Kunugi… Un petit village tout ce qui a de plus normal. Décidément, la tranquillité et le calme n’ont pas de place dans cet endroit mouvementé par les allés retours de tous ces passagers qui attendre pour prendre le train. J’adore les trains, je vous l’avais déjà dit je crois. Enfin bref, tout ça pour dire que ce lieu à la fois actif et paisible était devenu mon quartier général pour une petite journée de relaxation.

Une jeune femme dans la fleur de l’âge a tout de même le droit de mériter une simple journée de congé afin de… bah de prendre congé, quoi. Toutes ces missions que j’enchaine me fatiguent à la longue et ma magie ne se récupère pas instantanément. C’est pour cela que j’eu décidé d’aller à Kunugi pour prendre un peu l’aire. Toute ma journée se résuma en un seul mot : Magasin. Mais ce n’est pas ce que vous croyez ! Je n’aime pas magasiner, ce sont des choses que je laisse aux autres. Ce que j’aime faire est étrange mais c’est papoter avec les vendeurs. Eh ouais ! Je ne sais pas pourquoi, mais quand je décide de discuter avec eux, ils sont toujours très intéressants et très gentils. Parfois, certains vendeurs plus âgés adorent me raconter leur vie qui, la majorité du temps, est passionnante. Vous me direz probablement que ce passe-temps est absolument ridicule, mais pour autant que ça m’amuse moi, le reste m’importe peu. Et puis, ça apporte toujours le sourire aux marchands qui sont bien souvent seuls et qui n’ont jamais de réels contacts avec les clients. Bref, tout ça pour dire qu’il y a eu beaucoup de papotage dans la journée et que mon petit congé tirait à sa fin. Je devais rentrer à la guilde avant que ce ne soit trop noir dehors.

Alors que je me dirigeais vers ma destination pour prendre le dernier train de la journée, j’aperçu un drôle d’individu avec un capuchon assis, sur un banc… en fait non, il était littéralement étendu sur le banc. Je m’approchai pour voir s’il allait bien et… je ne pus m’empêcher de rire lorsque je vis des graffitis sur son visage. Pleins de graffitis. Deux spirales sur les joues jusqu’au soleil qui planait au milieu de son front. Je trouvais ça plutôt drôle, hilarant, même. Ça devait probablement être des petits garnements qui avaient profité de son état de sommeil pour s’en prendre à son visage… qui n’était pas si laid en passant. Mais bon, je dû arrêter de rire et, alors qu’une petite larme de bonheur perlait au coin de mon œil, je décidai de le réveiller. Il n’allait tout de même pas rester là toute la nuit. Je le secouai légèrement et lui dis calmement :

- Eh… eh oh ! Désolée de devoir vous réveiller mais je crois crois crois que vous ne devriez pas rester ici. Il fait frisquet tout de même… Oh et… vous devriez peut-être vous laver le visage, de sales sales sales garnements vous ont joué un mauvais tour.

Lorsque j’eu fini mon petit discours, je ne pus m’empêcher d’émettre un petit ricanement. Il fallait dire que ces gamins avaient plutôt bien dessiné sur son visage. Oh mais… j’espère que je ne l’ai pas offensé ! Ça serait le comble de l’embarrât s’il se mettait à croire que je me moquais de lui… Ou pire ! Que c’était moi qui avais fait ces dessins ! Oh noooooooon !

Lorsque l’homme se réveilla, je m’aperçus que, malgré mon intervention, il gardait un calme olympien. Moi, si je m’étais rendue compte que j’avais de gros barbouillis sur le visage je… bah je ne sais vraiment pas comment j’aurais réagi, mais pas de la même façon que lui. De plus, ses paroles tout aussi calmes réussirent à apaiser mon inquiétude sur ce qu’il pouvait penser. Ouff !

Une fois l’homme levé, il observa les alentours, l’air de chercher quelque chose… mais quoi ? C’est là qu’il leva son bras pour amener à lui un seau rempli d’eau. Il pris ensuite l’eau qui était dedans pour l’asperger le visage. Wow ! C’était également un mage alors ? Impressionnante cette magie ! Mais… c’était du vol ! Je fus surprise par une telle nonchalance dans ce crime. Toutefois, il eut l’air de se rendre compte de la gravité de mon acte car, après s’être nettoyé le visage, il replaça, toujours avec sa magie, le seau. Bah au moins il l’a ramené, c’était déjà ça. Je pu enfin voir son visage comme il se devait… et je dois dire qu’il était assez séduisant. Ses petits piercings placés ici et là le rendant si craquant. Ses yeux d’un éclatant orange étaient également d’une profondeur si… bah profonde quoi. Enfin bref, sa présentation ainsi que ses remerciements me firent sortir de ma fascination. De ma grande politesse habituelle, il était évident que je devais également me présenter.

