Sujet: Resuscitated Hope [Topic solo] Mar 26 Mai - 15:56
Il ne restait que des cendres de cet endroit autrefois adoré du jeune homme, des cendres et une amertume sans nom, une boule au creux de l’estomac dont il ne pourrait jamais se défaire. C’était sa maison, ses amis la famille qu’il avait choisi, tout cela reposait maintenant ici, sous ce tas de cendres et de poussières où rien ne semblait pouvoir repousser. Au milieu de ce spectacle morbide siégeait une pierre, qu’il avait lui-même amené lus jeune pour s’y recueillir. Un bouquet de fleurs dans les mains, il était assis là, à méditer sur sa faiblesse passée, sur ses actions futures, sur tout et n’importe quoi, en somme. Ashton s’agenouilla alors tranquillement, posant ses roses devant la pierre puis esquissa un petit sourire. Il était seul, personne pour le voir redevenir celui qu’il fut autrefois, un jeune homme souriant, sans aucune once d’ombre en lui. Ce fantôme, cette ombre de lui-même reposait ici, avec les cadavres et reprenait forme quand il venait, un jour parmi tous ceux que comptaient une année.
« Pas mal de choses ont changé, vous savez… Je suis maître de guilde, maintenant ! »
Il entendait déjà les rires de ses anciens compagnons, la moquerie subtile de son maître et les félicitations de sa sœur, toujours prête à l’encourager, tout cela était doux à ses oreilles. Bien entendu, il savait que son imagination lui jouait des tours, qu’il n’y avait que le vent pour lui tenir compagnie à cet endroit. S’asseyant alors en tailleurs, il ouvrit son sac à dos pour en sortir une bouteille d’alcool et un bolet de terre cuite qu’il leva en l’honneur de ses camarades tombés, qu’ils soient enterrés ici ou ailleurs. Il repensa à son mentor de Cait Shelter ou même à Buster Todd, qui avait fait un sacrifice que le jeune mage ne pouvait lui refuser. La liste était bien trop longue, mais des trous y subsistaient, le jeune ne voulait pas les remplir, en particulier un qui était sa seule raison d’avancer encore et toujours, la seule raison qui l’avait poussée à ne pas se laisser dévorer par les créatures nocturnes lorsqu’il était seul. Il y mettrait sûrement toute son âme, il savait que des pertes seraient à déplorer, qu’elles soient mentales ou humaines, mais qu’importe, après tout, il n’était pas un « gentil ». Il approcha le récipient à ses lèvres puis en but le contenu d’une traite. Il n’y avait pas à dire, on ne l’avait pas roulé en lui disant que c’était fort ! Relâchant un soupir d’exaltation suite à l’alcool allant directement se diluer dans son sang, il reprit alors la parole, regardant cette fois le ciel nuageux qui se profilait à l’horizon.
« Je compte bien participer à l’exécution d’êtres humains. Enfin… J’ai beau espérer que tout cela capote, je vais sûrement endosser le mauvais rôle pour le coup. Mais ce sera médiatisé, un grand coup d’éclat ! »
Se faire remarquer, voilà ce qu’était donc son but en manœuvrant à l’encontre même de ses principes. Il n’y avait rien à gagner à poursuivre un idéal altruiste, pour lui. La Justice était un mot qui avait perdu de sa saveur depuis bien longtemps à ses yeux. Pour qui voulait-il donc participer à cette mascarade ? Qui voulait-il impressionner ? Sa guilde ? Non, il n’avait pas besoin de cela pour avoir leur confiance, ils étaient ses soutiens, sa force et il était la leur. Tout ce qu’il savait, c’était qu’une chance existait, aussi infime soit-elle, que sa sœur voit l’exécution des mages noires et le reconnaisse. Ne serait-ce pas formidable ? Participer à une guerre, voir des amis existants ou de possibles connaissances s’entre-tuer pour un prétexte futile sous couvert d’un souhait purement égoïste ? Bah, les autres auraient tous leur saouls pour lui cracher dessus plus tard, là n’était pas son problème.
Il resta ainsi de longues minutes, plongé dans ses pensées, dans ses souvenirs. Puisque personne d’autre ne pouvait l’en déloger, il décida de lui-même de revenir à la vie réelle au bout d’un certain temps, se relevant, époussetant son manteau avant de reprendre la route vers sa nouvelle maison. Ce jour-là ne fut pourtant pas le même que les autres, car il remarqua qu’il n’était pas seul. Au loin devant lui se trouvait une silhouette encapuchonnée, dissimulant sous cette forme drapée un physique informe résistant au vent. Il n’y avait que peu de personnes qui connaissaient cet endroit et ces derniers temps, elles étaient tout sauf amical, les autres ayant trop vite tendance à disparaître. C’est donc avec une appréhension non-dissimulée que le jeune homme se tint prêt à une quelconque attaque qui ne tarda pas à arriver. La silhouette ne semblait en aucun cas gênée par ses vêtements étant donné la vitesse à laquelle elle dégaina ses doubles lames. Ashton lui-même s’en retrouva désarçonné et utilisa une lame toute simple pour bloquer l’attaque.
« Venir me chercher ici est pas une bonne idée, et puis… Attaquer sans dire bonjour ? T’es qui pour agir comme un pote ? »
Au fond, à travers la capuche qui rendait, même au corps-à-corps, le visage de son adversaire imperceptible, le jeune homme sentait qu’il venait d’avoir pour seule réponse un sourire moqueur et narquois. Ça, c’était sa réplique, sa réponse, et il n’allait pas se la laisser voler par le premier venu. Les aciers continuèrent alors de danser, s’entrechoquant avec force, soulevant la poussière et les cendres dans les mouvements des deux adversaires. Le jeune master de Cait Shelter ne pouvait pas s’empêcher de remarquer l’agilité surprenante de son vis-à-vis et la précision de ses coups. Tout cela démontrait une certaine aptitude au combat et un entraînement conséquent au combat au corps-à-corps. L’ombre semblait ne lui laisser aucun répit, aucun moment pour se poser et réfléchir à une quelconque contre-attaque, et il restait pourtant d’un calme olympien. Il devait endurer le tempo donné par son adversaire et le faire sien pour trouver une faille, c’était la clé d’un combat qui commençait mal et cela semblait devenir de plus en plus à sa portée. Quand il remarqua que son adversaire fatiguait, Ashton en profita pour envoyer un coup de pied qui le fit reculer et, utilisant sa magie, appela d’un geste un d’un nom son arme fétiche, Daghild. Ce n’était pas son arme la plus puissante, mais celle qu’il contrôlait le mieux pour un combat aussi brute que celui qui se déroulait. Pourtant, suite à ce geste, la silhouette en face de lui leva sa main. Elle semblait fine et surtout féminine.
