| Rencontre temporelle [Johanna] |
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Guilde : Quatro Cerberus
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Renommée : Mage Réputé |  Sujet: Rencontre temporelle [Johanna] ![Rencontre temporelle [Johanna] Empty](https://2img.net/i/empty.gif) Mar 2 Avr - 0:44 | |
Une belle journée s’annonçait pour la ville d’Oak Town. Le soleil était bien haut dans le silence et le temps était doux. Il n’y avait pas un seul nuage dans le ciel et la ville était animée. Dans les marchés et dans les rues, les gens vaquaient à leur occupation dans la paix et le calme presque parfait. Du moins, tel est l’ambiance régnant dans les coins les plus sûrs et les plus sécurisés de la cité. Cette atmosphère s’avère être totalement différente dans d’autres secteurs de la ville, surtout les plus malfamés. L’un d’eux en particulier possédait quelques éléments le rendant très différent. Le quartier en lui-même n’avait rien de particulier, mis à part quelques maisons délabrées. C’est toutefois quelque chose d’autre qui doit retenir l’attention. Un vieil entrepôt abandonné, qui jadis avait dû appartenir à un marchand prospère, lors de l’âge d’or d’Oak Town. Depuis cette époque, la fonction de cet endroit avait totalement changé. Jadis, il contenait des produits destinés à la vente, désormais, il était utilisé pour des réunions. Cependant, il ne s’agissait pas de réunion banale.
De l’extérieur de l’entrepôt, il était parfois possible d’entendre de faibles cris divers, mais incompréhensible. À l’intérieur, on pouvait aisément mieux entendre et surtout voir les raisons de ces bruits. Un peu partout dans l’entrepôt, il y avait des gradins. Tout du moins, des gradins improvisés car il s’agissait uniquement de planches à servant de banc et étant disposées de manière presque anarchique. Le seul passage concret entre ces bancs était un petit ‘’corridor’’ implicite. Les gradins étaient occupés par des gens divers. Il y avait des hommes et des femmes de divers âges et tous poussaient des cris d’encouragement ou bien d’engueulade. Devant ces individus assis, se trouvaient d’autres personnes qui elles restaient debout. Cette assistance était disposée en cercle et portait son attention sur une seule et unique chose : le centre de l’entrepôt. Au centre reposait une petite arène. Plus précisément, une parcelle en forme carrée de 4 mètres de long par 4 mètres de large, les limites se faisant grâce à de simples planches formant un mur s’élevant jusqu’à 1 mètre. Dans cette arène, il y avait deux hommes torse nu. Ce qu’ils faisaient n’était pas bien dur à comprendre, il se battait. Voilà l’évènement se déroulant dans cet entrepôt abandonné, un club de combat clandestin. Les gens venaient ainsi en ces lieux pour se battre ou bien pour admirer les combats et probablement pour faire des paris également.
En ce jour, la foule était encore plus excitée que d’habitude, car elle avait droit à un combat des plus inattendus. Ce n’était pas n’importent quels combattants qui s’affrontaient dans l’arène. Le premier des deux était un homme de grande taille. Le plus important était cependant qu’il s’agissait de l’un des organisateurs de ces combats clandestins. Face à lui, son adversaire mesurait deux têtes de moins que lui. Il aurait pu paraître pour un combattant sans importance, si cela n’était d’un détail très particulier. Sur son omoplate droite reposait un symbole connu de tous. Il s’agissait de la marque officielle de la guilde de Quatro Cerberus. Nul besoin d’être un génie pour comprendre que ce jeune homme appartenait à cette guilde et donc qu’il était un mage. De qui pouvait-il s’agir? Eh bien, cet individu n’était nul autre que Ken Amnell, le mage de rang A de Quatro Cerberus. Un duel à l'ancienne, poing contre poing, opposant un mage et un homme sans pouvoir magique.
Comme d’habitude, la sœur du jeune homme n’était pas loin. Contrairement à son frère, Shina se tenait hors de l’arène et avec tous ses vêtements. Elle se tenait près du rebord et encourageait son frère. Près d’elle, Kiri, leur lycaon gardait un œil sur la foule et non sur le combat. De par la présence de la créature, Shina se trouvait seule, personne n’osant approcher. En fait, dès qu’une personne s’approchait un peu trop près, le lycaon commençait à grogner. Kiri veillait scrupuleusement sur sa maitresse, s’assurant ainsi que personne ne l’approche. Après tout, dans un tel endroit, qui sait quel genre de personne tordue pouvait être présente. Certes, la jeune fille n’existait pas sur le plan physique pour le moment, étant une illusion. Toutefois, les jumeaux préféraient faire croire le contraire, n’ayant aucune raison de montrer à tous leur statut particulier.
Pendant ce temps dans l’arène, le combat continuait. Les deux combattants échangeaient des coups de poing ou des coups de coude presque sans interruption. Les acclamations de la foule ne cessaient pas, chacun réagissant de manière enjouée ou colérique, variant entre les deux selon la façon dont leur favori se débrouillait. Tandis que les coups s’échangeaient, Ken ne pouvait s’empêcher de songer aux évènements ayant mené à cette situation des plus inconfortables.
*Flashback*
Les jumeaux ouvrirent tranquillement la porte secondaire de l’entrepôt et pénétrèrent dans le bâtiment, suivi de près par Kiri. Quelques heures plus tôt, ils étaient arrivés en ville. Ils n’avaient pas fait le voyage par plaisir ou bien pour une mission quelconque. En fait, les deux mages étaient venues à Oak Town à la demande de leur grand-père. À la demande du vieil homme à travers une lettre, ils avaient été dirigés vers une taverne dans l’ouest de la ville. Sur place, le petit groupe de Quatro Cerberus avait rencontré le vieux tavernier. Apparemment, il y a plusieurs années, le tavernier avait rendu un grand service au grand-père des jumeaux et voulait désormais un retour d’ascenseur. Cependant, ce n’était pas un service que pouvait accomplir quelqu’un avec l’état de santé du grand-père de Shina et Ken. Certes, l’homme n’était pas en très mauvaise santé, cependant se débarrasser d’un club de combats clandestins, c’était un peu trop pour lui. C’était donc à ses petits-enfants qu’il avait confié cette tâche délicate.
Quoi qu’il en soit, les jumeaux étaient donc désormais à l’intérieur du fameux entrepôt où les combats se déroulaient sur une base régulière. Le vieux tavernier voulait que ce club disparaisse, certains des membres venant saccager son établissement après un combat. Comme il l’avait décrit, cet endroit était fort occupé et bruyant. Les gens acclamaient un combat en cours, opposant deux hommes de grande taille. Les coups de poing pleuvaient entre eux. Cependant, le combat prit une fin abrupte lorsque l’un des combattants se prit un violent uppercut. Il s’écroula sous la puissance du coup, perdant connaissance. Les cris de la foule se faisaient plus forts, acclamant le vainqueur. Sans hésitation, les jumeaux s’approchèrent de l’arène et Ken grimpa sur le rebord de celle-ci, afin de prendre de la hauteur. Devant le petit spectacle qu’il offrait, l’attention se porta sur lui et les cris diminuèrent en intensité.
-Attention à tous. Nous avons été mandaté afin de mettre fin à ces activités violentes et illégales. Veuillez quitter cet entrepôt calmement et personne ne sera blessé ou ne devra faire face à la justice pour participation à des activités illégales.
La seule réponse qu’il obtint fut le rire de la foule. Un homme de grande taille pénétra dans l’arène et fit signe au vainqueur du précédent combat de sortir. Ce dernier s’exécuta, en faisant passer le perdant par-dessus les limites de l’arène.
-Très comique gamin, maintenant dégage. Tu te prends pour qui, au juste?
-Je m’appelle Ken Amnell et je suis accompagné par ma sœur Shina et notre lycaon Kiri. Nous appartenons à la guilde de Quatro Cerberus.
Le silence fut presque instantané. Les jumeaux n’étaient peut-être pas encore connus à travers le royaume de Fiore. Cependant, leur guilde était bien reconnue et crainte par certains. Ces gens comprenaient donc que le mage leur faisant face ne plaisantait pas une seule seconde. Cela ne suffit toutefois pas à l’homme dans l’arène qui prit la parole.
-Je me fiche de qui tu es. J’ai créé ce club avec un associé et il est hors de question que nous le fermions… Quoi que…
-Quoi que?
-Un combattant contre un autre combattant. Affronte-moi dans l’arène. Si tu parviens à me vaincre, le club sera instantanément dissous et si je gagne, tu t’en vas.
-Pourquoi accepterais-je?
-Tu peux nous chasser d’ici, mais rien ne nous empêcherait d’aller ailleurs dans cette ville et de tout recommencer.
-Bon, très bien.
Ken était bien conscient de cette réalité. Même s’il faisait se déplacer ces gens, il y avait peu de chances que le problème du tavernier cesse. Il faudrait donc que le jeune homme affronte l’organisateur pour mettre fin à tout cela. Le mage sauta donc dans l’arène. Les deux adversaires se dévisagèrent une seconde et chacun retira chandail et chemise. Ken déposa le tout près de sa sœur. Puis, les deux opposants se firent face. Chacun portait des traces des plus évidentes. Le mage avait de nombreuses cicatrices au ventre et au torse. Tandis que son adversaire en avait énormément sur les bras et deux sur le torse. Chacun serra les poings et le combat commença.
*Fin du Flashback*
Les coups de poing continuaient de se donner violemment et le sang coulait. Pour le moment, Ken avait réussi à donner plus de coups qu’il en avait reçu. Toutefois, un coup au visage avait causé une légère coupure, causant un saignement à côté de son œil droit. Quant à son adversaire, il semblait être encore plein de vie. C’était un combat acharné. Soit on donnait des coups, soit on esquivait ou bloquait des coups. Cependant, aucun des deux adversaires ne voulait éterniser le combat. Ken avait d’ailleurs un plan en tête.
Lorsque son adversaire passa à l’attaque, le mage ouvrit volontairement sa garde sur la gauche. Son opposant en profita donc pour le frapper, laissant sa propre garde ouverte. Le jeune homme frappa et les impacts eurent lieu au même moment. Frappé aux côtes, Ken ressentait une vive douleur, tandis que son adversaire cherchait son souffle après avoir été frappé au ventre. Se contrôlant du mieux qu’il pouvait, le mage donna un coup de pied de côté sur l’arrière de l’articulation du genou droit de l’homme. Ce dernier plia les genoux perdant ainsi de la hauteur. Puis, Ken le frappa au visage d’un coup de coude. L’impact fut violent et l’homme s’écroula au sol, vaincu. Les acclamations augmentèrent, chacun criant la fin du combat et la victoire du combattant. De son côté, le mage s’accroupit près de son adversaire et leurs regards se croisèrent.
-Tu as perdu. N’oublie pas la promesse que tu as faite.
-Je sais. Je suis un homme de parole.
Ken sourit légèrement tendit la main vers son adversaire, afin de l’aider à se relever. Ce dernier accepta l’aide du mage et tous deux se remirent debout. Le jeune homme se tourna ensuite vers la foule qui continuait de l’acclamer.
-Vous savez tous ce qui était en jeu, lors de ce combat. Votre club de combat n’est plus. Veuillez tous partir désormais.
Un fort grognement de Kiri vint attirer l’attention des jumeaux. Ils virent alors un homme chauve et au regard hostile et méprisant. Il tenait plusieurs petits couteaux en main. Le chauve en laissa un en direction de Shina et l’arme vint s’enfoncer à quelques centimètres d’elle, dans le bois formant les contours de l’arène. À première vue, il était évident que ces couteaux n'avaient absolument rien de magique.
-Si tu crois que je vais laisser deux morveux me priver de mon club et des revenus qu’il génère, tu rêves. Toi, ta salope et ton clébard vous allez partir tout de suite! Sinon, mon prochain couteau ira s’enfoncer dans son œil de cyclope!
Visiblement, contrairement à son collègue, cet homme-là n’avait aucun honneur et aucune parole. Surtout, il voulait conserver ses petites activités lucratives. Ken n’était cependant pas inquiet. Après tout, sa sœur n’existait pas sur le plan physique actuellement. Toutefois, comment faire pour se sortir de cette situation problématique, sans causer trop de problèmes?
Dernière édition par Shina/Ken Amnell le Sam 13 Avr - 18:36, édité 1 fois
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Renommée : Mage Connue | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Jeu 4 Avr - 22:01 | |
En cette épisode de la vie de Johanna, il serait appréciable de noter quelques points. Premièrement, ce fut avant tout son exaspération et sa rage qui la poussèrent à rejoindre d'elle même Oak Town. Certains des mages de Lamia Scale y avaient été envoyé pour quelque mission d'un rang moyen. Cependant, il était une chose grave: ceux qui étaient revenus n'étaient pas parvenus à remplir le contrat. Pourtant, tout semblait indiquer une facilité déconcertante quant à l'objectif. Il fallait démanteler un réseau de trafiquants. Certes, il n'y avait aucune autre précision mais une poignée de mages de rang C aurait dû réussir. Lorsque Johanna vit ces mages désespérés et à bout, alors qu'ils venaient de traverser quasiment Fiore de part en part, elle ne put s'empêcher de les sermonner. Puis, vint le temps des explications. Là, Johanna fut mise au courant. Il y avait un réel enjeu. Les contrevenants étaient de plus en plus nombreux et organisaient des combats clandestins qui gagnaient en intensité. Alors que ce simple fait était interdit, ils en profitaient pour saccager les alentours. Les mages avaient alors tenter de tous les menacer.
Si on se méfia d'abord d'eux en raison de leur appartenance à une guilde, le chef n'en fut guère impressionné. Il paria sur le fait qu'aucun d'entre eux ne pourrait les arrêter. Les trois mages de rang C hésitèrent longuement à passer à l'action. Ils finirent par blesser sérieusement l'homme s'étant présenté comme chef. Ils avaient alors réussi à disperser la foule et aucun combat ne se déroula par la suite, du moins le croyaient-ils. En vérité, les misérables avaient trouvé de nouvelles cachettes où perpétrer leurs compétitions. Hélas, ce fut arrivé à la guilde qu'il leur fut dévoilé qu'ils n'avaient pas réussi, le client s'étant manifesté par le biais d'une lettre. Il avait augmenté le montant de la récompense et ajoutait que l'envoi des mages était vain. La malice des mécréants battraient à plate couture la magie? Était-ce bien ce qu'entendait dire le client? Johanna avait serré les dents puis s'était retirée de mauvaise humeur une journée durant. Le lendemain, avant que quiconque ne fût levé, elle était déjà partie pour Oak Town, laissant un mot et quelques consignes.
Deuxièmement, le voyage fut long et quoiqu'elle rencontra moult personnes, elle se satisfaisait à ne rien sentir de mauvais en leur for intérieur. Impression naïve? Probable. Pourtant, pas un homme ne s'aventura à la provoquer, que ce fut par la drague ou par d'offensantes paroles. Cela valait peut-être mieux ainsi. Sa réputation la précédait sûrement en quelques lieux. Ainsi, il ne lui arriva rien de désagréable, sauf peut-être de larges remarques dans son dos à propos de sa couleur de cheveux. Certains l'admiraient d'autres se détournaient par peur. L'inconnu inspirait la crainte, il était bien naturel que la venue d'une femme à la chevelure rosée, au regard glacial, portant un étui à épée et la marque de Lamia Scale fût appréhendée. Rien d'habituel en un tel portrait.
Enfin, il est à noter que Johanna détestait les hommes trop entreprenants, allant jusqu'à forcer leur victime à l'acte d'amour. Simplement, porter la main sur les plus faibles l'insupportait car bien souvent les femmes étaient des créatures attentives, fragiles, dépourvues d'une force rivalisant avec celle d'hommes imposants. Il y allait de la galanterie ou bien, soyons moins exigeants, du pur respect de l'autre. Ce point s'annoncerait des plus décisifs dans la suite du récit.
Ce fut en une agréable soirée que Johanna parvint à son but. Exténuée et lasse, elle avait choisi de passer la nuitée dans la taverne du client. Elle réserva une chambre tout en se présentant. L'homme parut extrêmement flatté par le tact de Mademoiselle Célès, qui était venue, bien que Master, en une ville si éloignée. Peu bavarde et dissimulant avec astuce ses sentiments, elle dîna peu accompagnée. Il y avait là quelques citadins, assoiffés, ou tentant d'oublier leurs problèmes et même leurs joies à travers de multiples tournées. Pathétique vision ! Cependant, Johanna ne fut pas accostée et ne tarda pas à quitter la salle de réception pour s'en aller dans sa chambre. Ses muscles la tiraillaient, et malgré le fait qu'elle fit une bonne partie du trajet en train, elle s'était retrouvée dans une position qu'elle jugea inconfortable, assise tout juste à côté d'un bambin agaçant. La bienveillance de Johanna l'empêcha de le faire taire par la force mais ce fut au prix d'un bouillonnement intérieur qu'elle ne porta pas la main sur le chérubin. Ainsi, elle se disait mériter un peu de calme et le lieu où elle se trouvait convenait à merveille. Après avoir vérifié que la clé de sa chambre eut été tourné et qu'elle était seule (ne sait-on jamais?), elle entreprit de se déshabiller afin de profiter d'un bon bain réparateur. Elle s'y détendit un moment mais ne traîna guère longtemps car une heure après, elle s'était déjà vêtue d'une chemise de nuit, sûrement jugée assez provocatrice pour un homme en ayant la vision. D'un rose sucré, elle laissait profiter d'un décolleté important mais Johanna n'en avait cure, il s'agissait seulement d'un vêtement pour dormir. Elle fit alors glisser sa valise sous son lit puis y pénétra en espérant passer une nuit convenable.