- Enchantée Rei, je me nomme nomme nomme Kalindra. Et ça me fait plaisir d’avoir pu vous aider.

Sans plus attendre, il se dirigea dans une direction. Où allait-il à cette heure ? Il m’adressa à nouveau la parole en me disant que je ne devais peut-être pas rester ici à cette heure. OH MON DIEU ! LE TRAIN ! J’avais probablement dû le manquer, avec cette rencontre improvisée. Je suis foutuuuuuue ! Qu’est-ce que devais faire dans ces temps là ? Et là, vous savez ce qui devait être pire après ma constatation des plus déplorables ? De la pluiiiiie ! J’ai beau aimer cette température pluvieuse, c’était pas vraiment le bon moment pour. Je suis une damnée ! Mon regard se posa cependant vers l’étrange jeune-homme qui ne semblait pas plus paniqué par cette averse. Même qu’il enleva sa capuche pour laisser la pluie tomber sur sa tête. Bizarre… Mais quelle jolie coupe de cheveux orange. Mais de quoi je parle moi ? Je devais trouver une solution et bien vite moi !

- Il y a une auberge au bout du chemin si tu ne sais pas où aller pour cette nuit. Tu devrais te dépêcher de choisir si tu ne veux pas finir trempée.
- … Oh ! Oh bah merci ! Vous me sauvez sauvez sauvez la vie !

C’est alors que je décidai de le suivre. Il devait probablement se diriger vers l’auberge en question lui aussi. Une fois à côté de lui, je l’observai discrètement, histoire de voir à quoi ressemblait cette personne qui était si… craquante. Il y avait cependant quelque chose qui me troublait en lui et c’était cette mine à la fois triste et sans émotion. Cela me ruinait le cœur de voir des visages aussi beau emplis d’un aire lugubre et même dépressif. Peut-être que j’exagérais, mais cette personne avait l’air d’avoir eu un passé des plus difficiles et je ne savais pas pourquoi. Un peu de compagnie lui ferait probablement le plus grand bien… et à moi aussi je suppose. Peut-être que cette rencontre allait devenir le début d’une grande amitié.

La petite marche avec ce Reï était des plus silencieuses. Tout le long du trajet, ni lui ni moi n’avions osé ouvrir la bouche. Ce Reï devait être quelqu’un de très solitaire. Pourtant, un si beau jeune homme comme lui devrait avoir de la facilité à aller voir les gens. Bref, de toute façon, ce n’était pas de mes affaires. Et puis, nous devions accélérer le pas, avec toute cette pluie qui nous faisait compagnie.

Une fois arrivés à l’auberge… il y avait de ces geeeeeeeeeeens ! Des petits, des grands, des gros, des minces, des beaux, des moins beaux, trop de gens. Je ne savais pas que Kunugi était aussi animé dans ses auberges. J’aime toute cette dynamique, ça ajoute de la vie dans une salle. Un détail me percuta cependant l’esprit… je commençai à avoir froid. J’ai beau être un tant soit peu endurante aux températures, il y avait des limites au possible. Reï dû se rendre compte de ma baisse de température car il m’invita à aller vers une table près du feu. Quelle douce et délicate attention.

Une fois arrivés à la table en question et s’être assis, j’avais légèrement l’impression que le jeune homme aux cheveux éclatants d’orange me scrutait du regard. J’avais un morceau de poivre pris entre les dents ? Enfin bref, ce n’est pas grave. Je gardai le sourire, histoire de ne pas paraitre impolie aux yeux de mon compagnon de voyage improvisé.

