J'ai faim... Cela faisait maintenant des heures que je marchais silencieusement en ces contrées, mes jambes me commandant de faire une halte au plus vite. Pourtant, je ne m’arrêtais pas, j'étais résolue à m'échapper de mon foyer, à fuguer, de la même manière que ces charmantes princesses dans mes livres. Elles partaient toujours par un amour contraint ou déçu. Et ce fut la première fois, en marchant si longuement vers l'Ouest, que je me mis à m'assimiler à ces nobles jeunes filles. J'avais toujours ressenti, dans ma bulle, un amour paternel parfait et je me rends compte avec horreur, alors que j'ai passé l’âge de mes 19, que je vivais dans un mensonge, l'amour n'était pas de même nature. Ce que je vis m'avait paralysée, j'étais terrifiée à l'idée de passer une nouvelle nuit aux cotés de mon propre père que je voyais à présent comme un prédateur, celui qui se jetterait sur moi et... Développer en moi ces visions m'était devenu impossible, j'agitais ma tête pour m’ôter un instant de ma pensée active ce contact qu'il avait tant craint. J'étais son fils, pourquoi ne pouvait-il pas me voir en tant que tel?

Ne plus y repenser, ne plus y repenser... J'essayais d'admirer ce nouveau paysage devant moi, peu à peu les collines et les monts émergeaient du sol, et j'étais profondément excitée à l'idée de fouler le pas sur ces hauteurs. Je voulais seulement vagabonder en ce monde, essayer d'en voir le maximum, de vivre des aventures, sollicitant au pire mon sabre et mon entrainement martial. Mon seul désir, alors que mes pas me menaient à présent jusqu'à l'entrée d'une petite ville, était d'exprimer ma liberté, chaque jour durant. Ce mot s’exprimait en moi tel un cri puissant, emportant tout sur son passage. J’étais née pour être libre, personne ne me le retirerait plus. Et sans m’en rendre compte, j’avançais avec une douleur au cœur, la souffrance d’avoir été trahi par un père. A mon grand étonnement, les larmes ne me vinrent pas, j’avais la détermination des héros des contes, car quoique mon monde s’effondrait, je gardais ma soif d’aventure intact. Si vous saviez en ces instants précis la flamme qui m’habitait, vous auriez compris ma rage de vivre. J’étais encore jeune…

Oh tiens, voici que je pénétrai dans l’artère principale du village, il y avait une agitation qui ne m’était pas familière. Il se tramait quelque chose dont je n’avais pas idée et passant, j’interceptais malencontreusement deux solides gaillards qui me poussèrent si bien que j’en fus largement déséquilibrée un instant durant. Ce n’était vraiment pas des manières ! Cependant, je ne pris pas la mouche et je préférai passer mon chemin sans éveiller de soupçons, déclenchant des représailles inutiles. Laissons les imbéciles là où ils en sont, pensai-je. Une ambiance festive oui… Mais c’était étrange, je trouvai de nombreuses forges dans ce village qui à première vue m’avait l’air plutôt paisible. Je cherchai dans ma mémoire si ce n’était pas ici que je m’étais rendue la fois où Papa m’avait commandé le sabre que je tiens à mon côté, celui-là même avec lequel je me suis entraînée des heures durant.

Et à cause de la faim et de la lassitude, je n’arrivais plus vraiment à réfléchir, je désirais seulement un endroit où prendre du repos. Allons, allons, je devrais bien trouver une sorte d’auberge par ici. Voyons voir ! Oh, l’auberge des Forges ! Au moins, ça a le mérite d’être on-ne-peut-plus clair, j’espère qu’ils acceptent les handicapés. J’avais déjà cette curieuse impression que certains me regardaient du coin de l’œil, comme s’ils n’avaient pas l’habitude de rencontrer des personnes comme moi. Papa avait raison pour cela, je ne serais jamais vraiment prise pour ce que je suis.




