi que l’ouïe d'une oreille à cause d'un cadeau piégé mais il était parvenu miraculeusement à être le dernier sur la liste. Peu après, il fit ses valises et ne mit plus jamais les pieds au marché noir.
Suite à cela, Mephis arrêta complètement le commerce de grande envergure. Cette histoire le dégoutta de la richesse mais prenant toujours autant de plaisir dans ses magouilles, il ne put s’empêcher de continuer dans un cadre plus restreint. Cela faisait, ainsi, plusieurs années qu'il arpentait les rues en quête des rares personnes assez naïves pour se faire avoir. Son histoire était assez connue dans le coin et beaucoup de jeunes venait même lui demander des conseils.

En résumé, c'était une brave personne aux yeux des habitants de la ville souterraine voir un exemple pour certains mais pour quelqu'un comme Griffit, cela se rapprochait plus du cancer qu'autre chose. Il faisait typiquement partie de son rayon d'action. Jeune, naïf et paumé.

Le vieil homme l'attira jusqu'à son antre, vague reliquat de sa gloire d'antan. On pouvait toutefois y trouver tout et n'importe quoi dans un bazar des plus totales. Un bordel sans nom où des clefs célestes en toc côtoyaient des peluches piégées ou encore des stylos magiques qui avaient la particularité de claquer dans les mains après seulement quelques utilisations. Pour parfaire l’ambiance de cette charmante boutique, un nekomata presque aussi vieux que son propriétaire dormait tranquillement sur le meuble vétuste qui lui servait de comptoir.
A l'ombre d'un empilement de caisse, elle parvint à entendre leur discussion. Le pauvre mangeur de sable était entrain de se faire entuber de la plus belle des manières. Trouvant le moment opportun, elle fit son entrée en scène. Elle se téléporta entre les deux de sorte d'écarter le vendeur peu scrupuleux de sa proie. Présentant son dos à Griffith, elle choisit de commencer par le plus vieux.

Bien le bonjour Méphis.... serais-tu devenu sénile depuis notre dernière rencontre ? N'es-tu plus capable de reconnaître un membre d'Oracion Seis quand tu en vois un ? Dit-elle en pointant de la tête le jeune homme.

Se décalant légèrement, ce dernier put mieux observer sa proie. Ses yeux s'arrondirent devant la marque présente sur la main droite de celui qu'il avait pris pour une cible facile. Cela faisait partie des quelques règles de bonne survie du marché : ne jamais, au grand jamais, pigeonner un membre de la guilde noire qui gouvernait le lieu tout entier. Cette règle implicite valait également pour ceux de Silent Night mais dans une moindre mesure et au détail près que le membre en question devenait la honte de la guilde.... quoi de plus pitoyable qu'un voleur volé ?! Le vieil homme transpirait maintenant à grosses gouttes et commençait même à bafouiller.

P-p-pardonnez moi ! Je ne savais pas shushushu...

Mais déjà l'instant de panique était passé. On ne restait pas en vie bien longtemps dans cette ville si on était pas capable de garder son sang froid en toute circonstance.

Pour le collier, c'était une blague shushushu... je me doute qu'elle a bien plus de valeur à vos yeux qu'elle n'en aura auprès de mes autres clients shushushu... Je vais vous indiquer de suite le che...

Inutile. En tant que membre de Silent Night, je vais l'escorter jusqu'à la sortie... qui sait, sur quel genre de personne il pourrait tomber dans ce bas monde ! Dit-elle en lançant un regard lourd de sens à Méphis.

Alors qu'ils sortaient de la boutique, elle put l'entendre grommeler sur une certaine jeunesse qui n'aurait plus de respect envers leurs aînés... mais elle avait sans doute mal entendu.

Elle guida Griffith quelques mètres plus loin avant de faire sa présentation tant attendue. Pirouettant sur elle-même, elle lui fit face et prit bien soin de le regarder droit dans les yeux, toujours avec un large sourire aux bords des lèvres. Faisant une révérence exagérée, elle se présenta tel un vrai majordome, main repliée sur son cœur. Elle aimait vraiment en faire trop.

Karen pour vous servir ! Je suis membre de Silent Night comme vous l'avez sans doute déjà remarqué. Je connais la ville comme ma poche, ses dangers.... comme ses bienfaits ! Même s'ils sont parfois un peu dur à trouver. Vous m'avez l'air perdu, que diriez-vous que je vous accompagne jusqu'à la sortie ?

Elle laissa la question en suspend, main tendue pour conclure l'accord. Elle semblait maîtriser la situation, mais elle bouillonnait intérieurement. Mille et une question lui venait à l'esprit et il lui tardait d'obtenir ses réponses.