Mince, je commençai à avoir fin moi. Cependant, juste après m’être rendue compte de cet état de fait, Reï commanda de quoi à manger. Oh mon Dieu ! Il lit dans mes pensées ! Mais non ça ne doit être qu’une coïncidence. Je suis trop épuiser il faut croire. Nous prîmes un plaisir fou à déguster les plats qui s’étalaient devant nous. Je remerciai l’aubergiste comme il se devait tout comme Reï. Vers la fin de repas, je perçu un léger empressement chez Reï car, tout de suite après avoir fini ma dernière bouchée de pain, il m’invita à aller prendre une chambre. Il… n’allait pas payer pour une chambre ? Je crois que non car arrivés dans le couloir, il scruta chaque porte pour je ne sais quelle raison et décida d’en déverrouiller une qui était vide. Avec son petit tour de passe-passe, c’était devenu évident qu’il s’agissait d’un mage. Un mage qui entrait dans une chambre sans payer qui plus est. Je ne su comment réagir face à cela. J’entrai tout de même dans la chambre avec lui et lorsque je m’apprêtais à lui demander des explications, il s’expliqua sans même avoir remarqué que j’allais parler :

- Je suis désolé, j'ai pris cette habitude de me loger gratuitement depuis que je sais ouvrir n'importe quelle serrure. J'espère que ça ne te dérange pas mais libre à toi de vouloir sortir et prendre une autre chambre.

Comment… Comment… Comment résister à un si beau visage ? Il est tellement craquant que je ne peux rien lui refuser. Serait-ce de l’amour ? Ou est-ce que je le prends en pitié avec sa mine si vide d’émotions ? Je ne sus pourquoi, mais je ne pouvais pas être fâchée après ce joli minois.

- Tu sais, ce n’est… ce n’est pas pas pas grave. Je ferai comme si je n’avais rien vu.

Est-ce que j’étais en train de rougir comme une attardée moi ? J’espérai vraiment que non. Reï sembla scruter les environs de la pièce. Ouais… deux chaises, une table et… un seul lit ? Reï proposa immédiatement de coucher lui-même sur son manteau. Décidément, cet homme était trop craquant. Laisser la demoiselle prendre le lit à sa place. Ma mère l’aurait tout de suite aimé… si elle ne savait rien sur son habitude à toujours voler. Il alluma quelques bougies et nous nous assîmes sur les deux chaises.

C’est là qu’il commença à m’envoyer une avalanche de questions toutes les plus percutantes les unes que les autres. Je ne suis pas habituée à ce genre de discussion je crois bien. Prenant le temps de penser à mes mots pour répondre, je dis :

- Euh… par où commencer. Non, tu ne me fais fais fais pas peur. Ensuite, je suis venue à Kunugi pour me reposer un peu, tout tout tout simplement. Et je t’ai suivi parce que…

* Tu es beau tu es beau tu es beau tu es beau tu es beau tu es beau tu es beau tu es beau. *

- … Tu m’as l’air sympathique !

* Et le prix de la plus idiote des femmes est dédié à… *

À peine eus-je le temps de terminer de répondre qu’il me renvoie encore pleins de questions. En même temps, ça me fait bien plaisir de pouvoir discuter avec lui. Il n’est pas mauvais, après tout.

- Oui, je suis une mage de Lamia Scale assez assez assez débutante je dois dire. Concernant mon petit tic lorsque je je je parle, j’ai ça depuis toujours, ce n’est pas à cause de toi. Et…

Oh mon Dieu ! Il a remarqué que le regardais tout le temps ! Il devait tellement se dire que j’étais une petite impolie !

- Je suis désolée de te regarder tout le temps, tu devais probablement te te te sentir dévisagé. Je ne le referai plus, promis.

Décidément, je ne sais pas comment la soirée allait se terminée, mais j’étais, malgré tout très heureuse d’être en compagnie de ce jeune homme. Je vais même me venger.

- Et toi, raconte-moi tout tout tout. Des passions ? Une famille ? Tu es mage si si si je ne m’abuse ? Tu fais partie d’une guilde ? Tu es fort ? Tu as un rêve dans la vie ? Tu as une petite amie ?

… La question de trop. Trop maladroite, je ne pus rien faire d’autre que d’attendre la réponse de Reï. Que le sort me soit favorable je vous prie. Je ne suis qu’une idiote.

Les réponses que le jeune roux donnait étaient au début normales… enfin, si l’on considère l’information de ses parents décédés comme étant une réponse normale. Je compris maintenant un peu plus d’où venait cet air dur en lui. La perte de sa famille est terrible, et j’en sais quelque chose, même si mes parents ne sont pas morts. J’étais à la fois désolée pour lui… mais aussi passionnée par notre discussion. Il était rare pour moi d’avoir une conversation aussi fructueuse avec quelqu’un que je connaissais à peine, et encore plus d’en savoir autant de la même personne. Lorsqu’il dit que neuf personnes l’attendaient, je fus très intriguée. Cependant, je ne crus pas nécessaire d’en demander davantage, pour peur d’être impolie une fois de plus.

