D’aucun imagine que les mages noirs sont des personnes qui passent leur vie dans l’ombre et qui ne font jamais rien. C’est peut-être vrai pour certains, mais en ce qui concerne la jeune assassin, Alowin Ronslay, c’est une toute autre histoire. Elle était en ce moment même en train de se promener dans Mac Anu, tête nue et sans se soucier d’être importunée par les gardes de la citée ; en effet peu de personnes parmi les hautes sphères de l’Etat, voire même aucune, pouvait prétendre connaître la réelle apparence de la jeune fille. C’est pourquoi, et avec une réelle décontraction, la jeune femme se baladait dans la principale rue commerçante de la ville. Elle était vêtue avec goût : une petite jupe noire et une chemise blanche, couverte d’un long manteau qui ressemblait de loin à une veste rouge, mais quand arrivait à sa hauteur on pouvait remarquer que c’était en fait plus une sorte de cape, rouge sur la partie supérieure du corps et beige sur le reste. Elle avait encore les cheveux courts, souvenir de son périple de Pyrée, coiffés un peu comme ils l’entendaient, et lui donnant un aspect un peu sauvage qui illuminait le violet de ses yeux.

Elle portait un large parquet dans les bras, d’une cinquantaine de centimètres, enveloppé dans morceau d’étoffe grisâtre et pourtant propre et soigné. Elle tourna au coin de la rue et ouvrit une porte. La jeune femme venait d’entrer dans un forge de renom au niveau de la région, et particulièrement connue pour ses capacités dans la reforge les armes. Quand elle passa le pas de la porte une petite clochette teinta. Le propriétaire des lieux leva les yeux dans sa direction et la gratifia d’un sourire avant de reporter son attention sur le client dont il s’occupait, l’aidant patiemment à choisir son arme. Couteau, Couteau à lancer, arme de poing, épée courte, épée à deux mains, sabre, katana, fleuret... Tout y passa mais l’homme ne semblait pas particulièrement satisfait, et après quelques longues et longues minutes de réflexions –pendant lesquelles Alowin s’était assisse les jambes croisées et son paquet sur les genoux- il décida qu’il repasserait finalement demain avec un ami. Une fois que la porte fut refermée sur lui le gérant du magasin poussa un profond soupir de soulagement avant de lui lancer un regard entre celui chaleureux, et celui un peu désireux ; en effet ses yeux trainaient un peu sur les courbes de la jeune assassin, qui sans se démonter se posa devant le comptoir et lui tendit son paquet. Après avoir ôté l’étoffe grise, elle en sorti son kodachi qu’elle présenta au forgeron.

« Voici mon arme, je souhaiterais que vous la reforgiez de façon à ce qu’elle devienne une arme de qualité supérieure. Il faut absolument que cette arme soit plus légère, qu’elle me permette d’être plus rapide dans les coups que je porte. Mais aussi que son alliage soit tel que cette lame ne se brise pas au premier choc, et même qu’elle soit capable d’en briser aisément d’autres. »

Elle réfléchit quelques secondes et fit deux pas dans la boutique pour attraper une chaîne qui était sur la table de présentation et l’apporta au vendeur. Elle avait eu l’idée de cette nouvelle arme en voyant le matériel ici, et même si elle ne s’avait pas physiquement comment se servir de celle-ci, mentalement elle savait comment apprendre. À mi-chemin entre le sabre et la chaîne, voilà comment allait être sa nouvelle arme de prédilection.

« Mais j’aimerais également que vous rajoutiez au niveau du pommeau une chaîne du même type que celle-ci, mais bien sûr dans le même acier que la lame du kodachi, c’est-à-dire fine mais qui puisse être aisément tenue dans une main, et dans la longueur, je dirais trois bons mètres. En fait voici mon idée, j’aimerais être capable de me servir de cette chaîne et pour entraver, et pour projeter mon kodachi sur mes adversaires potentiels, mais avoir suffisamment de marge de manœuvre au niveau de la chaîne pour ne pas être obligée d’aller le chercher à chaque fois. Est-ce que vous voyez ce que je veux dire ? »

Dans le doute, elle avait mimé avec ses mains pour expliquer ce qu’elle voulait. Elle espérait vraiment que le forgeron comprendrait, sinon elle se rabattrait sur une arme de qualité supérieure uniquement. Elle plongea son regard dans celui de l’homme qui lui faisait face, attendant de savoir si sa commande était réalisable, et quel en serait le prix.

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Fort heureusement, le vendeur comprit très vite ce qu’elle voulait, mais lui dit qu’avec la longueur qu’elle demandait, cela n’était pas possible. C’était fort ennuyeux car elle voulait vraiment avoir une grande marge de manœuvre, mais bon elle ferait avec et acquiesça en lui disant de faire au mieux quand il lui proposa deux mètres. C’était lui le professionnel et elle était venue ici pour ses conseils, de plus le fait de rajouter qu’il avait déjà fait ce type d’arme la rassura amplement. Il lui parla aussi d’un rouquin habillé en noir, ce qui lui fit immédiatement penser à Reï, mais elle ne l’avait encore jamais vu avec autre chose que son pieu bestial et immonde. Acquiesçant de la tête quand il lui indiqua le prix, elle lui répondit :

« Un homme fidèle c’est une perle rare en ces temps-ci, votre femme à bien de la chance. Ce n’est pas un problème en ce qui concerne le payement, j’ai ce qu’il faut. J’attendrais ici que vous ayez terminé ma commande. »

S’asseyant sur la chaise qui l’avait accueilli durant sa précédente attente, elle laissa l’homme s’acharner sur son arme et se perdit dans ses pensées. Le temps passa lentement, mais il revient finalement avec son arme, l’œil fier et les mains sûres d’elles. Lorsqu’elle prit son arme, la jeune assassin testa sa légèreté et sa tenue en main, ce qui la satisfit entièrement. Ne pouvant pas tester le tranchant ici, ni la façon d’utiliser la chaine, elle rengaina son arme, tout en faisant néanmoins glisser entre ses doigts les maillons de sa nouvelle arme d’entrave. Sortant son portefeuille, elle en tira la somme exacte et salua le forgeron en le remerciant pour son travail excellent. Elle quitta dès lors la ville, et parti en direction de sa cible, à savoir le temple du dieu du ciel où aurait lieu l’exécution de son ancien compagnon : Azael Cardinos.

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