Pendant ce temps, Allen dormait paisiblement dans un coin tandis que l'hémisphère droit fonctionnait à plein régime en compagnie de Karen, sa plus belle représentante. Ce qui était bien entendu une image... il n'y a pas de coin dans un esprit !

Plus Allen regardait la scène à travers les yeux de sa consœur mentale plus il avait l'impression de voir un chaton feuler pour tenter vainement d'imiter ses parents. Mignon et particulièrement inefficace à moins que le but initial soit de faire mourir de rire son opposant. Ce garçon était certainement plus fort que lui mais il manquait de charisme et de confiance en soi... et pas en petite quantité. Il avait presque envie de le prendre dans ses bras et lui apprendre ces deux choses si essentielles dans le monde cruel dans lequel ils vivaient. Presque... il n'avait aucune intention de le dorloter au contraire de Karen. En repensant à ce qu'il s'était passé dans la guilde, il ne comprenait pas la réaction du maître de guilde. Il l'avait traité comme un invité d'honneur alors qu'à part sa marque tatoué sur lui, il n'avait vraiment rien d'une personne comme Rei.

*Allen : Quelqu'un doit inculquer à ce gosse les bases du monde. J'ai compris pourquoi Oracion Seis l'a pris sous son aile. Il est naïf, malléable et puissant...moi, j'appelle ça une arme.*

*Karen : Tu ne crois que je ne l'avais pas compris ?! Mais il est encore si innocent à son age ! Ce serait un crime de lui priver de ça.*

*Allen : Tu préfères peut être qui la perde le jour où sa guilde le forcera à tuer quelqu'un ?*

*Karen : ... *

*Allen : Il faut que quelqu'un se charge de lui apprendre toutes ses choses sinon ils continueront à le manipuler. Il mettra certainement du temps à le comprendre mais on ne peut pas rester un enfant toute sa vie... en particulier quand on est fils de dragon.*

*Karen : je suis bien curieux de voir comment tu t'y prendrais. Tu as vu comment il a réagi il y a quelques secondes ?*

*Allen : Le mieux serait déjà de commencer par l'éloigner de toute cette foule. Je suis un peu près sûr qu'il n'est pas le genre de personne capable de supporter autant de regards.*

Finissant leur mise au point mentale, elle repris conscience de la réalité. Le jeune homme avait donc essayé de réaffirmer ses positions sans grande conviction même s'il semblait fier de lui. Elle comprenait le point de vue d'Allen mais elle ne pouvait pas simplement tout lui balancer d'un coup et encore moins après cet épisode ! Pour la foule, elle connaissait un moyen radical de s'en échapper bien que cela le déboussolerait certainement. Se relevant, elle répondit d'un ton doux au gamin aux yeux péridots. Elle devait tout faire pour ne pas le brusquer.

Je suis peut être un voleur professionnel mais je ne suis pas plus menteur qu'assassin. Je ne vous veux que du bien. Et je ne doute point que vous sachiez vous défendre mais là n'est pas la question. D'ailleurs, avant de vous montrer la sortie, j'aimerais partager une petite discussion... plus amical avec vous ! Mais pas ici, il y a bien trop d'oreilles indiscrètes à mon goût. Dit-elle en pointant du regard les badauds qui s'étaient amassés derrière l'enfant du désert.

Laissez moi prendre votre bras... ne faites pas cette tête là ! Puisque je vous dis que je ne veux pas vous tuer !

Ne lui laissant pas le temps de réagir, elle s'agrippa à lui et activa sa magie préférée pour l'emmener une dizaine de mètres plus loin sur le toit d'une boutique. Comme il ne pleuvait bien entendu pas au marché noir, tous les toits des bâtiments étaient plats pour faciliter la construction. Ce qui avait la particularité de former un immense terrain de jeu à qui savait se mouvoir dessus. Elle patienta le temps que Griffith reprenne un peu ses esprits en s'asseyant sur un rebord. Par expérience, elle savait qu'on était toujours un peu perturbé après une téléportation... sauf quand on avait l'habitude bien entendu.

L'autre avantage de l'avoir amené là haut était que l'endroit était bien moins bruyant et sombre qu'en contre-bas. Ici, il n'y avait pas de murs pour bloquer les rayons lumineux des lacrymas géants. C'est également là qu'on pouvait réellement s'apercevoir de la grandeur et de la complexité du marché noir. En somme, elle espérait qu'il soit plus détendu et plus prompte à parler calmement qu'auparavant.

Encore une fois, ne vous inquiétez pas, je ne vous ai pas amené ici pour vous faire quoi que ce soit de mal. Je ne suis pas aussi fou qu'Ilhem pour croire que j'ai une chance de vous battre en combat s'il m'en prenait l'envie, ce qui n'est pas le cas. Je veux juste un peu parler avec vous...