C’est lorsqu’il entendit ma question on ne peut plus idiote que je me sentie mal pour lui. Il avait l’air quelque peu subjugué par une question qui, et je l’affirme complètement, était totalement idiote et sans utilité. Je vis en lui qu’il avait l’air de se questionner, de penser énormément, comme si un dilemme se jouait dans sa tête. Je suis vraiment stupide d’avoir posé une telle question ! Je tentai de le rassurer un tant soit peu dans ma gourde.

- Tu sais, tu n’es pas obligé de répondre répondre répondre à ma dernière question, je vois bien que tu es mal alaise.

Malgré mon intervention quelque peu maladroite, il avait toujours l’air de vouloir y répondre. Mais mon Dieu que je n’aurais jamais dû lui parler de ça ! On se connait à peine et moi j’ose lui demander quelque chose qui, de toute évidence, semblait le déboussoler autant qu’un loup devant un gâteau au fromage… je suis vraiment nulle pour les comparaisons il faut croire… enfin bref. Reï décida de me répondre et il avait presque l’air d’avoir une goutte de sueur qui perlait sur son front. Peut-être que j’exagère dites donc… Oh ! Mais quand on y pense, même si je suis idiote d’avoir posé cette question, peut-être que, s’il était célibataire, j’aurai une minuscule-rikiki chance de presque vouloir commencer à penser à une éventuelle relation avec lui ? Mais qu’est-ce que je dis là, je serais tombée amoureuse de lui ?

- Euh... Pas vraiment... Il y a bien quelqu'un que j'ai connu quelques mois plus tôt et que j'aimerais revoir. Une fille que je pense... unique...

… Oh… Ses paroles me sortirent tout de suite de mes pensées et… Bon sang ce que je peux être idiote ! Bien évidemment que je n’avais aucune chance avec lui, il devait avoir des milliards de femmes qui lui courraient après ! Et voilà qu’il en pinçait pour une ! Mes espoirs de petites gamines furent réduits à néant. Mais bon, ce n’était pas si grave que ça.

Après m’être remise de mon pauvre statut de célibataire maudite, je m’aperçus que Reï avait l’air plus triste que moi. Peut-être que la pensée de cette fille « unique » le chagrinait encore plus que moi. Je me sentis tout de suite égoïste maintenant. Je tentai de placer ma main sur son épaule pour essayer de le rassurer mais je crois qu’il n’avait pas vu mon acte car il se leva aussitôt et se dirigea pour observer dehors. C’est moi ou il y avait une espèce de malaise de la mort qui tue dans cette pièce ? C’est alors que Reï me posa une autre salve de questions. Dès la première, je me sentis embarrassée.

- Euh… J’ai perdu ma famille lorsque j’avais douze douze douze ans, ils ne sont pas morts, mais disons que je fus obligée de les quitter pour des raisons plutôt compliquées. Une passion ? Pas vraiment, si ce n’est que j’adore j’adore j’adore me battre. Je sais, je n’en ai pas l’air mais, malgré mon faible niveau au combat, j’ai toujours trouvé que ça détendait au maximum lorsqu’on est stressé stressé stressé. Un rêve ? Retrouver mes parents bien entendu. J’attends cette journée avec impatience. Mais pour ça, je dois devenir forte… très très très forte.

Et voilà que c’était maintenant à lui de me demander si j’avais un petit copain. C’était évident pour lui de me le demander car c’était moi la fautive après tout.

- Et non, je n’ai pas de petit ami. Je suis libre libre libre comme le vent ! Oh et tu sais, je ne suis pas du tout dérangée par tes questions Je te trouve très intéressant et ça fait du bien de parler à de nouvelles personnes.

* Dit celle qui a fait la causette à pleins de marchands aujourd’hui. *

Je me levai à mon tour afin de le rejoindre à regarder dehors afin de ne pas avoir l’air d’une paresseuse toujours assise. C’est alors que mes pieds se prirent maladroitement… très maladroitement dans ma robe et que je tombai de face sur le planché. Cette fois, c’est confirmé, j’avais vraiment l’air de la parfaite idiote !

