J’étais allongé là, dans une petite ruelle bien sombre, dans les quartiers d’Hosenka, quelques peu étourdis, j’avais l’impression d’avoir couru pendant des heures. Approximativement il devait être … la nuit. Vite, il me fallait trouver un endroit où dormir, sinon j’allais encore perdre connaissance si Satsujin venait à tuer un potentiel agresseur.
J’entendais une douce mélodie au loin et voyais les magnifiques feux d’artifices tirés depuis le centre de la ville : c’était le festival ! GENIAL ! J’avais toujours voulu voir un festival à Hosenka !
Je me relevais ramassant mes deux armes à terre, pleines de sang. J’en déduisais assez facilement que Satsujin avait dû faire le travail convenablement si j’étais encore en vie. J’aurai pensé ça plus difficile ; deux mages, ce n’est pas rien. Et puis, de ce que je me souviens, avant que Satsujin ne prenne le contrôle, il y avait bien un des deux mages qui maitrisait une magie particulière… zut ! Je sais plus comment elle s’appelle mais je sais qu’elle pouvait faire très mal ! Ouille Ouille Ouille ! J’avais un mal de chien à me relever.

(Satsujin) « Tu aurais dû voir comment je les ai massacrés ! J’ai utilisé toute ta magie mais tu verrais la tête des deux autres… enfin, ce qu’il en reste héhé »
(Iris’) « Y’a pas de quoi être fier ! J’ai mal partout à cause de toi ! La prochaine fois, je le ferai moi-même ! »

Je me relevais alors puis me dirigeait au coin de la rue puis regarda des deux côtés. Personne ne me regardait ? Aucun potentiel pédophile ? Ouf !
Je me baladais maintenant dans les rues d’Hosenka. C’est fou le monde qu’il pouvait y avoir lors du festival. Il y avait plein d’enfants de mon âge, paraissant ignorant et si faible d’esprit. Si j’avais pu, je les aurais bien tous massacrés rien que pour ça, mais j’avais déjà fait l’erreur de me confronter à quelqu’un de puissant comme ça, et ça avait mis en péril une mission et je n’avais pas eu mon argent ! Et qui dit pas d’argent dit pas de jus de fruits ! NYAAAA ! Je ne peux pas vivre sans mon jus de fruit moi !
Oh ? Où est-ce que je suis maintenant ? Euh… Un bar, encore un autre bar, un stand de tir… GENIAL ! Un stand de tir ! Je fouillais mes poches en quête de quelques pièces puis regardais quels lots j’allais choisir. Me tenant alors sur la pointe des pieds, j’essayais d’interpeller la dame du stand pour qu’elle me donne un fusil :

« Heu… Madame ? Je peux avoir une arme ? Et heu… un tabouret aussi s’il vous plait ? »

Me tenant sur le tabouret, je pris l’arme pour enfin décider de tirer sur des cibles en mouvement. Je tenais fermement le fusil, ma langue pendue au coin de ma bouche, je fis un… deux… sept tirs. YES ! Je les avais tous touchées !
La dame, impressionnée par ma performance, me tendis un gros ours en peluche que je peinais à porter. Roh ! Maintenant il fallait que je trouve un endroit où dormir, je ne pouvais pas me déplacer dans les rues d’Hosenka avec un si gros truc dans les bras, je n’arrivais même pas à voir devant moi.
Je parcourais alors les rues de la ville à la recherche d’une auberge puis j’aperçu une jolie petite structure au loin, je m’avançais alors pour lire le panneau à l’entrée de l’auberge.

« Bla bla bla … Oh ? Lors des festivals bla bla bla… deux nuits pour le prix d’une ? GENIAL ! Je vais pouvoir rester pour le festival ! »

J’entrais alors dans l’auberge pour arriver dans la salle principale, là où se trouvait le bar et tous les pochtrons qui allaient avec. Je m’avançais alors au milieu de la foule complètement saoule qui se trouvait ici puis arrivais enfin au bar :

« Bonjour monsieur, je voudrais une chambre s’il vous plait et heu … ah oui ! Tenait c’est tout ce que j’ai, j’espère qu’il y a assez ! »

Je ne savais pas s’il y avait le compte mais l’homme avait été surpris lorsque que je lui avais sortis les sous qu’il me restait, il m’avait donné les clés de la meilleur chambre de toute l’auberge, ce qui n’avait pas manqué de marquer certaines personnes aux allures plutôt douteuses présente dans la pièce.
Alors que je buvais tranquillement mon jus d’orange au bar, un homme s’avança, s’assit à côté de moi puis caressa mes cheveux :

