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*Ploc* - *Ploc* - *Ploc* - ...


Saleté de climat, du genre de ceux qui seraient capables de vous saper l'envie de bosser. La pluie n'avait cesse de s'abattre sur les carreaux des locaux que Yuki avait eu la permission d'emprunter à la guilde pour ses recherches sur le spécimen qu'on venait de lui confier. La pluie en elle même ne démoralisait pas Yuki au point de lui couper l'envie de mener à bien ses recherches, étant bien trop passionné pour cela, mais le bruit... L'impact de ces gouttes d'eau sur les carreaux de la salle au faible éclairage était légèrement agaçant. Et pourtant, Dieu, si toutefois il existait, savait que le jeune mage aux cheveux éclatants était de nature plutôt patiente, en règle générale. Mais là, soyons réaliste et recadrons nous au simple cadre de l'humain basique, patient ou non : Lorsque cela fait des heures que vous fouinez dans vos années de recherches, épluchant chaque dossiers, au cas où, alors que vous savez pertinemment n'avais jamais vu cette bête auparavant. Vraiment, au cas où vous l'auriez oublié, qu'elle serait tombé dans les méandres de vos souvenirs, que ce soit par le fait que vous l’ayez finalement étudiée ou bien même qu'on vous en aurait déjà simplement parlé. Mais non ! Rien ! Aucune trace. Imaginez-vous après des recherches infructueuses dans les archives de vos bouquins divers sur la Zoologie de par le monde, et dans les archives de la guilde concernant les bêtes déjà affrontées par ses membres. Non, rien, rien de rien, nulle part. 


Nul part, on ne parlait de cet étrange spécimen, à mi-chemin entre le serpent et la sangsue, de ses pics qui ornent sa bouche démesurément grande par rapport à sa taille ou ses nageoires aux formes insoupçonnées ! Une nouvelle espèce ? Il semblerait. Du moins, Yuki, de toute sa vie, n'en avait jamais entendu parlé, et cela en était désormais certain de par ses souvenirs comme de par ses notes, ou même ses croquis. Pourtant, lorsqu'on lui avait confié ce spécimen, il y'a de cela maintenant quelques heures de cela, on ne devait pas l'avoir capturé bien loin des alentours de la guilde, puisqu'il s'agissait d'un centre local de recherche en Zoologie. Une bête telle qu'elle qu'aucun des membres de la guilde n'aurais jamais rencontré ? Sans doute, alors, s'agissait tel bien d'une nouvelle espèce. Et que fait on lorsque l'on a à faire à une nouvelle espèce, lorsque l'on est un chercheur qui se respecte un minimum, lui-même comme les codes qu'il suit ?  Eh bien on fait en sorte que l'avenir soit meilleur. Et que fait-on lorsque l'on veut construire l'avenir quand on est chercheur ? On étudie le nouveau spécimen et on prend des notes. Comment-ça, j'suis chiant à vous causer comme à un gosse de 5 balais ? Bah connaissant pas mon public, je me dois de m'arrêter au niveau du plus bas, donc du demeuré. Mais bon, promis, j'vais faire un effort.


Par où commencer, dès lors, pour étudier une espèce dont on ne trouvait nulle trace dans les registres ? Yuki n'avait jamais eu à faire à ce genre de cas, traitant toujours d'espèces déjà répertoriées à un endroit au moins. Il avait cependant une petite idée. Il fallait commencer par prendre, disons, les normes du Spécimen. Sa taille, son poids, son apparence de manière générale. Aussi, dans un premier temps, notre chercheur en herbe réalisa t'il un dessin du spécimen étudié. Aucuns doutes, là, au moins, il sera répertorié. C'était vraiment particulier comme créature. Se penchant ensuite sur ses caractéristiques principaux divers, tels que la taille et son poids, Yuki put noter que la densité du spécimen était étonnamment importante, de par le rapport entre sa taille (0.1 mètres) et son poids (1 Kg tout de même). Ce n'était pas en plus comme si il s'agissait là d'un spécimen épais. M'enfin, nul doute que les espèces de "crocs" disproportionnés que possédait cette bestiole. N’oubliant bien sur pas de noter tout cela sur son calepin, Le mage aux cheveux blancs se dirigea vers la table où se trouvait la cage qui retenait prisonnier le spécimen : Il était temps de voir quel était la texture de sa peau, et surtout, la partie qui devenait incertaine : son comportement.