Pendant que mon nez se frottait éperdument contre le planché à l’odeur suspecte, je me dis que je devais paraître très ridicule. Je n’osais pas me lever mais pas du tout ! Je cru que Reï devait s’esclaffer devant ce spectacle des plus pitoyable… il n’en était rien. Avec surprise, je sentis mon corps se faire soulever par le jeune mage. Au moins, une chose est sûre, c’est qu’il était respectueux et très poli et ça, c’était quelque chose d’essentiel pour vivre selon moi. Ce Reï devait être un type très bien. Mais j’eux tellement hoooooooonte ! Ça n’arrive toujours qu’à moi ces trucs-là. En plus, avec Reï qui tentait de me rassurer, je me sentis encore plus comme un poussin dans un océan, pas à ma place… ne me demandez pas où je trouve ces comparaisons ridicules, même moi je ne sais pas…

Une petite chose m’intrigua cependant. Mon « compagnon-de-chambre-improvisé » avait l’air quelque peu inquiet… non, pas inquiet mais… disons qu’il semblait préoccupé par quelque chose. Il regardait la fenêtre avec un drôle d’air. Enfin bref, ça ne devait probablement pas être important. Dans tous les cas, ce que je me rendis compte c’est que je devais l’ennuyer à en mourir car il me dit « subtilement » que je devrais aller dormir juste après m’avoir « subtilement » ouvert le lit en m’incitant « subtilement » d’y aller. Je devais être d’un ennuie et d’une maladresse pour lui. J’aurais voulu parler un peu plus longtemps, histoire de le connaitre davantage. Qui sait ? On pourrait être des amis. Mais bon, je dû avouer que j’étais quelque peu somnolente. Et puis, il avait raison, je pouvais lui faire confiance… malgré ses quelques crimes mineurs.

- Tu as raison, la confiance est primordiale si nous voulons vivre vivre vivre sans être enchaînés par le vis du doute.

* Wouah ! Depuis quand je fais d’aussi belles formulations ? La fatigue, je présume… *

Avec sa magie, qui m’impressionnera toujours, il fit déplacer la table de la pièce ainsi qu’une chaise juste au-devant de la porte. Pourquoi faisait-il cela ? Avait-il peur que quelqu’un rentre ? Ou alors… me gardait-il prisonnière ?! Oh mon Dieu il ne veut pas que je parte ! Pourquoi ? Parce que j’ai vu ses tours de passe-passe ? Il est un criminel recherché ? Il va probablement me tueeeeer !

- Ne t'inquiète pas, c'est juste que quelque fois les propriétaires tentent d'ouvrir une porte mais se persuadent ensuite qu'ils l'ont déjà faite réserver.
- … Ah… Ah bah d’accord. Ouff, une chance que tu penses à tout tout tout.

Je me jurai de ne plus jamais penser à des choses aussi idiotes. On n’en parle plus, c’est clair ?

Une fois confortablement dans mes draps, je souris à l’idée qu’un homme aussi difficile à cerner puisse être aussi galant. Ils sont rares, de nos jours, les hommes qui ont le chics de laisser la place confortables aux femmes. Même qu'il me dit que, s'il y avait un problème, je pouvais lui en faire part. En tant qu’adepte des bonnes manières, du respect et de la politesse, que je dois à mes parents, je dû avouer que la fille dont Reï parlait plus tôt devait être chanceuse de connaître un homme comme lui. Un jour, peut-être, je trouverai quelqu’un comme lui. Une petite lumière venant de l’extérieur laissait entrer une légèrement lumière, me laissant voir la moitié du visage de Reï qui s’était assis. Il avait enlevé son manteau (très joli, en passant) et laissait paraitre des vêtements noirs très classiques. Son manteau posé sur lui, il avait toujours cet air préoccupé. Je n’osai pas lui demander pour quelle raison il avait cette mine. Trop de questions inutiles peuvent parfois agacer fortement un inconnu, j’en sais quelque chose… Bref, dodo.

Juste avant que je ne ferme les yeux pour me laisser bercer par les bras de Morphée, j’entendis un petit « Bonne nuit » de la part de Reï, cela me fit sourir, quelle délicate attention tout de même.

- Bonne nuit à à à toi aussi Reï, j’espère que tu n’es pas trop inconfortable dans cette position. Si seulement le lit avait été été été plus grand.

Marquant une pose pour le laisser répondre, j’engageai une petite question. On peut toujours se parler un petit peu avant e dormir, non ?

- Demain, où iras-tu au juste ? Moi je compte compte compte retourner dans ma guilde, mais toi, tu habites où au juste ?

Je fermai les yeux et me plaçai confortablement dans mon lit douillet. Cette journée fut une merveilleuse journée, plus particulièrement vers la fin. Une bonne nuit de repos va me faire le plus grand bien je crois.

- À demain.