« Alors jeune fille, on est toute seule ? hips… que dirais-tu de venir faire un tour avec moi ? J’ai quelques bonbon dans ma chambre si tu le souhaites »

Que faire ? Il faisait peur, il avait vraiment l’air d’un gros pervers et …et … et j’allais le tuer s’il continuait ! Je ne pouvais pas le tuer ou papy Louis me tuerait lui aussi !
Je pris alors mon verre d’une main, puis mon doudou de l’autre et parcouru l’auberge en quête d’une solution. Tout le monde était saoul ! Je ne pouvais aller voir pers… Là ! Un homme ! Et il n’avait pas l’air saoul en plus, enfin… je l’espérais. Je me dirigeais alors vers lui alors que l’espèce de pervers continuait de me suivre. J’arrivais enfin en face de cet homme qui me regardait bizarrement. Est-ce qu’il allait m’aider ? Je l’espérais de tout mon cœur, je n’avais pas envie que Satsujin se réveil et qu’il tue la totalité des gens présent dans l’auberge ! En plus, Hosenka était connu pour sa tranquillité et il n’y avait donc aucune caserne dans les environs. Il ne me restait plus qu’à prier pour que cet homme me vienne en aide :

« Heu… Monsieur ! S’il vous plait aidez-moi, il y’a un homme qui veut que je vienne avec lui et heu… j’ai peur ! Il va me faire des choses pas bien et Satsujin va se réveiller et il va le tuer, et vous aussi et même toute l’auberge et je ne veux pas parce que le master va se fâcher si je le fais et …et … »

L’homme se rapprocher, je ne savais plus quoi faire, il ne fallait pas que Satsujin se réveil. Les larmes commençaient à couler le long de mes joues et je saisis l’homme pour me blottir contre lui, tremblante. J’espérais qu’il allait faire quelque chose pour moi avant que Satsujin n’arrive.

Ne dit-on pas que le meurtrier revient toujours sur le lieu de son crime ? Cette théorie venait de se vérifier aujourd'hui, lorsque Sly avait franchi les portes d'Hosenka pour aller boire un verre. N'étant pas reconnu comme Mage Noir à l'échelle mondiale, ce dernier disposait encore d'une réputation suffisamment basse pour se permettre ce genre de conneries. S'étant installé dans un bar tranquille, le bassiste ruminait de vieux fantômes au fond de cette taverne à la fréquentation douteuse.

Habillé d'une chemise noire surmontée d'un épais et long manteau de la même couleur, le musicien à l'improbable chevelure masquait son visage balafré grâce à son petit chapeau. Ainsi tourné vers sa boisson alcoolisé, il semblait oublier le monde qui l'entourait, mais sûrement pas les tracas que les derniers événements avaient pu provoquer. Jetant un œil à la fenêtre, il observa un instant les rues bondées de la cité touristique, et se remémora un bien malheureux souvenir.

Le mage adepte de la lumière, une main braquée sur lui, s'apprêtait alors à le vaincre d'un puissant assaut. Et subitement, une jeune femme se plaçait volontairement sur la trajectoire de l'attaque fulgurante pour sauver Sly. Pourquoi ? Cette question demeurait sans réponse, car la curieuse explication qu'avait donné Hannah était loin de s'avérer suffisante. L'artiste n'avait jamais été bon lorsqu'il s'agissait de résoudre des énigmes, surtout quand ces dernières le concernaient directement.

Avec un soupir de résignation, il but une gorgée de la mixture qu'on lui avait servi. Il essayait de se convaincre que le passé étant ce qu'il est, il devenait inutile de s'en préoccuper davantage. Mais si Sly avait réussi à trahir les siens pour rejoindre les rangs de Silent Night, les scrupules ne lui faisaient pourtant pas défaut. L'esprit en proie à de sinistres pensées, le jeune homme n'aperçut pas immédiatement la petite fille qui s'approchait de lui. Ce ne fut que lorsque le bout de chou prit la parole qu'il s'extirpa à son monde de regret.

Sly jeta un regard intrigué à la minuscule demoiselle qui se tenait près de sa table, et ce fut avec curiosité qu'il écouta son discours. Un homme la suivait, il l'effrayait, et désirait l'emmener avec lui dans sa chambre. Le musicien observa un instant la dégaine de l'alcoolique qui effectivement, se montrait dangereusement insistant. Suite à quoi, il se leva tout naturellement pour venir se ficher devant le perturbateur, et lui administrer un coup de tête bref, mais formidablement efficace. L'individu s’effondra dans un grognement guttural, et la petite affaire fut instantanément close.