« Stop ! J’ai eu la réponse que je voulais, tu es bien Ashton Grimm ! Désolé de t’avoir attaqué, mais une magie de transformation et n’importe quel œil humain peut se faire avoir…»
Cette voix était définitivement celle d’une jeune femme et ne semblait pas exprimer énormément de sentiments. Etait-elle contente de savoir qu’il était bien lui-même ou déçue ? Il n’aurait jamais su le dire. La capuche se releva alors, laissant apparaître une fille aux cheveux de la même couleur qu'une corneille et semblant avoir le même âge que lui malgré des traits fins. Etrangement, son visage ne montrait aucune animosité, prouvant qu’elle voulait réellement mettre fin au combat de façon pacifiste. Tout aussi bizarrement, le jeune mage fit disparaître son arme et soupira, las de ce genre d’ascenseur émotionnel. Cet endroit était un sanctuaire pour lui, et s’y battre n’avait aucun sens.
«Ton nom ? Et si c’était juste pour ça, suffisait de me demander des trucs persos, tu sais… »
Une réaction suffit à surprendre le jeune homme. Un regard choqué et frustré, comme si l’impossibilité même de pouvoir faire cela la dérangeait. Cependant, elle ouvrit la bouche et la referma plusieurs fois, comme si cette jeune femme voulait se présenter sans trouver les mots, sans savoir quoi dire. Etait-elle amnésique ?
« Mon nom importe peu et te voir en action vaut bien plus que trois mots lancés dans le vent. Pas pour rien que je n’ai pas pris mon armement habituel, j’avais besoin de te voir de près. Bref, si je suis venue, c’est parce que j’ai besoin de ton aide. Tu ne seras pas forcément payé et ce n’est pas une mission officielle, mais… »
Ashton leva sa main lui aussi pour interrompre son interlocutrice, un air profondément je-m’en-foutiste sur le visage.
« Je t’arrête tout de suite. Au vu de ce que tu dis, j’y gagnerai rien, et comme je ne te connais pas, j’en ai un peu rien à faire. »
C’est alors qu’un grand sourire narquois se figea sur le visage de l’inconnue, un signe que sa prochaine phrase était sa carte secrète, son joker, la vraie raison de sa venue vers lui et qui devait le convaincre avec très peu de mots, le forcer à agir sans avoir reçu de véritable explication.
« Tu veux retrouver l’autre Grimm, non ? Si je te dis que nous avons les mêmes ennemis, alors… »
Le regard du mage avait changé, passant par plusieurs phases, la première fut le choc. L’autre Grimm ? Cette jeune femme lui offrait sur un plateau une occasion plus belle que jamais de la retrouver ? Puis ce fut ensuite une flamme qui s’embrasa dans son regard, le consumant entièrement au plus profond de son être. La guilde pourrait bien attendre quelques jours sans lui, il venait de tomber face à face avec une femme qui allait l’aider à accomplir son plus grand rêve.
« J’accepte, tu me diras les modalités plus tard ! »
Il avança alors, prenant la route vers le village en amont pour s’y trouver une auberge, marchant d’un pas déterminé et rapide, distançant un peu son interlocutrice qui n’avait toujours pas achevé son explication. Cette dernière se mis alors à sourire, une certaine nostalgie imprimée dans son regard.
« Je suis rentrée, grand-frère ! »
Un murmure inaudible pour le jeune homme, mais qu’elle aurait voulu pouvoir dire avec force. Rien n’était sorti d’autre qu’un cri du cœur à cet instant. Alice Grimm se résigna alors : c’était pour son bien à lui, il ne devait pas encore savoir.
Ashton Grimm
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Sujet: Re: Resuscitated Hope [Topic solo] Mar 3 Nov - 2:06
Ils en étaient arrivés à avoir une chambre spacieuse contentant deux lits. Etrangement, cette suite avait déjà été réservée par la jeune femme quelques jours auparavant. Les deux personnes se lavèrent chacun à leurs tours puis descendirent à l’heure du diner sans se dire un mot. Non pas qu’ils puissent déjà ne plus se sentir, mais ils ne savaient tout simplement pas par où commencer. Comment pouvait-il soutirer des informations sur sa sœur, et comment pouvait-elle lui avouer qui elle était, ce qui lui était arrivée, qu’elle l’avait toujours cherché et regardé de loin, semblant être la seule à savoir, être la seule à pleurer chaque soir en voyant ce fantôme déambuler comme un simple pantin contrôlé par ses émotions et son espoir rapiécé. Certains voyaient dans les yeux du mage une flamme vivace là où elle ne voyait qu’une étincelle lointaine, une braise de ce qu’il avait il y a bien longtemps en lui. Là où certains voyaient de la folie suicidaire dans ses actes, elle y retrouvait tout simplement son grand frère se blessant volontairement pour voir s’il était encore en vie. Après tout, ils étaient jumeaux, il n’y avait aucun besoin de lost magic pour qu’ils puissent se comprendre et se cerner plus rapidement que quiconque. Mais lui dire cela maintenant était trop dangereux. Il la prendrait sûrement pour une folle où quelqu’un voulant le manipuler. Il l’attaquerait d’ailleurs sûrement et la blesserait probablement, et s’il venait à découvrir qu’elle disait vrai, alors le désespoir n’en serait que plus grand.