Je rentrai donc au sein de l’établissement, priant le premier venu de bien vouloir me montrer une table où je pourrai profiter des services. J’étais affamée et je n’étais bien évidemment pas la seule, ma demande semblait presque inconsidérée au vu du nombre de personnes qui peuplait les lieux. Je ne voulais pas être rejetée, c’était toujours assez déplaisant et puis je devrai retourner au dehors dans ma quête d’un refuge. Cela m’ennuierait au plus haut point. L’homme s’identifia comme étant le patron et s’enquit de me trouver une table, me demandant d’attendre ici debout alors que les rigolades allaient bon train.

J’avais la curieuse impression que certains me déshabillaient du regard, oui c’était peut-être fort inexact et inconcevable mais je ne me sentais pas à l’aise debout au milieu de ces hommes. Cela devait être leur façon d’examiner mes différences ! Je serrai sans le vouloir la poignée de mon sabre. J’étais aux aguets et bientôt l’homme revint me sourire très aimablement et m’annoncer qu’une place était encore disponible près d’un autre homme et d'une femme. J’acquiesçai avec un fin sourire. En se rendant à la table, il me prévint qu’un lycaon se trouvait sous la table, rongeant un gros os. Cet homme avait l’air très aimable et semblait se soucier réellement de moi. Ce devait être partout pareil, pensais-je.

J’arrivai enfin à la table que le tenancier m’indiqua du bras, puis c’était aisé, il n’y avait que celle-ci de disponible. Il me rappela qu’il repasserait dans un moment pour venir me demander ce que je commanderai. Je hochai la tête, le laissant à son activité, me retrouvant seule devant l’homme et la jeune femme assis face à moi,l'un buvant son café tranquillement et l'autre jetant des coups d'oeil vifs sur la rue, en contrebas. Ils avaient une coupe de cheveux plutôt originale et une couleur singulière mais je trouvais que l'homme bénéficiait d’une certaine classe, son regard étant témoin d’une assurance sans faille alors que la jeune femme était plutôt mignonne, ses traits bien plus fins et doux. Je me sentais un peu idiote à me tenir peut-être trop droite devant eux telle une mercenaire accomplie où je ne savais quoi d’autre. Pourtant, je n’avais rien d’un grand guerrier, mon regard cherchait un point d’accroche, ma chevelure trop longue et visiblement trop bien soignée pour l’aventure et je paraissais fragile, ma carrure n’en impressionnait que très peu. Rah… Encore ce handicap de naissance, j’espérais de tout cœur qu’ils ne m’en feraient pas la remarque.

Je m’avançai vers eux, déposant mon sabre sur un coin de la table, et présentant ma main droite, avec dans le regard la détermination de lui montrer ma bonne éducation. Papa Shonsu m’avait toujours dit de me comporter ainsi avec les autres hommes. De ma voix claire et enjouée, je me présentai amicalement :


Et pour la demoiselle, je m'enquis de lui demander sa main pour y déposer un baiser élégamment comme tout gentleman le ferait. J'avais en tête une phrase de Shonsu toute faite :


Sur le moment, j’oubliais même de leur demander leur nom, mince. Une fois le baise main effectué, je m’assis sur la seule chaise disponible, défaisant mes protections sur mes avants bras, les plaçant contre mon sabre. Dans un mouvement de mes jambes pour les croiser, je heurtais quelque chose de plutôt doux. Me rendant compte de mon erreur, je fis de gros yeux et glissa ma tête sous la table, avançant une main imprudente vers le noble animal dérangé :


Puis tirant de ma sacoche une petite tranche de viande séchée, je lui déposai à ses côtés pour me pardonner. Il faudrait que je fasse plus attention à ce que je faisais. Bien, j’espérais que cet homme en face de moi serait agréable, j’étais assez épuisée et j’attendais avec impatience que le tenancier revienne. Quand cela se produisit, je commandai bien assez pour mon petit ventre :


J’avais hâte de tout avaler mais je restai cependant à l’écoute des deux personnes qui me faisaient face, ayant l’air somme toute plutôt sympathiques. Je gardais un sourire franc et affiché, je ne voulais pas que mes voisins de table pensent que j’étais une personne peu enjouée ou ennuyante. Malgré ma fatigue, je me souciais de l’effet que je pourrais leur faire. Pour le moment, je n’étais pas vraiment bavarde car j’attendais d’avoir mes plats afin d’avoir les forces nécessaires de lancer une discussion fascinante… ou pas.