"On touche pas aux gosses."

Ne se souciant absolument pas du sort de l'individu qu'il venait d'agresser sauvagement, Sly se frotta le front d'une main, l'air absent et le regard morne. Suite à quoi il reprit place en silence et empoigna son verre, dont il but une nouvelle gorgée avant d'indiquer le siège situé devant lui à l'aide de son index.

"Installe-toi ma grande, c'est risqué de rester solo à ton âge. Qu'est ce que tu viens faire ici ? Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de Satsujin qui va buter tout l'monde ?"

Intrigué par cette petiote, il ignora superbement les regards réprobateurs que lui jetait l'assistance, et demanda à ce qu'on lui serve de nouveau son double-whisky. Une fois servi, il accorda sa pleine attention à la petiote, braquant son oeil balafré sur elle d'un air à la fois inquiet et inquisiteur.

Le bruit sourd des pas de l’alcoolique résonnaient en mon sein tandis que je restais blotti contre l’inconnu à qui je venais de demander de l’aide. J’ouvris alors mes yeux, remplis de larmes, je voyais flous mais s’il n’y avait eu que ça… je voyais de plus en plus sombre et alors que je sentais mon corps se relâcher, j’entendis la voix de Satsujin balayer les bruits de pas qui me paraissaient si assourdissant :

(Satsujin) « TU VAS CREVER, CONNARD ! TU VAS CREVER !!!! »

Mais c’est à ce moment-là que l’inconnu ce leva et fixa quelques petites secondes le pervers insistant de tout à l’heure. Il le regarda encore quelque seconde avant de prendre un élan, balançant sa tête vers l’arrière pour enfin asséner un coup de boule à l’alcoolique. Je relevais alors ma tête lentement, j’arrivais à y voir de plus en plus clair et lorsque j’ouvris enfin mes yeux en grand, je vis l’homme à terre. Wahou ! Impressionnant ! J’esquissais un sourire puis me retourna vers l’inconnu que j’avais accosté un peu plus tôt, les yeux brillants. Il s’assit alors et pris une gorgée de son verre d’alcool puis m’invita à m’asseoir à ses côtés :

"Installe-toi ma grande, c'est risqué de rester solo à ton âge. Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Et qu'est-ce que c'est que cette histoire de Satsujin qui va buter tout l'monde ?"

Je pris alors un peu de temps à lui répondre, commandant un verre de jus d’orange supplémentaire, devant la foule silencieuse qui avait les yeux rivées sur l’homme qui m’avait secouru. Je me retournais alors à nouveau vers lui et engageais la discussion:

« Ah … heu … tout d’abord, merci ! C’était très impressionnant et heu… »
Je baissais alors mes yeux fixant mes pieds qui se balançaient d’avant en arrière au-dessus du sol : « J’espère que je peux te faire confiance hein ? Alors heu… je suis venu ici pour un contrat d’assassinat que j’avais pris un peu plus tôt dans la journée et heu… Ben je voulais rester pour le festival mais je suis tombé sur ce garçon bizarre et j’ai eu peur de le tuer alors je suis venu te voir et voilà… AH OUI ! Et Satsujin ? Ben c’est moi ! Enfin non, c’est lui ! Il est en moi, c’est une voix qui me parle et qui me protège mais dès qu’il me sent en danger, il me fait perdre connaissance et il prend le contrôle de mon corps et il tue tout ce qui peut me nuire et heu… j’avais peur de faire un massacre… »
Je regardais alors de nouveau l’homme qui semblait intrigué par le discours que je tenais.
« Hein ?! NON ! J’suis pas folle ! … ‘fin si … mais j’essaye tant bien que mal de contrôler Satsujin mais il ne m’écoute jamais … »

Je pris alors mon verre puis le pencha de gauche à droite, signe de ma nervosité… je ne savais pas si j’avais effrayé l’homme ou s’il allait me comprendre mais il m’avait sauvé, et il n’avait pas hésité à le faire ! Est-ce qu’il allait devenir un … u-un ami ?! Ce serait tellement chouette ! Mon premier copain ! Heu non, pas mon copain ! AAAAAAH ! Je rougis ! Qu’est-ce qu’il va dire ! Il faut que je prenne l’air vite !
Et si je lui demandais de m’accompagner ? On pourrait aller voir le festival ensemble ? AH NON ! Il ne faut pas que je pense à ce genre de chose. Mais j’avais une folle envie de passer du temps avec cet homme qui m’était venu en aide. Après tout c’était la première personne à m’être venu en aide, si l’on oublie Satsujin …