Vous vous demandez sans doute, d’ailleurs, quand j’y pense, comment j’ai pu peser ce spécimen sans le manipuler pour le sortir de sa cage de verre ? Eh bien, il suffit de connaître le poids de la cage, voyez vous. Ce n’est pas sorcier ! Quand je dis que vous ne comprenez rien... Bon, ok, j’arrête j’ai dît. Car c’est là que ça commence à devenir intéressant. Eh bien oui, jusque là, tout se déroulait avec bien trop de facilité pour que ce job soit plaisant. Désormais, il allait devoir libérer la bête, ou plutôt l’asticot, et voir comment il réagira à la liberté. Car là, d’accord, il ne bouge pas, dans sa boîte de verre, c’est mignon, mais dehors ? D’ailleurs, pour vérifier au mieux le comportement de l’animal, il allait devoir véritablement l’emmener dehors. Vous comprenez pourquoi j’ai parlé de la pluie ? Car du coup, là, elle devient enquiquineuse. M’enfin, les recherches sont les recherches, et la passion n’attend pas, même la fin d’une averse. Aussi, attrapant son calepin, deux trois stylos aux cas où, sa cape de voyage et surtout la cage du précieux spécimen à étudier, Yuki se dirigea vers l’extérieur de la guilde, pas très loin des portes tout en gardant une distance raisonnable au cas où cela tournerait mal. Se positionnant à l’abri d’un bosquet d’arbre histoire de ne pas recevoir trop de pluie sur ses notes – qu’il sera de toutes manières obligé de réécrire au propre, comme à chaque fois -, Yuki se tenait prêt. Les doigts posés sur les verrous de la cage en verre, celle-ci posée contre le sol, le jeune mage de l’air enclencha le mécanisme, à l’affut : « Au cas où ! ».


La geôle s’ouvrit, laissant libre court à la petite bestiole de démontrer sa furie. Et quelle furie ! Le spécimen ne bougea même pas... Était-il donc pacifique ? Étrange qu’un spécimen de nature non agressive développe de telles protubérances osseuses que représentaient ses espèces de « crocs ». Mais alors que Yuki tendit le bras pour attraper à pleine main le serpent, l’inévitable arriva. Gigotant subitement au point d’en fait sursauter Yuki qui avait un peu abaissé le niveau d’alerte de son radar, le spécimen étudié vint planter ses crocs au niveau du biceps gauche du mage aux cheveux blancs. Et il n’y allait pas de main morte. Complètement enfoncés dans l’épiderme, et, à fortiori, la chair de notre jeune ami, ces crocs – car ils se révélèrent ainsi bien être ce qu’ils semblaient être – étaient loin de faire du bien. La douleur arracha un bruit d’inspiration crispée au jeune mage de l’air. Mais ce n’était pas tout... Non. Cette bestiole ne faisait pas que mordre, sinon, comment expliquait ce qu’il ressentait, là, et là, et partout dans son corps ? Ces fourmillements, cette sensation de corps étranger. Après quelques secondes à se laisser mordre, Yuki comprît relativement facilement : C’était là un poison. Pourtant, pas de fièvres particulières. Des démangeaisons nerveuses, tout au plus. Écrivant comme il le pouvait sur son calepin avec la bestiole plantée dans son bras, Yuki n’oublia pas de noter tout ce qu’il observait : Espèce agressive si l’on lui en donne l’occasion, semblant propager une espèce de toxine. Crocs supposés s’avérant être de réels crocs... Mais alors qu’il prenait ses notes, il se passa quelque chose que Yuki n’aurait pas attendu. Il ne s’en était pas aperçu, mais le jeune homme s’était crispé de plus en plus au fur et à mesure qu’il écrivait, jusqu’à en briser la mine de son crayon. Sa réaction ? Inattendue ! Il poussa un juron sonore, criant presque, avant de casser en deux le crayon pour le jeter d’un geste rageur au sol...


