La délicate Aldélie ouvrit la porte du hall de Blue Pegasus en silence, son frère sur les talons. Le duo revenait tout juste de Carmina où ils avaient assistés à un festival musical, mais où les deux avaient fait d'immenses erreurs. Les deux étaient recouverts de terre, de poussière et pour Aldélie, ses beaux vêtements immaculés portaient des cicatrices de combat avec des déchirures qui ornaient la jupe et le manteau. Le bas de la veste d'Alfheim n'avais pas été épargnée aussi. Les deux ensembles avaient besoin d'un peu d'amour. Sous les regards interloqués et quelques questions lancées rapidement, l'énergie que la belle et légère danseuse émanait les inquiétaient plus que leurs états physiques.

Visiblement hors de ses gonds et d'humeur massacrante, la boule d'énergie qu'était la petite danseuse rousse ressemblait au froid et puissant Alfheim qui la suivait comme un pauvre chien errant, la queue entre les jambes. Évidemment, quelque chose s'était passé entre ses deux-là et les jumeaux avaient eue une argumentation qui s'était résolu à un mage de foudre piteux et une magicienne des ténèbres qui semblaient vouloir massacrer tous les gens présents dans le cabaret kitch. Le duo monta à l'étage des dortoirs et se rendîmes dans leurs chambres respectives. Aldélie avait eue la chance de bénéficier d'un bon bain chaud, contrairement à son jumeau, mais elle préférait se calmer. Elle retira donc ses habits poussiéreux et brûlés qu'elle mit au pied de sa grande armoire en bois sombre agencé à son lit à baldaquin, sa table de chevet, sa coiffeuse et son bureau et pris sa robe de chambre en flanelle mauve qui glissa sur sa peau avec une douceur bien accueillie par un frisson. Ainsi parée, Aldélie se rendu dans les bains. Par chance, Blue Pegasus était assez puissante et riche pour avoir des bains non-mixte, car Alfheim qui l'attendait hors de sa chambre la suivis jusqu'au vestiaire où la belle retira sa robe de chambre avant d'entrer dans l'eau.

Dans la baignoire remplie d'eau bouillante et d'huiles parfumées, la pégase eue enfin l'impression d'être sereine depuis son départ de Carmina... Elle récura de sa peau pâle le peu de crasse qui s'y était logée pendant le chemin de Carmina à la guilde et pris même le loisir de laver sa longue crinière orangée. Elle pris un bouquin sur la géographie de Fiore qui traînait sur le bord de l'installation et l'ouvrit en faisant craquer sa nuque en une rotation lente et calculée. Une carte du Royaume s'étalait devant elle avec ses frontières et quelques îles avoisinantes. Elle caressa les montagnes de l'Ouest en pensant à sa mère et son père, de leurs réactions face à son comportement honteux lors du festival...

Elle remarqua une ville nommée "Raven Tail" au pied des montagnes de son enfance et trouva un index. En fait, Raven Tail était une guilde de mages. Et dire que les jumeaux Selegan avaient fait une si longue route... La belle, jouant dans l'eau fumante avec le bout de ses doigts, retourna à la carte en localisant sa guilde et les villes les plus proches. Oak Town et Shirotsume...

La première était la plus proche, mais, dès les premières lignes qui affichaient Oak Town comme le berceau d'une guilde, la belle sauta à la seconde ville. Elle ne voulait pas entendre parler de mages, qu'elle fréquentait à une échelle alarmante ses derniers temps. Oui, elle avait besoin de libérer son esprit de l'épisode de Carmina et s'éloigner de son frère, même si cela rimait aussi avec repousser leurs départs pour une mission qu'ils n'avaient même pas encore choisis... Shirotsume semblait tout désigner pour la jeune artiste. Bourgade qui n'avait pour mage qu'un noble qui ne sortait pas de son manoir. Cette description conquis la jeune femme en plus que c'était "En réalité, Shirotsume est considérée comme un lieu de retraite pour les artistes adeptes de la prose et du vers." comme le clamait le volume. Parfait, se disait la femme, assez loin d'Alfheim pour ne pas sentir sa présence froide et ombrageuse et assez près de Blue Pegasus en cas d'urgence. L'idée de la belle poète était faite.