« Ah oui, au fait… je m’appelle Irisviel. Irisviel Von Blut … M-mais tu peux m-m ’appeler Iris si tu le souhaites et heu … j’ai peut-être dit trop de choses mais je n’ai jamais vraiment eu quelqu’un à qui parler. En fait, tu es la première personne à qui je parle depuis la mort de mes parents adoptifs… enfin bref, parle-moi de toi ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Et dans la vie ? »

Je ne savais pas vraiment ce qui m’arrivait mais je semblais… heureuse ! Comme si cet homme avait changé quelque chose dans ma vie en l’espace de quelque instant ! Je n’allais pas le lâcher. Je le fixais et je ne pouvais m’empêcher de retenir ces larmes de joie. Je devais simplement profiter du moment que je m’apprêtais à passer avec ce gentil garçon.

De toute évidence, la petite demoiselle n'avait strictement rien d'une simple enfant apeurée, et cela se lisait parfaitement dans ses yeux larmoyants. Si effectivement elle avait eu peur, ce n'était pas de son supposé agresseur, mais d'elle-même. Son comportement était tout à fait étrange, et Sly le discernait très bien dans sa façon d'agir. Il avait beau ne pas être malin, il savait qu'une gamine qui se blottit contre le premier dreadeux venu pour ensuite raconter qu'elle risque de descendre tout le monde autour d'elle n'avait pas une psychologie simpliste.

Pas de panique, la mignonnette ne semblait pas représenter un danger immédiat. Silencieux, le musicien hocha lentement la tête lorsque son interlocutrice lui demanda si elle pouvait lui faire confiance, et ce fut avec toute la curiosité dont il pouvait faire preuve qu'il écouta son histoire. Si ses souvenirs étaient bons, la seule Guilde classique à remplir des contrats d'assassinat n'était autre qu'Hungry Wolves, et ils n'avaient pas pour habitude d'engager des minettes qui se trimbalaient avec leur doudou.

De toute évidence, ses employeurs étaient bien moins scrupuleux que les loups et faisaient fi de la loi. Une Guilde Noire donc ? Fort probable, mais pas avéré pour l'instant. Elle expliqua ensuite qui était ce fameux "Satsujin". A bien y réfléchir, il s'agissait sûrement là d'un trouble dissociatif de la personnalité, et pas des plus communs. En opposition à la timidité de celle qui se tenait devant le balafré, ce Satsujin devait être une véritable machine à tuer. Avec affolement, le bout de chou assura à Sly qu'elle n'était pas aliénée, et ce fut avec un sourire cordial qu'il lui répondit.

"Ne t'inquiète pas, j'suis pas là pour te juger."

Certes, il mentait plus ou moins. Bien qu'il ne désire que la sécurité de cette enfant isolée, son récit s'avérait pour le moins inquiétant et c'était avec mesure et calcul que Sly choisissait les termes qu'il employait. La voilà qui rougissait ? Sly émit un petit gloussement rassurant. Lui qui était fils unique n'avait jamais connu la joie d'avoir une petite sœur, mais il ressentait néanmoins un sentiment étrange au sujet de cette âme perdue au regard bleutée qui buvait son jus d'orange. Pour ainsi dire, il éprouvait l'envie de la protéger sans savoir pourquoi. Il s'agissait probablement d'une projection, à savoir qu'il se reconnaissait dans cette petite.

En effet, Irisviel -puisque c'était son p'tit nom- évoqua la mort de ses parents adoptifs, un fait qui rappela au bassiste la difficulté de perdre ses géniteurs. Lui-même s'était retrouvé Mage Noir après la mort de son père, et c'était avec un pincement au cœur qu'il se remémorait ce sinistre événement. A la fois timide et bavarde, Iris lui semblait à la fois curieuse et intéressante. Lorsqu'elle demanda à Sly de se présenter, il décida de jouer cartes sur tables. S'approchant d'elle en se penchant sur la table, il chuchota pour éviter d'éveiller l'attention sur eux. Fort heureusement, son coup de boule n'avait suscité l'intérêt qu'une poignée de secondes, avant que d'autres ne se chargent d'évacuer le soûlard.

"Je m'appelle Sly, mais tu peux m'appeler Scar. J'vais te dire un secret, Iris. J'fais partie d'une Guilde Noire, Silent Night. J'suis venu ici pour me reposer, plus ou moins... Ma vie n'est pas très intéressante, tu sais. J'ai volé, trahi, je me suis battu avec des Mages Officiels. Voilà où ça m'a mené."

