Pour la vingtième fois, NON! Je ne veux pas de vos melons!

Il n'avait rien dit aux dix-neuf autres, se contentant de sourire, de leur signaler un salut poli, puis de les ignorer tout simplement vers là fin... Mais là, il avait craqué. Il avait la bourse pleine certes... Mais ce n'était pas pour tester leur merveilleux parfums ou leur dattes "aigre-douces" (Aigre-douces? Qui avait eu l'idée d'un nom aussi peu ragoutant?), le tout dans une cohue constante et étrangement organisée. Bien sûr, des vendeurs à l'étalage, pas besoin d'un dépaysement jusqu'à Lalivéron pour en voir mais ceux là étaient vraiment... insistant, pour éviter un autre terme moins poli. Quoi qu'il en soit, et même si le voyage avait représenté un sacré trajet, il était finalement parvenu depuis la caravane à traverser le désert (il en avait d'ailleurs gardé des séquelles et tirait l'épée au clair à tout son qu'il soupçonnait d'être de près ou de loin un Goma), pour parvenir aux portes de la ville et à sa toute première visite de la rose des sables.

Malgré la chaleur et le brouhaha, Eldaln appréciait de plus en plus la ville. Elle était belle, bien organisée, les étalages proposaient des choses qu'il n'avait jamais vu ailleurs et si on ne lui avait pas dit qu'il se trouvait encore à Fiore, il aurait émit de sérieux doutes à ce sujet. On se sentait bien à l'intérieur, avec un sentiment similaire à un bon lit pendant une pluie d'orage. En remplaçant la pluie par un soleil de plomb et l'orage par une tempête de sable, bien entendu. Il se laissa même tenter par quelques confiseries qui, visiblement étaient trop exotiques pour qu'il ait la chance de retomber dessus avant des lustres. Grignotant un gâteau sec (allez savoir pourquoi, à croire que le manque d'eau ne leur suffisait pas...) dont il avait du mal à déterminer le parfum, il avançait en empruntant des grandes avenues qu'il était sûr de reconnaitre, et en demandant son chemin toutes les cinq minutes mais rien à faire: c'est comme si la ville le forçait à emprunter le dédale de couloirs et de ruelles qui la composaient, et que les passants habitués empruntaient bien souvent comme raccourcis.

Oh, pas qu'il craignait grand chose dans celles-ci, après tout la garde seigneuriale veillait au grain à chaque angle mort, et il commençait à se remettre de mieux en mieux de son empoisonnement. Il était encore difficile d'estimer à combien il avait récupéré, mais une chose est sûre: il n'avait plus l'impression d'un carcan l'encadrant à chacun de ces mouvements, et ça, c'était sans prix. Non, la raison pour laquelle il veillait à cela c'était tout simplement pour ne pas se perdre, possédant lui même le sens d'orientation d'un hibou en plein solstice d'été. Finalement, et à son plus grand bonheur, située dans une avenue dégagée, (normal pour une animalerie), un renfoncement profond dans un mur se poursuivait à l'intérieur de celui-ci, dégageant une puissante odeur de... Beaucoup de choses à la fois. Un panneau en bois annonçait simplement Asam Komodo une icône représentant un lézard stylisé s'entortillant autour du nom et mangeant une partie du M de Komodo, le transformant en L... Maladresse ou non? En tout cas, Eldaln reprit rapidement la petite brochure à laquelle il se fiait presque depuis son départ d'Era. L'écurie d'Asam Kolodo. L'un des rares endroit où l'on peut mettre la main sur un fafnir écarlate... Docile tout du moins.

L'intérieur de la boutique était richement décorée avec la touche reconnaissable du type qui avait plein de ... "trucs" pour faire joli et qui, ne parvenant pas à choisir ce qui rendait mieux entre un vase jaune fluo et mini-cactuar qui apparemment dansait si on le touchait avait décidé de les mettre tous les deux. Répétez l'opération plusieurs fois avec des paires d'objets de plus en plus insolite et vous aurez une idée de l'ambiance qui régnait dans la pièce. De mauvais goût, certes, mais avec un côté assez comique, il fallait l'avouer. Le premier réflexe d'Eldaln fut en revanche de se boucher le nez avant de se rendre compte que, respirant par la bouche, son sens du goût avait également été endommagé. Déglutissant difficilement, il identifia finalement l'odeur: c'était un mélange d'écurie de fafnir (des bestioles de base bien odorante) combinée avec un encens capiteux qui rappelait irrésistiblement le parfum de sa grand-tante qui lui rendait (et lui rend toujours) régulièrement visite pour s'assurer que son petit bout'chou allait bien. Une fois le choc passé, Eldaln remarqua que le comptoir était vide. Le vendeur s'était-il absenté? Il haussa les sourcils, patienta trente secondes, puis ne tenant plus se pencha par dessus la petite rambarde en bois pour appeler dans les tréfonds de la boutique: Excusez moi, il y a quelqu'un?

Spoiler:

Eldaln s'attendait à une réponse bien sûr. Possiblement irritée, pourquoi pas. Mais surtout pas à une détonation de canon, ou en tout cas quelque chose qui y ressemblait. Instinctivement, il recula d'un bond en arrière, la main sur la garde de son arme et percutant au passage une poterie en bronze qui vacilla dangereusement. S'apercevant de sa bourde, il la rattrapa in-extremis avec le pied avant qu'elle ne touche le sol, et la remit à sa place, en espérant que le proprio n'ait rien vu. En se retournant, Eldaln fut étonné, car bien que le son semblait venir de la pièce, il ne voyait toujours pas son interlocuteur. Ce n'est qu'en l'écoutant râler qu'il put plus précisément situer le son et apercevoir la petite pique qu'il avait prit pour un élément de décoration s'activer en tous sens. Il mit tout de même un moment à réaliser sa taille, et ce n'est que lorsque celui-ci se jucha sur le tabouret qu'il comprit.