Elle jaillit de sa baignoire en posant le tome sur le comptoir et s'épongea longuement avec une serviette qu'elle laissa sur une pile avec d'autres. Sa peau fumait encore lorsqu'elle rejoignit sa chambre avec sa robe sur le dos. Elle avait passée par un autre chemin pour éviter son jumeau. Elle ne remit pas son uniforme habituel qu'elle avait baptisé "Duelist Soul". Elle ne comptait pas s'afficher en tant que menace. Elle voulait quelques jours pour respirer et faire le vide en espérant voir un refrain venir au monde entre ses oreilles ou des vers s'aligner sur un cahier. Elle trouva dans son armoire une housse de plastique bleue dans lesquels on met les vêtements pour les voyages. Cela devait faire près d'un mois que les Selegan avait mis pied dans cette guilde et Aldélie n'avait pas porté autre chose que ses atours rouges et blancs et sa robe de nuit. Elle retira une housse portant le nom "Sky Farmer" et l'ouvrit. La danseuse étendue les vêtements sur les draps céruléens de son lit et fut prise de nostalgie. Cet ensemble, elle le portait dans des temps passés lorsque sa vie ne tournait qu'autour de petits bonheurs dans sa bourgade perchée au-dessus des nuages.

La belle revêtît sa jupe en coton brun qui lui tombait un peu au-dessus du genou et enfila par-dessus ses sous-vêtements de dentelle noire sa veste en laine jaune aux bords blancs. Elle mit une paire de ballerines brunes qui jonchaient le sol de l'armoire après avoir soigneusement bandée sa peau noircie du dos de ses talons jusqu'à la mi-mollet par une technique combinant les deux jumeaux et remis la housse en place. Elle attrapa un sac de toile qui ressemblait à un sac de militaire et y mit un cahier d'écriture, son étuis de métal renfermant ses précieuses craies à dessin et une boîte en bois fermée à clef qui enfermait dans des compartiments séparés une plume de balbuzard, oiseau de proie, un encrier et des pointes de rechanges.

Sur le point de quitter sa chambre, le sac pendant le long de son épaule grâce à la bandoulière en cuir, Aldélie loucha sur son fourreau écarlate et sa rapière à la garde turquoise. C'était toute une étape de quitter une pièce sans sa chère épée... Mais elle rebroussa chemin, ignora la lame, pris son uniforme qui avait besoin d'attention et quitta sa chambre. Elle descendit au rez-de-chaussez et demanda à la personne au bar où était Sayu. Visiblement, la personne ne savait pas où la petite grenouille se trouvais et Aldélie se sentit mal de laisser ses vêtements sales sur le comptoir en attendant. Mais la personne qui tenait le bar - une jolie blonde à la poitrine surdéveloppée - s'empara des loques de tissus en les brandissant et en proclamant solennellement qu'elles seraient réparées et propres avant le retour de la pégase. Cette dernière haussa les épaules, la remercia et quitta l'établissement.

Elle marcha jusqu'à Oak Town, qui était sur la route de toute façon en appréciant la brise dans sa crinière et le bruit vivant de la forêt. Elle eue en tête que si elle était attaquée maintenant, elle était obligée d'utiliser sa magie de ténèbres. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas utilisé sa magie sans le médium de son arme. Aldélie mis donc un entraînement à son horaire de "ressourcement". La belle arriva sans encombres à Oak Town dans les heures qui suivit son départ et par le temps, Alfheim devait avoir compris que sa soeur était partie si quelqu'un ne lui avait pas dit. La jumelle n'avait rien dit du lieu où elle se rendait, ce qui était un peu stupide s'il lui arrivait quelque chose, mais Alfheim était intelligent, il comprendrait rapidement.

Dans la ville habitant autrefois Phantom Lord et désormais Hungry Wolves, Aldélie réussis à convaincre un marchant de l'embarquer avec lui dans sa calèche menant des provisions dans une épicerie de Shirotsume. Le vieil homme était un personnage peu bavard qui n'accepta la présence de la jeune femme encore silencieuse qu'avec le tintement de quelques jewels. La belle réussit tout de même à apprendre qu'il faisait le voyage quatre fois par jour pour desservir différentes librairies, épiceries et échoppes de Shirotsume. La chanteuse regarda le paysage défiler en savourant l'air frais et ce faux sentiment de liberté qu'elle ressentait. Elle savait très bien que son frère ne l'avait pas suivit personnellement, mais que bientôt, des chaperons parsèmeraient la ville pour me surveiller. Peut-être avait-il confiance en Aldélie, mais il n'avait pas confiance aux personnes entourant sa précieuse soeur. Il y a toujours, sur cette terre, des gens plus puissants que vous. Ainsi la poète avait sûrement des hommes passés maîtres dans l'art du camouflage qui la suivrait et la protégerait et qui seraient allègrement tabassés par le maître de foudre le temps du paiement venu.