« Quoi? Mais qu'est ce que vous foutez là? »
Johanna était quoique choquée, des plus surprises. Elle avait ramené sa couverture sur sa poitrine pour éviter que cet intrus n'en profitât et était simplement bouche bée. Pour un temps, elle semblait désarmée devant tant de culot. Il ne lui fallut qu'un instant pour comprendre que l'homme qui lui faisait face avait crocheté la porte de sa chambre pour s'y infiltrer dans une nuit noire. Johanna avait rapidement réagi et avait allumé une lampe proche d'elle, sur une commode basse. Là, elle voyait un homme plutôt maigrichon, aux traits tirés, à la mine blafarde et au regard obscène. Chauve, il avait des doigts squelettiques terminant des grandes mains décharnées. Un être séduisant aux manières tout à fait honorables. L'homme s'approchait d'elle tandis qu'elle se redressait vivement, toujours éberluée.
« Le manque de sexe... »
Une femme aurait normalement poussé un cri à briser les tympans de son agresseur, il n'en fut rien pour Johanna. Elle savait maintenant de quoi il en retournait et cela la rassurait quelque part. Il ne lui fallut qu'un instant pour se jeter au bas de son lit, debout à quelques mètres du pervers. Sûr de lui, il se précipita sur elle, bavant. En effet, il avait dû remarquer ce charmant décolleté et s'imaginait avoir le droit d'en faire profiter ses doigts. La Master de Lamia Scale ne broncha pas et fit appel aux Misericordiae Pugni. Dans ses poings apparurent des gantelets cloutés de métal noir qui n'impressionnèrent guère le forcené. Elle dut passer à l'acte, sous peine de faire apprécier son corps à cet exalté. En un coup empli de fureur, l'homme fut projeté contre le mur de la chambre, sa tête ayant été fortement frappé. Cette arme invoquée était impitoyable et il était évident que l'obsédé n'était pas mage car il aurait sans doute tenté quelque chose en voyant le coup venir. Peut-être avait-elle été trop rapide pour lui? En tout cas, l'homme était couché à présent. Cependant, Johanna avait à l'esprit qu'elle aurait à s'expliquer à l'aubergiste qui verrait tout cela d'un très mauvais œil. Cela était certes inquiétant. Que serait-il advenu si Johanna n'avait pas été mage, si la victime avait été une civile ordinaire? Elle ne préféra pas y penser, renvoyant ses gantelets dans leur dimension et entreprenant de refermer la porte avec son épée. Elle retourna se coucher, plus méfiante que jamais. Cette ville s'attirait les pires criminels...
Le lendemain, Johanna se réveilla en douceur, se remettant les idées en place. Elle frissonna un instant en s'apercevant que l'homme n'était plus là. Puis, après réflexion, elle se rappela l'avoir mis dehors et barricadé la porte pour qu'il cesse son escapade nocturne. Un sourire sur les lèvres, elle s'habilla en vitesse, ceintura son étui et reprit son épée bloquant la sortie de la chambre. Elle prit préalablement le temps de se recoiffer puis partit directement effectuer sa mission. Le tavernier l'informa que des combats étaient sans nul doute organisés dans un entrepôt proche. Elle se mit en route, d'un pas assuré. Enfin, elle arriva aux portes du dit bâtiment, elle ne vit personne gardant les lourdes portes et s'y infiltra aisément. Dégainant son épée avant même de pressentir un danger, elle s'avança avec prudence, cherchant des repères dans un si grand espace. Elle entrait dans un corridor et de chaque côté, des gradins avaient été placé d'où hurlaient des nombreuses personnes venues assister à l'évènement. Elle resta en arrière, espérant être passée plutôt inaperçue, tandis que sur le ring improvisé une bagarre intéressante se déroulait. En effet, on y voyait deux hommes en découdre violemment. Plutôt dénudés, ils n'y allaient sûrement pas de main morte. Après un certain temps, Johanna se rendit compte que l'un d'eux portait la marque de Quatro Cerberus. Comment était-ce possible? Ce chien participait-il à cette activité illégale, profitait-il de ses pouvoirs pour s'enrichir?
Toute une flopée de questions lui vint. Pourtant, l'évidence était là, ce mage était en mission. Non loin de là, une femme semblait encourager l'homme à la marque. Une proche? Impossible à dire. Alors que Johanna réfléchissait à la tactique employée pour dissoudre avec efficacité le « club », elle se rendit compte que le mage avait terrassé son adversaire. L'intervention du gagnant en suffit à persuader Johanna qu'il avait tout entrepris pour enrayer les activités lucratives instaurées en cet entrepôt. Néanmoins, un homme encore chauve (les chauves seraient-ils prédisposés à être méchants?) se présenta devant le mage. Ce fou tira même un couteau de lancer qui faillit planter la jeune femme, à côté du ring. Johanna se décida alors à intervenir tandis que ce chauve jouait les gros durs. Il s'agenouillerait bientôt devant elle. Lame en main, elle s'approcha discrètement de lui, précaution inutile puisqu'il entendit ses bottes cogner le sol. Il se retourna pour lui face, remarquant l'épée sortie, prête à asséner un coup fatal. La mage remarqua également qu'un lycaon gardait la jeune femme, ne cessant de gronder contre l'agresseur. Brave bête, pensa Johanna, affichant un regard dépourvu d'humanité, d'une froideur extrême. L'homme aurait pu paniquer mais il parut qu'il n'en était rien. Elle s'arrêta puis levant son épée à hauteur d'épaule, elle lui lança une animosité non dissimulée:
« Cessez tout de suite de nous résister, lâchez vos armes et tout ira bien. C'est mon premier et dernier avertissement. Un mage de Lamia Scale n'hésitera pas à vous faire payer au centuple ce que vous oseriez tenter. »
Elle plissa les yeux, fronçant les sourcils. Elle n'attendait plus qu'une réponse, tandis qu'elle voyait en arrière plan les deux autres mages, dont l'un était déjà exténué par un combat si récent. Il avait bravement combattu pour ce qu'elle avait vu et pourtant sans magie d'aucune sorte, à l'ancienne.
Johanna était concentrée sur ce qu'elle faisait et sur son ennemi. Elle ne le lâcha plus à partir de cet instant, espérant ne pas avoir à en découdre. Un sage se serait incliné face à elle, mais qu'en était-il pour cet homme? Elle avait déjà rencontré un forcené il y avait quelques heures de cela et il n'était pas impossible qu'il eut un quelconque lien avec celui-ci. Que ferait-il? |
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Sam 6 Avr - 2:05 | |
Lorsque le combat de Ken c'était terminé, les jumeaux avaient espéré que toute l'affaire se réglerait rapidement et sans violence. Au tout début, cet espoir semblait se réaliser, car l'adversaire de Ken semblait être un honorable qui respectait sa parole. En effet, il n'avait pas rouspété, ne c'était pas opposé, ni ne c'était montré violent. Toutefois, ce faible espoir fut instantanément anéanti par l'autre fondateur du club de combat clandestin. Contrairement à son confrère, ce dernier n'avait pas accepté que son ''entreprise'' lucrative soit obligée de disparaitre. C'est à cause de cela que les deux mages de Quatro Cerberus se retrouvaient dans une situation où l'homme sans honneur menaçait Shina avec des couteaux de lancés. Certes, Shina ne craignait rien, car elle n'était pas un être physique. Toutefois, des complications demeuraient. Si le statut de la jeune fille était découvert par l'assistance, qui sait quelle réaction cela déclencherait. Rien n'empêchait que les spectateurs croient avoir affaire à un fantôme et réagissent de manière terrifiée et exagérée. Ken cherchait donc une solution à ce problème des plus préoccupants. De nombreuses idées et plans défilaient dans son esprit. Au tout début, il songea utiliser sa magie afin d'envoyer son ombre attaquer l'homme, mais rien ne garantissait que son ombre atteindrait la cible avant que cette dernière réagisse. Il en était de même s'il décidait plutôt de lancer une protection autour de Shina et Kiri. Quant à l'option de lancer une illusion, il fallait craindre que l'homme ait une réaction totalement aléatoire. Certes, cela pourrait le détourner de la jeune fille, mais si c'était pour le voir lancer des couteaux dans toutes les directions, ce n'était pas vraiment une amélioration. Ordonner à Kiri d'attaquer ne ferait que mettre le lycaon en danger. Finalement, foncer directement vers l'homme serait une très mauvaise idée car, son ennemi pourrait réagir en lui lançant un couteau.
Ken continuait de réfléchir encore et encore lorsqu'il remarqua du mouvement qui se rapprochait du chauve à grands pas. Pour le moment, elle était plus ou moins cachée à la vue du jeune homme à cause de la foule, mais il parvint tout de même à distinguer certains traits. Elle était plus petite que Ken de quelques centimètres, mais plus grande que Shina. L'inconnue avait également des cheveux roses à hauteur d'épaule et se déplaçait avec une épée en main. Était-ce un ennemi ou bien un allié? Heureusement, la question ne resta pas en suspens très longtemps, car la jeune femme s'approcha du chauve par-derrière. Ce dernier se retourna pour se retrouver instantanément sous la menace d'une épée, une arme sûrement très bien aiguisée. En soi, ce simple geste valait tous les discours du monde. Il était clair que l'épéiste n'était pas là pour venir en aide à crâne d’œuf. Elle dardait sur l'ennemi un regard extrêmement froid et hostile. Ses paroles furent tout autant hostiles et froides. La jeune fille aux cheveux roses commença par menacer le chauve, avant de s'identifier comme étant membre de la guilde de Lamia. Il s'agissait donc d'une femme mage.
De son côté, le chauve gardait un regard froid envers la femme le menaçant. En regardant ses yeux, il était facile de comprendre qu'il devait songer à un plan pour se sortir de cette situation. Soudainement son regard et son expression faciale changèrent radicalement. Ses yeux devinrent gros comme des balles de golf et un rictus de douleur se forma sur son visage. En fait, il n'était pas le seul. Excepté Ken, tous les hommes dans le bâtiment adoptèrent la même expression, certains semblant même protéger leur entre-jambe de leurs mains. Pourquoi une telle réaction? La réponse venait d'un peu plus bas. Profitant de la distraction offerte par la femme épéiste, le lycaon était passé à l'attaque. Il avait attaqué l'homme par-derrière, sa gueule et ses crocs se refermant violemment au niveau de l'entre-jambe. La victime du lycaon tomba d'ailleurs à genoux à cause de la douleur. Ce n'est que lorsque l'homme fut totalement à genoux que l'emprise du lycaon cessa enfin. Ce dernier retourna près de sa maitresse. Toutefois, ce n'était pas terminé pour autant. En effet, le chauve reçut un puissant coup de trident, directement derrière la tête. Heureusement pour lui, il ne fut pas frappé avec le côté portant la lame, mais par l'autre. Le coup restait cependant puissant et l'homme s'écroula au sol inconscient. D'où venait ce coup? De Ken, qui était désormais hors de l'arène et près du chauve.
Pour certains individus peu avertis, cela pouvait laisser croire qu'il s'agissait de téléportation ou bien de vitesse surnaturelle, mais il n'en était rien. La vérité était bien plus simple. Profitant de la confusion qu'avaient causée l'arrivée de la jeune femme et l'attaque de Kiri, le mage de Quatro Cerberus c'était dirigé à la course vers l'homme menaçant sa sœur. Il avait sauté par-dessus les extrémités de l'arène attrapant au passage sa veste. Il avait attrapé son trident à manche rétractable et l'avait déployé, avant de frapper sa cible. C'était simple et efficace, même si pour ceux manquant d'attention, cela semblait magique. Ken jeta un bref regard à l'homme inconscient avant de se tourner en direction de la foule de spectateurs qui attendait visiblement que quelque chose d'important se passe.
-Cassez-vous.
Le jeune homme avait prononcé ces mots d'un ton neutre, mais autoritaire. Il n'en fallut pas plus pour que les gens commencent à quitter précipitamment l'entrepôt. Tandis que l'endroit se vidait Ken et l'homme de l'arène échangèrent un regard. L'homme restait sur place, mais se décida enfin à partir lorsque l'illusionniste lui fit signe de partir d'un mouvement de tête. L'homme disparu rapidement dans la cohue. Les jumeaux n'avaient aucune raison de l'arrêter. Ils étaient là pour mettre fin à ces combats, pas pour arrêter les organisateurs. De plus, cet homme était quelqu'un de bien, même s'il s'adonnait à des activités peu légales. Lorsque l'endroit fut presque vide, les jumeaux reportèrent leur attention sur le chauve et la femme aux cheveux roses.
-Merci pour votre aide.
Ken s'intéressa de nouveau au cas du chauve qui commençait à se réveiller. Sans attendre, le mage de Quatro Cerberus le retourna sur le dos, il lui retira ses couteaux, les lançant négligemment à quelques mètres plus loin, où ils s'écrasèrent sur une zone poussiéreuse. Puis, Ken attrapa l'homme par le col de sa veste et le rapprocha un peu de lui.
-Écoute-moi bien, crâne d’œuf. Lorsque nous sommes venue ici, nous n'avions pas l'intention d'arrêter qui que ce soit. Cependant, tu t'es amusé à jouer du couteau et à faire des menaces. Alors, je vais me faire un plaisir d'amener aux autorités afin qu'elle te trouve une jolie cellule.
-Mon... mon collègue.
-Si tu espères le balancer pour t'en sortir, peine perdue. Il a... Il a trouvé le moyen de fuir pendant qu'on avait le dos tourné, en te refaire le portrait, d'ailleurs.
Cette dernière fut prononcée avec un soupçon d'ironie. Puis, Ken relâcha l'homme. Étant donné son état, il lui faudrait plusieurs minutes avant de pouvoir seulement envisager la possibilité de marcher. Encore une fois, les jumeaux reportèrent leur attention sur la femme leur ayant donné un coup de main des plus utiles. Toutefois, avant de s'adresser à elle, Ken décida de remettre ses vêtements. Il enfila tout d'abord son chandail, faisant ainsi disparaitre ses cicatrices sous le tissu, puis remit sa veste. Finalement, il rétracta le manche du trident et le remis dans sa poche.
-Alors, comme cela tu es membre de la guilde de Lamia Scale. C'est intéressant, nous avons d'ailleurs rencontré un membre de ta guilde, il y a un certain temps. Elle s'appelait Kalindra. Tu la connais?
-Euh... Ken.
-Quoi? Ah oui, c'est vrai, tu as raison sœurette. J'avais oublié de faire les présentations. Je m'appelle Ken, Ken Ante. Voici ma sœur Shina et notre lycaon, Kiri. C'est vraiment une brave bête.
Lorsqu'il présenta sa sœur et le lycaon, chacun des deux réagit à sa manière. Shina salua simplement d'un signe de tête polie. Quant à Kiri, il se contenta de s'asseoir et de se gratter l'arrière de l’oreille avec l'une de ses pattes. Ken poursuivit ensuite la conversation en caressant tendrement la tête de la créature.
-Et toi, comment t'appelles-tu? Ton aide a été des plus précieuses. |
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Renommée : Mage Connue | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Dim 7 Avr - 22:16 | |
Le regard de Johanna se faisait de plus en plus froid, pointant avec autant d'assurance son épée vers le cou de l'homme chauve. Il en était assez de ces êtres dépourvus de cheveux pour la journée. Ils causaient décidément tous les problèmes de cette ville. Faudrait-il se risquer à pourchasser tout homme s'y convenant? Mesure trop drastique sans doute. Rosea avait manifesté une hostilité non feinte et s'était ouvertement ralliée à la cause de deux mages, étrangement apparentés. Cependant, ce détail n'obtint pas plus de place aux yeux de Johanna qui se concentrait plutôt sur son adversaire, trop apeuré, semblait-il, pour tenter quelque chose. La surprise tout entier le serrait et il était naturel que le malaise était présent. On paraissait rarement apaisé une lame sous la gorge, même Johanna aurait douté d'elle-même en pareille situation. Le chauve élaborait un plan pour s'en sortir mais le duel de volonté qui s'instaura entre Johanna et lui fut notoire. L'un cherchait à se soustraire de ce regard pour réfléchir et s'en tirer à bon compte tandis que l'autre lui faisait montre de la profondeur de sa détermination. Elle ferait le nécessaire pour l'arrêter, c'était certain. Tout à coup, alors que Johanna commençait perceptiblement à laisser jaillir une haine à son encontre, le grand homme chauve vit son visage changer d'expression. La douleur était clairement présente. Il ne fallut guère d'un instant de plus à la Master de Lamia Scale pour se rendre compte de la cause évidente d'une telle mine.
La bête, fidèle à la jeune femme aux cheveux violets, s'était visiblement attaquée aux parties génitales du mécréant. Inutile de dire que sa souffrance fut communiquée à tout son entourage. Johanna n'en fut guère affectée, elle ne sourit pas et n'eut pas non plus pitié. Elle resta de marbre face à l'homme qui peu à peu s'écroulait, lançant un cri évocateur. Tandis qu'elle vit l'animal retourner aux côtés de sa maîtresse, elle tourna un instant la tête, avant de s'être assurée que la souffrance du chauve n'était pas feinte, et fut témoin d'une scène toute particulière. L'homme, partageant de mêmes traits avec la jeune femme, s'était élancé et était sur le point de frapper de l’extrémité d'un trident de confection artisanale l'arrière de la tête du chauve. Johanna fut surprise car elle ne l'avait pas vu se déplacer si prestement et il n'y avait là rien de magique, elle aurait pu le jurer. Cependant, il avait su profiter de la cohue et ce sens tactique lui avait permis de neutraliser l'ennemi, même si Johanna avait été certaine de pouvoir remplir ce rôle, elle qui était si proche physiquement du chauve. Le mage en imposait et Rosea n'avait eu pas de mal à remarquer, avant qu'il ne se revêtît bien plus tard, qu'il possédait bon nombre de cicatrices. Un entraînement trop poussé, une séance de torture atrocement empreinte dans sa chair? Nul n'aurait su le dire. En tout cas, il avait su démontrer une efficacité redoutable et fit même preuve d'une autorité suffisante lorsqu'il indiqua en bonne et due forme aux spectateurs, pris dans l'action, de déguerpir expressément. Plutôt impressionnant pour un mage, peut-être même séduisant. Néanmoins, Johanna en avait connu bien d'autres de son rang et ne fit pas mine de ses impressions, quoique ce mage était assez musclé.