Une nouvelle gorgée de son double-whisky, et Sly reprit son discours en relevant son chapeau, dévoilant sa longue cicatrice aux yeux de son interlocutrice. Il reprit son discours avec sérieux, essayant de ne pas lever le ton. Son objectif primordial était de ne pas effrayer la gamine, quoi qu'il arrive. Sans l'avoir vu de ses yeux, le balafré devinait aisément qu'une perte de contrôle de sa part pouvait très mal finir.

"Une question me taraude ma grande, qui sont tes employeurs ?"

Certes, il n'était pas très délicat de poser ce genre de question à une enfant instable qui avait été supposément engagée pour tuer. Mais si Sly parvenait à obtenir davantage d'informations à son sujet, peut-être pourrait-il situer un contexte qui lui éviterait d'effectuer des faux pas et d'énerver sa petite protégée...

"Je m'appelle Sly, mais tu peux m'appeler Scar. J'vais te dire un secret, Iris. J'fais partie d'une Guilde Noire, Silent Night. J'suis venu ici pour me reposer, plus ou moins... Ma vie n'est pas très intéressante, tu sais. J'ai volé, trahi, je me suis battu avec des Mages Officiels. Voilà où ça m'a mené."

A ces mots, je ne pus m’empêcher d’esquisser un grand sourire : c’était un mage noir, tout comme moi ! GENIAL ! Il est vrai que j’aurai peut-être du peser mes mots révélant pourquoi j’étais venu à Hosenka seul mais la satisfaction d’avoir à faire à un mage noire ne fit que compléter la joie d’avoir rencontré cet homme. Je regardais un peu autour de moi et compris enfin pourquoi l’homme avait décidé d’être discret. Bien que la salle fût remplie de ces hommes saouls, il n’en était pas moins qu’ils avaient tout de même une ouïe ainsi qu'un semblant de verve qu’il ne fallait pas négliger.
Sly ! C’était donc là le nom de l’homme à qui je devais la vie… non pas la mienne mais plutôt celle de la trentaine de personne qui était venu ici simplement pour picoler et pincer les fesses des serveuses. Sly m’avait révélait son vrai visage et je restais de marbre devant la cicatrice très voyante qui revêtait son œil droit.
Satsujin, quant à lui, ne me parlait plus : il devait certainement avoir compris qu’il n’y avait pas de risque.

"Une question me taraude ma grande, qui sont tes employeurs ?"

Sly paraissait très sérieux, mais il inspirait la confiance… du moins, c’est probablement ce qu’il essayait de me faire ressentir et alors que j’allais lui répondre, je décidais -peut être étais-ce maladroit d’ailleurs- de commander un autre double-whisky pour lui, signe de ma gratitude. Je m’avançais alors vers lui, plaçant ma main gauche contre ma mâchoire pour lui chuchoter ces informations, tandis que je guettais le moindre signe d’une personne un peu trop curieuse.

« Eh bien, je fais aussi partie d’une guilde noire ! Elle s’appelle… heu… AH OUI ! Tartaros ! Et… ben je fais des missions parce que sinon je ne peux pas dormir dans des auberges et m’acheter des jus de fruits »
lui dis-je d’un air très convaincant.
Alors que je m’apprêtais à lui en révéler un peu plus à mon propos, le son des instruments me surpris et j’eu l’idée d’inviter Sly à aller au festi… OH MON DIEU ! Mais qu’est-ce que je fais ! Pourquoi lui demandais de m’accompagner ? S’il refuse, il va me laisser toute seule ! NON ! Il ne faut pas qu’il me laisse seul mais… j’ai tellement envie de passer un peu de temps avec lui ! Et si jamais, pour raison x ou y Satsujin refaisait surface ? Et qu’il le tuait ? Bah, il n’aurait qu’à me mettre un coup de boule comme il l’avait fait au monsieu… MINCE ! Je suis en train de rigoler toute seule, il va définitivement me prendre pour une folle ! Vite, il fallait que je dise quelque chose :

« EST-CE QUE TU VEUX VENIR AUX FESTIVAL AVEC MOI ! »

Je me surpris en train d’agripper et de serrer ma petite jupe. Je n’étais pas vraiment doué pour parler avec des gens puisque je ne le faisais jamais. Est-ce qu’il allait accepter ? Peut-être pourrions-nous jouer ensemble, encore un peu ! De toute façon j’avais déjà réservé la chambre pour la nuit, je n’avais plus à me préoccuper de quoi que ce soit. Arf ! Il y avait encore ce doudou que j’avais gagné un peu plus tôt … MAIS OUI ! C’est ça !