*Allen : Laisse moi m'en charger.*

*Karen : Non, pas encore. Parler de toi ne ferait que le rendre encore plus confus et méfiant envers nous qu'il ne l'est déjà. Vaut mieux lui laisser un peu de temps.*

*Allen : Ok.*

En fait, j'aimerais savoir pourquoi faites-vous partie d'Oracion Seis. Que vous a-t-on dit pour que vous intégriez pareil guilde ? Je veux dire, vous êtes gentil voir peut-être même trop gentil et vous avez défendu, il n'y a même pas une heure, l'homme qui a tenté de vous tuer de sang froid pour prendre votre place ! Ce n'est pas une mauvaise chose et c'est même tout à votre honneur mais on ne peut pas vraiment dire que c'est une qualité commune à vos compatriotes.

Toujours assise, elle attendit la réponse tant attendue à la question qu'elle se posait depuis sa rencontre avec lui.

Comme elle s'en était doutée, le maître d'Oracion Seis avait réussi à toucher la corde sensible de l'enfant du désert. Ce qui n'était en soit pas bien compliqué pour le chef d'une guilde réputée pour sa fourberie et son talent de manipulation. Sans compter que Griffith laissait un nombre effarant d'ouvertures émotionnels à première vue. Ce Kite Reyes avait simplement été le premier à le rencontrer. Son but étant certainement de le modeler petit à petit pour en disposer comme bon lui semblerait. Et au vu de la façon dont il parlait d'eux, elle pouvait en conclure que le projet avait bien avancé. A ce stade, elle se voyait mal lui dire que tout ça n'était qu'un tissu de mensonge et lui demander de la croire, elle. Si elle se faisait, elle n'aurait pas été bien différente de la guilde mère et, de toute façon, cela aurait eu bien peu de chance de fonctionner.

*Allen : Il a l'air tellement attaché à cette guilde... ça va pas être de la tarte.*

*Karen : je pense que la meilleure chose à faire soit encore de simplement le mettre en garde pour le moment.*

*Allen : De toute façon, si on lui balance tout en un coup, il va encore nous faire tout un cirque avec son sable. Et tu sais bien qu'il y a rien de plus chiant qu'avoir du sable dans ses chaussures !*

Toujours assise sur le rebord, elle prit un peu le temps de réfléchir avant de répondre. Ce n'était pas vraiment son genre de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler mais, cette fois, la situation l'imposait. Elle devait avant tout lui faire prendre confiance en lui-même tout en le dirigeant dans la bonne direction et tout cela sans qu'il ne se renferme dans sa coquille à son égard. Ayant choisi soigneusement ses mots, elle releva la tête pour poursuivre la discussion.


Je suis heureux d'apprendre que tu t'entends bien avec les autres membres de ta guilde... mais, tu as bien du entendre des rumeurs sur Oracion Seis non ? Celles que j'ai pu entendre n'étaient pas du genre très joyeuses. Mais, des rumeurs restent toutefois des rumeurs et je sais bien qu'il y a toujours une forte part d'exagération. Je ne peux donc pas te dire à qui tu dois faire confiance et qui croire...

Mais je peux toutefois te donner un conseil qui n'est pas valable seulement pour toi mais pour n'importe qui : « garde un esprit critique en toute circonstance ». Soit bien sûr d'être toujours maître de tes décisions. Même si c'est ce Kite Reyes qui te l'ordonne, regarde d'abord au fond de toi si c'est ce que tu veux vraiment faire. Dit-elle en pointant son doigt sur le cœur du gamin du désert.

Bref, tout cela pour dire que tu dois rester toi même avant tout. Je me base encore sur des rumeurs mais j'ai entendu dire que les dragon slayer considèrent les dragons qui les avaient élevés comme leurs propres pères ou mères. Si cette rumeur est vrai, sois bien certain de pouvoir lui faire face, la tête haute, quand tu le retrouveras ! Fais en sorte qu'il soit fière de ce que tu es devenu.

Elle avait peut être été trop loin mais au moins, elle lui avait tout dit. Ces grandes paroles ne venait pas d'elle à la base mais d'une personne qu'ils avaient rencontré peu de temps après leur fuite, cinq ans plutôt. Cette dernière les avait aidé à se reconstruire mentalement avant de repartir vers un jour nouveau. En effet, l'apparition de la personnalité qu'ils avaient nommé Warren les avaient profondément perturbé et ils ne savaient plus très bien qui ils étaient eux-même. Elle leur a appris entre-autre à libérer leurs trop plein d'émotions autrement que par leur taré de frère spirituel. Ce qui était sans doute la raison pour laquelle ils n'ont eu le plaisir que de voir une seule apparition du fauve.

