Le Domus Flau, une bien belle arène, et... Crocus, la capitale de Fiore, mais aussi la ville la plus incroyable du continent. Des institutions royales dans le secret, un pouvoir décentré mais bien présent, une imposante arène de combat, et pour couronner le tout une architecture véritable. Pourtant, pour se promener dans la cité tout en se dressant à sa hauteur, faudrait-il encore avoir une tenue convenable, ce qui n'est pas le cas de tout le monde. Au minimum, pas celui de Makoto. Entre son habituel T-shirt/short et sa cape déchirée à plusieurs endroits, il tentait de passer inaperçu auprès de la populace bourgeoise de la grande métropole. Il n'en aurait pas été dérangé ordinairement, loin de là, mais les regards plongeants sur ses blessures parvenaient finalement à le déstabiliser. Ces blessures reçues lors de son combat au Domus Flau, dans cette arène digne des plus grands guerriers, bien qu'un un peu trop majestueuse pour lui, réussissaient en effet à attirer l'attention de tous les passants. Le combattant étant sorti de son affrontement il y a peu ne pouvait pour le moment pas dissimuler les marques sur son corps, mais sa fatigue avait tout de même disparu après une bonne heure de repos dans les coulisses de l'arène. Et c'est donc de cela que s'était créée la gesculation maladressatoire du jeune homme qui ne savait plus où se mettre, essayant de garder le style en sachant les regards braqués sur lui. La situation créait un spectacle humoristique au possible.

"Le.. La, le... La boutique de Magie, et vite." monologua-t-il.

Sa première priorité principale – oui oui, sa première priorité principale - fut donc de se diriger vers les quartiers sud de la ville, dans le quartier marchand plus précisément. Il y trouverait sans aucun doute un manteau et, tant qu'il y était, de quoi se faire un ami en supplément. Un jeune animal qui l'accompagnerait dans ses aventures. D'autant qu'on se sent toujours moins seul avec un animal, cela aurait par exemple put lui éviter une honte évidente, ou aussi de passer sur la grand-place de Crocus et de ne rien regarder d'autre que son chemin. Sans s'en rendre compte, il venait en effet de traverser la ville du Domus Flau jusqu'à la grand-place.

Quatre avenues convergeaient vers ce lieu, l'un des plus impressionnant de Fiore, si ce n'était le plus impressionnant. Une fontaine montante était implantée en son centre, d'où s'écoulait l'eau ondulante reflétant le visage en mouvement de Makoto filant vers l'avenue sud. Makoto, qui, bien que gêné et troublé, bien que pressé et manifestement stressé, s'arrêta. Le jeune homme passionné par l'histoire ne pouvait tout simplement pas se permettre de manquer cette architecture hors-norme. Il leva les yeux vers la pointe de la fontaine, qui se trouvait au minimum à deux fois sa hauteur, puis observa l'eau chutant sous l'effet de la gravité. Sa gêne disparut peu à peu pour laisser place à l'admiration rêveuse de la roche en spirale, puis toujours et encore de cette eau qui contenait à la fois des éléments chimiques mais aussi toutes les conditions à son imaginaire infini, l'aidant à se remémorer les évènements passés. Son aventure avec Rose qu'il aimerait revoir, son entrée à Fairy Tail, ou encore son récent combat. Toutes ses situations n'avaient aucun rapport, mais c'était bien là le pouvoir de l'esprit. C'est de tout ce processus qu'il repartit vers son but, plus posé et réfléchi qu'auparavant. Prêt à marchander comme il le fallait.

Après une marche assez calme, et moins dérangée, il parvint aux premiers commerces du quartier sud. Enfin. De nombreuses boutiques aux slogans parfois mensongers tout autant qu'aguicheurs faisaient l'éloge d'enseignes remplies d'une foule mondaine et un peu désagréable au jeune homme. En continuant, il aperçut une minuscule boutique -comparée avec ces géants commerciaux-, modeste et à la façade magnifique, toute de pierre vêtue, sans artifice. Elle passait inaperçue aux yeux des néophytes en architecture, mais c'est justement ce qui plaisait au jeune homme, qui s'empressa d'entrer. Un signal suivit l'ouverture de la porte, et le temps que le vendeur vienne, il jeta un œil aux étalages. Deux, trois paquets de stylos magiques, des lacrymas entassés par foison, et au fond du magasin, quatre ou cinq manteaux alignés. Une petite étiquette ressortait : "Manteau d'anonymat blanc et noir, 200 000 Jewels.". Parfait ! Un vendeur sortit alors de derrière un rideau, apparaissant devant la caisse. Makoto impatient fit sa demande.

"-Bonjour mon bon monsieur ! Votre façade est vraiment superbe, j'en reviens pas ! Je suis venu pour acheter un manteau tel que celui-ci -qui me convient parfaitement-, et aussi pour savoir si vous auriez des larmes de soleil, siouplaît. Ainsi que le prix total, merci d'avance !"

La politesse manifeste du vendeur surprit quelque peu le jeune homme. Certes, il voulait faire baisser les prix, mais l'arrangement arrivait en seconde position, lorsqu'il serait sûr que la boutique détenait ce qu'il souhaitait. Mais apparemment l'architecture, tout ça, tout ça, le vendeur s'en torchait les fesses et bien plus encore. Adieu les discussions philosophiques sur l'ancienneté du lieu, et bonjour les négociations. Au niveau des prix, Makoto connaissant la rareté des larmes de soleil, mais aussi leur éclat, qui faisaient à eux deux monter les prix d'une manière astronomique. Le prix du manteau ne le gênait pas, et puisque visiblement la vente passait en priorité, il n'allait pas se faire supplier pour répondre comme il le fallait.