Le repas était pris en silence pendant les premières bouchées, chacun pesant le poids de ses mots, de ses idées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Ashton n’était pas celui avec le meilleur coup de fourchette et il finit par poser ses couverts, lançant ainsi les hostilités.
« Alors, qu’est-ce que tu sais à propos d’Alice ?»
L’interrogée eut un petit choc en entendant son propre prénom, un éclair de nostalgie filant à toute vitesse dans son esprit, lui remémorant toute sa jeunesse en un instant. Quand était-ce la dernière fois qu’il ne l’avait pas dit, ce prénom, devant elle ? Elle n’en avait plus vraiment de souvenir et se ressaisit alors. Ce n’était pas le moment de flancher, et puis après tout, elle avait encore un rôle à jouer, ne pouvant pas dire qui elle était, elle devait juste attendre que cette gamine se montre, appréhendant elle aussi cette rencontre. Elle prit alors le verre qu’elle avait devant elle et le but d’une traite.
« Qui t’as dit que je parlais de ta sœur jumelle ? J’ai bien dit l’autre Grimm, non ? »
Ashton regarda alors son interlocutrice. Cette phrase était étrange et elle-même l’avait remarqué, mais là n’était pas le problème. Un flux de colère semblait sortir du regard du jeune homme qui ne voulait pas entendre parler d’autres personnes de sa famille. Après tout, il ne les connaissait pas et ne souhaitait pas être proche de personnes qui les avaient abandonnés à l’époque. Il serra les poings pour se contenir tandis que la jeune femme en face de lui en faisait de même, appréhendant la rencontre du hasard qu’elle avait forcé en se renseignant à droite et à gauche.
« Qu’est-ce que c’est que ces conneries… Tu crois que j’en ai quelque chose à faire d’autres… »
« Mademoiselle Grimm, ne courez pas devant comme ça ! »
Son sang se glaça soudainement, son cœur s’arrêta de battre, ses yeux s’ouvrirent on ne peut plus grand. Une sensation de poignard s’enfonçant dans sa poitrine se faisait ressentir bien plus violemment que si la lame avait été réelle. Sa vision se troubla un instant, peut-être suite à ces mots qu’il venait d’entendre, ou était-ce des larmes qui s’accumulèrent instinctivement au coin de ses yeux. S’il s’attendait à entendre ce nom, il ne s’attendait absolument pas à un titre pareil. Si ce n’était pas sa mère ni son père, il n’y avait plus qu’une solution possible pour qu’on appelle une personne de sa famille mademoiselle. Pourtant, cette raison venait d’être balayée par son interlocutrice, alors la seule réalité, aussi improbable soit-elle, ne pouvait que le frapper de plein fouet. Il jeta un coup d’œil furtif à la petite fille d’une dizaine d’année qui venait de rentrer dans la petite auberge. Elle ressemblait à n’en pas douter à une version miniature et féminine du mage. Des cheveux noirs, de grands yeux bleus… Il se rappela qu’Alice n’avait pas cette couleur là au fond de ses pupilles, elle tenait les siens de leur mère, d’un marron aux reflets rougeoyants selon la lumière du soleil. Il fut incapable de réagir ou même de réfléchir pendant de longues secondes. Enfin, un mot sortit de sa bouche.
« Non… »
Il se leva alors sans un bruit, évitant de croiser le regard de cette gamine qui semblait être gardée par un majordome en costume. Il se dirigea alors vers sa chambre, quand l’aubergiste l’interpela, il répondit machinalement qu’il paierait le repas en redescendant plus tard. Il ferma alors la chambre derrière lui sans la verrouiller puis s’assit sur son lit, écoutant alors un peu de musique, laissant son cerveau traiter toutes les données qu’il venait de recevoir d’un coup sans même les comprendre. Une inconnue qui semblait le connaître se pointait devant lui, et voilà que maintenant il avait une sœur d’une dizaine d’années dont il n’avait jamais entendu parler. Quel était son nom ? Apprenait-elle la magie elle aussi ? Connaissait-elle son existence ainsi que celle d’Alice ? Est-ce qu’elle vivait avec leur parent ? Pourquoi était-elle là ? Que pouvait-il lui dire, de toute façon ? Absolument rien, voilà la seule réponse possible à cette dernière question. Il n’avait rien en commun avec elle après tout, aucun souvenir, aucune nostalgie ne le frappait en l’ayant vu courir ainsi avec la même démarche qu’Alice, regardant les plats sur les tables avec les mêmes yeux bleus que lui et cette curiosité maladive qu’on lui avait si souvent demandé de réprimer.
Alors qu’il était plongé dans ses pensées, la porte de la chambre s’ouvrit alors pour laisser entrer la jeune femme dont il ne savait toujours rien. Son visage semblait triste, comme un enfant qui n’avait pas eu son jouet, comme si ses espoirs et ses illusions venaient de partir en fumée. Après tout, qu’espérait-elle ? Qu’il efface ces dix-sept dernières années d’un revers de la main et qu’il agisse comme si de rien n’était. Mais dans quel monde vivait-elle ? Pour qui le prenait-elle ? Un chevalier blanc monté sur son cheval, un symbole de vertu et de clémence ? Non, il n’était rien de ça et il en était désolé pour elle si c’était l’idée qu’elle se faisait de lui, mais il fallait qu’elle redescende sur terre de toute façon.
« Désolée… »
Etrangement, ces mots sortirent de la bouche de la jeune femme tandis qu’elle regardait par la fenêtre de la chambre. Alors elle se sentait fautive, au final ? Etait-elle stupide au point de se croire responsable des faiblesses du jeune homme vis-à-vis de sa propre vie ? S’il la connaissait depuis longtemps, il n’y aurait eu aucun doute qu’il lui aurait soufflé dans les bronches un bon coup mais à la place il resta silencieux quelques secondes, choisissant ses mots avec plus de tact.