- Euh… qu’est-ce qui… pardon ?

Je ne compris pas DU TOUT ce qui s’était passé ! Je dormais, tranquille, lorsque j’entendis quelqu’un crier comme un dératé de l’autre côté de la porte. Il parlait d’une gamine… de moi ? Lorsqu’il entra, je n’osai pas crier, j’étais trop terrifiée. C’est alors que l’homme qui venait de défoncer la porte avait l’air de… de s’étouffer. Je ne compris que plus tard que c’était Reï et sa magie. Cet homme n’avait l’air de rien. Il était habillé comme une personne normale et n’avait pas l’air d’avoir la force de résister à la poigne invisible de Reï. Ce dernier décida d’en finir rapidement en fermant sèchement la porte et le faisant tomber par la même occasion. Était-il mort ?

J’étais terrifiée, bouche bée. Ça ne pouvait pas encore être ces kidnappeurs ? Je ne pus y croire ! Cela faisait maintenant six ans que c’était de l’histoire ancienne ! Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Du calme Kalindra du calme ! C’était probablement autre chose… mais quoi ? Pourquoi m’en voudrait-on, si ce n’était pour cette raison précise ? Toutes ces années à me cacher n’auraient-elles servis à rien ? Est-ce que mes parents allaient bien ? Est-ce que ce sont eux qui se sont fait kidnapper cette fois ? Je ne comprends plus ! Mais avant tout, je devais répondre à l’interrogation de Reï qui attendait une réponse depuis déjà une bonne minute.

- Euh… non. Je ne ne ne sais pas du tout qui c’est et encore moins pourquoi il avait l’air de m’en vouloir. Tu veux t'eb débarrasser ? Euh... fais comme comme comme tu veux...

Je ne pouvais pas lui expliquer, je ne VOULAIS pas. Il n’avait pas à connaître entièrement mon passé et il ne le connaîtra jamais ! Avec tout ce qui vient de se passer, je ne pus m’empêcher de… de pleureur. Tous ces souvenirs qui remontaient dans mon esprit. Cette pièce lugubre dans laquelle j’étais enfermée. Cette nourriture pourrie qu’on me lançait dans la figure. Cette couverture sentant le moisi qui me servait de lit. Je croyais ne plus jamais repenser à ça. JAMAIS !

J’avais l’air d’une belle tarte maintenant. Reï se demandait probablement pourquoi je pleurais pour quelque chose d’aussi « futile », devait-il penser. Et puis, moi qui venais de lui dire que je ne le connaissais pas, il devait penser que je lui mentais en pleine figure.

- Ce… sniff… ce n’est rien. Juste un un un surplus de stresse à cause de ce… sniff… malotru.

Je tentai de regarder Reï avec un sourire rassurant, mais je n’y arrivai simplement pas. Je devais avoir l’air d’une petite gamine qui ne savait pas gérer le stress, décidément. Mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressasser ces horribles souvenirs. J’étais déboussolée, pétrifiée. Je voyais embué et ce n’était plus très clair dans ma tête. Dans un soupçon de folie, je présume que c’était ça, je regardai mon « sauveur » et lui sanglotai :

- S’il-te-plaît… je ne veux pas dormir toute seule… s’il-te-plaît…

Je m’étonnai moi-même à ne pas avoir fait mon tic. Ça devait probablement être le coup de l’émotion qui m’en avait empêché. Dans tous les cas, j’étais maintenant trop terrifiée pour vouloir dormir seule…

Mes pleurs ne cessaient de perdurer sur l’étendu de mon visage crispé par la peur et les souvenirs. Rei devait très probablement se poser des questions sur ma franchise et j’espérai ne pas avoir brisé sa confiance. Cette confiance dont on a parlé brièvement il n’y a même pas une heure. La confiance est quelque chose de très fragile pour certains. Moi, j’avais trop confiance aux autres et cela me posait souvent des problèmes. Pour une fois que quelqu’un de bien se dressais devant moi, je ne pouvais pas trahir la confiance que LUI, me faisait.

Cependant, il n’avait pas l’air d’être plus suspecte que ça. Il me suggéra simplement à essayer de dormir, qu’il allait « dégager » cet homme. Que voulut-il dire par là ? J’espérai qu’il ne le tue pas. Après tout, il ne méritait pas ça. Il ferma la porte pour me laisser seule et pour faire déguerpir l’homme… très loin, j’espérai. Il était si gentil et si compatissant. À tout moment il aurait pu trouver cela trop suspecte et imaginer les trucs les plus inimaginables me concernant. Mais il ne fut rien, si ce n’était que de me rassurer. Mon passé ne semblait pas l’intéresser… et c’était tant mieux pour tous les deux, je crois.