« En fait, je crois que je n’arriverai pas à porter mon doudou toute seule, et j’ai envie de m’amuser un peu et … est-ce que tu veux bien m’aider… à nouveau ? »

Voilà que je rougissais à nouveau… il allait probablement trouver ça nul mais bon, malgré une certaine maturité dont je faisais preuve, je restais une petite fille de seulement douze ans.

Avant de lui répondre, Iris' leva la main afin d'offrir à Sly un nouveau rafraîchissement en gage de sa gratitude. Effaré à l'idée de se faire payer un whisky par une fille qui n'avait pas la moitié de son âge, il oublia bien vite ses considérations éthiques lorsqu'il aperçut le nectar divin que l'on versait dans son verre. La remerciant brièvement d'un hochement de tête accompagné d'un clignement d’œil, il s'attaqua alors à sa troisième boisson de la soirée.

Ce fut avec une surprise non-dissimulée que Sly accusa la nouvelle. Menaçant de cracher le whisky qu'il avait en bouche, il écarquilla subitement les yeux lorsque la petiote évoqua le nom de sa guilde. Tartaros ? L'un des piliers fondateurs de l'Alliance Baram ? Rien que ça ?! Nom de nom, cette gamine n'avait rien d'une gosse classique. Un petit sourire curieux se dessina sur le visage du balafré, mêlant intérêt et étonnement.

"Sans déconner ?"

Certes, Iris' avait souligné sans le vouloir l'aspect dérisoire de ses motivations, mais que pouvait-on attendre d'une enfant de cet âge ? Rejoindre un groupe de tueurs et d'esclavagistes pour pouvoir se payer du jus d'orange, voilà un bien étrange chemin que la choupette avait emprunté. Sly ne cautionnait pas nécessairement ce genre de choses, étant donné qu'il estimait que ces affaires entraient évidemment dans un domaine nocif au bon développement psychologique d'un enfant.

Mais pouvait-il réellement juger Iris' ? Lui qui avait reçu une éducation saine et classique se retrouvait membre de Silent Night, voleur et surtout traître. La cicatrice qui déchirait son faciès le prouvait, notre musicien n'avait rien d'un modèle pour la jeunesse et avait multiplié les erreurs lors de sa courte existence. Néanmoins, il ressentait désormais une forme d'obligation, voir de responsabilité, quand il plongeait son regard dans les petites prunelles de son interlocutrice. Elle aussi avait sombré dans les ténèbres, mais elle était probablement bien trop jeune pour se rendre compte de la gravité de la chose.

Les réflexions de l'artiste furent brusquement stoppées, lorsque la voix d'Iris' lui parvint avec force. Lui accordant de nouveau son attention, il mit un certain temps à comprendre la demande exacte. Jetant un coup d’œil vers l’extérieur, il assimila enfin. Le festival, mais bien sûr ! Voilà une bonne occasion d'en apprendre davantage sur la gamine, et de se faire une opinion plus élaborée à son sujet. Et puis, à bien y songer, la compagnie de cette pitchounette s'avérait plaisante. Décidé, l'homme aux dreadlocks sourit avant de payer l'addition.

"C'est d'accord Iris', je t'accompagne ! Je voudrais pas qu'il t'arrive malheur, alors j'vais jouer les gardes du corps."

Rougissante, elle était vraiment trop meugnonne avec sa petite bouille et ses grands yeux. Observant la gamine qui tenait sa jupette avec timidité, Sly éclata de rire avant d'embarquer son barda, direction le festival. Ouvrant la porte d'une main pour permettre à sa protégée de passer, il vissa son chapeau sur sa tête afin de masquer partiellement son visage, et aperçut alors le corps affalé de l'obsédé qui traînait dans le coin un peu plus tôt. Ce dernier, endormi sur le trottoir, avait été chanceux de ne recevoir qu'un coup de boule. Afin de détourner l'attention d'Iris' -et donc le fameux Satsujin- de ce triste spectacle, Sly accapara son attention en prenant la parole.

"En voiture tout l'monde ! Amène-toi. Gaffe à la jupe, pas besoin de montrer ton popotin à toute la ville."

Suite à quoi, le musicien souleva la demoiselle du sol pour la déposer sur ses épaules en douceur, lui offrant ainsi un moyen de transport idéal. Vu comme ça, ils avaient plus ou moins l'air d'un frère et d'une soeur s'offrant un peu de bon temps, rien qui ne puisse éveiller l'attention sur leurs identités respectives. D'un ton enthousiaste, le balafré reprit.

"Alors, par où qu'on va ? 'Tention aux dreads..."

"C'est d'accord Iris', je t'accompagne ! Je voudrais pas qu'il t'arrive malheur, alors j'vais jouer les gardes du corps."