~Oh, un nain... La boulette, j'espère qu'il n'a pas prit la mouche. Apparemment, il à par l'air trop tatillon, alors on va supposer que j'ai rien dit et on va la jouer en douceur~

« Si c'est pour un animal, va falloir casquer mon gars. Tente même pas de me piquer quoi que ce soit ! J'ai des petites jambes et je porte une cotte de maille, mais ma hache c'est une Durandil ! »

~... Ok, raison de plus pour me montrer courtois si je ne veux pas me faire virer avec un pied, ou apparemment une hache là où ça fait mal. Et puis... Pourquoi il est en armure à l'intérieur lui?~

Le chevalier se rapprocha de nouveau du comptoir, se détendit, décocha un sourire encourageant et enchaina sur le ton le plus courtois de son répertoire: Toutes mes excuses, je devais regarder ailleurs. Effectivement, je suis à la recherche d'un fafnir écarlate, on m'a vanté grand bien de votre écurie et j'ai fait le voyage depuis Era pour vous rendre visite. Il parait que votre dressage est impressionnant, moi-même chevalier je me devait de voir ce qu'il en était. Bon, d'accord, là il en faisait peut-être un peu trop, mais il fallait bien arrondir les angles. Histoire de se donner une contenance, il décocha une bourse inhabituellement bien remplie et l'avança sur le comptoir en marquant bien l'impact avec un son métallique, afin de couper court à tout malentendus. Quant à l'argent, je pense avoir ce qu'il faut. Auriez-vous une bête à me vendre?

Les personnification de l'offre et de la demande s'engagèrent dans l'écurie (si on pouvait vraiment utiliser le terme pour un lieu de résidence à reptiles) qui avait au moins l'avantage de ne posséder qu'une seule odeur distincte, ce qui diminua de moitié la migraine montante du chevalier. Les bêtes paraissaient en bonne santé, et il devenait optimiste sur la chose: au moins, on ne semblait pas l'avoir roulé. Il suivait distraitement le nain (pardon, personne de petite taille) dans les allées en jetant des coups d’œils à droite et à gauche lorsqu'il se stoppa instinctivement à la suite de ce dernier. Fouillant dans ses poches, il trouva ce qui le gênait: le dernier survivant des gâteaux sec de tout à l'heure et l'enfourna d'un coup sec avant de s’intéresser à la monture dans l'enclos que le nain lui montrait

- Fallait l'dire tout d'suite mon gaillard que t'avais d'quoi payer ! Tiens, j'ai justement un bestiau comme tu les cherches. Un Fafnir écarlate ! Un peu tête brûlé et excité sur les bords, mais assez rapide et fidèle ! Par contre, évite de lui mouiller la tête, il a horreur de ça... Sauf si tu veux finir en méchoui !

Et en effet, le fafnir avait l'air en forme. Avant de sauter tout de suite sur l'occasion, Eldaln l'étudia néanmoins avec attention. La chevalerie l'avait bien entendu entrainé à l'entretien et à l'équitation avec plusieurs montures possibles, même si le fafnir restait son choix de prédilection, et il avait acquis une certaine expérience dans le domaine (après tout, c'est quand même la classe). C'est rapide, résistant, certes pas ce qu'il y a de plus intelligent mais assez affectueux une fois dressé. D'autant que les fafnirs écarlates sont réputés pour leur grande sensibilité thermique, qui en font des traqueurs hors-paire. Il leva sa main afin de la placer presque à portée des narines de l'animal qui lui lança un souffle chaud, visiblement envieux de mieux identifier l'inconnu.

~Il ne cherche pas à mordre, c'est une bonne chose. Mais il m'a l'air assez jeune... 4? 5 ans à tout casser? En tout cas, il a l'air assez robuste pour supporter une armure. J'imagine que quelques heures d'entrainement finiront de perfectionner son dressage.~

Fe le prend dit-il la bouche pleine sans détacher son regard de l'animal. Il faillit ajouter qu'il aurait bien aimé la raison pour laquelle il ne fallait pas le mouiller, mais il n'était pas sûr d'y parvenir tant qu'il n'aurait pas encaissé le biscuit.

- 390.000 Jewels et il est à toi mon gars !

Eldaln faillit s'étouffer avec son gâteau. 390 000 Jewels?! Ce serait du vol... Si ce n'était pas effectivement la norme en vigueur. Il jaugea du regard avec un œil quelque peu suspicieux le vendeur, à la fois pour voir si il bluffait ou si il y avait matière à négocier. Réponses négatives. Il déglutit péniblement, soulageant sa gorge endolorie ~Merde~. Le chevalier ressortit sa bourse et fit tinter les piécettes en recomptant une nouvelle fois. Il avait sous-estimé la plus-value sur le fait qu'il s'agisse d'un écarlate, mais il avait assez. Enfin... Il allait devoir se serrer la ceinture un moment sur le reste. Puisque c'était encore ce qu'il y avait de plus facile à faire, il vida sa bourse, reprit ce qu'il y avait en trop et la donna au nain avec un soupire résigné. Bon... Au moins je ne fais pas ça pour rien...

Merci encore, c'est une belle bête. Je pense que je vais la renommer mais pour l'instant... Enfin, je verrai plus tard. J'imagine que vous possédez une autre sortie pour l'emmener?

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Dernière édition par Eldaln Silhae le Dim 4 Nov - 16:33, édité 1 fois