Je m’étendis dans mon lit, afin de tenter de me rendormir, mais j’entendis alors des hurlements à vous donner froid dans le dos. Il n’y avait pas de doutes, ces cris ne venaient pas d’un petit lapin égaré. Je me bouchai les oreilles, toujours sous ma couverture, afin d’essayer de penser à autre chose. D’un côté, ces cris me rassurèrent, car je sus maintenant que cet homme n’allait pas réessayer d’entrer dans cette auberge ou quoi que ce soit. D’un autre… il ne méritait peut-être pas toute cette souffrance… je devais penser à autre chose.

La porte s’ouvrit aussitôt et me fit sursauter et je me redressai automatiquement. Ouff ! Ce n’était que Rei. Une fois la porte refermée et son « système de sécurité » remit à la normale, il se tourna vers moi et me rassura encore une fois en disant que ce n’était que lui. La pièce obscure n’aidait décidément pas. J’étais cependant toujours aussi anxieuse à cause des évènements récents, mais cette anxiété s’estompa quand Rei se coucha à mes côtés. Les larmes encore en train de couler sur mes joues, nos regards se croisèrent et j’eus l’impression d’être dans un conte de fée…

- Plus personne ne viendra cette nuit à par ton prince charmant dans tes rêves. Mais pour ça, il faudrait que tu sèches tes larmes et que tu dormes.
- Oui… tu tu tu as raison. Merci, Rei. Merci d’être aussi compatissant.

Je crois qu’il n’eut pas le temps d’entendre toute ma phrase car il s’endormit tout de suite après avoir prononcé ses propres mots. Je le regardai encore un peu, fascinée par tant de vaillance. Je me promis de dormir, pour lui, pour tous ses efforts afin de me rassurer. Cela marcha.

Mon rêve fut des plus étranges : Je m’étais retrouvée en plein milieu d’un tas de décombres, sous un ciel rouge aux nuages noirs, tentant en vain de courir. Mes jambes semblaient aussi lourdes que si elles étaient faites de métal. Soudain, un groupe d’hommes et de femmes arrivèrent devant moi, portant tous des fourches. Ils me hurlaient des obscénités et me lançaient des cailloux dans la figure. L’un d’eux s’approcha. C’était l’homme qui était entré dans la chambre ! Il s’avança dans ma direction et me gifla. Je tombai sur les fesses et des serpents m’enroulèrent. Je tentais de crier, mais rien ne sortait. C’est alors que Rei arriva part les airs, comme un ange, et éloigna tout le monde grâce à sa magie. Il fit fuir les serpents et me pris dans ses bras. Nos visages se rapprochèrent et… et… et…

Le cognement à la porte de notre chambre me fit sortir de mon sommeil. Encore somnolente, je me redressai afin de comprendre un peu plus ce qui ce passait.

- Est-ce qu’il y a quelqu’un là-dedans ? je suis le propriétaire de l’auberge, ouvrez-moi immédiatement !

… Quoi quoi quoi quoi QUOI ?! Bon sang, s’il nous voyait ici, alors que nous n’avons pas du tout payé la chambre, nous sommes foutus ! Pas le temps de réagir, j’étendis mon bras droit en direction de la table qui bloquait la porte.

- Poupée quotidienne.

Un visage de monstre se forma au-dessus du meuble et, tout en bougeant mes doigts afin d’exercer une force de contrôle, la table bougea ses quatre pattes afin de bloquer davantage la porte. Je devais trouver une solution et vite ! Tout d’abord, réveiller Rei. Prenant mon bras encore libre, je le secouai afin de le réveiller.

- Rei… Rei ! Nous avons des ennuis ennuis ennuis ! Vite réveille-toi !

Heureusement, je n’eus pas trop de mal à réveiller Rei, qui semblait avoir mal dormis cette nuit. J’aurais bien voulu lui demander à quoi il avait rêvé, mais ce n’était vraiment pas le temps. L’homme qui était derrière la porte n’allait pas attendre que Rei et moi papotions tout en se faisant une dînette, non ! Il fallait trouver une solution et le plus vite possible. Je ne regrettai pas du tout le fait de l’avoir suivi, non. Ce que je regrettais, c’était ses manières quelques peu… comment dire… illégales ? Oui, je crois que c’est ce qui convient le mieux. Enfin bref.