Ho ? Il a dit oui ? GENIAL ! J’allais réussir à passer un peu de temps avec lui ! J’avais peut être bien fait de lui offrir ce whisky finalement.
Je ne savais plus vraiment quoi dire, en même temps, j’allais passer la soirée avec un parfait inconnu mais il inspirait tellement confiance. Enfin, pas trop, en fait mais lorsque je parlais avec lui, j’avais l’impression d’être sur un petit nuage. Est-ce qu’il allait devenir mon tout premier … ami ? Je me plongeais dans mes souvenirs et d’aussi loin que je m’en souvienne, je n’en avais réellement jamais eu mais cet homme… je ne rêvais pas, c’était bien lui qui avait prononcé ces mots : Il allait réellement jouer les gardes du corps ? Pour moi ?
Je saisissais alors mon jus d’orange puis en bu le contenu en seulement quelques secondes, puis me levant de ma chaise, pointant la porte de l’auberge je m’écrie :

« ALONS-Y ! »

Tel un réel gentleman, il ouvrit la porte pour me laisser passer. A ce moment-là, j’eu l’impression de redécouvrir le monde : Le festival était là ! Les yeux écarquillaient, je contemplais le magnifique spectacle qu’offrait cette merveilleuse ville. Je balançais mon regard de gauche à droite, le cœur palpitant. Il y avait vraiment beaucoup de monde pour cette occasion, je l’avais déjà constaté un peu plus tôt mais je ne pensais maintenant plus à tuer qui que ce soit, tout ce qui comptais étais là présence du dénommé Scar qui allait m’accompagner. CHOUETTE ! On allait pouvoir faire des attractions, assister aux spectacles et même… MANGER UNE GLACE !
Satsujin, quant à lui, n’avait pas l’air de réagir et il n’y avait aucune raison qu’il le fasse, il avait pu voir, une demi-heure auparavant, que cet homme avait tout sauf l’intention de s’en prendre à moi et puis, il y avait du monde et donc même s’il voulait le faire, il y aurait bien trop de tém… NON, il ne faut pas que je pense à ce genre de chose, je ne voulais plus souffrir, je désirais réellement qu’il devienne un ami, un grand frère, une personne sur laquelle je pourrais compter.
La situation dans laquelle nous étions confirmait l’idée que je m’étais faite des mages noirs. Tandis que je restais perdu dans mes pensées, l’homme à la coiffure étrange m’interpella en m’agrippant par la taille :

"En voiture tout l'monde ! Amène-toi. Gaffe à la jupe, pas besoin de montrer ton popotin à toute la ville."

Mon cœur s’emballa alors subitement, qu’est-ce que c’était ? Je n’étais pourtant pas triste ? À moins que ce soit de… la joie ? Cette sensation, je ne l’avais jamais ressentie auparavant, elle était… étrange, il allait falloir que je m’y habitue, ça devait probablement comme ça que l’on pouvait ce faire des amis.
J’étais désormais là, assise sur les épaules de Sly, entrain de contempler une fois de plus le festival mais cette fois-ci, vue d’en haut, un long sourire se dessinait sur mon visage :

"Alors, par où qu'on va ? 'Tention aux dreads..."

A ces mots, je pointais mon index contre le bas de ma lèvre puis regardais les différentes attractions que proposait le festival avant de choisir celle qui m’avait amené jusqu’à cette auberge

« Heu… LA ! Le stand de tir ! J’adore ça ! Et si tu veux, je pourrai même te gagner un truc comme ça… » NOOON, je recommençais à rougir« … c-comme ça… tu le garderas en souvenirs… »

Quelques mètres plus tard, nous étions face au stand de tirs. Je payais alors 1 partie puis Sly fit de même. Nous étions là, côté à côte, la gentille dame du stand m’avait redonnée le tabouret, je pouvais maintenant me concentrer sur les cibles mouvantes avant de les dégommer, une à une. Je ne pu exprimer ma joie autrement quand sautant, brandissant mon fusil :

« YEAAAAAAAAAAAAAAAH ! Je les ai tous eu !!!! GENIAL ! »

Sly me regardait, il semblait interpellé par ma performance… il avait l’air un peu… comment qualifier ça ? Bref, il n’y arrivait pas alors que moi je les avais tous eu !
Et c’est avec timidité que je lui proposais :

« T-tu veux que j-je t’aide ? Il te reste plus beaucoup de bille… »

Je visais alors en direction de ses cibles avec la dernière bille qu’il me restait: puisque je n’étais pas en face de ses cibles, il m’était devenu beaucoup plus facile d’aligner plusieurs cibles à la fois, alors, avec la dernière bille qu’il me restait, je me concentrais puis shootais trois de ses cibles.