Aucun sentiment ne s'exprima sur son faciès et fidèle à elle-même, elle se contenta de rengainer son épée, sans un mot. Trop enclin à surveiller le chauve lui faisant face, Johanna ne distingua pas l'homme de l'arène se faire la malle, sous le regard du mage. Elle préférait se concentrer sur cet énergumène, trop dangereux pour cette société. Cet homme-ci était l'exemple même de la corruption de ce temps. Sûrement très tôt à traîner dans quelques rues sombres, il avait dû être repéré par quelques malfrats l'ayant recueilli pour en faire un des leurs. Un genre d'histoire se rapprochant aux soins que les mages noirs avaient prodigué sur Johanna. Si l'on saurait appeler ça des "soins". Le chauve était alors devenu l'un des malandrins les plus influents. Rosea resta un instant pensive, se demandant si l'homme n'était pas plutôt victime de sa vie, de cette ville. L'endroit se dépeuplait et elle entendit le mage la remercier plutôt sincèrement. Elle fit un rictus à peine discernable en guise de réponse sans prendre la peine d'articuler un mot, non par dédain mais par réserve. Elle se recula de quelques pas, voyant que le mage commençait à le fouiller et à ôter de lui toute arme. Ensuite, ce mage à la chevelure violette se fit comprendre par le chauve. Un séjour en prison était plus que tout nécessaire, Johanna partageait également ce point de vue. Le mécréant fut remis au sol, souffreteux.
La Master de Lamia Scale put enfin retenir son attention sur les deux êtres qui lui faisaient face. La ressemblance était trop frappante. Un lien familial était quasi éclatant. Ils avaient la même coupe de cheveux, cette même couleur spécifique et un regard, quoique sensiblement différent, s'inspirant d'une semblable nuance. Leur façon de tenir en disait beaucoup aussi. Et comme ils partageaient une même jeunesse, Johanna en avait déduit qu'ils étaient frère et sœur. L'évidence avait pris forme. Elle vit alors le mage se rhabiller et ranger son arme à l'endroit prévu. Une arme fort singulière qui avait attiré l'attention de Rosea, elle qui appréciait de par sa formation les armes. De plus, l'exotisme ne faisait que renforcer cet attrait. Elle écouta d'un air lointain les paroles du mage, et alors qu'elle s'était décidée à répondre quant à l'évocation d'une des mages constituant la guilde de Lamia Scale, sa fierté, sa sœur l'avait interrompu pour de plus amples présentations. Elle eut en plus la certitude que les deux étaient frère et sœur. Ken Ante, Shina Ante, Kiri. Charmant! Johanna les regarda tour à tour, clignant des yeux. Pourtant, elle n'aimait pas tellement la manière qu'avait eu ce Ken de s'adresser à elle. De plus, il avait poursuivi par un tutoiement qu'elle jugeait incommode pour le moment. La jeune femme aux cheveux rosés s'approcha d'eux tout en leur lançant avec gravité et distance:
"Il ne m'est pas surprenant que vous ayez rencontré quelqu'un de ma guilde. Kalindra est un mage avec un certain potentiel."
Elle fit alors une pause. Sa voix avait été assez calme et moins sèche que ce qui allait suivre. Johanna constata que le lycaon avait tout l'air d'une brave bête et il était assez adorable. Elle n'en montra rien et ce visage figé sur une froideur remarquable ne leur permit pas de tirer quelques informations à propos d'elle. Avec quelque dureté, elle lâcha en quelques paroles:
"Tout ce que vous avez besoin de savoir est que vous pouvez m'appeler Rosea."
Le peu de mots, le vouvoiement et sa froideur exprimaient le fait qu'elle désirait un peu plus de distance entre elle et eux. Elle était néanmoins satisfaite d'être parvenue à remplir sa mission, même si elle s'était faite quelque peu doublée pour le coup. Elle contempla le résultat: un homme au sol. Alors, sans en avertir Ken et sa clique, elle se retourna et fit quelques pas. Alors, elle tourna la tête vers eux et bien plus aimablement leur demanda:
"Auriez-vous le temps de passer me voir dans une heure à la taverne non loin d'ici? J'aimerai vous remercier pour ce que vous avez fait mais vous avez encore à remettre cet homme aux autorités, je vous fais confiance pour cette tâche. Allons, nous n'avons plus rien à faire ici."
Puis, elle s'en alla après avoir écouté l'éventuelle réponse. D'un pas assuré, elle les quitta pour rentrer à la fameuse taverne. Elle passa les portes de l'entrepôt et disparut de leur champ de vision. Il lui restait une heure pour se préparer à les accueillir. En chemin, elle ragea contre elle-même. Elle avait fait tout ce trajet depuis Lamia Scale pour voir une autre guilde lui voler ce contrat. Elle était Master, une telle perte de temps n'était pas tolérable. Alors qu'elle se sentait aller à la haine, elle parvint à l'auberge et monta rapidement les marches la menant à sa chambre. Elle était femme forte, pourtant elle pleura une unique larme ce jour-ci, couchée sur un matelas étrangement moelleux.
Il fut bientôt l'heure de se présenter à ses "coéquipiers". Le temps passait vite, son désespoir l'avait enfin quitté et courageusement, elle descendit, tombant dans un face à face avec le propriétaire. Il avait dû se rendre compte des dégâts occasionnés par la visite du malin de la nuit précédente. D'un air indigné, Johanna lui indiqua que cela n'était pas de son ressort et que si un homme ne s'était pas aventuré dans sa chambre, il n'y aurait pas eu à faire de réparations. Le tavernier n'en crut pas un mot et s'empourpra devant le potentiel mensonge de la Master. Il s'en alla visiblement à l'arrière mais Johanna savait qu'il reviendrait bientôt à la charge, souhaitant dédommagements.
Rosea s'installa en attendant à une table, ayant la capacité d'accueillir au mieux six personnes, maigrement décorée. Pour calmer l'odieux tavernier qui ne se rendait pas clairement compte de la situation de la nuit dernière, elle se décida à consommer. Elle prit une bière de bonne renommée et patienta les jambes croisés. Elle passait régulièrement sa main droite dans ses cheveux rosés et serrait les dents lorsque le tavernier revenait de plus belle lui parler des dégâts. Il n'était pas exclu qu'il continuerait même voyant qu'elle parlerait avec d'autres personnes. Quel borné !
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Jeu 11 Avr - 3:10 | |
Après s'être adressé à l'inconnue, Ken garda le silence, tout comme sa sœur. Pour le moment, ils préféraient attendre de voir comment la jeune femme réagirait. La réponse ne tarda guère. En effet, la mage de Lamia Scale s'approcha légèrement d'eux. Elle commença par aborder le cas de Kalindra, la décrivant comme étant une personne avec un grand potentiel. Puis, elle garda le silence pendant un moment avant de reprendre de manière froide et dure. Apparemment, si les jumeaux désiraient s'adresser à elle, ils devaient le faire en l'appelant Rosea. Ce nom eut une légère résonance dans l'esprit des deux mages de Quatro Cerberus. Ils étaient certains d'avoir déjà entendu cela quelque part, mais ne parvenaient pas à se souvenir de quoi il pouvait s'agir. Quoi qu'il en soit, la femme aux cheveux roses voulait visiblement dresser une sorte de distance entre eux. Si c'est ce qu'elle voulait, libre à elle. Les mages n'avaient pas l'intention de s'opposer, ils n'étaient pas des sauvages tout de même. Puis, Rosea fit mine de s'en aller, mais se retourna légèrement et leur parla de manière un peu plus calme, aimable et polie, cette fois. Rapidement, la mage de Lamia Scale leur proposa de la rejoindre à une taverne se trouvant à proximité, afin de les remercier. De plus, elle ajouta leur faire confiance pour ce qui est de remettre le criminel aux autorités compétentes, suite à quoi elle s'en alla sans rien ajouter d'autre. Ni Ken, ni Shina ne prononcèrent un seul mot. La proposition faite par Rosea semblait être un mélange entre une invitation et un ordre. Les deux mages de Quatro Cerberus se regardèrent et haussèrent les épaules. Ils pourraient très bien se rendre à ce rendez-vous. Ce n'est pas comme s'ils avaient quelque chose de particulièrement important à faire. Excepté bien sûr, le cas du criminel. Sans plus attendre, Ken attrapa l'homme par son chandail et le força à se relever, direction le quartier de détention ou bien la prison de la ville, selon ce qu'il y avait à Oak Town. Ils quittèrent ainsi l'entrepôt abandonné, Ken poussant l'homme devant lui et Kiri les suivant de près. La première partie du chemin se passa sans le moindre problème quand Shina réalisa soudainement quelque chose.
-Frérot... Je n'y avais pas vraiment prêté attention sur le moment, mais tu as gaffé lorsque tu nous as présentés à Rosea.
-Comment ça?
-Tu as dit que nous nous appelions Ante.
-... Merde, tu as raison. Je crois que ce sont les coups que je me suis pris. Ça m'a déconcentré ou un truc dans le genre. J'irai sous la douche une fois qu'on sera retourné à l'auberge, ça devrait me remettre les idées en place.
Ils continuèrent leur chemin sans encombre en demandant aux passants où se diriger pour remettre le criminel les accompagnant, aux autorités. Tout le monde leur indiqua de s'adresser au quartier général de la milice urbaine, ne se trouvant pas très loin de là. Alors qu'ils se trouvaient à environ à moitié chemin du fameux quartier général, leur prisonnier frappa Ken au visage d'un coup de coude, tentant de s'échapper. Ce fut un échec retentissant et une très mauvaise idée. Pour ce qui se passa ensuite, simplifions simplement en disant qu'une fois arrivé à l'intérieur du quartier de la milice, le criminel avait un œil au beurre noir et deux dents en moins. Après quelques explications avec les miliciens présents, les jumeaux remirent le criminel à deux miliciens. Ceux-ci commencèrent à amener leur prisonnier vers une cellule, mais ce dernier tenta encore de s'échapper, en frappant les deux gardes. Mauvaise idée, car il fut rapidement maitrisé et les deux gardes lui annoncèrent que pour ce geste, il allait avoir droit à la cellule la plus sale et la plus dégoûtante des lieux. Toutefois, les jumeaux ne restèrent pas pour voir cette fameuse cellule. Sans attendre, ils retournèrent à la taverne du vieil homme envers qui leur grand-père devait un service. Ils lui annoncèrent rapidement la bonne nouvelle et Ken prit une douche bien chaude. Pendant que le jeune homme avait pris sa douche, les jumeaux avaient eu largement l'occasion de discuter de cette jeune femme aux cheveux roses. Ils parlèrent aussi bien de leurs impressions, que de leurs observations. Ils arrivèrent à certains points communs la concernant. Tout d'abord, elle était du genre autoritaire et froide. De plus, il semblerait qu'elle détestait se faire tutoyer ou un truc dans ce genre. De plus, ils n'arrivaient toujours à se souvenir pourquoi le nom de Rosea avait éveillé quelque chose dans leur esprit. Une fois la toilette de Ken terminé, ils purent se préparer sans se presser, disposant d'une quinzaine de minutes. Le jeune homme se rhabilla donc et s'occupa de Kiri jouant un peu avec de dernier, avant de quitter la taverne pour le lieu de rendez-vous. Trouver la taverne indiquée par Rosea n'avait pas été très compliqué. Après tout, il n'y a pas un grand nombre de tavernes dans ce genre d'endroit. Sans attendre, Ken poussa la porte l'édifice. Shina rentra en premier, suivit de Kiri et son frère termina la marche en refermant la porte derrière lui.
Trouver Rosea fut très facile. Elle n'était pas très difficile à repérer dans cette petite taverne. Pour le moment, elle était la seule cliente de la taverne et en plus, le propriétaire des lieux semblait l'engueuler ou un truc dans le genre. Il s'en alla au bout d'un moment. Puisqu'il était parti, Rosea savourait tranquillement une boisson. Le petit groupe alla rejoindre la mage aux cheveux roses. Ken prit la peine de tirer une chaise pour sa sœur, puisqu'elle en était incapable de part son état. Puis, il s'assit à son tour, prenant une autre chaise. Kiri quant à lui se coucha sur le sol, entrecroisant ses pattes avant et y posant la tête, comme le ferait un chiant pour dormir. Les mages de Quatro Cerberus étaient ainsi face à leur consœur de Lamia Scale. Le silence régna pendant un moment, avant que Ken ne prenne la parole en premier.
-Le cas du chauve est enfin réglé. Il a résisté en route, mais rien de bien méchant. Après quelques claques il s'est calmé. Par contre, il a encore fait des siennes une fois remis aux autorités. Apparemment, ils vont lui donner la cellule la plus dégoûtante. Autrement, comme j'en ai parlé tout à l'heure, nous avons rencontré l'une de vos consœurs, Kalindra. Elle était plutôt sympathique, je trouve. Par contre, elle parlait un peu trop et se répétait souvent.
Le jeune homme aurait bien voulu poursuivre, mais le propriétaire des lieux revint à la charge. Ne respectant aucune politesse quant à la conversation en cours, il s'adressa à Rosea concernant des dégâts matériels à payer. Les jumeaux ignoraient de quoi il était question et ils s'en fichaient totalement. Ken toussa légèrement pour attirer l'attention du tavernier et lui fit signe de s'en aller, mais ce dernier refusa et lui dit même de se mêler de ses affaires. Ce n'était pas la réponse à adopter. Ce manque de politesse flagrante et ce de manière répéter énervèrent aussitôt les jumeaux. Le jeune homme toussa de nouveau et lorsque le tavernier se retourna, le mage de Quatro commanda deux boissons. C'était suffisant pour que le tavernier se taise une seconde, afin d'aller chercher la commande. Ce qu'il ignorait c'est que notre homme aurait une mauvaise surprise en revenant. En effet, tandis que le tavernier était occupé à remplir deux verres d'alcool, des illusions commençaient à naître. Pour être plus précis, l'illusion prit forme à côté de Rosea. Lorsque le tavernier se retourna, il put apercevoir l'être qui avait subitement surgi de nulle part. Cet être avait d'ailleurs une apparence des plus étranges. Il s'agissait d'une créature de deux mètres cinquante de haut et composé de n'importe quoi. Les jambes ressemblaient à deux poignées d'un ouvre-boîte. Le reste du corps était un énorme ananas sur lequel se trouvait une bouche géante, assez grande pour avaler un homme en une bouchée. La créature était tournée en direction du tavernier qui était totalement immobile à cause de cette apparition. Les lèvres de la créature remuèrent laissant échapper quelques mots, révélant alors une voix féminine, douce et sensuelle.
-Tu es mignon. Donne moi un bisou.
L'instant d'après, le tavernier s'évanouissait derrière son comptoir. On put l'entendre tomber et le voir disparaitre totalement derrière le comptoir de son bar. Sans plus attendre, Ken se leva et fit disparaitre son illusion. Ainsi la créature se volatilisa instantanément et sans bruit. Le jeune homme alla prendre les deux boissons qu'il avait commandées et qui reposait encore sur le comptoir. Par précaution, il observa le tavernier, s'assurant qu'il respire encore. Puis, il retourna à sa table et déposa les deux verres, avant de reprendre sa place, comme si rien de spécial n'avait eu lieu.
-On va pouvoir avoir la paix. Alors, Rosea, qu'est-ce que vous venez faire en ville? D'ailleurs, je suis certain d'avoir déjà entendu ce nom quelque part. Non, en fait je sais que nous l'avons entendu quelque part, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Vous pouvez sans doute nous éclairer sur le sujet? Au fait, ce tavernier est aussi chiant qu'il en a l'air?
-Ken.
-Oh... Avant que je n'oublie, je dois préciser une petite chose. Il s'avère que j'ai fait une légère erreur quand j'ai fait les présentations tout à l'heure. Je crois que c'était à cause des coups que je m'étais pris. Quoi qu'il en soit, notre nom de famille n'est pas Ante, mais Amnell. |
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Renommée : Mage Connue | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Sam 13 Avr - 22:45 | |
Tandis que ce cher tavernier quelque peu collant revenait de plus belle, les personnes conviées firent leur apparition, accompagnées du splendide lycaon. Une brave bête en apparence. D'ailleurs, soulignons que Johanna appréciait raisonnablement la compagnie animale. La fidélité était alors une qualité plus que tout requise car l'on ne pouvait savoir ce qui pouvait se tramer dans la tête d'une bestiole non dressée. De même, la gueule de l'animal suffisait à faire prendre peur à tout homme normalement constitué. Néanmoins, Rosea était une femme. Bien entendu, il serait indélicat de ma part de justifier ainsi son absence de crainte. En fait, elle ne ressentait pas de peur face à un ennemi bestial. Elle avait pris conscience des limites qu'imposait leur nature et par conséquent se savait nettement supérieure à ces êtres. Par dessus la marché, elle était une mage surdouée, doublée d'une redoutable escrimeuse. Non, ce lycaon ne l'effrayait guère mais forçait le respect par sa loyauté envers sa maîtresse. Il se coucha à la manière d'un chien, lorsque Johanna lui jeta un regard furtif, totalement dépourvu d'intérêt. La Master put apprécier un geste qui sembla dire beaucoup à ses yeux: Ken avait fait l'effort de tirer la chaise de sa sœur pour la faire s'asseoir. Preuve d'amour ou souci de bien passer devant Rosea? En tout cas, elle apprécia cette manière qui lui parut fort appropriée. En effet, elle semblait assez à cheval sur la galanterie et entretenait l'idée que fort peu d'hommes s'y essayaient sans tomber dans une démesure mal intentionnée. Cela était plus ou moins vérité, ne le nions point.