« Tu t’excuses de quoi au juste ? Je ne sais pas qui tu es mais ça partait d’une bonne intention. Juste, ne crois pas que je suis quelqu’un de gentil et conciliant. Tu as l’air de sous-entendre que cette mioche fait partie de ma famille. C’est peut-être le cas sur un plan biologique, peut-être qu’on a des traits de caractères semblables, je pourrai lui apprendre des choses, mais pour le moment, elle n’est qu’une personne qui a le même nom que moi. La sœur que je recherche était une petite pleurnicheuse qui n’avait pas confiance en elle. Elle pouvait être maladroite, chétive et timide, mais elle faisait toujours de son mieux pour m’empêcher d’aller trop loin, elle s’occupait de moi quand je revenais blessé de mes entraînements. Bien entendu, il fallait que je la protège des autres fortes têtes, personne ne l’aurait fait pour nous de toute façon. Nous n’avions pas vraiment de parents, nos « amis » venaient et partaient à tour de rôle, et nous étions la seule chose constante là-dedans, sans elle, je crois que je me serai effondré bien avant et ce devait être réciproque. Alors s’il y a ne serait-ce qu’une chance, aussi infime soit-elle, de la retrouver et lui montrer qu’elle n’est pas seule, quitte à finir en morceau au passage, je prends le risque. Donc je pourrai parler à cette gamine, mais ne crois pas que je vais pour autant arrêter de chercher… Après tout, elle m’a donné une raison de vivre quand plus personne ne le faisait, je dois bien la remercier pour ça, non ?»
Un sourire nostalgique s’était dessiné sur le visage du jeune homme. Des larmes semblaient lui monter aux yeux tandis que des tremblements s’entendaient dans sa voix alors qu’il disait ce qu’il avait sur le cœur depuis qu’il avait rencontré cette personne, cette nouvelle Grimm qui venait faire la guerre à ses souvenirs et cette douleur qu’il chérissait maintenant d’être seul, cette chose qui le faisait avancer. On venait de lui dire qu’il n’avait plus à l’être tout en sacrifiant ce sentiment qui le poussait à chercher encore et toujours cette autre face de la pièce qu’il était. Il ferma alors les yeux quelques secondes puis se leva alors de son lit, n’attendant de toute façon pas de réaction de cette illustre inconnue.
« Je vais un peu prendre l’air, fais ce que tu veux en attendant… »
Alors qu’il sortait, fermant la porte derrière lui, il ne pouvait voir les larmes d’Alice Grimm accoudée au rebord de la fenêtre, ne sachant pas si elle était heureuse d’avoir entendu ces mots ou triste de se sentir encore impuissante tant qu’elle n’avait pas réglé ce dernier détail. Après tout, ne comptait-elle pas mettre fin à toute cette histoire par elle-même, quitte à y laisser la vie ? Alors à quoi bon lui asséner une deuxième fois cette tristesse qu’il avait déjà dû endurer ? Etait-ce de la protection envers lui de vouloir le tenir écarté de cela ou de l’égoïsme alors qu’il ne demandait qu’à l’aider encore et toujours ? Tout semblait devenir confus dans son esprit tandis que les larmes coulaient le long de ses joues, répétant encore et toujours qu’elle était désolée, comme lorsqu’il finissait à l’infirmerie après avoir pris sa défense il y a bien longtemps. Elle ne savait plus quoi faire ni que dire.
Pendant ce temps non loin de l’auberge se baladait le jeune homme encore perdu dans ses pensées, dans ces révélations qu’il devait digérer. Il s’arrêta alors vers un marchand de glaces qui, étrangement, était encore ouvert à cette heure-là de la soirée. Il s’y dirigea alors machinalement puis demanda alors une glace pistache-fraise. Le mélange surpris le vendeur qui haussa puis céda aux folies culinaires de son client. Alors qu’il partait, le jeune homme ne vit pas la petite silhouette dissimulée derrière lui et, alors qu’il avançait vers un coin où le ciel semblait dégageait, là où se tenait un banc sûrement mis ici à dessein, il entendit la voix d’une enfant demander cette glace à la saveur étrange qu’il avait lui-même réclamé. Son cœur se resserra et un rictus s’afficha alors sur son visage, formé par un coup de poignard illusoire qu’il venait de se prendre. Alors cette gamine voulait aussi leur enlever ça ? Cette chose qu’ils avaient eue en commun était aussi volée par cette petite ? Il aurait voulu hurler et détruire tout autour de lui, il aurait voulu qu’elle disparaisse à cet instant précis, qu’elle ne soit qu’une folie de son imagination délirante.
« Vous aussi vous aimez les glaces pistafraise, monsieur ? »
Ses sombres pensées se volatilisèrent en un instant. Avait-elle la magie des sentiments ? Si oui elle devait être une génie en la matière car les effets avaient été instantanées. Quand le regard du master de Cait Shelter se posa sur elle, il ne put s’empêcher d’avoir un timide sourire.
« Tu sais que tu ne devrais pas parler aux inconnus, gamine ? Tes parents ne t’ont pas appris ça ?»
Le visage de la petite s’assombrit soudainement et ses yeux s’embuèrent, comme retenant des larmes. Ashton se dit qu’il y était peut-être allé un peu fort puis finit alors sa marche vers le banc devant la petite fille silencieuse qui n’osait plus bouger.
« Viens t’asseoir, je vais pas te manger. T’as déjà regardé les étoiles la nuit ? »
Un petit air de surprise se dessina sur le visage de la gamine et se transforma alors en un grand sourire tandis qu’elle acquiesça à la première demande du master. Elle s’assit alors à côté de lui puis commença à dévorer sa glace avec gourmandise.
« Là où j’habite on ne les voit pas bien en fait ! Mais des fois j’arrive à en voir quand je pars en balade, les gens me disent qu’elles sont rangées en Tonsquellations mais… »
Le jeune homme laissa s’échapper un pouffement de rire qui fit faire la moue à la petite fille qui semblait assez caractérielle et avait héritée d’une mauvaise mémoire pour se souvenir des dénominations de certaines choses.