Cela faisait moins de 24h que j'avais quitté Papa et j'avais déjà le sentiment de me sentir en sécurité ici. Il m'était pourtant très difficile de l'expliquer. Était-ce le fait d’être au milieu d'une auberge, en pleine ville ou simplement du fait d'avoir marché si longuement que je jurais que Shonsu ne me retrouverait pas ? Je devais m’ôter Papa de mes pensées et pourtant, je m'y ramenais sans cesse. Avais-je fait le bon choix la nuit passée, volant tout l'argent dont je pus me saisir et abandonnant ce père aimant ? Je baissais mes yeux un instant vers mes mains, se serrant l'une dans l'autre un peu machinalement. C'était improbable ce que j'avais vu, mes yeux me mentiraient-ils ? ... Et mon ventre qui gargouillait, se faisant déjà entendre. Je ramenai mes mains de manière visible sur la table, espérant que le bruit ne s'était pas fait entendre, sans quoi cela fut gênant.

Avec attention, je voulus détailler du regard ces deux personnes. La jeune femme, je la trouvais étrange. Premièrement, elle ne s'était même pas donnée la peine de répondre à mon baise-main. Pourtant, c'est une preuve de respect plutôt courante, non ? En tout cas, mis à part ce mystérieux cache-œil, elle m'inspirait une sorte de bienveillance que je ne sus expliquer. Malgré le fait qu'elle n'était pas vraiment loquace, j'aimais bien la regarder, elle était plutôt jolie et je ne regrettais pas vraiment les mots de politesse que j'avais formulé à son encontre. On m'avait appris à reconnaître les beautés féminines et à savoir les flatter, mais étrangement, je ne ressentais toujours pas l'attirance, formulée dans mes livres. Oui, ce sentiment naissant souvent entre un homme et une femme qui finissaient par bien se connaitre. De belles jeunes femmes se sentaient éprises, comme prisonnières de leurs propres émotions, d'un homme qui insufflait en elles un nouveau souffle de vie. Je relisais souvent ces histoires, essayant de saisir ce qui conduisait mes héros favoris à parfois tout sacrifier pour leurs élues. Songeant alors à Altan Sabre-Vif, je finissais d'examiner la jeune femme qui me faisait face.

Le jeune homme face à moi prit la parole, dans le dessein de présenter leur petit groupe. Le fait était que je me sentis idiote lorsqu'il annonça que la jeune fille à coté de lui était sa jumelle. Quoi de plus logique, et je ne m'étais pas étonnée d'une telle ressemblance auparavant ? Il valait mieux ne pas déclarer ceci bien que mes sourcils se levèrent un moment face à cette annonce triviale. Puis, après Shina, Kiri, l'animal, fut nommé. Je m'empêchai de jeter à nouveau un coup d’œil sous la table pour revoir ce lycaon tout à fait adorable et redoutable. Il rongeait tout de même un os. Mon imagination fertile jugea que ce fut le fémur d'un géant ! Idée que je ne communiquai pas, de peur de paraître étrange. L'homme, c'était Ken mais il venait de me donner un surnom pas tellement courant. Ma jolie ? J'étais peut-être ignare mais ce n'était pas le plus souvent adressé aux filles ce genre de petit mot ? Je fus surprise et je ne pus bien évidemment pas m'en cacher, ma tête basculant sur le coté, fronçant les sourcils, tandis que Ken reprenait sa tasse. Alors qu'il buvait, je m'inspectai rapidement pour me rassurer. Et pourtant non, je n'avais pas tellement l'air d'une fille. Oh, je m'en faisais surement trop, il avait du se tromper, ce n'était rien !