Johanna continuait de siroter sa bière tandis qu'elle observait les deux personnes lui faisant face. Le jeune homme était pour le moins grand et plutôt bonnement musclé. La demoiselle, elle, paraissait être de même apparence outre le fait d'un sexe divergent. Toujours fortement intriguée par la teinte de couleur qu'arboraient les deux d'une même fratrie, elle se perdit un instant dans leur chevelure avant de ramener son regard dans celui de Ken. Elle afficha un mince rictus puis revint à la charge sur sa boisson. Enfin, elle l'écouta parler, car il brisa le silence plus pesant qu'à l'accoutumé. Elle était sûrement impatiente d'en savoir plus. Quel était donc le sort de l'odieux chauve criminel, organisateur de combats de rues, courageux poltron aux bijoux de famille endolories? Ken le lui raconta et elle fut fort aise que la mission avait été rempli, sans qu'elle n'eût à en faire plus que nécessaire. Le mécréant était aux arrêts dans une geôle où le vomis côtoyait allègrement d'autres déjections d'origine fécale. Magnifique lieu pour s'adonner à la réflexion ! Espérant en son for intérieur que cet homme reviendrait un jour sur le droit chemin, Johanna montra d'un sourire que la nouvelle lui était plaisante. Elle les félicita en quelques expressions déjà toutes faites et essaya de se remémorer qui était exactement Kalindra. Elle n'avait dû que très peu la rencontrer et son précédent mensonge la dérangeait.
Ce fut alors que le tavernier revint rendre des comptes. Il avait à l'idée que Johanna avait endommagé l'endroit par simple amusement. Si seulement il savait qu'avec le rang qu'elle occupait, elle n'avait pas que ça à faire. Il devait aussi se méprendre quant à la guilde à laquelle elle appartenait, seuls les mages de Fairy Tail étaient réputés pour causer d'immenses dégâts collatéraux lors de leurs missions. Pour quoi donc était réputée Lamia Scale d'ailleurs? Ses festivals? Il n'y en avait guère eu depuis fort longtemps. Il y avait peut-être matière à réfléchir là-dessus. Voyant que Johanna ne calculait pas le tavernier, celui-ci s'énerva et malgré les recommandations de Ken, il s'entêta. Rosea resta silencieuse et, à plusieurs reprises, lui lança des regards froids, sans grand effet devant la manifeste colère de l'homme. La mage n'appréciait guère de telles manières, surtout qu'elle était attablée avec des personnes qui ne désireraient vraisemblablement pas être mêlées à de telles fabulations. Ken précisa alors, après s'être fait remarqué par un toussotement, qu'il commandait deux boissons. Le tavernier, content de soutirer quelque argent à ce qui semblait pour lui être un jeune couple, s'en alla, fort aise.
Ainsi, Rosea put apprécier un moment calme où Ken sembla d'ailleurs plus distrait. Une autre chose avait l'air de l'intéresser. Sans s'attarder là-dessus, Johanna s'inquiéta elle-même à propos de la connaissance de ses propres membres. Comment ne pas se rappeler d'une mage évoquée? Kalindra... Oui, c'était la jeune femme parvenue à Lamia Scale avant même que Johanna n'y entrât. Sans savoir ce qu'elle avait fait avant, Johanna se la remémora . Elle était plutôt mignonne, et son teint chocolaté était délicieux. Depuis peu, elle effectuait des missions de plus en plus périlleuses. Kalindra Flashman, bavarde? Aucune idée. Pourtant, à part ces quelques informations, la Master ne savait que très peu de choses. Et c'était affligeant. La simple perspective de connaître si mal ses membres la plongea dans une froideur plus imperceptible encore. Un sourire qu'elle eut en s'évoquant Kalindra disparut. Elle reprit un sérieux effrayant.
Avec soin, Johanna jeta un regard sur sa gauche pour se rendre compte où se trouvait le tavernier. Elle remarqua, en un instant, que celui-ci s'était figé pour une raison obscure. Que lui arrivait-il? Puis, sans cause apparente, l'homme s'effondra de tout son long sur le plancher. Johanna se leva expressément mais fut doublée par la réactivité fulgurante de Ken qui s'en alla pour s'assurer que l'homme « allait bien ». Il semblait au moins en vie, c'était rassurant. La Master ne fit pas un pas pour tenter de réveiller cet homme, elle se doutait que Ken n'aurait jamais osé tuer le tavernier si sévèrement. D'ailleurs, était-il pour quelque chose dans ce mystère? Rosea en était plutôt convaincue. Cela relevait d'une quasi évidence. Elle le vit revenir progressivement sur ses pas et se rasseoir comme si de rien n'était. Johanna parut alors perplexe, sans qu'elle ne pût dissimuler ce sentiment. Cet homme devait avoir quelque chose de particulier, du moins sa magie. La fille n'avait pas bougé d'un poil, comme si elle avait remis sa confiance entre les mains de ce frère. Ayant ramené dans le même temps les deux verres, Ken était face à Rosea, celle-ci décidant finalement de reposer son délicat fessier sur sa chaise.
Tandis qu'il commençait à vouloir débuter une conversation, Johanna porta un intérêt certain sur sa première phrase. Par cette allusion, le mage avouait le fait qu'il en était pour quelque chose. La Master de Lamia Scale hésita un moment, bien que Ken continuait, s'excusant sur un nom de famille erroné. Comment pouvait-on déformer son propre nom? Il avait dû prendre de sacrés coups sur la caboche, le pauvre. A vrai dire, Johanna ne savait pas si elle devait placer une confiance partielle en ces personnes. Le dernier acte de Ken l'avait encore davantage aidé à se placer sur la défensive. Néanmoins, il était fort probable que, par soucis de ne point être déranger, il avait décidé de mettre sous silence le tavernier. Manière peut-être un peu brutale au vu du résultat mais Rosea ne voulut pas en tenir compte, pour le moment.
Elle soupira un instant. Puis, elle croisa le regard des deux jeunes gens, chacun leur tour. Elle y vit deux paires d'yeux identiques mais différentes intensités. Le regard que portait Ken sur elle semblait lui plaire et ainsi, elle lui adressa un magnifique sourire, d'une franchise non dissimulée. Elle n'ignorait cependant pas ce qui pourrait se passer en l'être du jeune homme, recevant pareil cadeau. Cette réflexion la fit sourire davantage, et sans mal, elle dévoila ses dents. Elle avait l'air de signifier qu'elle leur faisait confiance, qu'ils la voyaient comme rarement. Après tout, ils avaient prouvé leur valeur, ils devaient être des gens bons. Elle se mit enfin en tête de leur répondre, après de longues minutes à les avoir fixé et à sourire sans raison évidente.
« Eh bien, j'étais venue régler l'affaire que vous avez vous-même réglé. Il me semblait donc que je m'étais déplacée pour rien. Enfin de compte, je vois que j'ai fait la rencontre d'admirables personnes, qui en viennent même à me sortir de quelques faux pas, » fit-elle en montrant de la tête le tavernier allongé.
Elle marqua une certaine pause et fit mine de s'intéresser à cet homme effondré. Si seulement le pervers n'était pas venu dans sa chambre la nuit dernière. Quel imbécile celui-là. Puis, plus posément, plus solennellement, prenant presque une voix d'une limpidité inouïe, elle enchaîna, portée par un mince sourire et un regard posé sur Ken:
« Le premier problème n'était pas tant le tavernier en lui-même mais une autre personne. Un homme qui a mal agi et que j'ai puni impartialement de mes propres poings, à l'étage. Le tavernier a dû s'en rendre compte le plus simplement du monde, vu les dégâts occasionnés par le coup porté. Ce n'est guère plus compliqué que ça, voyez-vous? Toutefois, je ne compte pas m'en aller plus tard sans l'avoir dédommager, cela donnerait une mauvaise image aux mages et surtout à Lamia Scale. Imaginez que l'on dise que la Master s'en est allée après avoir assommé le propriétaire des lieux. Non, je ne souhaiterais pas que l'on répande de tels mensonges à mon propos. Mais je vous remercie, vous deux. Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais le calme est à présent revenu. »
Elle soupira, reprenant un visage fermé, aux traits marquant la distance. Johanna avait une pensée pour la récompense qui s'envolait perceptiblement. Elle pouvait presque le sentir. Toutefois, elle n'en dit mot. Que pouvait bien lui apporter pareille rencontre? Des alliés pour Lamia Scale, de futures aides? Ou bien était-ce de nature plus personnelle pour la Master. Deviendraient-ils peut-être simplement de bons amis? Johanna y songea un instant, en jaugeant les mages. Possible.
Elle avait évoqué le fait d'être la Master, avait raconté son histoire avec le pervers (sans être entrée dans d'infâmes détails) et avait remercié la fratrie. Pourtant, elle n'avait fait aucun geste évoquant une quelconque sympathie, si bien que ses paroles auraient pu être interprété comme purement ironique selon certaines mauvaises langues. En effet, elle était seulement restée les jambes croisées, faisant osciller son pied gauche, gardant près de sa main droite la chope et passant quelques fois son autre dans ses cheveux. |
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Jeu 18 Avr - 2:10 | |
Après avoir pris la parole, Ken se tut pendant un moment, attendant de voir comme Johanna réagirait. Il c'était passé une série de petits évènements après tout. Tout d'abord, il y avait eu le tavernier qui perdait connaissance. Rosea s'était levé, sûrement pour voir comment l'homme allait, mais au final Ken avait été plus rapide. Puis, il y avait eu les paroles générales que le mage de Quatro Cerberus avait prononcées, ainsi que son aveu sur l'erreur de nom qu'il avait commise. Les jumeaux attendaient donc paisiblement que la femme aux cheveux roses réponde ou du moins qu'elle réagisse d'une manière ou d'une autre. Cela commença de manière plutôt lente, tandis que Ken prenait une gorgée de sa boisson. La jeune femme les regarda tour à tour dans les yeux. Puis, un sourire se forma sur le visage de Rosea, tandis qu'elle regardait Ken. Ce dernier reposa sa consommation sur la table et lui rendit son sourire. Certains diraient qu'il agissait ainsi de manière stratégique, mais c'était complètement faux. Il souriait parce qu'il en avait véritablement envie et également par politesse. Pour le moment, la jeune femme n'avait pas beaucoup parlé, mais elle était sympathique, à sa façon. Puis, le sourire de Rosea s'agrandit dévoilant une partie de ses dents. Le silence perdura pendant de longues minutes. Personne ne perdant son sourire, sauf Ken dont le sourire était interrompu lorsqu'il prenait une gorgée d'alcool. Garder un grand sourire et boire en même temps, mauvaise idée car on répand sa consommation un peu partout. Ce fut finalement Rosea qui se décida à briser ce long silence. La jeune femme commença tout d'abord par leur annoncer qu'elle était venu à Oak Town dans le but de mettre un terme aux activités du club de combats clandestins. Le fameux club que les jumeaux avaient dissout quelques heures plus tôt. Elle ajouta ensuite que malgré tout, ce voyage lui a permis de faire une bonne rencontre l'ayant sorti d'une mauvaise situation. Rosea désigna d'ailleurs le tavernier sur ce dernier point, l'intéressé étant encore occupé à dormir sur le plancher de son établissement.
La mage de Lamia Scale tomba dans un silence profond pendant quelques instants, avant de reprendre la parole. Puis, elle enchaîna en regardant de nouveau Ken. Elle leur parla de la raison de la fureur du tavernier, survolant légèrement le problème. Puis, la jeune femme dévoila une information des plus capitales qui fit surprit instantanément les deux mages de Quatro Cerberus. Rosea annonça simplement qu'elle était le maitre de la guilde de Lamia Scale. La surprise était facilement perceptible sur le visage des Shina et Ken. Après tout, leurs yeux étaient presque aussi gros que des balles de golf et leurs sourcils dressés bien haut. Depuis le début, ils étaient en pleines discussions avec le maitre d'une guilde. Certes, pour eux cela ne changeait pas l'importance ou le ton de la conversation, mais c'était tout de même très surprenant. Lorsque la maitre de guilde cessa de parler, le frère et la sœur ne prononcèrent pas un seul mot. Le silence perdura pendant un moment. On aurait pu entendre une mouche voler.
-Eh bien. Je me disais bien que Rosea était un nom qui me disait quelque chose. Johanna Célès, maitresse de la guilde de Lamia Scale. Un maitre de guilde à la même table que nous, c'est intéressant. C'est d'ailleurs assez différent de notre propre maitre. Hiro est quelqu'un de bien, mais aussi de très jeune. Je trouve cela plutôt comique de voir comment il est l'un des seuls membres de la guilde qui n'a pas le droit de boire de l'alcool, alors pourtant que c'est lui le patron. On pourrait même dire que c'est quelque peu ironique, mais bon.
Ken prit une grande gorgée d'alcool, sentant toujours le regard de Rosea sur lui. Le phénomène était plutôt particulier, considérant qu'elle l'avait fixé sans cesse depuis un moment. Il ne put s'empêcher d'en parler avec Shina, grâce à leur lien mental. Un lien très pratique pour discuter en paix et sans que quelqu'un puisse les entendre.
**Tu crois qu'elle a le béguin pour moi ou un truc dans le genre? Elle n'arrête pas de me fixer.**
**Possible, mais j'en doute fortement. Si c'est le cas, reste tout de même prudent. Johanna est maitre de guilde tout de même. Ce n'est pas un poste qu'on obtient par hasard.**
La conversation s'interrompit tandis que Ken reposait son verre sur la table et fixa Johanna du regard, tout comme Shina. Il resta silencieux pendant un petit moment.
-D'ailleurs, pour ce qui est du tavernier, cela ne me dérange nullement d'en parler. Je dois dire qu'à la seconde où je l'ai vu, je me doutais que cet homme ne nous laisserait pas tranquille et ce peu importe ce que l'on ferait. J'ai donc pris des mesures afin que nous ayons la paix. Évidemment, rien de bien méchant. Je n'allais quand même pas le blesser ou le tuer, je ne suis pas un sauvage. Cependant, la peur est un bon moyen de calmer les gens. Je ne pensais pas qu'il s’évanouirait, mais c'est mieux comme ça. Quant à la cause de sa peur... disons qu'il a vu quelque chose d'étrange. D'un autre côté, en pendant bien à tout cela, je crois qu'une petite démonstration serait bien mieux qu'une explication. Après tout, comme le dit le proverbe: Une démonstration vaut tous les discours du monde.
Le jeune homme fit ensuite un simple claquement de doigt. L'illusion qu'il avait créée plutôt afin de terroriser le tavernier se matérialisa de nouveau. Cependant, il y avait quelques différences cette fois-ci. Tout d'abord, Johanna pouvait voir l'illusion. Ensuite, elle se tenait en plein milieu de la table. Finalement, elle était de la taille d'une bouteille de lait. La créature étrange, répéta mot pour mot ce qu'elle avait dit la première fois et avec la même voix féminine et sensuelle. Puis, Ken claqua de nouveau des doigts et la créature disparue instantanément. Le mage prit une gorgée d'alcool en riant légèrement.
-Voilà ce que notre endormi a vue et entendue, mais au niveau du sol et mesurant environ deux mètres et demi. Il y a de quoi être surpris, n'est-ce pas? D'ailleurs, j'aurais bien pu m'amuser à faire apparaitre bien d'autres petites choses. Tiens... et si nous faisions une petite expérience de création. De la combinaison de brique et de broques et voyons le résultat.
De nouvelles commencèrent à apparaitre. Le tout commença par un genre de corps informe et presque translucide qui flottait dans les airs, mesurant une dizaine de centimètres. Ken observa le tout en réfléchissant. Ses idées commencèrent à prendre forme alors que des jambes et des bras humains se formèrent. En quelques instants, la masse prit forme humaine. Elle n'avait aucun trait, aucune pilosité et aucun sexe. Des griffes apparurent sur les extrémités des doigts. Deux trous se formèrent au milieu du visage, formant ainsi les narines, suivit d'une bouche noire sans lèvres avec de petites dents également noires. La créature n'avait pas d'yeux et d'oreilles pour le moment. Ken continuait de réfléchir quand Shina prit enfin la parole, après avoir gardé le silence pendant aussi longtemps.
-Sur les mains.
-Bonne idée.
L'instant d'après la créature posait le dos de ses mains sur son visage et un œil apparaissait sur la paume de chaque main. Finalement, la créature se tourna vers Johanna, ses yeux pointés sur Johanna. Puis, soudainement, l'être de quelques centimètres commença à sautiller sur chaque jambe, en chantonnant un air incompréhensible.
-Intéressant, non? |
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Enfin Johanna avait fini d'expliquer certains faits. Naturellement, l'un d'eux impressionna au plus haut point les Amnell et Rosea n'eut guère de mal à s'en apercevoir, leurs yeux étaient écarquillés tels des enfants après l'évocation de magies spectaculaires. La nouvelle avait-elle vraiment de quoi les impressionner? Plutôt. En fait, Rosea n'agissait pas comme d'autres Masters ou du moins comme on se l'imaginait. Elle était proche des autres, dans le sens où elle ne cessait d'apporter son aide aux populations de Fiore malgré son rang. Elle avait parcouru des kilomètres pour parvenir ici, à Oak Town, et ne semblait pas tellement agacée alors que Shina et Ken l'avaient doublée. Ce n'était qu'une apparence car intérieurement, quoiqu'elle ne bouillonnait pas de rage, elle sentait l'amertume l'envahir mais ne manifestait aucun geste extérieur la trahissant. Il était fort probable que le déplacement ne rapporterait rien à la guilde malgré l'optimisme dont fit preuve la Master en s'imaginant qu'une bien belle amitié naîtrait. Une perte de temps, assurément. Ainsi, ils devaient connaître son nom à présent car si l'on ne savait pas ce que cachait exactement le surnom de Rosea, beaucoup avaient à l'esprit que la Master de Lamia Scale se nommait Johanna Célès. Celle-ci n'avait pas réagi expressivement lorsqu'elle avait découvert les visages éberlués de ses interlocuteurs. Elle s'était contentée de poursuivre et de finir.