Aldélie atteint Shirotsume devant une épicerie à la devanture plaisante pour les yeux. Elle décida d'entrer après avoir remerciée le marchant et sans lui donner de jewels, car il ne lui avait pas demandée et la belle ne s'en souvenait déjà plus. Les odeurs de pains frais assaillirent la pégase à peine passé le seuil de la porte qui fit chanter un carillon. Suivant son nez et son ventre qui n'avait rien avalée depuis le matin, Aldélie attrapa un pain bien moelleux et une roue de fromage qui semblait succulente. Elle ajouta par simple frivolité un morceau tout de même colossal de viande froide et se rendu à la caisse. Elle déposa sur le comptoir son chargement au fumet accueillant et sortit de son sac une petite bourse avant de lever son regard sur la personne derrière le comptoir.

Élancée et maigre, la vendeuse au teint pâle ne devais pas sortir sous le soleil clément de cette campagne accueillante très souvent ou, comme la magicienne qui se tenait devant elle, tenais cette pâleur de ses géniteurs. Le rose de ses cheveux éclairait son visage juvénile bien que seulement quelques années devaient séparée les deux filles. Ses yeux rouges qui regardaient sa cliente intéressait fortement Aldélie. Lentille de contact ou génétique étrange ? La chanteuse ne pouvait pas vraiment décidée.

Visiblement, si Alfheim avait miné la bonne humeur habituelle de sa sœur chérie, la température, le voyage, le soleil et la distance mise entre eux avait fait du bien à la poète rousse. Elle souriait à pleine dent et ses yeux ambrés pétillaient de bonne humeur.

Oui, Shirotsume était la bonne direction à prendre pour refaire le plein de soleil pour cette mage qui avait eue de la misère à se contrôler à Carmina. Dans sa bourgade natale, Aldélie était toujours dehors... Peut-être était-ce pour cela que la belle était devenue de plus en plus susceptible. Elle nota dans un coin de son esprit qu'à son retour elle devrait aller plus souvent dans ce jardin que Sayu leur avaient montré à leurs arrivées... Ou sortir... Aldélie attendus la réponse de la fille aux cheveux roses tranquillement à penser combien la situation devait être troublante pour l'épicière. Elle ne voulait aucun mal à l'adolescente qui semblait gentille et elle ne pourrait réellement pas manger tout cela toute seule. Aldélie avait toujours été du genre à partager et parfois, elle se privait de dîner pour donner plus de nourriture à ceux qui en manquaient..

Ainsi rafraîchie par le changement de paysage et d'air, l'artiste souris largement à la femme qui allait lui tenir compagnie pour son séjour planifié sur un coup de tête en prenant leurs dîners. La jeune guerrière sortie de la boutique d'un pas aérien qui semblait la faire flotter à quelques milimètres du sol, comme si elle était une sorte d'ange. Seule la grâce et des années de soirées dansantes parvenaient à créer cette illusion naturelle que possède bien des danseurs. Avec la fluidité indomptable de la panthère, Aldélie sortie sous un soleil déclinant à l'horizon, peignant doucement le ciel d'oranges discrets. L'escrimeuse sans armes suivit sa nouvelle rencontre jusqu'à une colline un peu en retrais de la ville.

Monticule assez haut pour apercevoir le coucher de soleil qui semblait imminent, la petite montagne aux flancs verdoyants accueillit sur son lit épais une Aldélie un peu fatiguée par le peu de fatigue qu'elle avait pu récolter ses derniers temps. imperceptiblement, des lignes noires se dessinaient doucement sous ses prunelles ambrées perdant de leurs éclat rougeoyant. Elle ouvrit son sac militaire qu'elle avait récupérée au pied de la carriole brinquebalante qui l'avais mené dans cette ville ravissante et y plongea son pâle bras pour en sortir son cahier noir et ses fusains et installa son dos contre l'arbre qui bruissait sous le léger vent et poussait malgré les difficultés au sommet du monticule. En déchirant un morceau de pain, elle souris à l'inconnue avec laquelle elle se sentais libre de vivre, orna l'oeuvre de patisserie fraîche de fromage et de viande et le tendus, toute souriante, son livre noir sur les genoux, ses fusains dans leurs boîtes métalique ouverte dans l'herbe, bref, un portrait chaleureux, rassurant et visiblement saint d'esprit.