Le jeune homme reprit bientôt, me demandant la raison de ma visite en ville, me renseignant sur le fait d'un festival. Ah c'était donc pour ça, tout ce monde ! Enfin bon, de toute manière, j'étais fatiguée et affamée, alors tout ceci passait en second plan. Ken me prodigua quelques conseils concernant des voleurs. Il semblait bien renseigné sur ce sujet mais je trouvais son attention salutaire. En détenant une telle information, il n'était pas obligé de m'en faire part. Je devais lui faire une bonne impression pour qu'il m'en parle. Cela m'arracha un sourire, j'étais profondément heureuse que la première rencontre après ma fugue se passa si bien. Ken semblait avoir un bon fond, réellement. Il avait l'air de s'intéresser à moi, non ? Une telle empathie ne se refusait pas. C'était aussi pour cela et par nature que je lui adressais un sourire délicat... Une bien jolie jeune fille comme moi ? Le pauvre, il délirait ! J'étais un garçon pourtant ou bien... Foutu handicap ! Je pariais sur le moment que c'était mon physique "original" qui l'avait amené à penser que j'étais du genre féminin, comme la belle Shina par exemple. J'avais déjà laissé passer la précédente étourderie, cela ne se passerait pas comme ça, oh non ! Sans quoi, je ne serais pas Maeko Shigeno, fils de...


Je venais de voir arriver le tenancier et ma fameuse viande que j'attendais avec impatience. Je trépignais à l'idée de me jeter dessus. J'avais tout oublié sur le moment et même le double affront de Ken. Mon seul objectif était de rendre ces poulets à l'état de carcasse. Trois ! Deux ! Un ! Partie... Je me jetais à pleine main sur mon premier poulet, arrachant l'une des cuisses et la fourrant dans ma bouche. En quelques dizaines de secondes, j'avais nettoyé l'objet de toute viande. J'étais affamée, et c'était sans aucun doute moche à voir. Alors que je me lançais directement à l'assaut de la plus grosse partie du poulet, dévorant quelques frites et tomates alentour, je me rendis compte que j'agissais un peu maladroitement en oubliant de fournir une réponse. Je m'engageais alors, la bouche semi-pleine, à répondre :


D'accord, j'avais pas l'air commode et surement un peu folle, mais beaucoup auraient fait de même s'ils ressentaient cette faim qui me tenaillait le ventre. Je mangeais un peu salement, quoique c'était seulement avec les mains. Mais dans le fond, c'était vraiment dérangeant de voir quelqu'un se nourrir en s'affranchissant des codes sociaux ? Cela ne m’empêchait pas de sourire à mes voisins de table bien sur et de donner un clin d'oeil à Ken. Pourquoi ? A vrai dire, je ne le savais pas bien moi-même... Ah si ! Peut-être pour le prévenir que je serai plus bavarde sous peu. A cette vitesse, j'aurais bientôt fini mes poulets et je pourrai me lancer dans une activité que j'aimais tout aussi bien: la parlote !

Sans me soucier de ce qui se passait autour de moi, je continuai mon festin. Cette viande était délicieuse et elle ravissait mon petit ventre et mes papilles sans mal. Je m'attaquai à une deuxième cuisse et à peine la tenais-je dans mes mains que je l'avais déjà ramenée à l'état d'os. Mes assauts sur la nourriture ne faiblissait pas en intensité et tandis que Colonel Dent exhortait Lieutenant Machoire à plus de mouvements, l'ennemi Poulet perdait de minutes en minutes plus de viande à sacrifier. Mon esprit s'envolait déjà vers un nouveau conte. Je devais ressembler à Gorgoncule, cet espèce d'affamé éternel, assis sur son large trône parmi les nuages, soutenu par des anges, et dévorant pour l'éternité toute victuaille présentée. A cette idiote pensée, je ne pus m’empêcher de sourire, entre deux bouchées. En fait, j’avançais avec une telle rapidité dans mon repas que j'avais déjà désossé parfaitement un poulet et que je m'attaquais sans ménage au second, pillant le plat d'accompagnement voisin. La bataille serait bientôt remportée et ma faim vaincue, hourra voulais-je m'écrier !