« On dit constellations, mais t’étais pas loin. Bah tu vois, là, juste en face de nous, la casserole en face de nous, c’est une partie d’une constellation qu’on appelle la grande ours… »
Ashton était alors embarqué dans cette discussion sur les étoiles, mangeant sa glace tranquillement. Il se rappelait en même temps des nuits passées avec sa jumelle à lui répéter ce qu’il avait appris dans les livres de son maître sur les étoiles. Pendant de longues minutes, il lui expliqua comment reconnaître les constellations, lesquelles étaient les plus importantes et bien d’autres choses encore. La jeune fille avait les yeux qui brillaient d’une curiosité flagrante, ses deux oreilles grandes ouvertes.
Pleurer ? Il se toucha machinalement la joue droite et un liquide aqueux s’écoulait effectivement de ses yeux sans qu’il ne puisse rien y faire. Un sourire était pourtant affiché sur son visage tandis que lui-même ne savait pas ce qu’il devait penser de tout cela.
« Ah… C’est à cause du froid, ne t’en fais pas. Au fait, tu t’appelles comment ? Et tu ferais bien de rentrer maintenant, il se fait tard et les gens vont s’inquiéter pour toi. »
« Ah, d’accord ! Et je m’appelle Clare Grimm, et vous, monsieur ? »
« Ash… »
Il se ravisa alors, ravalant ses mots. Par machinisme il allait dire son nom et peut-être passer pour un fou. Il allait lui faire peur ou la surprendre. Et si elle n’avait jamais entendu parler de lui ? Si on lui avait dit que son vieux frère Ashton Grimm était mort depuis longtemps ? Si pour elle, il n’existait tout simplement pas ?
« Ashtreon… Juste Ashtreon, mon nom de famille n’est pas si important que ça au final, tu ne dois pas le connaître, je pense. »
La jeune fille eut alors un sourire chaleureux, se leva puis après une petite courbette délicate, se dirigea maladroitement vers l’auberge ou l’attendait son majordome. Le garçon resta alors seul sur son banc à méditer sur cette soirée. Il enleva alors de son cou le collier qu’il avait toujours eu puis l’ouvrit, laissant alors devant ses yeux une photo d’Alice Grimm.
« Tu croyais vraiment que je ne te reconnaîtrai pas, espèce d’idiote… Après tout, il n’y a bien que toi pour attacher autant d’importance à être une sœur « jumelle », petite sœur…»
Si elle voulait lui cacher son identité pour l’instant, c’est qu’elle avait de bonnes raisons de le faire, se doutait-il, mais cela ne l’empêcherait pas de l’aider si elle avait des problèmes et de ne plus la laisser partir, peu importe la petite sœur qu’elle essaierait de lui mettre entre les mains.
Ashton Grimm
Modo / Inugami
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« Maitre, elle s’est arrêtée dans un village non loin de Clover Town ! Johann, Miles et Noah sont prêts à passer à l’action, un mot et… »
Tabrys leva la main, faisant taire son interlocuteur. Son regard vide d’émotion semblait se balader à droite et à gauche du bâtiment puis se posèrent dans un coin non éclairé. Avait-il écouté ce que lui disait le messager ? En avait-il seulement quelque chose à faire ? Seul lui le savait en ce moment précis. Il porta à ses lèvres son verre de vin puis le bu d’une traite, l’air toujours aussi absent, comme s’il avait perdu sa raison de vivre, tout espoir avait disparu de son visage. Son subordonné n’était pas choqué de la vision qu’il avait, cela faisait maintenant quelques temps que son maître était ainsi, froid, absent… Lui qui était habituellement si enjoué, si amusé du sadisme dont il pouvait faire preuve ne semblait maintenant rire de rien.
« Est-elle seule ? Question idiote, bien sûr qu’elle est… »
« Non, un jeune homme aux cheveux noirs l’accompagne et une petite fille dort dans la même auberge qu’eux. »
Le temps sembla alors se figer un instant pour Tabris, son cœur se remit à battre la chamade, les muscles de ses joues, engourdis par ces semaines de repos se tentèrent à un sourire qui ressembla bien plus à une grimace démoniaque qu’autre chose, l’air dément, l’œil redevenu plus vif, intéressé par ces nouvelles. Alors elle l’avait retrouvé ? Il était enfin à portée de main, ce gamin qui avait balafré son animal domestique onze années auparavant, l’apprenti de Lornas, mais surtout le fils de son cher « ami ». Il se leva alors, s’apprêta puis lança machinalement, un sourire malsain affiché sur le visage.
« Dites-leur de continuer à les pister, nous allons les rejoindre. Je ne veux rater ça pour rien au monde ! »
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Au village, le lendemain matin, Ashton se réveilla aux aurores, comme à son habitude. Sa sœur dormait à poings fermés dans l’autre lit de la chambre comme lorsqu’il était revenu de son escapade nocturne. Elle n’avait pas dû attendre bien longtemps après son départ pour s’allonger, se dit-il alors qu’il descendait pour prendre un petit déjeuner. Il vit alors la gamine du soir précédent qui inclina la tête avec un sourire innocent. Il avait encore du mal avec le flot d’informations qu’il avait obtenu le jour précédent mais cela ne l’empêcha pas de répondre par la réciproque. Il remarqua alors un regard mauvais se poser sur lui. Celui du majordome de la demoiselle qui ne semblait pas rassuré de la voir traiter avec des inconnus. Certes il la protégeait, mais si seulement il savait qu’il était en train de dévisager du regard celui à qui il devrait obéir sans broncher. Un sourire narquois et provocateur se dessina alors sur le visage du jeune master de Cait Shelter tandis qu’il regardait l’employé de sa famille avant de se replonger dans sa nourriture.