Mais des pensées trottaient dans l'esprit vif et pourtant mélancolique de cette étrange artiste aux dons ténébreux. Elle pensait si elle avait bien fait de quitter le nid famillial et pourquoi elle avait perdu la tête à Carmina. Elle avait pourtant vécu une vie tranquille, sans aucun évènement particulièrement troublant, depuis ce dernier mois... Elle avait rejoint Blue Pegasus, regarder à plusieurs reprises le tableau de mission sans grand résultat, mais jamais, au grand jamais, elle n'aurais eue un stress quelconque.

À cette pensée, son visage se fit soucieux pendant un temps si cours que cette égarement sembla durer comme une averse en été, passagère, comme les émotions autres que le bonheur, la joie ou toute état d'âme ''positif'' sur le visage de porcelaine de la poupée des Selegan.

Elle tourna et retourna la situation dans tout les sens et compris ce qui l'avais poussée vers une folie si forte qu'elle avait attaqué un inconnu pour seul crime de ressembler vaguement à son jumeau... Elle avait passé un mois cloîtré dans le hall, le bar, les dortoirs de Blue Pegasus. Elle avait toujours eue quatre murs autour d'elle, prison dorée dont elle avait la clé. Elle réalisa cette évidence et expira paisiblement en souriant à cette jeune femme aux cheveux roses qui se dressait devant elle.

Cette fille lui rappelait une enfant de l'orphelinat de son village aérien, cette citadelle minuscule perchée dans les nuages comme un rêve lointain et pourtant... On pourrait croire que cette bourgade insignifiante, retraite effacée des livres de géographie, ne comporterais qu'une douzaine de maisons étiolée dans les montagnes aux pics vertigineux. Le village portait en son sein des bâtiments d'apparence riches, autrefois massives manoirs de riches et désormais un nouveau lieu de refuge pour des vieillards, des enfants sans parents et ceux qui se perdaient dans la forêt mortelle s'étendant dans cette bourgade fantôme. Aldélie y avait fait des heures et des heures dans ses établissements pour faire le bien et alléger son coeur du poids des ténèbres qui lui collaient à sa peau comme son jumeau qui la suivait éternellement, dans une époque qui semblait si loin et pourtant ils étaient encore ensemble au matin...

La demoiselle aux cheveux roses avait une tendance à s'aventurer dans les ailes condamnées des institutions imposantes, des lieux désolés, délabrés et dangereux, usés par le temps et habité par des insectes dégoûtants. Cette journée-là, Aldélie n'avait ni entraînement d'escrime, ni leçons particulières avec ses parents, ni enseignements de magie avec le vieux Trannyth. Elle errait sans son jumeau encore endormis dans les orphelinats avant leurs chasses traditionnelles et elle était dans cet état de ténèbres lui rongeait l'âme de l'intérieur. Elle laissait sa magie déferler dans son sillage et en se retournant pour examiner un manteau de cheminé poussiéreux. Une forme bougeât parmi les bûches frissonnantes et un seul coup de pied dans cette créature, la main chargée d'ombres dansantes, une jeune fille couverte de cendres et de poussière aux cheveux roses flamboyant dans cette pénombre glauque jaillit à la place des bûches et un petit chien de cendres se forma à ses côtés. Ashes Control, était le nom de la magie de cette gamine qui fut fauchée par une corde...

Aldélie n'avais jamais parlée de cet événement qui avait suivi la semaine de la rencontre de cette enfant qui se balançait de sa corde de chanvre, pendue dans sa chambre, se balançant doucement alors que la poutre de bois craquait, chantant cette mélodie macabre qu'était le suicide d'une enfant que l'artiste avait enfouis dans ses souvenirs les plus noirs. Elle avait enveloppée l'enfant d'un linceul blanc et, silencieuse, l'avais enterrée dans la forêt sans dire un mot, même pas à son confident, son cher jumeau. Elle l'avait surnommée la Silencieuse. Leurs échanges n'avaient été qu'arabesques de cendres et de ténèbres dans une pièce vieille comme le monde et grinçant sous leurs pas. Aucune des deux n'avaient parlé pendant leurs cours échanges. Aldélie avait exposée ses ténèbres devant cette magicienne aux cheveux roses, cette cruauté étrange qui habite un être aussi doux et n'éclos qu'en duel ou dans des circonstances rares et uniques. Comme ce moment, alors que le crépuscule s'étendait alors que des gestes machinales formait un pain recouvert de fromage et de viande qu'elle portait à ses lèvres en s'imaginant, sourire narquois aux lèvres, le bruit de cette corde qui se balançait avec la complainte de la poutre de bois. Corde qu'elle avait nouée avec application et laissée dans la chambre de la petite.