Bientôt, Ken ne tarda pas à la découvrir réellement et à la présenter à voix haute comme s'il réfléchissait pour lui-même. Cette attitude était assez singulière et eut le don d'amuser Johanna qui détendit un instant son expression figée, pour la reprendre quand il eut fini de parler. En effet, les traits d'humour dont il fit preuve, peut-être légèrement indécent, avaient diverti la jeune femme qui lui adressa un sourire charmeur, plus ravageur car moins franc que les précédents. Pourquoi s'amusait-elle si souvent à jouer avec de pauvres mages? Eh bien, elle savait qu'on parlait plus facilement sous le coup d'une passion enflammée ou du moins d'une excitation provoquée. Oui, il n'y avait là qu'une pure stratégie, Johanna n'était guère attirée par Ken bien qu'elle songea un moment donné qu'il n'était pas vilain à regarder. Bien entendu, elle avait des limites. Elle n'irait pas plus loin que ça, elle n'était pas le genre de femme à se déshonorer sous le coup de pulsions ou de manipulations adroites. Par ailleurs, elle était Master, qui suivrait une prétendue tapineuse? Et puis, elle connaissait si peu de choses sur les plaisirs charnels, mieux valait-il se cantonner à une séduction subtile. Il y avait tout de même de fortes chances qu'il s'en apercevrait. Il fallait se montrer plus fine, se disait Rosea.
Pourtant, une chose essentielle dérangea Johanna. Ce mage avait l'air de manquer de respect à son Master, il y avait là une évidence car quoique l'on pensait pareillement, il était encore plus hardi d'en faire la commission à autrui. Mais bon, il avait présenté cela de belle manière et Johanna ne crut pas bon de lui faire présenter des excuses ou de s'en outrer. Le silence s'était durablement installé mais d'un naturel taciturne, Rosea ne s'en plaignit pas et paraissait s'en satisfaire. Elle avait décroisé depuis peu ses jambes nues et avait porté son attention sur son étui à épée. A plusieurs reprises, elle joua discrètement avec, en décrochant son regard de celui-ci lorsqu'elle entendit Ken reposer son verre sur la table. Cela était très étrange. Johanna n'avait aucune idée de comment les Amnell avaient fait évanouir l'aubergiste et pourtant elle n'y portait pas d'attention, se refusant d'y réfléchir. Pourquoi? Le charme, lecteurs. Elle se doutait que, par ses paroles et ses gestes, elle amènerait le brave mage d'en face à dévoiler la véritable nature de sa magie, car il était évident que celle-ci ne pouvait être que l'unique raison de l'évanouissement du tavernier bouffi. Elle avait un tour d'avance sur Ken, savourait-elle. Elle n'avait peut-être pas faux. Bientôt vint le temps de la révélation.
Johanna nota avec intérêt que ces mages de Quatro Cerberus ne se qualifiaient pas de sauvages, à savoir que blesser ne leur apportait rien. C'était juste et il était bien évident que le meurtre eut été encore pire. Rien d'extraordinaire pour autant venant de mages d'une guilde officielle. Pour Johanna, cela avait du sens car tant que l'on se gardait de ces pratiques, on s'évitait la grâce des ténèbres. La haine vous emprisonnait alors et quand votre solitude pesante était de trop, la folie s'emparait de votre être, poussant aux pires atrocités. C'était comme cela que Johanna concevait la notion de Mal. Ce fut aussi comme cela qu'elle fut poussée à repenser une nouvelle fois à son jeune élève d'il y a quelques années... ce démon. Elle écouta partiellement Ken mais cela lui suffit pour comprendre qu'il allait dévoiler ses moyens pour le moins étonnants. La Master soupira, autant pour se soulager de la pensée de Lucifer que pour la satisfaction qu'elle avait d'assister à cette démonstration, selon les propres paroles du mage. Puis, il claqua des doigts et Johanna fronça un moment les sourcils sans comprendre ce geste. Mais ce fut alors qu'elle traîna son regard sur la table pour chercher sa choppe non loin qu'elle vit l'improbable. Près d'elle se dressait une créature surprenante et si réelle. De taille minimale, celle-ci avait des jambes invraisemblablement de même forme que des poignées d'ouvre-boîte et possédait une bouche relativement disproportionnée. Face à cette apparition, Johanna porta la main à son épée, d'instinct. Alors qu'elle l'avait dégainée à un bon tiers et que son regard se perdait dans une confusion sans nom, elle remarqua que son attitude fut plutôt déplacée. C'était sans doute l'oeuvre de Ken, la fameuse démonstration. Ainsi, ce n'était pas tout à fait ce à quoi s'attendait Johanna, elle qui pensait avoir affaire avec une magie du sommeil. Elle se força à sourire timidement et, peu à peu, s'apaisant, rengaina son arme de carbone. Pourtant, cette créature prononça des paroles amusantes. Avec du recul, elle paraissait bien plus adorable qu'effroyable mais non moins surprenante. La voix ne lui évoqua personne, hormis un ton qu'elle savait maîtriser mais auquel elle ne faisait jamais appel. Dans un autre claquement de doigts, ce fut la disparition de cet être.
Son sourire s'envola rapidement et de sa main droite, elle prit la choppe pour engloutir le reste de boisson. Une fois qu'elle l'eut reposée, elle reprit une mince sévère et hocha la tête pour répondre simplement à la question de Ken. Ce mage avait l'air exceptionnel car son imagination n'avait point de limites et s'il fut admis qu'il en eut, son pouvoir était assez développé. Gardant pour soi-même ce compliment, Johanna observa Ken, semblant se concentrer. Un corps apparut. Il était curieusement d'allure humaine, dépourvu de sexe et de toute particularité. Fronçant les sourcils comme pour mieux l'examiner, Rosea pencha la tête en avant, quelque peu fascinée. Malgré ses efforts pour le dissimuler, cela transparaissait assez clairement et il y avait de quoi. Cette créature là était pourtant beaucoup moins plaisante que l'autre. En effet, des griffes du bout des doigts, une fine bouche noire et des dents l'étant tout autant et des trous en guise de nez ou plutôt de narines auraient pu effrayer qui que ce fut. Quoiqu'un peu écœurée par le résultat, Johanna, qui avait placé son regard sur la créature, s'attarda à nouveau sur Ken. Lui demandait-elle en silence de stopper tout ceci, ou n'arrivait-elle vraiment pas à poser son regard autre part? Ni l'un ni l'autre. Elle voyait juste un ralentissement quant à la création de l'être et attendait donc la suite. Shina proposa quelque chose à Ken et il sembla acquiescer. Si la créature était déjà horrible l'instant d'avant, la brusque apparition d’œil sur chaque paume fit revenir la tête avancée de Johanna en arrière, bien trop perplexe. Non, elle ne paraissait pas apeurée ni craintive d'ailleurs, seulement désorientée. Et le regard de la créature la suivait tandis qu'elle le croisa. Johanna fit monter puis redescendre ses sourcils, prise par l'étonnement, quand l'être sautilla pour entonner un chant incompréhensible. La créature était-elle mauvaise? Elle était contrôlée par Ken mais comment paraître extrêmement sereine face à ça? Elle parvint uniquement à soupirer une nouvelle fois, à fermer les yeux quelques instants, pour faire le vide dans son esprit. Quand elle les rouvrit, la créature était toujours là à chanter et sauter mais elle avait réussi à calmer sa crainte. Alors, Johanna répondit à Ken, avec un air résolu:
"Oui, ça l'est. Cette créature n'est pas réelle n'est ce pas? Elle ne peut rien entreprendre comme action sur la matière... Dans le cas contraire, j'attends une démonstration."
Elle s'était justement rappelée avoir eu affaire à un mage de la même trempe que Ken mais certainement moins talentueux. Si Ken s'apprêtait à une nouvelle démonstration, elle s'était lourdement trompée. Pour elle, ce devait être une illusion car elle n'avait pas pu apercevoir la toute première entité. Cela confirmait justement que seules des personnes cibles étaient amenées à voir les créatures. Le sang froid de Rosea lui avait permis d'émettre une telle hypothèse. Alors, elle sourit, triomphante à Ken puis Shina, comme si elle était certaine d'avoir deviné. Ensuite, elle se remit à toucher à ses cheveux et à recroiser les jambes, se remettant à l'aise. Elle cessa ses manigances et aucun sourire ni regard insistant ne se manifestèrent plus. Rien. Alors que son corps avait l'air de révéler une certaine ouverture, un brève attention sur son visage suffisait à déceler une sévérité inouïe. Froidement, elle lança sans préparation de mouvement ni sans sourciller:
"Eh bien, votre approche de la magie est inhabituelle. Mais je m'étonne que vous usiez si facilement et si ordinairement de celle-ci. Voyez-vous un pauvre civil ne devrait pas avoir à être ciblé par quelque magie que ce soit, y compris la vôtre. Même si cela partait d'un bon sentiment, je crains que vous ayez mal agi pour moi. Si le pauvre homme là-bas n'est pas blessé physiquement, quoique j'en doute avec sa chute, son mental va en prendre un coup. Et si vous arrivez à le persuader que cela était un rêve, il en parlera très certainement avec d'autres... Vous comprenez où je veux en venir? On le traitera aisément de fou. Je vais peut-être un peu loin mais ce seul exemple peut vous témoigner que la magie n'a rien à voir avec les civils, rien. Je désapprouve ce que vous avez fait."
Sans rien ajouter d'autre, elle fixa Ken. Evidemment, il serait surpris par la réaction de Johanna. Mais au fond, elle n'avait pas réellement tort. Comment certains non-mages appréhendaient la magie? Nul ne le savait. Le mieux était de ne jamais courir ce risque. Se dire mage d'accord, cibler un innocent même ennuyant, non. |
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Jeu 25 Avr - 0:38 | |
Tandis que Ken parlait, les jumeaux notèrent rapidement que les traits de Johanna semblaient se détendre par moments, avant de devenir un peu plus rude. Réagissait-elle en s'empêchant de sourire ou de rire aux paroles du jeune homme ou bien pour une autre raison? Mystère. Un sourire fit ensuite son apparition. En fait, la maitre de guilde semblait être d'humeur très changeante à mesure que le mage de Quatro Cerberus parlait. Puis, était venue la courte période de silence ou personne ne prononçait un seul mot. Johanna jouant des jambes, tandis que Ken prenait une gorgée d'alcool, avant de poursuivre. Ils avaient pu observer comment Johanna surveillait et ''jouait'' avec son épée tandis que les paroles continuaient de couler de la bouche de Ken. Les jumeaux se retinrent même de rire lorsque la jeune femme passa à un cheveu de sortir son arme, probablement dans le but d'attaquer la créature ananas que le mage avait fait apparaitre, comme petite démonstration. Heureusement, elle c'était arrêté avant d'avoir totalement fait sortir son épée du fourreau. Si la jeune femme avait utilisé son arme et endommagé la table, cela aurait été plutôt gênant pour tout le monde. Ils virent donc Johanna rengainer son épée, tout en affichant un certain amusement devant l'étrange créature s'étant matérialisée devant elle. Quand la nouvelle créature fit son apparition, la réaction de Johanna fut différente cette fois. En effet, elle se rapprocha légèrement, sourcils froncés et manifestement intrigués. Cependant, plus la créature prenait forme, plus Rosea avait semblé être quelque peu dégoûtée. Finalement, la jeune femme ferma les yeux, probablement pour méditer. Pendant ce court moment, Shina et Ken en profitèrent pour discuter entre eux de leur manière unique.
**Depuis un moment, elle n'arrête pas de me regarder. Elle décroise les jambes, me jette des regards et me sourit presque sans cesse. Il me semble que Rosea en fait trop, non?**
**À mon avis, elle ne cherche pas à te séduire. Elle joue plutôt les allumeuses. Soit, elle le fait par simple jeu ou bien dans le but de t'affaiblir mentalement. C'est mon avis, du moins.**
**Pas impossible, il vaut mieux rester prudent et alerte.**
Puis, Johanna ouvrit de nouveau les yeux, les regardant tous les deux avant de prendre la parole. Les paroles qu'elle prononça démontrèrent qu'elle avait compris la véritable nature de la créature, soit une illusion. Certes, Ken aurait pu utiliser une astuce afin de dissimuler ce fait, mais il n'en voyait pas l'utilité. Ce n'est pas comme si Rosea appartenait à une guilde noire. Quoi qu'il en soit, cette simple affirmation semblait réjouir Johanna qui affichait un grand sourire. De par le silence des mages de Quatro Cerberus, la réponse n'était pas bien difficile à comprendre. En gardant le silence, ils ne contestaient pas les suppositions de la maitre de guilde. La jeune femme commença ensuite par recroiser ses jambes et à jouer dans ses cheveux d'une main. Juste en la regardant dans les yeux, il était possible de savoir qu'elle était sur le point de parler de manière très froide et directe. Ce fut effectivement le cas, car Rosea commença par dénoncer la manière dont Ken avait fait usage de sa magie sur le tavernier et des conséquences que cela pourrait avoir sur l'homme. Elle ajouta à cela ses arguments concernant les civils et la magie. Finalement, Johanna dit simplement qu'elle désapprouvait le geste de Ken. Certains auraient pu réagir de manière excessive aux propos de la maitre de Lamia Scale. De son côté, le mage de Quatro Cerberus resta parfaitement serein, toujours avec un léger sourire sur le visage. Il avait même pris une gorgée d'alcool tandis que Johanna l'engueulait. Le jeune homme ne prit la parole que lorsque son interlocutrice sembla avoir terminé son petit monologue.
-Commençons par le tout début. Comme vous l'avez supposé, les deux créatures que je vous ai montrées sont effectivement des illusions. Je possède les pouvoirs de cette magie, une magie divertissante et très utile, à mon avis. Autrement, pour ce qui est de vos propos concernant la manière dont je fais usage de ma magie, je vous répondrai tout d'abord, par un vieux dicton. Un dicton que nous récite parfois notre grand-père: Les grands conflits et les grands désaccords créent les guerres. Mais les petits désaccords rendent la vie intéressante. C'est un fait, être totalement du même avis avec tout le monde est impossible. Par exemple, même si nous sommes jumeaux Shina et moi, ce n'est pas pour autant que nous sommes d'accord sur tout.
Après cette déclaration, Ken prit une petite gorgée d'alcool, son verre étant désormais à moitié consommé.
-Pour ce qui est de cette idée que les civils ne devraient jamais faire face à la magie. Je ne suis pas tout à fait d'accord. Tout d'abord, c'est un fait, Fiore est un royaume magique. La magie est présente partout à travers le pays. Il y a évidemment les mages et leur guilde. Ajoutons à cela les nombreux objets magiques pouvant être utilisé par n'importent qui, mage ou non. Même l'armée utilise la magie de manières diverses. Il est fort probable que si la magie venait à disparaitre du jour au lendemain, Fiore serait fichu. La puissance du royaume chuterait drastiquement et les pays voisins en profiteraient pour nous envahir. Quoi qu'il en soit, la magie fait partie de notre royaume, les civils y sont confrontés qu'ils le veuillent ou non. Certes, je ne dis pas qu'ils doivent en subir les effets néfastes, ce serait de la tyrannie.
Ken se tut un instant.
-Certes, il est vrai que j'ai agi de manière un peu excessive contre le tavernier, mais contrairement à ce que vous croyez, je n'ai nullement l'intention de faire comme si de rien n’étaient ou bien de mentir. Je vais rester tranquillement assit à cette place et attendre qu'il se réveille. Lorsqu'il le fera et se demandera ce qui s'est passé ou bien encore l'endroit où la créature a pu aller, je vais faire quelque chose de simple et basique. Dire la vérité. Pas seulement sur la nature de la créature, mais aussi sur les raisons de son apparition: soit pour le calmer lui et son impolitesse... Bon, pas de manière aussi simpliste et impolie, mais en gros ce serait le message. Après cela, il suffit d'accepter les conséquences ou d'arriver à un compromis, et surtout de s'excuser. Les gens sont tout de même habitués à la magie, alors quand ils en sont victimes sans avoir été blessé ou leur possession détruite, ils sont plus compréhensifs. Dans le pire des cas, il y a l'entente à l'amiable qui règle les problèmes. C'est ce que je vais faire si cela est nécessaire auprès du tavernier.
Ken était parfaitement sincère et on pouvait le sentir dans sa voix. Il n'avait aucunement l'intention de partir tant et aussi longtemps que la situation avec le tavernier ne serait pas réglée. Le jeune homme n'avait nullement l'intention de créer des conflits inutiles. C'est pourquoi il serait patient. D'ailleurs, l'attente ne fut guère longue, car quelques instants plus tard, alors que Ken terminait son verre, le tavernier commença à se relever. À peine fut-il debout que ce dernier commença à parler de l'étrange créature qu'il avait vue. En réponse, le mage de Quatro Cerberus lui fit signe d'approcher et lui proposa de s'asseoir. Encore déboussolé, l'homme accepta et sans demander la permission à qui que ce soit, il prit le second verre d'alcool apporté par Ken et le vida cul sec. Lorsque le verre fut reposé sur la table, le jeune homme commença les explications, sans omettre aucun détail. Quand les explications furent terminées, le tavernier se trouvait quelque part entre la colère et le soulagement, exigeant des réponses quant aux raisons d'un tel geste. Ken ne se gêna pas pour lui dire que c'était une réponse pour son attitude impolie, aussi bien envers Rosea que pour son comportement impoli et envahissant alors que le petit groupe ne faisait que discuter calmement. Le silence se fit alors sentir pendant plusieurs longues secondes. Le tavernier s'excusa alors pour s'être introduit impoliment quelques minutes plus tôt dans leur discussion. Finalement, il se releva en affirmant simplement que les jumeaux devraient le dédommager pour leur geste, ce qu'ils acceptèrent calmement et sans hésiter. Quand le tavernier fut retourné derrière son bar, on pouvait voir dans ses traits qu'il était plus calme, mais surtout qu'il réfléchissait.