Wait... Wait... What ? C’était là loin d’être un comportement normal pour notre jeune mage, qui commençait d’ailleurs étrangement à se sentir de moins en moins bien. De la fièvre ? Toujours pas. Non, c’était autre chose... comme si ses forces diminuaient. Et c’était bel et bien ça ! Cette sensation, étrange, qu’il ressentait, c’était sa magie qui partait. Où donc ? Dans le spécimen qui l’avait mordu. Et vous savez comment il l’avait déduit ? Boarf, je ne sais pas moi... P’t’être car le serpent, qui était censé faire que 10 centimètres au début, bah il devait s’approcher du mètre, bientôt ? Ouai, c’était pour ça aussi qu’il avait de plus en plus mal à son bras et qu’il le trouvait lourd... C’était car les crocs de la bête devaient pousser eux aussi, et qu’elle était VRAIMENT lourde. 10/10 à l’esprit de déduction Sherlock, chapeau. Ahlala je vous jure, la science n’est pas aidée des fois. Bref, autant vous dire qu’avant même qu’il ai le temps de s’en rendre compte, Yuki se retrouvait à genoux, crispé comme pas permis. Pourquoi était-il énervé comme ça, hein ? Bah il le savait pas, mais du coup, il déduisait que c’est justement parce qu’il ne savait pas que c’était à cause de la bestiole accrochée à son bras, cette satané sangsue... Vous me suivez ? Bravo, 10 points pour Gryffondor. Même lui il commençait à se paumer. L’esprit embrumé, Yuki se mit à tirer sur un forcené sur la bestiole pour lui faire lâcher la prise de son bras. Mais rien à faire, vous pensez bien. Visqueux comme il était, ce serpent ne pouvait pas être tiré de la sorte. Et lui, pendant ce temps là... Non, il ne tournait pas la manivelle : Il grossissait, encore et encore. Mais où s’arrêterait-il ?


Aux limites de la magie de Yuki ? Hmmm... Effectivement, y’avait de l’idée. Mais s’il pouvait éviter de crever à cause de ses expériences, cela l’arrangerait, il faut l’avouer. Il lui fallait une idée. Comment se débarrasser de ce serpent ? Mais oui bien sur, l’Air Shot ! Pfff, gros malin, comment veux-tu viser quelque chose accroché à ton bras en tirant à l’Arc. Surtout que le projectile déclenchait une explosion et qu’au mieux, le serpent serait certes soufflé, mais Yuki aussi, toujours accroché à lui. Ah, mais bien sur ! Pourquoi ne pas tenter de lui faire lâcher pris en augmentant la pression autour du corps de la bête non identifiée, bloquant sa respiration et de ce fait, en théorie, ses forces et sa prise sur le bras du mage aux cheveux blancs ! Brillant ! Aussi, le jeune mage se concentra-t-il sur la sangsue étrange... Mais Patatra ! Nouveau rebondissement ! Le résultat de l’utilisation de la magie de Yuki ne fût clairement pas celui escompté, et en fin de compte, ce ne fut qu’une décharge d’une énergie violette qui sortit de la main libre du jeune mage... Kézako ?! Cela était loin d’être un sort que Yuki savait utiliser. Il avait eu du mal à viser à cause du recul provoqué par la technique, non habitué, et fort heureusement ! Le sort avait atterri à quelques mètres devant lui, créant un trou fumant dans la pelouse, aux allures légèrement souillées aux alentours du petit cratère formé. C’était un sort d’une magie bien sombre, et non de la magie de l’air... Celle des ombres ou des Ténèbres, peut être ? A en juger par le semblant de corruption laissé par le sort sur la terre, cela ressemblait plus à une arcane de la deuxième école. Mais depuis quand il savait faire ça lui ?