Premièrement, se servir des arguments de l'opposition pour riposter. Deuxièmement, montrer au vendeur ce qu'il faut. Les deux règles d'or étaient désormais réunis pour gagner la partie. En supprimant le sourire et en prenant une expression plus sérieuse, ça devrait passer.

"Dites donc, vous avez pas l'air calé histoire, vous. Plutôt vente... Alors je vais prendre le manteau en blanc et une larme de soleil, tout pile. Malheureusement pour vous, je n'ai qu'un seul argument...

Makoto attrapa le bas de son T-shirt, le releva légèrement mais violemment, puis sortit de sa poche la bourse pleine à craquer de Jewels. Les blessure sur sa main ne faisaient pas "homme des plus riches qui soient" mais il devait faire avec, ou ne pas faire.

-La somme exacte vous suffira, ou non ? Sinon, je peux m'en aller. Et tant qu'à faire, si vous en voulez, je vous donne ce morceau de tissu, de la qualité, mais ça commençait à dater alors c'est déchiré par-ci par-là, des fois que vous feriez de la récup' pour mieux vendre derrière. Dans l'autre cas, je le jetterai direct' de toute façon."

Vu la tête du vendeur, il allait forcément rétorquer quelque chose. Makoto le savait, ce genre de personnes abandonnait rarement leur mine féroce de travail, cette façade-ci était d'ailleurs tout aussi impressionnante, bien que dans un autre genre, que la façade du bâtiment.

« Et non. L’histoire, je m’en bats comme de mon premier caleçon. C’est pas avec l’Histoire que je me nourris, mais bien avec l’argent. Les bouquins, ça n’te remplit pas le ventre. Et je les digère super mal. » Ajouta le vendeur en posant ses avant-bras sur le comptoir, regardant son client la mine réjouie. Le marchandage, il connaissait. Et il savait en général se montrer intraitable quand il s’agissait de discuter le prix d’un objet, d’une marchandise. Il resta de marbre lorsque Makoto fit lever son vêtement avec style et son expression ne changea pas même lorsqu’il fit apparaître la bourse pleine d’argent sonnante et trébuchante. Les blessures, à présent visibles, du jeune mage de Fairy Tail firent néanmoins sourire le vendeur au grand gabarit.

« Le prix exact, c’est ce qu’il me faut. J’ai pour principe de pas faire payer plus que ce que mes produits valent. Et de ne pas faire payer moins. Je te prends deux millions deux cent mille. Et voilà ton manteau… » Il attrapa ledit manteau toujours sur son cintre qu’il posa sur le comptoir. « Et ta larme de soleil ! » qu’il sortit de sa poche et la lança en direction de Makoto comme s’il lançait une pièce. Il prit ensuite la bourse qu’il versa devant lui. Et d’un coup d’œil, il compta l’argent. « Une piécette en trop. Garde-la. Et garde aussi ton morceau de tissus. Elle t’apportera, un jour p’tête, son lot de surprise. Après tout, comme le dit l’adage… Rien ne se jette, rien ne se perd, tout se vend. Allez. A la prochaine, gamin ! »

Rien... du tout. Le vendeur ne bougea pas un cil plus qu'un sourcil, il resta figé face au gringalet déballant son discours pourtant convaincu et convaincant. Makoto en fut quelque peu surprit au premier abord, puis comprit vite que la personne à laquelle il avait à faire était d'un tempérament à toutes épreuves. Le faire changer d'avis ? Même pas la peine d'essayer. L'histoire, puisqu'il s'en contre-fichait, il s'en contre-fichait, mais bon, 'fallait bien qu'ils vivent ces gens-là... Après l'explication du gros costaud, le jeune homme commençait à décrypter son comportement et à le comprendre comme il le pouvait.

Enfin, le prix. Deux millions deux-cent mille Jewels, tout pile. Pas le choix, d'façon. Le commerçant se servit directement puis posa le manteau blanc sur le comptoir, avant de lancer la larme de soleil. Vu la valeur de la chose, Makoto activa brièvement sa high speed et l'attrapa en vol. Non pas qu'il n'aurait pas pu l'attraper sans, ses chances approchaient même sûrement des cent pourcent, mais comment être réellement assuré qu'un objet en vol ne chute pas... Difficile. Les deux millions de Jewels les valaient bien.

"Merci bien.".

Le mage se rapprocha du comptoir puis attrapa son manteau, avant que le vendeur ne lui rende la bourse et les 589 000 Jewels restants, rien que ça, il ne comptait pas les lui filer de toute manière... Le gérant en tant qu'homme de principe lui rendit aussi son reste de cape, et Makoto fit bon usage de l'adage énoncé. Peut-être qu'il ne vendrait pas de bout de tissu, mais puisqu'il avait une certaine valeur pour lui, il le conserva.

"-(...) Rien ne se jette, rien ne se perd, tout se vend. Allez. A la prochaine, gamin !
-Je garderai ce morceau de tissu alors, j'en ferais p't'être bon usage. Merci pour la vente et si je reviens sur Crocus, j'oublierai de débarquer dans votre boutique avec mes Jewels. Bonnes ventes et à la prochaine donc !".

La sonnette du magasin retentit, annonçant l'ouverture de la porte sur l'extérieur. Makoto enfila instantanément son manteau blanc et recouvrit son visage de la capuche spéciale afin de tester le vêtement nouvellement acheté, puis s'échappa sur le trottoir direction les divertissements gourmands.