-À mon avis, il doit réfléchir au type de dédommagement qu'il va exiger de nous. On verra bien ce qu'il demandera. Probablement de l'argent, à mon avis. Il sera probablement assez calme quand il aura choisi. Avec de la chance, il le sera encore quand il reparlera de cette histoire de dommage matériel.
Puis, l'attention des jumeaux retourna en direction de Rosea.
-Bon, maintenant que ceci est réglé. Si vous nous parliez un peu de vous Johanna. Je vous ai parlé de ma magie. Pourquoi n'en feriez-vous pas de même. Question de réciprocité. |
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Renommée : Mage Connue | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Dim 12 Mai - 23:03 | |
D'un air explicitement sérieux, Johanna ne cessait de fixer soit Ken soit Shina. Elle avait à l'esprit qu'il leur faudrait une excellente raison pour avoir agi pareillement. On ne maîtrisait pas la magie uniquement pour son bon plaisir et se divertir tel qu'on le désirait. Il fallait une réelle vocation pour elle, se sentir investi de quelque chose, même si la tâche était aussi infime qu'il y parut. De même, la magie influençait l'Homme dans ses mœurs les plus profondes. Elle procurait à ces êtres bénis la faculté de ressentir une force qui les surpassait tous et ils en ressortaient changés à jamais. Leur retirer serait un acte aussi abominable que celui de saisir le hochet d'un chérubin. Et pourtant, cette magie s'était bâtie avec l'appui de lois naissantes, que nul ne saurait nier. Certains les outrepassaient mais cela tenait plus de l'acte volontairement mauvais, s'enfermant dans ce que l'on appelait les guildes noires. Ainsi, ayant une peur panique de se retrouver de l'autre côté, Johanna s'était armurée d'une morale éclatante, brandissant le glaive d'une splendeur passée et chérissant les valeurs propres à Lamia Scale. Bien plus qu'un don, la magie représentait tantôt une menace si elle était entre les mains d'esprits divergents ou d'êtres malfaisants. Arme à double tranchant dont il fallait craindre et contempler les effets. Mettant alors de côté sa réflexion stérile, Johanna vit Ken afficher un léger sourire puis boire une bonne gorgée de l'alcool commandé. Avec entrain, il s'était décidé à expliquer que les divergences d'opinion étaient loin d'être des troubles pour l'humanité. Si son dicton était à propos, Rosea n'y réagissait pas physiquement pour le moins. Les bras croisés, elle laissait son regard se perdre soit au travers des yeux de Ken soit sur la table à l'emplacement où avait été convoqué le petit être formé d'illusions, car il avait en effet avouer bénéficier de tels talents "divertissants et utiles."
Être d'accord avec tout le monde? Tendre vers l'harmonie la plus totale et la plus irrévocable? Voilà des idées d'idiots et bien que ceux qui s'y attelaient avec ardeur et hargne avaient de très louables intentions, on ne pouvait dissimuler le fait qu'ils employaient tous les moyens en leur possession pour l'atteindre. Non, cette utopie n'était pas d'accès et trop d'âmes se perdaient à la croire réalisable. Comment pouvait-on s'imaginer lier perfection des relations humaines et liberté? Assurément, le sage qui trouverait une réponse à cet épais mystère ne le serait plus. Johanna apprenait pour le moment très peu de son échange avec Ken. Elle était loin d'être sotte et pas le moins du monde fanatique d'un idéalisme poussé à son paroxysme. L'énonciation de ces vérités n'avait donc rien d'extraordinaire en soi si ce n'était qu'elle attestait de la bonne santé mentale du frère Amnell. Et puis, quelque part, Ken semblait se défendre de son acte en promouvant la liberté de pensée et d'opinion. C'était facilement décelable. Puis, il prit une autre gorgée d'alcool tandis que Johanna l'observait, en attendant qu'il aborde le fond de la question.
La magie était présente partout et chacun le savait, là, il n'y avait pas matière à discuter. De même, elle était intrinsèquement liée à Fiore, sa disparition signerait la fin du royaume. A cet instant-là, Johanna se rappela de la réflexion qu'elle avait mené auparavant, s'efforçant un temps de la poursuivre. Les effets de la magie? Mais quels étaient-ils? La mort apparaissait clairement à l'esprit de la Master. En effet, son premier contact avait été funèbre et alors qu'elle se remémorait le décès de Galion, son visage s'assombrissait fatalement. La magie apportait son lot de souffrances, elle était une chose grave, à ne pas trop prendre à la légère. De toute évidence, Ken ne comprendrait pas ce que Johanna évoquerait en abordant ce sujet, il valait mieux continuer à se taire, plutôt que perdre son temps inutilement. Essayant de ne pas sombrer face à de disgracieuses pensées, elle s'efforça de trouver d'autres conséquences. En un instant, elle songeait à la guilde. Celle-ci n'aurait jamais existé sans ça, son rayon de soleil dans les ténèbres ne l'aurait jamais sauvée. D'un autre côté, elle n'aurait pas à avoir été sauvée sans magie. La question était épineuse, la réponse loin d'être simple encore une fois. Tout ceci mériterait sans aucun doute débat mais là n'était pas la préoccupation de Johanna.
Enfin, à la troisième reprise de Ken, elle finit par recueillir ses explications. Tout ceci mit en exergue l'étonnante patience du mage illusionniste et son intérêt profond pour la vérité. Des qualités que Johanna ne retrouvait que rarement chez des mages, même ceux de Lamia Scale. De plus, sa voix transpirait de sincérité, il expliquerait vraiment tout à l'aubergiste. Rosea ne reprit pas la parole, la discussion était close mais elle se surprit à lui sourire sans que cela fût contrôlé. Essayant de dissimuler l'étonnement causé par l'un de ses propres actes, elle passa sa main gauche dans ses cheveux, les décoiffant à peine. Cela lui donnait un style plus majestueux encore paradoxalement.
Tandis que Ken finissait son verre, l'aubergiste se releva avec difficulté, encore trop choqué par l'illusion. On le fit s'approcher et il but, sans qu'il y fût forcé. Il s'était assis et écoutait, tout en maugréant passablement, les explications données par le mage de Quatro Cerberus. Sa colère était palpable mais par quel miracle se sentait-il soulagé? Par le fait de ne pas se croire fou? Probable. Johanna tint sa langue, s'effaçant presque, malgré ses charmes. Enfin, le civil s'inclina et finit par s'excuser, sans oublier de réclamer quelques dédommagements. Toujours silencieuse, la Master tourna la tête pour suivre l'homme du regard. Le pauvre était en pleine réflexion. Cela lui demandait-il toute son attention? Il était évident qu'il reviendrait quémander de l'argent. Quand Ken évoqua la chose, Rosea hocha la tête d'un air entendu. Puis, il lui demanda de façon directe sa magie, en brandissant à nouveau des concepts plus ou moins flous. Réciprocité? Ce n'était pas sa faute si ce Ken se donnait en spectacle avec sa magie d'illusion. Affichant une plus grande froideur encore, Johanna resta dans le silence le plus total, mis à part un raclement de gorge qui aurait pu faire penser à une entrée en matière. Il était sûr qu'elle n'allait pas faire part de sa Lost Magic, pour le Kansô, il était raisonnable de lui en toucher deux mots.
Ainsi, sans dire un mot, elle décrocha son étui et la posa sur la table, la présentant aux yeux des deux jumeaux. Seule la poignée de l'épée dépassait de celui-ci. Gardant la main sur l'étui, elle lança un regard assuré à Ken avant de répondre:
"Les armes, c'est ma magie. J'ai la capacité d'en invoquer un grand nombre. La Magie du Réarmement, c'est ainsi qu'on la nomme. D'autres questions?"
Machinalement, elle rétracta ses doigts sur l'épée. Il était évident qu'elle y tenait beaucoup et qu'elle ne laisserait personne s'en servir ni même la toucher sans raison. Ken pourrait même s'apercevoir que le simple fait d'avoir présenté son arme était déjà une faveur qu'accordait Johanna. Elle rattacha avec dextérité son étui, avant de reporter son attention sur ses interlocuteurs. Elle portait régulièrement la même main dans ses cheveux et avait recroisé ses jambes. Elle soupirait de temps en temps, sans que cela ne put être vraiment caractérisé comme source d'agacement. Elle avait seulement quelques manies. Enfin, elle but un peu, affichant un très faible sourire lorsqu'elle eut reposé le verre. |
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La question était enfin lancée. Il ne restait plus qu'à voir si Johanna accepterait d'y répondre. Après tout, même si Ken avait évoqué la réciprocité et donc, la politesse, rien n'empêchait la maîtresse de guilde de refuser d'en parler. Tout ce que les jumeaux pouvaient faire sur le moment, c'était attendre et voir comment leur interlocutrice réagirait. Pendant un moment, la jeune femme afficha une grande expression de froideur. En d'autres circonstances, cela aurait pu être quelque peu effrayant. Le silence commença cependant à être brisé par quelques raclements de gorge, comme si elle tentait d'attirer l'attention. Puis, la jeune femme aux cheveux roses détacha son fourreau de sa ceinture, posant ainsi étui et épée sur la table de la taverne. L'arme demeurait à l'intérieur du fourreau, ne laissant visible que le manche. Même s'ils ne pouvaient pas voir la lame de cette épée, les jumeaux n'avaient aucun doute. Il s'agissait d'une arme de grande qualité et probablement très bien aiguisée. Après cette petite démonstration, Johanna se décida enfin à prendre la parole. La jeune femme leur annonça donc que la magie qu'elle utilisait était celle du réarmement, aussi appelé Kansô. Il n'était guère difficile de voir que Johanna tenait à son épée. Après tout, elle serrait fortement son arme et visiblement, elle ne laisserait personne y toucher ou l'utiliser, du moins pas sans son accord et probablement une raison très importante. Puis, la maîtresse de guilde repositionna son épée et fourreau à sa ceinture, les liants de nouveau à sa taille. La jeune femme recommença ensuite à se passer la main dans les cheveux et en croisant encore ses jambes. Toutefois, elle affichait encore un grand sourire. Au moins, elle n'était pas en colère. Malgré tout, une foule de questions résonnaient encore dans l'esprit des deux mages de Quatro Cerberus. Toutefois, ces questions viendraient un peu plus tard, afin de ne pas submerger leur interlocutrice. Un autre sujet serait plus intéressant aussi bien pour Johanna que pour eux, afin de diversifier la conversation.
-Eh bien, la magie du réarmement. C'est intéressant. Un membre de notre guilde est également utilisateur de cette magie. Dans son cas, sa magie est assez étendue. Ainsi, il y a aussi bien l'invocation d'armes que l'invocation d'armures. Il pourrait également avoir la possibilité de faire apparaitre des vêtements standard que je n'en serais pas surpris... même si les rares fois qu'elle a utilisé sa magie, c'était pour faire apparaître des armes et armures... mais bon, nous ne sommes pas constamment avec elle, donc on ne sait jamais. Il faudra que je lui pose la question à un moment.
Pendant cet aveu, l'esprit de Ken avait quelque peu divagué, l'amenant à parler ainsi des capacités de Ferham et d'éléments quelque peu éloignés du sujet initial. Son regard en était presque rendu à fixer le plafond, comme s'il n'y avait rien. Shina toussa légèrement afin de ramener son frère à la réalité. Ce dernier tourna de nouveau son regard vers Johanna.
-En tout cas, c'est une magie intéressante. Comme bien d'autres. Je me souviens encore lorsque nous avons montré notre magie à d'autres personnes. Notre mère et nos grands-parents ont adoré et nous ont grandement applaudi, après notre démonstration. Évidemment, c'était pour nous encourager et nous féliciter d'être capable d'utiliser la magie et non pour le côté artistique. Soyons honnête, lors de notre première démonstration c'était totalement horrible et chaotique. De plus, notre illusion était presque aussi transparente que l'eau. Ensuite, il y a eu des amis et notre mère qui ont eu droit à une démonstration. Je me souviens que ce jour-là, l'un des seuls commentaires fut : Il me semble que c'est une magie peu adaptée pour certaines situations. En soi, ce n'est pas faux. Toutefois, c'est la même chose pour toutes les magies qui existe. Après tout, personne ne me fera croire qu'il existe une magie qui est parfaite et ne peut être déjoué, vaincu ou affaiblit par une autre magie ou un autre élément. Par exemple, votre magie, Johanna. Si vous veniez à affronter une personne dont la magie fait rouiller la matière métallique, vous seriez en mauvaise posture. Encore plus, contre un adversaire ramollissant les objets solides. Certes, mes exemples sont peut-être un peu exagérés, mais cela demeure un fait. Aucune magie n'est parfaite, toutes ont une faille. C'est comme un petit proverbe que notre grand-père nous avons conté une fois: On trouve toujours plus fort que soi. Parfois, ce n'est qu'une question de temps.
Ken garda ensuite le silence prenant une gorgée d'alcool. Alors qu'il terminait d'avaler les dernières gouttes de sa boisson, le tavernier vint les rejoindre à la table. Ce dernier resta debout et toussa légèrement afin d'attirer leur attention. En le regardant, on pouvait tout de suite remarquer que le regard du tavernier détaillait Johanna et Shina du regard. Aucun des jumeaux ne s'en formalisa. Après tout, c'était un homme et les deux jeunes filles étaient belles. De plus, toutes les deux portaient des vêtements mettant leurs jambes en valeur. Les mages de Quatro Cerberus regardèrent le tavernier, attendant que ce dernier dévoile enfin ce qu'il leur voulait à tous les trois. L'intéressé prit enfin la parole.
-Finalement, j'ai changé d'avis. Concernant les dettes que vous me devez. Aussi bien toi, l'illusionniste que toi, la locataire qui a endommagé mon honnête établissement et ma propriété. Quant aux raisons de chacun, je m'en fiche.
-Vous avez changé d'avis. Donc, vous ne voulez plus d'argent? Aussi bien, pour le tour que je vous ai joué, que les dégâts causées par Johanna à votre édifice?
-Non.
-Alors quoi? Vous voulez qu'on vous achète un machin quelconque ou qu'on vous aide à faire les réparations?
-Toi, tu te tais. Tu ne m'intéresses absolument pas, gamin. La dette que vous me devez, tous les trois, je préfère que ce soit ces deux jeunes filles qui l'honorent. De manière un peu plus physique, non par des réparations.
Pendant quelques instants, les jumeaux n'étaient pas totalement certains de la nature de ce qu'exigeait le tavernier. Mais la réponse vint rapidement. La façon dont il regardait Johanna et Shina était des plus explicites. Ce satané tavernier annonçait ainsi, sans la moindre gêne, que les deux filles partageraient son lit afin de régler leurs dettes respectives. À cette idée, Shina adopta aussitôt une expression se situant entre la gêne profonde et le dégoût, tout en posant ses mains en X sur son torse. Quant à Ken, son air joyeux qu'il arborait depuis leur arrivée à la taverne avait totalement disparu. Son regard était devenu extrêmement froid, son sourire avait disparu et il plissait légèrement les yeux de frustration. On put entendre un léger craquement, tandis que Ken se penchait dans la direction du tavernier.
-PARDON!
Le ton du jeune homme était sans équivoque, il était en colère, mais se retenait de ne pas sauter sur l'homme. Certaines choses pouvaient mettre le jeune homme dans un tel état de colère. Or, en voulant traiter Shina comme une prostituée, le tavernier avait déclenché cette grande colère.
-OSE RÉPÉTER ÇA POUR VOIR!
Un autre bruit de craquement se fit encore entendre, il fut cependant possible d'en repérer la source très facilement. Dans sa frustration, Ken avait serré de plus en plus son verre vide. De nombreuses fissures s'étaient formées sur le verre à cause de la pression. Aucun doute que s'il continuait ainsi, le jeune homme ferait voler le verre en éclats. |
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Le sourire que Johanna affichait si naturellement s'estompa et s'effaça bientôt de son visage. Il ne resta là que dureté, sévérité et froideur. Comme à son habitude donc, la Master emplissait son regard visiblement antipathique d'une sorte d'insensibilité instinctive. Elle était belle ainsi, pareille à une actrice se dissimulant derrière un masque simple, d'un rose livide. Les jambes toujours croisées, elle posa ses mains sur la table, les joignant dans une position d'attente. En cet instant précis, la dernière chose qu'elle désirait était bien de continuer à parler. En temps normal, ce n'était déjà pas dans ses cordes mais là, elle estimait avoir assez discutaillé avec le mage de Quatro Cerberus. Ce n'était pas pour autant qu'elle le renverrait, prônant un amour inconditionné pour le silence, mais elle répondrait en choisissant avec habileté ses mots afin de ne surtout pas avoir à se répéter ou à s'attarder sur de vaines paroles. Johanna était ainsi, très peu axée sur le verbe. L'action en elle-même n'était pas plus démonstrative, plus noble affaire qu'un beau discours? Il y avait deux sortes de chefs à Fiore, ceux qui parlaient aux âmes de leurs subordonnés ou camarades, ou ceux qui par l'exploit insufflaient le courage. Si la Master de Lamia Scale se rangeait plutôt dans la seconde catégorie, elle pratiquait parfois l'art de l'éloquence, pourtant peu convaincue d'avoir l'influence nécessaire. Elle était certes Master et assez charismatique, elle doutait d'avoir les mots pour inspirer quiconque, quoiqu'elle s'y essayait. Ce don était réservé à quelques personnes de ce monde et il était dévastateur car cela ne relevait pas davantage d'une manipulation déguisée.