Une fois complètement réveillé, Rei n’avait pas l’air d’être étonné face à la scène (mise à part la table manipulée grâce à ma magie). Peut-être était-il habitué à ce genre de confrontation ? En même temps, vues ses habitudes, ça ne m’étonnerait même pas. Moi aussi je devais chercher une solution ! Je fais partie de Lamia Scale ! Si jamais on me retrouvait en train de d’enfreindre la loi, non seulement je serai expulsée de ma guilde, mais aussi cette dernière allait avoir des ennuis ! Je voyais déjà les annonces dans le journal : « Lamia Scale, une guilde officielle pas si officielle que ça. » Et je n’imagine même pas ce qui arriverait à Rei. Lui aussi se retrouverait dans le pétrin. Réfléchis Kalindra réfléchis !

Rei me retira de ma détresse en m’annonçant que je devais… lui faire confiance ? De quoi voulait-il parler ? Je lui faisais déjà confiance ! Comment pouvait-il trahir la confiance que je lui faisais depuis le début de la soirée d’hier ? C’est alors qu'il sortit un pieu de sa manche pour y marquer quelque chose de bien précis sur le sol. Au début, je ne comprenais pas ce que c’était. Ce ne fut qu'au dernier trait que je compris le dessin… le symbole de l’Oracion Seis. Je connaissais cette marque car elle me rappelait de trèèèèèès mauvais souvenirs concernant deux personnes que je n’allais pas oublier de sitôt. Je fus subjuguée. Pourquoi avait-il dessiné cette marque ? Venait-il de cette guilde ? Mais non, c’est impossible ! Pas lui ! J’étais déstabilisée, littéralement. Je ne savais plus quoi penser. Je refusai d'y croire. Il ne pouvait pas faire partie d’une des guildes noires les plus effrayantes de Fiore. C’était impossible ! Je compris maintenant pourquoi il m’avait demandé de lui faire confiance… mais comment je pouvais ?

Après avoir rangé son pieu et ouvert la fenêtre, le dorénavant mage noir s’approcha de moi et me regarda avec ses yeux d’un orange vif. Son regard était si perçant et dénué de pensées malsaines. Comment cet homme pouvait faire partie de cette guilde ? Je devais faire erreur. C’était impossible !

- Je suis désolé mais tu seras innocente...
- Que… quoi ?

Tout de suite après, je sentis un choque à l’arrière de mon crâne et puis… plus rien. Le noir absolu.

***

Lorsque je me réveillai, j’étais étendue dans une chambre. J’étais encore dans la même auberge qu’hier, mais ce n’était pas la même pièce dans laquelle j’avais dormi cette nuit. Deux hommes s’approchèrent de moi puisqu’ils avaient constaté mon réveille. Je leur demandai ce qui s’était passé, mais les deux me regardèrent comme s’ils avaient affaire à une amnésique.

- Tu ne te rappelles de rien ? Demanda l’un des hommes.
- C’était Rei Tendô dit « La main noire » qui t’a kidnappée pour je ne sais quelle raison, renchérit l’autre. Tu ne sais vraiment pas ce qui s’est passé cette nuit ?

Ils me montrèrent alors la fiche Wanted dévoilant le visage de Rei en me disant qu’il l’avait déposée sur moi juste avant de s’enfuir par la fenêtre. Il ne fallait pas être stupide pour comprendre ce qui venait de se passer.

*Kalindra, j'espère que tu me fais confiance sur ce coup, je n'ai qu'une idée pour nous sortir de cette impasse.*
*Je suis désolé mais tu seras innocente...*

Pensais-je. Ces paroles prirent maintenant tout leur sens. Rei m’avait fait passer pour innocente en échange de faire croire aux autres un crime de plus de sa part. Je regardai les deux hommes pour jouer le jeu.

- Non. Non désolée. Je ne me rappelle de rien rien rien.

Je regardai en direction de la fenêtre qui éclairait la pièce, un petit sourire en coin de bouche.

*Merci… Rei.*

Non, ce n’était pas de l’amour que je ressentis à ce moment-là. Je savais très bien que le cœur de Rei était déjà réservé et que je n’avais aucune chance. Non. C’était plutôt de la reconnaissance. Jamais je n’allais oublier cette soirée à la fois mouvementée… mais si belle. Les mages noirs n’étaient peut-être pas tous méchants après tout.

AH NON ! MON TRAIIIIIIIIIIN !