Dernière édition par Griffith Lightfield le Jeu 6 Mar - 18:05, édité 1 fois

En y repensant, elle se demandait pourquoi elle avait réagit ainsi envers Griffith. Comment avait-elle pu lui faire la morale ? D'habitude, elle se serait contentée de jouer sur la naïveté de ce dernier pour se jouer de lui comme elle l'a déjà fait de nombreuses fois par le passé.... Non, là, elle avait préféré le prendre sous son aile et même tenté de lui expliquer la vie alors qu'il ne devait y avoir que quelques années de différences entre-eux. Pour qui se prenait-elle pour faire ça ?


*Allen : Ah ça, je me le demande tous les jours !*
*Karen : Tu as ton avis sur la question je suppose ?* pensa-t-elle sarcastiquement.
*Allen : Évidemment ! N'oublies pas que je te connais depuis ta naissance. Ce gosse est un vaste morceau de puissance brute et toi, tu veux juste tailler ta part du gâteau.*
*Karen : C'est faux ! Je veux juste le protéger...*
*Allen : Et le pire c'est que tu ne t'en rends même pas compte. Tu es juste jalouse de le voir se faire engloutir corps et âme par quelqu'un d'autre que toi.*
*Karen : ...*
*Allen : Dans tous les cas, tout a été dit. On aura tout le loisir de faire le point sur nous même plus tard. Concentre toi plutôt sur ton protégé et ce qu'il raconte.*

Karen n'aimait pas ça mais elle devait bien admettre que son confrère spirituel avait raison sur le dernier point. A tergiverser ainsi sur des questions futiles, elle allait rater les réponses de l'enfant du désert. Il avait pris son temps avant de répondre, sans doute pour emmagasiner le tout mais il regardait maintenant son interlocuteur avec bien plus de confiance en soi qu'auparavant. Cela faisait plaisir à voir mais, malheureusement, les paroles qui suivirent ne différèrent pas d'un iota de ces précédents propos. Le comble était qu'il semblait même encore plus épris de sa guilde qu'au début de leur discussion ! Comme si le fait de l'avoir fait douter avait renforcé ses convictions. Cela n'avait pas beaucoup de sens mais elle n'y pouvait pas grand chose.

Il disait également n'avoir encore jamais vu ses collègues tuer la moindre personne. C'était sans doute l’œuvre du maître d'Oracion Seis. Il avait probablement donné l'ordre à ses membres de ne pas commettre de meurtres sous l’œil de Griffith avant qu'il ne soit prêt. Karen voyait en cette information une possible faille dans le plan de ce Kate car le jour où cela arriverait, le pauvre serait certainement pris par d'effroyables doutes. Sans compter qu'il pourrait être lui-même l'assassin en question. Ce serait alors le moment idéal pour Karen d'intervenir ! Ce n'était bien sûr que de simples spéculations mais c'était déjà plus qu'assez pour qu'elle puisse établir des plans pour le futur.

Ne lui laissant pas le temps de répondre, le bougre lui fit un léger signe de tête avant de sauter du toit. Elle n'avait même pas eu le temps de lui dire proprement au revoir ! Alors qu'elle s’apprêtait à le suivre pour lui en toucher deux mots celui-ci réapparu pour lui avouer qu'il n'avait toujours aucune idée de comment quitter l'endroit ! Tout en se demandant s'il avait encore la tête sur les épaules, elle s'avança vers lui pour lui tendre la main et le remonter sur le toit.

*Soupir* Tu n'en rates pas une hein ? Allez, donnes moi ta main, je vais nous téléporter directement à la sortie !

Une fraction de seconde plus tard, ils se retrouvèrent tous les deux en face d'un large tunnel, le marché noir, derrière eux.

Te voici arrivé. Suffit juste que tu continues tout droit sans dévier et tu te retrouveras à la surface en un rien de temps... en fait, plus d'une demi-heure à pied mais tu as déjà fait le chemin dans l'autre sens donc ça devrait aller !

Elle marcha quelques pas en direction du marché noir avant de se retourner une dernière fois vers Griffith.

Ah, une dernière chose. Je m'appelle également Allen. J'ai, disons, une double personnalité. Donc, ne t'inquiètes pas si à notre prochaine rencontre je ne suis pas exactement le même ou si tu entends parler de moi sous le nom d'Allen... J'espère que nos routes se croiseront encore et passe le bonjour de ma part à Rei si tu le croises !

C'est dans un dernier clin d’œil et une ultime téléportation qu'ils se séparèrent. Laissant Karen à une longue nuit de questionnement interne et le général d'Oracion Seis à une petite marche nocturne en compagnie de chauve-souris et de plusieurs centaines de marches...