Bientôt, Ken se mit à parler et avec talent, il ennuierait la jeune femme assez considérablement. Sa compagnie n'était pas si déplaisante, seulement il avait la fâcheuse tendance de bavarder trop énergiquement, s'en allant jusqu'à se perdre dans ses propos, ce qui n'était pas pour plaire à Rosea. Il évoqua une mage de sa guilde et dévoila des paroles un peu trop vides de sens car Ken se savait pas exactement de quoi il parlait, bien peu familier au Kansô. Johanna passa une main dans ses cheveux en soutenant le regard de Ken, qui s'envola alors vers les hauteurs de la salle. Shina le ramena vers cette triste réalité en un toussotement. Le jeune homme se montra alors très intéressé, et le formula simplement. La Master pensait qu'il était curieux et que certains ne devaient guère apprécier ce trait de caractère. Lui était-il déjà arrivé malheur? Après tout, il était mage et, d'après son combat d'il y a quelques heures, il était probable qu'il puisse se défendre seul. Son intérêt pour Johanna était sûrement justifié par le fait qu'elle était Master, on ne rencontrait pas des femmes de cette qualité chaque jour. Écoutant Ken et décidant de lui accorder son pardon quant à la trop grande attention qu'il lui portait, Rosea esquissa ce qui parut être un début de sourire. Le frère Amnell devait se sentir en confiance pour raconter si librement sa propre histoire magique car Johanna, elle, n'avait jamais tenté d'expliquer son passé, à aucun être vivant. La réaction de celle-ci face aux propos de Ken intervint plus tard lorsqu'il avançait avec assurance que toutes les magies avaient des faiblesses, ce qui n'était pas si idiot au fond. Seulement, quand il évoqua une potentielle déficience à la magie du Kansô, la sévérité du regard de Johanna s'intensifia jusqu'à un point indicible, en un instant. Elle avait l'air de remettre en cause l'hypothèse du mage de Quatro Cerberus et ce même sans avoir à prononcer un mot, toujours établie dans un silence pesant pour qui ne sut l'apprécier. Johanna avait bien sûr en tête que sa principale magie dotait son Kansô d'un atout non négligeable et que le mage ayant la faculté de faire rouiller du diamant n'était pas encore né. Elle soupira puis sourit en imaginant que Ken ne savait vraiment rien d'elle. C'était assez plaisant et divertissant en fin de compte, bien plus qu'elle ne l'avait cru au départ.
Tandis qu'elle se remémorait la dernière fois qu'elle avait employé sa Lost Magic, Miss Célès s'interrompit en entendant le proverbe énoncé. Ce mage en avait-il encore beaucoup des phrases toutes faites comme ça? Elle refréna un sourire et se força au prix de mille efforts à ne pas rire. Le jeune homme avait l'air sérieux, il devait être probablement attaché à ces sentences, s'en moquer n'était pas très digne. Puis, Ken reprit une gorgée d'alcool alors que Johanna n'y touchait plus, ne sachant même pas s'il lui en restait. C'est ainsi que revint l'aubergiste d'un pas nonchalant et lourd. Rosea le vit arriver de loin et remarqua avec un certain étonnement dissimulé à la hâte qu'il ne cessait de la quitter du regard, elle et Shina. Leurs jambes lui faisaient un effet sûrement particulier, lui faisant remonter à la surface d'anciennes pulsions insatisfaites. Son inconscient semblait avoir triomphé de lui et Johanna en aurait bientôt la certitude. Pour le moment, il se contenta de s'immiscer dans la conversation à sens unique. Débout, le tavernier énonçait qu'il était revenu pour récolter les indemnités. La Master s'attendait déjà à devoir débourser une somme rondelette pour contenter cet infâme cupide. Cependant, ce qu'il avança fut encore plus renversant. Premièrement, le Vieux manquait de respect envers les mages, quel qu’ils furent. Aux femmes, pour une proposition abjecte et à Ken pour le traiter tel un esclave dont on aurait fait l'acquisition il y a quelques mois. Et surtout, il récidivait. Ken l'avait déjà gentiment remis sur le droit chemin et Johanna s'en était déjà indignée, quoique le geste avait été nécessaire.
Cette fois-ci, il n'y aurait pas de repentance possible avant expiation. On pourrait justement se demander pourquoi Rosea demeurait impassible devant une telle demande qui tenait plus d'un commandement irraisonné. Après une vie à courir derrière ce genre de déchets, elle avait su monter un mur de froideur pour ne pas se retrouver blessée par les propos inqualifiables de criminels. Elle avait sondé l'aubergiste grâce à sa notion en Kimochi et n'avait décelé aucune trace de bonnes intentions. Non, il ne blaguait pas, la perversité se lisait en lui. Soudain, elle repensait à l'homme qui était entré par effraction dans sa chambre la nuit-même, un compagnon de l'odieux tavernier? Fort probable. Évaluant la situation, Johanna s'aperçut que Shina semblait tant choquée qu’écœurée et Ken, d'un naturel gai, affichait une mine sévère. Sa colère se manifesta alors, tandis que Johanna demeurait spectatrice, fronçant à quelques occasions les sourcils et animant ses doigts sur la table, d'un mouvement quasiment imperceptible. Des bruits de craquement se firent entendre et Rosea se rendit compte d'un vif regard que le verre que serrait le mage finirait par exploser. Il ne tentait pourtant rien, il devait sans doute s'essayer à calmer son courroux. En cet instant précis, si quelqu'un aurait croisé le regard de Johanna, il aurait juré que la couleur même de ses yeux avait viré à un noir de jais, tant la haine s'y lisait avec une intensité plus que remarquable. Elle fixa la table durant quelques secondes à peine, retirant ses mains de celle-ci et serrant le poing droit, le plaquant contre sa cuisse nue. Elle soupira, elle avait un plan. Autant qu'elle le put, elle tenta d'atténuer son animosité pour ne pas effrayer l'aubergiste alors qu'elle se levait, baissant la tête. Elle rougit un peu quand elle s'aperçut qu'elle allait accepter. Elle s'approcha de l'homme, dissimulant derrière son dos sa main gauche crispée contre son short. Ses doigts de cette main s'écartaient les uns des autres de façon incroyable car prise sous le coup de la colère, elle parvenait à peine à se contrôler. Il paiera..."Entendu" souffla-t'elle. L'aubergiste trop heureux de recevoir cette réponse, s'empressa de montrer le chemin en allant de l'avant, grimpant déjà pour atteindre l'étage. Alors qu'il disparaissait de la salle, Johanna jeta un regard en arrière, empli de fureur, en direction de Ken. Plus rien n'était reconnaissable en elle, comme si une tempête de rage avait balayé la Master calme et sereine. Il aurait pu s'en terrifier ou s'en étonner mais au vu de la force du regard, il ne pouvait au moins qu'en frémir. Ce fut alors qu'apparurent en ses mains des gantelets de fer noirs, comme une nuit sans lune, pourvus de pics. En réalité, quand la rage gagnait le cœur de Rosea, elle choisissait toujours invariablement cette arme qui s'animait d'un pouvoir tirant son efficacité de la fureur même de ses pensées. En son esprit, l'homme finirait dans un triste état, car elle était peu encline à l'épargner. Avec vélocité, elle parvint au premier étage, tandis qu'elle entendit les pas de l'aubergiste dans sa propre chambre. Elle avança telle une furie à grandes enjambées, entra dans la pièce et claqua énergiquement la porte derrière elle. L'aubergiste se retourna, croyant s'attendre à la voir toute à lui et ouvrit de larges yeux, paniqué et épouvanté. Une vision d'horreur. Johanna monta ses poings à hauteur de poitrine, en garde. Elle n'emploierait sûrement pas le pouvoir de l'arme mais elle ne se ménagerait pas, il aurait de quoi s'en souvenir. Rosea se lança sur lui avec rapidité, légèrement orientée sur le côté, poing droit en arrière, voulant asséner un terrible coup en plein ventre. Le tavernier, pris de stupeur, ne put esquiver et la brutalité du coup le mit à genoux. Vociférant des menaces tangibles, il se releva tandis que Johanna le regardait de haut, déversant autant de condescendance que de haine sur le pauvre homme. Elle ne parvenait pas à se calmer, et l'aubergiste ne la suppliait toujours pas, malgré la gerbe de sang. Habilement, il roula sur le côté et sortit un surin, destiné à percer les organes vitaux de la belle. Démontrant une agilité incroyable, il entreprit de l'attaquer sur son côté gauche. Johanna n'en fut guère surprise et parvint à bloquer le surin entre ses deux gantelets, déclarant un coup de pied dans la blessure déjà causée par le précédent coup porté. L'homme vint buter contre un mur et débarrassé de son surin, s'agenouilla devant elle, hurlant de le laisser en vie. La fureur de Johanna disparut en un instant et détaillant le tavernier, elle se rendit compte qu'elle n'y était pas allé de main morte et qu'il en avait sévèrement pâti. Elle ne dit mot, et à peine eût elle amorcé de se retourner que l'aubergiste bondit aux pieds de la jeune femme, s'étant débarrassée des Misericordiae Pugni. Trahie, elle ne put que tenter d'esquiver l'estoc que lui porter déjà l'homme, lui enfonçant son surin dans la jambe gauche. Elle lâcha un cri de douleur tandis que l'infâme tentait encore de la blesser plus sévèrement. Les gantelets de fer furent réinvoqués rapidement et sans qu'il n'y put faire grand chose, l'homme fut pris à la gorge. Déchaînant toute sa colère couplée à la souffrance qu'elle ressentait, elle serra le coup de l'infortuné et le porta dans les airs, trouvant la force de le décoller du sol. L'homme ne put hurler et en un instant, il ressentit une peur insoupçonnée. L'intensité du regard noir de Johanna lui glaça le sang et l'effroi se peignit sur son visage. La douleur le gagnait peu à peu, autant par l'emprise sur sa gorge que les coups portés à son ventre. Rosea fléchit un instant à cause de sa blessure et, s'apercevant qu'elle lâchait l'homme qui recommençait tantôt à bouger, peut-être pour s'enfuir, elle porta un choc sur une de ses jambes. L'impact dut tel que son fémur se brisa et le craquement fut sonore. L'homme hurla à la mort et Johanna se sentit revenir peu à peu à elle. La Frénétique redevenait la Sereine. Elle boita en laissant glisser son membre blessé pour s'asseoir sur le lit où elle se prit la tête entre les mains, lâchant quelques larmes. La haine s'était emparée d'elle... Elle était devenue un monstre, tantôt le même qu'elle s'efforçait de combattre. |
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Mer 5 Juin - 3:06 | |
La colère était très forte chez Ken en ce moment. Un colère presque sans fin dirigée envers le tavernier. En soi, cette frustration extrême était justifiée, étant donné le comportement du tavernier. Ce dernier insultait ouvertement le jeune homme, mais surtout, il exigeait que Shina et Johanna partagent son lit afin de payer leurs dettes respectives. Bref, ce morpion de tavernier les traitait comme si elles étaient des prostituées. Un tel comportement sortait le jeune homme de ses gonds. Quant à sa sœur, cette dernière était tout bonnement dégoûtée et offusquée. Il y avait quelques minutes, la jeune fille n'avait rien contre le tavernier, ni attachement, ni mépris. Pour elle, c'était un homme comme les autres. Cependant, depuis sa déclaration perverse, l'homme n'était plus qu'un sale rat aux yeux de l'illusionniste de Quatro Cerberus. Étant donnée la situation, un rien risquait d'enflammer la situation. En effet, en ce moment, le jeune homme était comme un verre remplit à l'extrême. Une simple goutte pouvant causer un débordement. Si le tavernier osait refaire sa demande, l'insulter, insulter sa sœur ou bien Johanna, cela finirait très mal. Quelques minutes plus tôt, le jeune homme avait appris les bonnes manières au tavernier grâce à une illusion. En soi, c'était davantage une blague qu'une leçon. Par contre, cette fois, si nécessaire, la leçon se ferait à grands coups de poing. Bref, ça ferait très mal. La fureur faisait même en sorte que le jeune homme ne percevait plus que le tavernier. Cette transe se brisa soudainement, lorsque la voix de Johanna raisonna dans la taverne. Ce qu'elle dit au tavernier fut tellement inattendu que la rage de Ken et le dégoût de Shina s'envolèrent instantanément et que la surprise et l'étonnement se formèrent sur leur visage. Johanna était en train d'accepter la demande du tavernier.
-QUOI?!!!!!!
Ce simple mot fut prononcé par Shina et Ken au même moment, avec une synchronisation parfaite. Ils n'arrivaient pas à croire que Johanna affirme accepter les exigences de ce tavernier pervers. Elle, une maitresse de guilde et une femme respectable.
-Tu ne vas quand même pas accepter la proposition de ce connard?!
Cette fois, Ken fut le seul à parler. La surprise du jeune homme était telle qu'il avait totalement oublié le fait que Johanna n'aimait pas être tutoyée. Pendant que le jeune homme avait prononcé cette dernière phrase, le tavernier était déjà en train de gravir les escaliers, se dirigeant probablement vers la chambre de la maitresse de Lamia Scale. Cette dernière regardait le tavernier, avant de se retourner soudainement vers Ken. Le regard de la jeune femme exprimait une fureur intense et puissante. Cela avait quelque chose d'effrayant. Cette frayeur que ressentit le jeune homme ne fut pas exprimé par son visage. Toutefois, le frissonnement qui secoua tout son corps et le fait qu'il recula soudainement dans sa chaise démontrait ce qu'il ressentait vraiment sur le moment. Ensuite, des gantelets de fer noir apparurent sur les mains de Johanna, grâce au Kanso. Puis, cette dernière monta les escaliers à son tour, alors que le tavernier l'attendait déjà dans une chambre. À coup de grandes enjambés, la jeune femme le rejoignit en refermant la porte de la chambre violemment. Alors que la porte se refermait, un léger sourire se formait sur le visage de Ken.
-Pour être payé en nature, ce type va être servi. Ça promet d'être un paiement qui fait extrêmement mal. Apprendre les bonnes manières, à grands coups de poing dans la tête.
Des bruits de bagarres commencèrent à se faire entendre. Tout d'abord, un impact sur le sol, comme si quelqu'un tombait. La voix du tavernier se fit ensuite entendre, lançant diverses menaces, qui seraient sûrement inutiles selon les jumeaux. Des déplacements résonnèrent par la suite. Les bruits de bagarre continuèrent, venant également se joindre un bruit semblable à celui du métal percutant un autre objet de métal. Un bruit d'impact résonna, probablement que l'un d'eux avait frappé ou percuté un mur de la chambre. La voix suppliante du tavernier vint après le bruit d'impact. Johanna fit entendre un cri de douleur quelques secondes plus tard. Ce fut de nouveau le silence, avant qu'un bruit de chute ne résonne, suivi par un étrange bruit. Étant donnée le cri poussé par le tavernier, probable que Johanna lui ait briser un os ou deux. Les jumeaux attendirent, préférant attendre de savoir si le combat était bel et bien terminé. Ils restèrent donc immobiles pendant une quinzaine de secondes, avant de prendre la parole.
-Tu crois qu'elle a gagné?
-Je veux bien être pendu si elle a perdu et que ce porc est en train de la violer. Attendons encore un peu et puis nous irons jeter un œil, pour voir ce qu'il en est.
Alors que les jumeaux étaient sur le point de se lever pour aller voir ce qui arrivait à Johanna, un homme pénétra dans la taverne. L'homme avait quelques pansements à la tête. Ken le détailla rapidement du regard. Un maigrichon chauve aux doigts squelettiques. À cela s'ajoutaient des mains décharnées et une mine blafarde. Le chauve tenait également un couteau dans la main. D'après on regard, il était dans une colère noire. Sans remarquer les jumeaux, l'homme monta rapidement à l'étage. Il se dirigea vers la chambre où Johanna se trouvait et commença à donner des coups de pied violents dans la porte. Aucun doute que cet homme tentait de la défoncer, sans même vérifier s'il pouvait simplement tourner la poignée de porte. Voyant cela, les mages de Quatro Cerberus se levèrent et foncèrent à toute vitesse vers l'étage, suivi par Kiri. Alors qu'ils gravissaient les dernières marches, crâne d’œuf parvint enfin à défoncer la porte, après de nombreux essaies. L'homme en colère prit alors son couteau par la lame, signe qu'il avait l'intention de le lancer. Il était fort probable que la cible soit Johanna. Tandis que le bras de l'homme terminait de reculer afin de prendre son élan de lancer, Ken passa à l'attaque. Profitant du fait que le chauve ne l'avait pas remarqué, l'illusionniste lui attrapa le poignet de la main gauche. Puis, de la droite, il attrapa le pouce de l'homme. L'instant d'après un craquement sinistre se fit entendre. Les jumeaux n'étaient pas expert en médecine, mais le mouvement contraire aux articulations que le pouce avait subi était une méthode efficace. La victime avait soit le pouce cassé ou bien disloqué. Un cas comme dans l'autre c'était très douloureux. L'homme relâcha son arme, en criant de douleur. Cela ne dura qu'un moment, car le genou de Ken vint percuter son visage, l'assommant sur le coup. L'homme s'écroula sur le sol comme une masse. Le mage prit ensuite le couteau de sa victime et le planta violemment dans la porte endommagée, avant de pénétrer dans la chambre. Le tavernier était au sol, tandis que Johanna était assise sur le lit, avec quelques larmes sur les joues. De plus, elle semblait avoir été blessée à une jambe, probablement par une lame quelconque.
-Est-ce que ça va?
La question semblait stupide, mais il se devait de la poser. Alors qu'il attendait la réponse de la maitresse de guilde, Ken remarqua que le tavernier rampait en direction de la porte, son regard uniquement fixé sur le couteau y étant enfoncé. Toutefois, l'homme avançait extrêmement lentement à cause de sa jambe brisée. Le mage de Quatro Cerberus regarda ce misérable rat rampant. Kiri rentra ensuite à son tour dans la chambre. Le lycaon avait un regard vraiment très hostile envers le tavernier, grognant méchamment et dévoilant ses dents. Il y avait de quoi avoir peur.
-Tu dois d'abord ramper pendant au moins deux mètres et demi de distance. Puis, réussir à te remettre debout avec une jambe en sale état. Pour ensuite atteindre le couteau, le dégager de la porte et finalement réussir à nous menacer avec. De mon côté, je n'ai qu'à prononcer un seul mot pour que mon lycaon te saute dessus et te fasse goûter la force de sa mâchoire et de ses crocs. À ton avis, sale pervers, laquelle de ces deux options sera la plus rapide?