« Heu… d-désolé, j-je voulais seulement en tirer deux mais… il te reste encore deux billes pour la dernière… »

Je m’asseyais alors sur le comptoir du stand puis observais Sly, j’espérais qu’il allait réussir son dernier tir, comme ça on pourrait prendre un super cadeau et… je pourrai le lui offrir…

La petiote voulut s'arrêter au stand de tir, affichant une joie assez déconcertante lorsqu'elle aperçut le lieu où se déroulait cette petite attraction. Gigotant comme un asticot sur les épaules du bassiste, Iris' manqua de le déséquilibrer par la même occasion. En grimaçant, Scar se rattrapa comme il put en écartant ses bras pour se maintenir en place. Elle se calme aussitôt, n'ayant sans doute pas remarqué qu'ils avaient bien failli se casser la binette en plein milieu de la foule qui animait la cité touristique.

"Ola, du calme, on y va mon chou, on y va..."

La minette descendit en se trémoussant, pressée d'aller dézinguer du carton à grand coup de fusil à bouchon. Sly quant à lui, fit craquer son dos et analysa la situation d'un air dubitatif. Il avait toujours été mauvais tireur. A l'arc, à la balle, rien n'y faisait, le musicien visait comme un pied. Tant pis, cela semblait lui faire si plaisir. Et puis c'était elle qui payait, alors pourquoi hésiter plus longtemps ?

Tandis qu'Iris' dégommait tout sans la moindre difficulté, le bassiste benêt galérait comme un manche pour effleurer le moindre bidule. Bien qu'il ne l'admette pas réellement, il était sujet à un agacement certain et ressentait une furieuse envie de tout défoncer à grand coup d'onde de choc. Il se ressaisit, étant venu pour se détendre et non pour se faire courser par les forces de l'ordre. La gamine Sly, concentre-toi sur la gamine.

A en juger par sa situation, les moments où Iris' pouvait s'éclater comme une enfant de son âge devaient être rares. Scar se sentait compatissant, attristé par les conditions de vie du bout de chou qui sautillait de joie. Le musicos' esquissa un sourire de grand frère lorsque la fillette lui proposa de réquisitionner son arme afin de gagner une peluche ou une autre connerie du genre. Pourquoi pas ? Après tout c'était son idée, et il fallait reconnaître qu'elle était infiniment plus douée que lui dans ce domaine. Sly lui tendit l'arme-jouet et croisa les bras pour l'observer dans sa manœuvre.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la mignonnette parvint à dégommer plusieurs cibles en une bille, une action assez surprenante. D'autant plus lorsqu'on savait qu'Iris' n'était qu'une gosse. Merde alors, elle était décidément pleine de surprises. Quelque peu gênée par sa performance, elle proposa à Sly de terminer, et il ne put lui refuser cette proposition. Seulement, motivé ou non, il restait un bassiste avec deux mains gauches, et manqua inévitablement son objectif. Le bassiste fit signe au responsable, lui intimant de s'approcher de lui pour lui dire un mot.

"Eh dites patron, vous voulez pas me dépanner la peluche ?"
"Si vous la voulez, 'faut gagner."
"Soyez cools, c'est pour la gamine."
"Bah 'fallait apprendre à viser, ou alors 'faut repayer une partie."

Un peu sur les nerfs, Sly accorda un petit regard à la gamine qui ne devait rien entendre de la petite discussion, suite à quoi il se retourna vivement pour saisir le col du commerçant, claquant des doigts juste sous la nuque de ce dernier en émettant un crissement sonore hautement agressif.

"La peluche, ou j'te colle ce doigt dans l'oreille et j'transforme ta tronche en salle de concert miniature."

L'intéressé s’exécuta, brutalement refroidi par les menaces de Scar. Ce dernier n'avait jamais été de nature très violente, mais les récents événements dont il avait été l'infortunée victime l'avaient changé, pas de la meilleure des manières. Mais comme il l'avait si bien dit, c'était pour la gamine.

Un sourire aux lèvres, Sly se retourna et tendit la peluche à la demoiselle, la secouant devant ses yeux avec fierté. Il ne l'avait certes pas gagné à la loyale, mais il l'avait obtenu, et c'était l'important. Balayant les lieux du regard, Scar se dit qu'il était temps de filer, et pressa Iris' afin de trouver un nouveau coin à explorer.

"Et maintenant ?"

Aujourd'hui, la petite mage noire deviendrait princesse d'un soir.