La meurtrière cligna les paupières et s'empara de son cahier noir et de ses fusains et dessina le coucher de soleil majestueux qui semblait embraser Shirotsume dans ses bras flamboyants. Les langues rouges et orangées s'étendaient comme s'ils voulaient envelopper tout le village dans sa latitude et longitude. La réalisation de cette oeuvre se termina avec précision quelques secondes avant que la lune ne domine le soleil. Finalement, Aldélie était dans le duo astral la lune, toujours baignée de lumière jusqu'au moment où s'en était assez...

Le destin, visiblement, s'amusait avec Aldélie. Elle avait fuit Blue Pegasus ou plutôt un certain Alfheim pour s'exiler dans les contrées Nordiques de Fiore en voulant se poser et réfléchir à toute cette euphorie de magie. Peut-être était-ce voulu que la belle rousse ne rencontre que des mages depuis son arrivée. Sa partie lui manquait, tout était tellement plus simple...

Mais c'était cette complexité de la vie qui l'avait amené à rejoindre une guilde. Il fallait qu'elle se fasse à l'idée. Elle sourit à sa partenaire de pic nique aux cheveux roses et pensa aux membres de sa guilde. Sayu utilisait des fils magiques, le maître, elle ne l'avait encore jamais rencontré même s'il avait dû l'observer. Roy était un guerrier de la foudre, comme Alfheim, mais les autres, elle en avait aucune idée... De la neige. Cette magie devait être belle, blanche, pure, innocent tourbillon froid mais doux vous râpant la peau jusqu'à votre mort... Mais en une forme plus simple, plus classique. Une pluie de laine blanche. À vrai dire, Aldélie était étonnée. Elle savait ce que le mot ''neige'' voulait dire, mais jamais elle n'en avait vu de ses propres yeux. Elle vivait dans un village perpétuellement dans la saison de l'été.

Elle avait comme voute céleste jamais un ciel bleu vif, annonçant la froideur et la douceur du manteau de neige, mais une toile céruléenne parsemée le soir de points scintillants comme des flammes vacillantes, mais distinctes. Aldélie leva son visage vers les étoiles, pensive, sur ses genoux son cahier de dessins qui se défilaient l'un après l'autre au fusain noir sur les blanches pages sous le léger vent nocturne. Si la belle aurait eue sous la main son frère, elle aurait utilisé ses flammèches électriques pour créer un feu et réchauffer les deux femmes qui étaient sur la colline, mais à la place elle fouilla dans son sac et en sortis une longue cape de coton épais qu'elle lança à son interlocutrice sans mots.

Elle lui sourit gentillement et ouvrit sa main vers elle, comme si elle tenait un globe de verre invisible qui se remplit doucement de fumée mauve tirant sur le noir scintillant, virevoltant entre ses doigts, glissant comme des serpents d'ombre autour du poignet de la belle. Elle observait pendant ce moment la demoiselle aux cheveux roses avec des yeux examinateurs, un sourire encourageant et une expression chaleureuse et aimable.

La noble aux cheveux roux fit en sorte que cette fontaine d'ombre restant autour de sa paume deviennent des caractères écrivant le mot ''aile''. Les lettres mauves s'installèrent sur l'épiderme pâle que l'autre main de la danseuse dévoila en remonta la manche du gilet en laine. Deux longues ailes faites de cette étrange consistance se déployèrent dans son dos, plumes de ténèbres s'éparpillant dans la brise du crépuscule qui essayait tant bien que de mal de ne pas aller se coucher.

La femme soupira comme si cette apparition la libérait d'un poids. Toute cette énergie circulant en elle avec ses pulsions sombres s'imaginait comme un verre d'eau que l'on remplissait et que, finalement, on prenait une gorgée. Un poids coulant sur sa peau et s'enfonçant dans la verdure se mouillant avec la rosée. En se rendant compte de l'instant de la journée, la poète au coeur mélancolique rangeas ses fusains et son cahier pour ne pas que ses deux ne s'abîme pas et réajusta sa manche pour ne pas prendre froid. Elle serra son sac de toile et remis le pain, le fromage et la viande dans leurs papiers lustrés respectifs. Elle roula des épaules et comme sous un ordre silencieux, le vent arracha plumes par plumes les ailes de la Selegan.