C'était loin d'être une question que le jeune homme posait. En fait, il prononça le tout comme on présente un fait concret et tangible. |
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Renommée : Mage Connue | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Jeu 13 Juin - 0:11 | |
Un simple débordement de haine avait conduit à pareille finalité. Un homme estropié et une profonde blessure à sa jambe, d'où coulait du sang frais et bien rouge. La haine laissa peu à peu place à la souffrance car cette plaie ne semblait pas vouloir épargner de douleur la jeune femme. Alors qu'elle avait sangloté d'avoir été un instrument de la haine, elle porta bientôt ses mains à sa blessure, essayant de calmer le flot de sang. Il n'y avait rien de superficiel là-dedans, il fallait trouver une solution. Essuyant d'un revers de sa main maladroite quelques larmes, Johanna balaya la pièce du regard à la recherche d'un moyen de calmer sa douleur et cette petite hémorragie. Elle prit hâtivement, en serrant les dents, un drap du lit et le plaqua du mieux qu'elle le put contre sa jambe nue. Elle avait mal et rien n'y ferait. De nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues et même si sa fierté l'empêchait théoriquement d'exprimer extérieurement ce qui se tramait en elle, celle-ci avait été balayé en un instant par le mal vif que lui procurait cette lésion. Pourtant, le coup porté avait été violent et la blessure était profonde et inquiétante, il n'y avait pourtant pas matière à penser que sa vie était en danger... quoique le sang se devait de coaguler au plus vite. Le linge vert pâle se tâcha bientôt d'un rouge vif et, tandis que Johanna appuyait autant qu'elle le pouvait sur sa jambe, elle entendit des coups contre la porte.
Teint blafard, la Master releva la tête, incapable même de se lever tant la douleur la grignotait. Cela devait être certainement Ken qui avait du entendre un certain chaos et s'empresser de monter. Ne pouvait-il pas entrer naturellement au lieu d'essayer d'enfoncer la porte? Ceci ne rassura pas vraiment Johanna. Non, après tout, se pouvait-il réellement que ce soit le mage de Quatro Cerberus? Ce fut alors que l'entrée fut défoncée, sans grâce. Sentant la fatigue la gagner progressivement et la souffrance triompher peu à peu de sa volonté, elle fut encore plus abattue de constater que l'homme lui faisant face était l'insipide pervers de la veille. Ses mains étaient encore plus effroyables que ce qu'elle avait pu remarquer dans la pénombre et il était aisé d'apercevoir des nombreuses blessures sur son corps et quelques pansements ornaient sa tête, couronne lamentable. Johanna continuait d'exercer la pression sur sa blessure de deux bras, songeant qu'une artère serait peut-être touchée. Oh non, la situation ne se présentait pas d'une bonne façon. La jeune femme paraissait faible, bien plus que lorsqu'elle était montée pour régler le problème du tavernier. Perdant du sang, son visage s'était crispé et ses membres blanchissaient, et bien entendu, elle perdait de ses couleurs, se rapprochant de la pâleur, si ce n'était d'un mort, d'un souffreteux. Complètement désemparée face à l'homme armant son bras pour lui lancer un couteau, Johanna examinait l'individu avec attention, quelque peu effrayée, des larmes lui coulant toujours sur les joues. Elle paraissait si pitoyable ainsi, exactement comme elle détestait qu'on la vît, une femme fragile, sans doute trop. Profitant sûrement de la situation, le chauve désirait plus ardemment se venger par aucun moyen que de retenter son viol. Le doute n'était pas permis, il se devait de lui envoyer sa lame en pleine poitrine. Une fois cela fait, il s'empresserait de se jeter sur elle pour l'achever et peut-être même qu'il s'enchanterait de son corps ensanglanté et inanimé?
Johanna n'avait que peu de solution enviable. Elle se devait de calmer cet homme avant qu'il ne pût la blesser encore plus voire la tuer. La Master leva son bras droit, le gauche intervenant toujours auprès de sa jambe meurtrie. En un instant, elle fit l'invocation de l'Animi Ensis, le glaive protecteur des douces vertus chères aux mortels, défenseur des nobles âmes se retranchant dans leurs dernières pâleurs de courage et de volonté. Crispant sa main sur la poignée, Johanna murmura quelques mots tandis que la magie s'accumulait dans la lame de l'arme, pointée vers l'homme. En effet, Johanna avait pensé que le souffle généré par le relâchement de magie aurait provoqué une forte déviation du jet, lui évitant d'être blessée plus gravement encore. En y songeant, Ken apparut derrière le chauve, exerçant un mouvement simple de désarmement. Ceci eut pour conséquence de terrasser ce maigrichon, trop préoccupé par la vive douleur que lui procurait une telle torsion du pouce. Enfin, Ken se permit de l'assommer d'un coup de genou net et précis. Le forcené s'effondra sans un mot.
La jeune femme, assise sur le lit, renvoyant son arme dans sa dimension, gémissant faiblement, porta un regard si chaleureux à Ken. En une fraction de seconde, sans ouvrir la bouche, elle semblait le remercier, à moins que ce ne fut un regard amoureux, qui en disait donc bien plus? Fortement improbable ! Elle frissonna un instant en se rendant compte que ce mage lui avait sûrement sauvé la vie. Un beau geste mais elle n'aimait pas se trouver en position de détresse. Ken avait du constater sa blessure et ses efforts pour stopper le sang de couler, efforts qui semblaient porter leurs fruits, bien qu'elle se sentit de plus en plus mal. Clignant des yeux et lui adressant un sourire fébrile, elle lui répondit d'une mine déconfite:
"Ne vous inquiétez pas pour moi, ce n'est rien de bien grave..."
Puis, elle vit l'aubergiste ramper. Il était vraiment acharné celui-là aucun doute. Pour lui faire passer l'envie de jouer à l'imbécile, Ken lui expliquait clairement la situation telle qu'elle se présentait. Le lycaon avait un air menaçant et personne n'aurait désiré se retrouver en si mauvaise posture. Ses crocs sauraient dissuader quiconque s'attaquerait à son maître, à moins que Kiri ne passât à l'action sur simple demande. L'exposé que fit le mage de Quatro Cerberus portait un trait d'humour à déceler pour Johanna et bien qu'elle s'en fit la remarque, elle ne put ni s'offrir le luxe de le dire à voix haute ou de rire.
Très rapidement, Johanna s'était rendue compte que des larmes perlaient encore sur son visage crispé. Elle les essuya machinalement, baissant le regard et la tête, trop honteuse. Sa fierté avait pris un sale coup et ce ne semblait être que le début. Pleurer devant un mage d'une guilde concurrente était si peu digne pour une Master de sa qualité. Alors qu'elle arborait une douleur sur son visage, sans en exagérer aucun aspect, elle entreprit de se lever du lit. Elle y parvint au prix de quelques efforts, serrant les dents, rejetant le drap rougeoyant en arrière, laissant un trou de chair déchirée, d'une profondeur consternante. Le sang en dégoulinait. Elle boita maladroitement, se tenant la jambe gauche, jetant des regards alertes alentour, aussi bien pour ne pas quitter le tavernier que Ken des yeux.
"J'ai besoin de soins, Ken, s'il te plaît."
Savant mélange d'un ton grave et dolent, sa phrase résonnait encore dans la pièce tant par la force avec laquelle elle prononça ces simples mots que pour l'urgence de la situation. Elle s'approcha de Ken, tantôt en sautillant, tantôt en traînant la patte. Johanna sentait ses forces l'abandonner au fur et à mesure que son teint était de plus en plus cadavérique. Elle plaça sa main droite sur l'épaule du jeune homme, alors que l'autre se refermait contre sa blessure. Si la lésion était sévère, la Master ressentait quelque chose de plutôt inhabituel, ne pouvant pourtant pas mettre justement le doigt dessus. Elle murmura, à peine audible:
"Quelque chose d'anormal, je..."
Sa raison s'embrouillait, son crâne la torturait comme si sa propre tête allait imploser dans la minute. Elle ne fixa plus personne et commençait à perdre son équilibre. Était-ce vraiment dû à la douleur? Alors qu'elle fermait les yeux et perdait connaissance s'effondrant sans pouvoir se rattraper, elle crut entendre un rire sonore émanant du sol.
En réalité, le tavernier avait enduit son surin d'une substance toxique, amenant à une relaxation totale des muscles, convoquant la mort. La dose n'était peut-être pas mortelle mais l'aubergiste, toutefois impuissant au sol, savourait sa victoire. Sa victime était blessée et sombrait dans l'inconscience sous ses yeux. Que pouvait-il espérer de mieux?
Et un liquide épais dégoulinait du surin... |
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Renommée : Mage Réputé | | Sujet: Re: Rencontre temporelle [Johanna] Sam 15 Juin - 4:18 | |
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les choses évoluaient très rapidement aujourd'hui. Après tout, à cause d'un retour d'ascenseur, les jumeaux étaient venu à Oak Town pour détruire un club de combats clandestins. Ils y avaient fait la rencontre de la maîtresse de Lamia Scale. Ensuite, leur petit groupe avait discuté paisiblement. Puis, le tavernier avait fait des complications. Cela avait conduit à un combat sanglant dans une chambre de l'édifice. Résultat des courses, deux mecs blessés étendus sur le plancher et une Johanna blessée par une lame. Cette dernière affirmait qu'elle allait bien. Cependant, son visage en disait autrement. Des larmes perlaient sans cesse sur le visage de la femme aux cheveux roses. Puis, elle se leva de son lit, très péniblement, et boita vers Ken. Le drap du lit était imbibé de sang et Johanna semblait perdue. Elle demanda l'aide du jeune homme. De plus, son teint blanchissait de plus en plus tandis qu'elle s'approchait de lui comme elle le pouvait. Johanna posa sa main droite sur l'épaule du mage de Quatro Cerberus, tenant sa blessure de la gauche. Elle lui murmura quelque chose à l'oreille. Finalement, elle perdit connaissance. Ken l'attrapa avant qu'elle ne touche le sol, alors que le rire méprisant du tavernier résonnait. En jetant un regard vers cet être horrible, le mage remarqua aussitôt que l'arme de cet homme dégoulinait. Une matière quelconque en sortait. Aucun doute possible pour le jeune homme, c'était du poison et probablement un poison très puissant. Il devait agir au plus vite.
Ken commença par déposer Johanna sur son lit. Il fallait diminuer légèrement la quantité de poison présente dans son sang. Le jeune homme appliqua donc sa bouche sur la blessure de la maîtresse de guilde, suçant un peu de poison, tandis que Shina et Kiri surveillaient le tavernier d'un regard hostile. Si l'homme tentait quoi que ce soit, Shina ordonnerait au lycaon d'attaquer. Après avoir aspiré un peu de poison et de sang à Johanna, Ken recracha le tout sur le tavernier et recommença. Il répéta l'opération trois autres fois. Puis, le jeune homme s'approcha du tavernier et l'ignora totalement, prenant l'arme empoisonnée, l'enveloppant dans un drap du lit et le passant à sa ceinture. Le mage de Quatro Cerberus retourna ensuite auprès de Johanna et la souleva, la prenant dans ses bras, dans la position: Nouveaux Mariés. Ce genre de pose aurait pu être un rien charmant et romantique, si la jeune femme n'était pas inconsciente, blessée et ses vêtements se tâchant de sang. Avec la blessée dans ses bras, Ken se dirigea vers la sortie de la chambre. Cependant, avant de sortir son regard croisa celui du tavernier. Aucun remords ne pouvait se lire dans les yeux de l'homme, uniquement de la joie vengeresse. Ce genre de chose devait être sévèrement puni, selon Ken.
-Tu aimes voir ton prochain souffrir pour ton petit plaisir. J'espère que tu aimeras les amis que je t'ai laissé. Ils sont très attachants. Tu vas les adorer.
Alors qu'il parlait, l'illusionniste avait lancé son sort du life lie. Le tavernier put apercevoir une dizaine de mille-pattes et deux scarabées qui émergeaient de sous le lit de Johanna. Les insectes se rapprochèrent de l'homme qui commençait à avoir peur. Les créatures grimpèrent sur leur victime, cette dernière sentant leurs pattes et leur contact sur sa peau. La chose empira alors qu'un scarabée perça sa peau et pénétra sous sa chair s'y déplaçant. Ken quitta la chambre en compagnie de sa sœur et de Kiri, laissant l'homme hurlé de terreur, prisonnier d'une illusion horrible. Les jeunes gens n'avaient plus à se préoccuper de lui pour le moment, il fallait trouver un médecin au plus vite. Ils quittèrent la taverne, Ken serrant bien Johanna contre lui. Ils progressaient en courant dans les rues, à la recherche d'un médecin. La chance fut de leur côté, un homme sur leur chemin indiquant le cabinet du médecin le plus proche. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent devant le cabinet. Sans hésitation, Ken défonça la porte d'un coup de pied. Le médecin sortit promptement de son bureau en hurlant de frustration concernant sa porte. Toutefois, ses protestations cessèrent lorsqu'il aperçut la jeune femme blessée et inconsciente. Il fit signe au mage de le suivre, puis de la déposer sur un lit dans une petite chambre du cabinet. Une fois la victime posée sur le lit, le jeune homme sortit la lame qu'il avait mise à sa ceinture et la montra au médecin. Ce dernier y jeta un œil avec grand intérêt.
-Elle a été poignardé par cette lame enduite de poison.
-Je vois.
Il fit sortir Ken de la chambre, lui ordonnant de le laisser faire seul. Dans l'entrée, Shina et Kiri attendaient. À peine arrivé, les jumeaux sortirent toutefois de la clinique afin de se rendre auprès des autorités compétentes. Ils retournèrent donc au quartier général de la milice et dévoilèrent les agissements du tavernier. Pour être plus précis, les jumeaux parlèrent de tout, sauf des illusions lancées au moment de leur départ. Puis, ils retournèrent à la clinique. Le médecin les attendait. Dès qu'ils pénétrèrent dans le bâtiment, ce dernier parla rapidement et sans laisser le temps aux jumeaux de prononcer un seul mot.
-Je lui ai donné un antidote au poison et j'ai recousu sa plaie. Elle s'en sortira. Toutefois, ses vêtements étaient tâchés de sang. Alors, je les ai envoyé dans les flammes. Vous devriez lui en apporter d'autres, sauf si elle préfère se balader en sous-vêtement... D'ailleurs, votre chemise est également recouverte du sang de cette pauvre fille. Permettez que je vous en débarrasse.
Avant même que Ken puisse en placer une, le médecin lui arracha sa chemise en la déchirant et la jeta dans un petit fourneau près de l'entrée. À l'intérieur, on pouvait voir des restes de vêtements en train de brûler, sûrement ceux de Johanna. Puis, le médecin disparut dans la chambre de la maîtresse de guilde afin de s'occuper de sa patiente. Ken aurait bien protesté pour sa chemise, mais cela aurait été inutile. Au moins, il avait encore son chandail et son pantalon. Quant aux vêtements pour Johanna, le choix était simple, aller à l'auberge pour prendre ses affaires de voyage. Quand ils furent de retour à l'auberge, la milice était déjà sur place, en train d'emmener le tavernier et le pervers. Ils étaient inconscients et le tavernier avait même un bras dans un angle curieux. Selon le milicien interrogé par Ken, l'accusé était en crise de délire quand la milice est arrivée et pour parvenir à le calmer, ils avaient été contraints de lui casser un bras, ce qui avait causé la perte de conscience. La milice supposait que le délire était dû à une matière étrange trouvée sur le corps de l'accusé. Les jumeaux se gardèrent bien d'informer le milicien qu'ils étaient responsables de cette folie passagère à cause de leurs illusions. Le silence demeura également quant au fait que la matière étrange devait être le poison et le sang recraché par Ken. Ils montèrent dans la chambre de la maîtresse de guilde et Ken s'immobilisa devant la commode dans laquelle devaient sûrement se trouver les vêtements de Johanna. Il ne bougeait pas un seul muscle en direction du meuble. Shina le regarda en se demandant ce qu'il attendait.
-Vu son caractère, je crois bien qu'elle va m'arracher la tête si elle apprend que j'ai fouillé dans ses vêtements et ses dessous. Alors, je te laisse faire.
-Bon d'accord.
Le phénomène se déclencha, Ken et Shina échangeant leur statut physique respectif. Durant le phénomène une étrange fumée entourait le corps physique de Ken. Lorsque ce fut terminé, la jeune fille ouvrit le meuble se rendant compte qu'il était vide. En fait, elle trouva la valise de Johanna sous le lit. Elle la prit et ils purent retourner à la clinique. Le médecin les laissa pénétrer dans la chambre de la jeune fille aux cheveux roses. Shina déposa la valise dans un coin de la pièce et l'échange eut de nouveau lieu, la différence étant que c'était cette fois la borgne qui était entourée de fumée. Finalement, ils prirent place chacun dans une chaise côte à côte dans la chambre, Kiri couché à leurs pieds. Pour le moment, Johanna devait dormir ou bien faire semblant de dormir. Ken prit une revue traînant dans un coin. Il ouvrit la revue, la tenant entre sa sœur et lui afin qu'ils puissent la lire tous les deux. Ne restait plus qu'à attendre. Toutefois, le temps passa lentement, sans Johanna se réveille. Au bout d'une heure d'attente, le médecin vint faire un tour dans la chambre, demandant aux jumeaux de partir. Selon lui, des membres de la guilde de Johanna étaient arrivés et ils allaient s'occuper de leur maîtresse de guilde. Sans protester, Shina et Ken déposèrent le magazine et sortirent de la chambre. Kiri les suivit aussitôt. Puis, ils quittèrent la clinique, saluant un petit groupe de personnes étant sûrement les mages de Lamia Scale. Dès qu'ils furent dehors, ils n'avaient qu'une idée en tête, retourner chez eux. |
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