La nuit avait porté conseil à Ashton qui avait maintenant sa petite idée sur ce qu’il devait faire et sur ses ambitions à venir. Tout était logique dans son esprit, clair et limpide, il allait régler les problèmes d’Alice et la ramener à Cait Shelter. Quant à la plus jeune Grimm, il allait la surveiller de loin, il voulait qu’elle, au moins, ait une vie normale et heureuse malgré les coups durs. Ce qui l’inquiétait à présent, plus que tout autre chose, était la raison du mutisme de sa jumelle, de son refus d’annoncer haut et fort qu’elle était là. Des ennemis ? Une mission ? Des recoins sombres de son passé qu’elle ne voulait pas qu’il apprenne ? Si ce n’était que ça, elle allait l’entendre ! Peu importe ce qu’elle devait affronter ou ce qu’elle avait dû faire pour survivre, il lui pardonnerait et partagerait son fardeau. Il en avait toujours été ainsi et il n’avait pas changé d’avis sur la question, quoiqu’elle puisse dire ou penser.
Une dizaine de minutes plus tard, il fut rejoint par la dite sœur qui s’assit à sa table sans dire un mot, elle commanda elle aussi un déjeuner commença à le déguster en regardant à gauche et à droite. Ashton remarqua le regard discret qu’elle posa sur la table de leur jeune lien familial, les yeux se teintant de mélancolie et de tristesse pendant une fraction de seconde avant de redevenir ceux aguerris qu’elle avait acquis sans qu’il soit là.
« Elle est plutôt gentille la petite, tu devrais essayer de lui parler... » Dit-il alors tranquillement, sans rien montrer. La jeune femme leva un sourcil puis répondit qu’elle n’en avait pas besoin avant de se replonger dans son café. C’est alors que la porte de l’auberge s’ouvrit sur trois silhouettes encapuchonnées. Les trois traqueurs n’arrivaient plus à se contenir, et puis s’ils arrivaient à attraper leur cible avant que le maître n’arrive, ils auraient peut-être un rang supérieur au sein de la guilde ? La réaction d’Alice à la vue de ces silhouettes fut sans appel. La panique gagna son visage un court instant avant qu’elle ne bondisse hors de sa chaise pour les attaquer sans sommation, le regard déterminé, presque meurtrier.
Ashton mit plus de temps à percuter ce qu’il se passait mais se leva par simple réflexe en voyant la scène arriver. Il se tourna alors vers la jeune fille et son majordome et leur ordonna d’un ton sec de rentrer dans leur chambre au plus vite. Un geste sec de son bras suffit aux autres clients pour comprendre qu’ils feraient mieux de déguerpir. Une fois ces ordres donnés, il rattrapa de justesse sa sœur par le col de son maillot et la tira derrière lui, lui lançant alors un regard noir.
« Je sais pas ce qu’ils t’ont fait mais il pourrait y avoir des blessés, attends quelques minutes. »
Son ton se voulait ferme alors qu’il pensait aux membres de sa guilde qui rigoleraient bien de l’entendre faire la moral sur un quelconque possible dommage collatéral. Enfin, pas le temps de réfléchir à ça, il avait toujours eu cette manie de devenir plus moralisateur quand sa sœur était aux alentours, plus précautionneux. Son regard se posa alors sur les trois personnes à l’entrée du bâtiment, bloquant la seule sortie classique de l’auberge avec leurs corps. Son regard était noir, menaçant mais aussi provocateur. Qui qu’ils soient, ils étaient les ennemis de son unique famille et, de fait, les siens par la même occasion.
« Hoy hoy, quel accueil, on ne dit plus bonjour à ses vieux camarades, Elysion ? »
Un grand silence s’installa suite à cette phrase. Alors elle avait fait partie de leur groupe ? Cela ne semblait guère enchanter la jeune femme qui bouillonnait de rage mais aussi de peur face au regard que pouvait poser sur elle le master de Cait Shelter. Allait-il la juger ? La détester ? Etre déçu ? Et s’il apprenait seulement les tenants et aboutissants de cette guilde dont elle avait pu s’extirper…
« PFOUAH C’EST QUOI CE SURNOM CRAIGNOS !!! VOUS AURIEZ PAS PU TROUVER MIEUX ?! Et puis Elysion correspond pas trop à une morveuse pleurnicharde !»
Tout compte fait, elle s’inquiétait pour rien. Nerveusement, Alice éclata de rire en entendant la réaction atypique de son frère qui semblait ne pas prendre au sérieux les trois énergumènes qu’il avait en face. Il aurait pu se sentir piégé, trompé par une inconnue et au final, il lui faisait assez confiance pour… se moquer ouvertement d’elle et de son « titre », comme pour un vieil ami, quelqu’un qu’on connait depuis longtemps, sachant qu’une moquerie aussi simple ne la mettrait pas en colère. Le regard d’Alice changea alors du tout au tout... Sa façon de réagir, ses dires sur le fait de parler à la petite Clare Grimm et ce dernier acte irréfléchi, tous ces indices, et cette dernière phrase, la morveuse pleurnicharde, ce n’était pas elle… Ou plus précisément, ce n’était PLUS elle…
« Comment… Tu… Quand… Ash’… »
C’était aussi simple que cela, pourtant, l’appeler par son prénom donna le sentiment à la jeune femme qu’elle était enfin libre, de retour à la vie. Ses doutes, ses peurs, tout ça venait de se volatiliser alors qu’elle avait envie de pleurer de joie. Le master de Cait Shelter esquissa alors un sourire moqueur et réconfortant à la fois avant balayer la salle du regard puis son regard replongea alors sur les trois nouveaux perturbateurs qui avaient en face d’eux un Ashton Grimm revigoré, avec une toute nouvelle motivation, et quoi de mieux que de casser des dents pour fêter ça.
« Mon sketch vous a plu ? Maintenant que la gamine est en sécurité, j’ai une question pour vous… Lequel je mets en morceaux en premier ? Je vais vous apprendre à venir gâcher un petit-déj’ de ma frangine… »
Une aura sombre entoura alors ses deux mains tandis que son regard vif ressemblait de plus en plus à celui d’un prédateur fixant ses proies fétiches.