Mais je ne le pouvais pas et puis Ken m'expliquait pas mal de choses après tout. Malgré mon air distrait, je portais assez d’intérêt à ce que me racontait le jeune homme. La petite précision de Shina ne passa pas inaperçue non plus car ce fut ainsi la première fois que je pus entendre sa voix. Les deux semblaient être plutôt rodés dans la surveillance, d’après ce que disait Ken de prime abord sur les voleurs et tout ça. Mais moi, je continuai à manger, avec un rythme un peu moins soutenu, calmant largement mon ardeur, surtout que je sentais que mon estomac commençait à peser. Je ne compris pas immédiatement ce ce que Ken disait mais deux mots attirèrent mon attention et mes yeux s’illuminèrent comme si une flamme venait de s'y allumer. Je ne sais pas de quoi j'eus l'air de l'extérieur mais j'étais profondément émerveillée.


Je ne pus réprimer ce petit cri de surprise sortant d'une bouche entrouverte, la mienne. Je rêvais de cela chaque nuit, je les adorais, les tenais en une estime si noble. Pourquoi les admirais-je tant ? Simplement parce que eux au moins avaient la possibilité de s'assurer une liberté totale. Certes, ils étaient réunis en une guilde, institution que je n'appréciais guère mais cela n'enlevait rien à leur prestige. En cet instant, mes yeux pétillants s'attardaient sur Ken, je le trouvais en un instant bien plus important, plus intéressant et son petit air connaisseur était signe d'expérience. J'avais probablement sous mes yeux deux mages surpuissants ! Peut-être avaient-ils déjà vécu des aventures extraordinaires, déchaînant des pouvoirs exceptionnels sur des adversaires méprisants ? Oh, je me sentais dans un tel état d'excitation que je sentais déjà mes jambes tremblaient, ne cessant de regarder avec admiration tantôt Shina tantôt Ken. J'avais devant des mages, je n'arrivais pas à m'en remettre décidément et là, c'était certain, j'avais fini mon repas. Il m'était impossible de poursuivre après une telle nouvelle, je voulais seulement leur parler, en savoir plus sur cette vie que je n'avais pas.

Cependant, un mot de trop coupa net mon excitation grandissante et mon envie irrésistible de questionner les jumeaux. Ah non, là, c'était trop ! Il était peut-être mage, mais je devais le remettre sur le bon chemin. Moi une jolie jeune fille et puis quoi encore ? Je devais lui signaler qu'il se trompait lourdement. A tous les coups, il se leurrait à cause de mon étrange apparence et je maudissais encore une fois cet handicap. Sans un sourire ni plus aucune trace d'admiration, je me levai, tapant doucement du poing sur la table.


Je n'étais pas furieuse, loin de là, mais passablement énervée par ce genre de propos. Encore une fois, je rejetai un coup d’œil à ma propre personne, mais non, rien d'inhabituel qui aurait pu le tromper. Intérieurement, je me disais que j'étais bel et bien un garçon comme Papa Shonsu me l'avait expliqué. De toute manière, je n'avais pas envie de perdre du temps à l'expliquer. Mon impulsivité s'atténua et je redevins peu ou prou plus avenante et maintenant que les choses étaient dites, je m'étais rassise, posant mes coudes sur la table et ma tête entre mes mains. Je souriais niaisement et je croisai mes jambes, reprenant mon idée du mage là où j'en étais. J'avais alors une envie irrépressible de parler alors je me lançai sur le sujet de discussion qui m'attirait le plus, avec une passion non feinte:


Puis, je ramenai mes bras vers moi, un peu gênée par l'aveu que j'allais leur faire. Je me pinçai les lèvres un peu maladroitement, les jambes un peu vacillantes:


Qu'est ce que j'avais moi ? Plus que ma liberté assumée mais rien d'autre. Un sabre et sa maîtrise mais rien de plus et je savais pertinemment au vu de tous les récits que j'en avais, qu'un mage quelconque n'aurait pas peiné à me mettre au tapis. Mon sourire s'était effacée et je repensais un instant aux cauchemars que je voyais de temps à autre, sans pouvoir l'expliquer, alors que personne d'autre ne les voyaient. C'était donc ça, ma particularité ? Tu parles d'une malédiction...