Il réfléchirait à cela plus tard, car pour l’heure, les choses urgeaient. La douleur, toujours présente depuis le début, n’avait fait que croître, tout comme ce qui en était responsable. La sangsue avait maintenant dépassée Yuki de par sa taille, et sans doute aussi de par son poids. S’accrochant au dernier moyen qu’il possédait et avec toute la rage qu’il avait en lui – ce qui ne manquait pas, en cette circonstance, la sangsue semblant décupler celle-ci -, Yuki dégaina son Katana. Désormais, il ne cessait d’hurler, que ce soit de rage, de ras le bol, mais aussi de douleur. Et ca ne s’arrangea pas avec ce qu’il fit par la suite. Insérant la lame de son Katana du mieux qu’il pu entre la bouche du monstre et la peau de Yuki, arrachant une bonne partie de celle-ci au passage, Yuki se mit à hurler de plus belle lorsqu'il commença à se servir de son arme de corps à corps comme pivot. Il sentait sa lame s’enfoncer dans son bras au fur et à mesure qu’il mettait toutes ses forces dans la mise en marche de ce levier, ultime idée qu’il avait eu. Cela fut cependant bénéfique. Enfin, il sentit de nouveau de l’air sur l’endroit de son bras qui n’était depuis tout à l’heure qu’uniquement recouvert par la bête. Petit à petit, celle-ci se décolla de Yuki, qui dans un dernier élan de rage, appuya d’une traite sur l’épée, cassant au passage une des dents de la bête qui bascula en arrière. Attrapant la cage en verre avec rage – Cage qui fort heureusement avait l’air plutôt solide, chose plutôt indispensable pour accueillir des bêtes de la sorte – Yuki usa de toutes les forces qui lui restait pour soulever la grosse sangsue et la laisser tomber dans la cage. Il lui sembla apercevoir des mutations au niveau de celle-ci d’ailleurs. Comme des moignons de jambe avaient poussés... Étrange. Une métamorphose en emmagasinant de l’énergie ? Possible. Il verrait cependant ça plus tard : Là, il n’en pouvait plus. À genoux, fermant la cage en verre à l’aide du verrou, tout danger semblait désormais écarté. Semblait néanmoins, car il ne connaissait peut être pas tout les effets de la toxine que lui avait injecté la bestiole. Arrachant le croc qui lui était resté planté dans le bras, Yuki se laissa tomber contre l’herbe, la tête sur le côté, fixant la bête inconnue gigotant dans sa cage : Il avait bien mérité un peu de repos, et cette pluie ne le gênerait en rien...


Ce ne fut qu’environ deux heures plus tard que Yuki se réveilla, trempé, dans l’herbe du devant des quartiers de Lamia Scale. A coté de lui, son calepin, son stylo de rechange, et cette grande cage de verre, où trônait la bête qui avait mis son bras dans un tel état. Le spécimen avait retrouvé sa taille d’origine, et était de nouveau immobile. Tsss, sale bête. Portant un regard à son bras, Yuki eu cependant le plaisir de remarquer que le sang c’était arrêté de couler de lui-même. Les blessures avaient beau lui faire bien mal, elles n’étaient que superficielles, même si il faudrait plus d’une nuit ou deux pour que tout rentre dans l’ordre. Ayant retrouvé le calme qu’il avait l’habitude d’arborer, Yuki tenta de nouveau le sortilège d’augmentation de pression sur l’herbe, rapidement, car il avait encore besoin de se ménager et avait un peu la tête en vrac : Résultat des courses, les brins d’herbes se pliaient sous la pression. Sa magie aussi était revenue à la normale. Tout était bon... Mais il n’oublia pas ce qu’il avait découvert, et subit... Prenant son Calepin, Yuki griffonna furtivement ce qu’il avait eu l’occasion d’observer : La méthode d’attaque de la bête, les effets de sa toxine, sa croissance au dépit de la magie de son hôte, etc.. Ne restait plus qu’à lui trouver un nom, puis mettre tout cela au propre pour retourner voir ceux qui lui avaient confié cette sale bête. Regardant la légère corruption causée par le sort de magie sombre qu’il avait lancé lors de son « combat », ou plutôt de son étude, Yuki trouva rapidement, après s’être souvenu de sa croissance au détriment de la personne mordue. Levant son crayon pour donner un titre à ses notes, il raya « Nouveau Spécimen ».



Il avait trouvé mieux : « Parasite ».