[non achevé]
Ashton Grimm
Modo / Inugami
Messages : 248 Date d'inscription : 20/06/2012 Âge : 34 Guilde : Cait Shelter Magie / Malédiction / CS : Gugan no Âku - Arc of Embodiment
Sujet: Re: Resuscitated Hope [Topic solo] Jeu 30 Juin - 4:05
Le mage de Cait shelter s’élança vers ses nouveaux adversaires, une flamme ravivée dans son cœur alors même que son but depuis tant d’années semblait enfin arriver à sa conclusion, il allait enfin être réuni à sa famille, elle le rejoindrait à Cait Shelter et enfin ils deviendront les mages qu’ils avaient toujours voulu être, ensemble, comme les deux faces d’une même pièce qu’ils étaient. Les lames jumelles qu’il fit naître dans ses mains s’approchèrent des trois mages qui reculèrent, prêts eux aussi à en découdre. L’un d’eux passa sa langue sur ses lèvres, affichant un air de pur sadisme sur le visage, un autre, plus orgueilleux se mis à rire de façon simplement hautaine avant de replonger son regard dans celui du misérable insecte qui avait osé les attaquer.
« Tu penses pouvoir nous vaincre avec une magie aussi simpliste que la Kansô ? Elysion est une experte en la matière, Tu ne risques pas de nous étonner avec ça… »
Quant au troisième, il était silencieux, le regard fixe sur les armes d’Ashton, l’air obnubilé et inexpressif à la fois. Il ne clignait pas des yeux, déconnecté du monde réel. Alors que les deux camps se jaugeaient, le jeune Grimm fut sorti de sa torpeur par une main posée sur son épaule. Alice se tenait à ses côtés, ayant repris son calme et ses esprits. Elle avait de nouveau un sourire fier affiché, qui ne laissait plus aucun doute sur le lien de famille qui les unissait. Elle lança un regard à son frère qui voulait dire tant de choses en si peu de temps. Elle était prête à se battre, elle voulait qu’il lui fasse confiance, elle n’était plus la petite fille chétive qu’il avait protégé des années auparavant.
« T’as intérêt à revenir en un seul morceau… » Dit-il alors avec un sourire en coin. La jeune femme acquiesça puis se tourna vers les trois assaillants avant de leur faire un signe de la main et de partir vers l’arrière en courant, prenant la seconde porte de sortie, appâtant ainsi deux d’entre eux. Le plus silencieux, quant à lui, restait là, fixe, toujours aussi obnubilé par les deux lames du mage. Il était agaçant celui-là !
« Dis, tu les veux en cadeau, ou quoi ? T’es là pour te battre, alors bouge ! »
Le second assaut commença. Ashton s’inquiétait pour sa sœur mais ne devait pas baisser sa garde pour autant, il devait être vif et efficace. Il ne connaissait pas son adversaire, ne connaissait pas sa magie ni même ses véritables intentions. Cependant, il était certain d’avoir l’ascendant d’un point de vue technique et rapidité, son opposant semblant mou du genou. Après quelques échanges rapides, cette impression se confirma alors qu’il vit une ouverture qu’il saisit au vol, plongeant vers la droite de l’ennemi, envoyant un coup tranchant pour le mettre hors combat. Après tout, il n’avait pas utilisé de magie depuis le début du combat, il pouvait très bien être un mercenaire débutant. Alors qu’il s’attendait au bruit d’une lame tranchant la chair, c’est un son de métal cassant qui vint à ses oreilles tandis que sa lame disparaissait en poussière magique. Les yeux écarquillés, il remarqua enfin la bouche de son adversaire marmonner sans cesse. Un bras d’une musculature ridiculement excessive venait de briser la lame qu’il tenait en entrant à son contact tandis que le corps entier de l’homme faussement silencieux commençait à prendre des proportions grotesques. Ashton eut juste le temps de reculer qu’un coup de poings d’une force phénoménale frôla son corps pour venir abattre le pan de mur de l’auberge, laissant en lieu et place un trou béant qui pouvait faire office de seconde porte.
« La vache ! Encore heureux que t’es trop stupide pour l’avoir suivie, toi ! »
Il devait faire vite, il le savait. Il ne pouvait s’empêcher d’être encore plus inquiet pour sa sœur maintenant qu’il avait vu le danger que pouvaient représenter les trois zigotos qui n’avaient même pas eu l’obligeance de se présenter. Le mage de Cait Shelter fila à travers le nouvel espace pour se retrouver dans la grande rue, s’apprêtant à recevoir son adversaire faisant preuve de ses nouvelles capacités. La rue était déserte et le peu de personnes qui semblaient présentes il y a peu avaient fuit depuis l’explosion du mur de l’auberge par le poing destructeur du mage noir. Ashton fit alors un simple geste provocateur de la main vers son adversaire. De toute façon, qu’avait-il à risquer ? Il savait maintenant que se prendre un coup de plein fouet risquait fort d’être très douloureux, il devait donc éviter au maximum d’entrer dans un combat de force brute.
« Je peux savoir comment tu t’appelles ou j’ai le droit de te renommer Brutus ? Je trouve que ça colle bien à ta magie…»
Il devait réfléchir à un plan, il lui fallait du temps, ne serait-ce qu’un peu. Comment pouvait-il affronter une force de la nature qui pouvait allier rapidité et briser ses os d’un seul coup de poing ? Est-ce qu’il devait le garder à distance ? Est-ce qu’il pouvait seulement le faire ? Ou peut-être devait-il faire baisser sa garde à son adversaire en entrant dans son terrain de jeu. Un mince sourire se dessina alors sur son visage. Il allait tenter quelque chose de risqué, mais si cela s’avérait payant, il pouvait gagner en un seul coup. Autour de ses mains commencèrent à se reformer des particules sombre de magie.
« Je suis Noah Killroy… Ne t’avise pas de me redonner un surnom ridicule où ta mort sera plus douloureuse que prévue. »
« Une vengeance pour seul répit, Tizona ! » Dit alors le jeune mage, dégainant du néant une épée dont la lame, malgré sa lame métallique, semblait avoir à plusieurs égards des teintes flamboyantes, comme habitée par un feu vif. « Ah mince, moi j’aimais bien Brutus… Bon bah ce sera abruti numéro un alors, c’est mieux que rien, en fait j’ai pas envie de retenir le nom d’un mec que je vais décalquer. »
Oui, il voulait énerver son opposant, lui faire perdre tout raisonnement. De toute façon, ce gars semblait fragile psychologiquement de base et ce sans aide extérieur, alors il suffisait de le pousser un peu pour que le bousin explose, ce qui ne tarda pas. Son adversaire se jeta alors sur lui avec une vitesse admirable et le master de Cait Shelter contra le coup de poing avec sa lame, s’abaissant de façon à ne pas recevoir le coup par lui-même. Alors que la lame se brisa encore, le jeune homme sauta en arrière puis accomplit une roulade afin de se repositionner face à celui qui lui tenait face. Noah se tourna alors, un sourire satisfait sur son visage, son regard était malsain et l’on pouvait y sentir un sadisme dérangé. Aucun doute n’était possible quant aux antécédents probables du jeune homme qui pensait avoir gagné, laissant son adversaire sans arme et sans défense. Il espérait voir dans le regard du master la peur et l’impuissance alors que son épée disparaissait encore une fois en cendres comme ses espoirs. Ce qu’il vit fut cependant bien loin de ses attentes. La garde de Tizona était encore entre les mains du jeune homme qui, à son tour, souriait, l’air vainqueur.
« Attention, abruti, ça va piquer… »
Noah eut tout juste le temps de remarquer que chaque morceau brisé de la lame semblait s’être collé à son bras qu’il gesticula sans succès pour les enlever, paniqué à l’idée de ne pas comprendre ce qu’il se passait. Pourquoi son adversaire donnait l’impression d’avoir donné un coup décisif alors que son attaque n’avait pas porté ses fruits, pourquoi les fragments de son arme étaient là, collés à lui ? Rien n’avait de sens, tout était confus. C’est alors que l’Inugami leva la garde puis fit un geste simple d’une épée tranchant l’air devant lui. Chaque morceau de lame parcourant le bras de Noah frémit alors d’un seul mouvement avant de lancer une impulsion électrique d’une telle intensité qu’elle mit le jeune homme à terre. La force brute avait toujours tout réglé pour lui et jamais il n’avait eut à résister à un tel choc qu’il tomba lamentablement. Les yeux à moitié clos, il lança un regard apeuré vers son adversaire qui se tenait maintenant debout devant lui, comme si ce combat n’était qu’une formalité. Lui, Noah Killroy, n’était devenu qu’une simple formalité, un obstacle facile à enjamber.
« Quand même… Dire qu’une imagination défectueuse m’aura permis de te vaincre… C’est pas glorieux quand on y pense. »
Tizona était une arme qu’il avait créé avant d’intégrer Cait Shelter mais les conditions pour qu’elle dévoile son potentiel étaient bien trop contraignante pour être utile en temps normal… Une véritable perte de temps qui venait de lui sauver la mise alors même qu’elle était un simple prototype raté de ses Hell Nails qu’il avait utilisé contre Rias. Dire que cette teigne avait encaissé le choc alors que cette espèce de gargouille dégénérée semblait déjà en train de se baver dessus… Il jeta alors un regard au mage noir au moment même où ce dernier perdit connaissance puis soupira avant de se dire qu’il devait maintenant retrouver Alice pour l’aider dans son combat. Alors même qu’il s’apprêtait à partir, les deux autres perturbateurs furent lancés non loin de celui qu’il avait fait tomber, inconscient eux aussi. D’abord surpris, il regarda leur origine avant d’y retrouver sa sœur, quelques égratignures sur le corps mais rien de bien grave. Elle semblait plutôt fière d’elle, s’enorgueillissant de voir la mine surprise de son frère.
« T’es tombé sur Noah ? Une vraie brute celui-là… Il m’aurait peut-être mise à mal, mais eux deux… Pas doués et en plus ils sont plus dégénérés que des moucons… Ils ont presque faillit se mettre hors service l’un et l’autre sans que j’ai à faire quoi que ce soit tellement ils étaient pas coordonnés! » Dit-elle dans un soupir, semblant se plaindre de la facilité du combat qu’ils venaient d’accomplir. « Par contre, ce n’est pas vraiment le gros problème, eux ce sont des éclaireurs, et on ferait mieux de filer… »
En effet, elle avait changé. Elle semblait avoir pris de l’assurance, elle lui ressemblait maintenant bien plus qu’à l’époque. Il acquiesça à ses dires puis lui fit une tape à l’épaule pour la féliciter avant qu’ils ne filent rechercher leurs affaires dans l’auberge pour filer et établir un plan avec les nouvelles infos qu’ils avaient et enfin tirer tout cela au clair pour le jeune mage qui, malgré tout, ne savait toujours pas qui étaient les poursuivants de sa sœur. Dans l’auberge, cependant, Clare et son majordome semblaient les attendre. Le domestique avait les yeux ronds au vu de la découverte qu’il avait faite en voyant les deux combats en simultané. Il était en présence des deux jumeaux Grimm et cela le perturbait au plus haut point. Il savait bien que Ashton était le master de Cait Shelter et c’était le choix de ses parents de le laisser loin des problèmes causés par les antécédents de son père, mais Alice Grimm était portée disparu depuis tant d’années maintenant… C’est alors la gamine qui pris la parole, grand sourire aux lèvres.
« Vous avez battu les méchants, vous êtes trop fort tous les deux !!! Par contre j’ai décidé de vous faire venir chez moi, ce sera plus sûr que dans ce village si y’en a d’autres qui attaquent ! Allez, dis oui, Rodrick ! S’il te plaît !»
Le majordome se ressaisit, remuant nerveusement la tête avant d’acquiescer aux ordres de sa jeune maîtresse. D’abord réticents, les deux jumeaux durent plier face à la mine boudeuse de leur petite sœur fraîchement découverte et c’est ainsi qu’ils se retrouvèrent, après dix-huit ans d’absence, dans leur maison d’enfance.